Agent Orion
— Agent Orion, prise de service, résonnait ma voix dans la radio de ma partenaire.
— Prête pour aujourd'hui ? me demandait-elle.
— Pour protéger une millionnaire parano ? Évidemment, la routine.
Elle rigolait franchement, avant de prendre une gorgée de café bas de gamme.
— Je ne sais pas comment tu peux boire ça, disais-je.
L'odeur écœurante embaumait déjà l'habitacle de la voiture, me tirant une grimace.
— J'aime son amertume. Et puis ça me tient éveillé, je vais en avoir besoin ce soir.
À travers la vitre, je voyais s'allumer les lampadaires devant le commissariat de police. Soupirant alors que madame se plaignait de notre mission à venir, je démarrais le moteur. Le trajet se fit en silence, entrecoupé des grognements de ma collègue lorsque je prenais trop rapidement un dos d'âne. Il fallait vraiment que je fasse réviser les amortisseurs, ou qu'on me change cette voiture de fonction.
Nous arrivâmes enfin dans les quartiers riches de la ville, je garais le véhicule au coin de la rue avant de sortir sur le trottoir. Je m'étirais tandis que la portière passager claquait bruyamment. La nuit était maintenant complètement tombée.
— On va vraiment laisser la voiture ici ? demandait Vaness alors que je m'éloignais.
— La dame souhaite utiliser sa propre voiture et son chauffeur. Nous devons seulement garantir sa sécurité jusqu'à la banque.
— Aller à la banque le soir, c'est vraiment un truc de riche ça, marmonnait-t-elle.
L'agent Sirius était passé devant moi, ses cheveux roux, rassemblés dans une queue de cheval serrée, se balançaient au rythme de ses pas. Je ne l'écoutais plus se plaindre, profitant qu'elle ne me voyait pas pour la détailler du regard. Vaness portait si bien l'uniforme. Contrairement à moi, même habillée ainsi, elle débordait de grâce et de féminité.
Je n'étais pas jalouse, loin de là. Je crois que je l'appréciais plus que de raison.
Tout avait commencé deux ans plus tôt, je n'étais en fonction que depuis quelques mois lorsqu'on me présentait ma nouvelle partenaire. La magnifique rousse d'une tête de plus que moi m'avait souri avec chaleur avant de me tendre une main amicale :
— Vaness Sirius.
J'avais mis quelques instants à lui répondre, comme hypnotisé.
— Euh agent Orion.
— Pas de prénom ? Ça me va, ça te donne un air mystérieux, disait-elle en riant avec malice.
Nous avions ensuite appris que notre duo n'était pas dû au hasard, quelqu'un avait trouvé rigolo de mettre les deux agents aux noms familles venant de constellations ensemble. Vaness en avait ri, j'avais remercié silencieusement la personne qui avait fait ça.
Deux ans donc que mes sentiments se développaient pour ma partenaire. Deux ans que je n'osais rien dire. Je me contentais de passer mes journées avec elle, comme toujours, parlant peu, écoutant beaucoup.
Nous arrivâmes très rapidement devant la demeure de la femme que nous devions escorter. Me sortant de mes pensées, ma coéquipière toqua.
Un homme, probablement le majordome, nous ouvrit et nous invita à entrer. L'entrée immense me rendait mal à l'aise, mais j'évitais de le montrer.
Nous n'attendîmes pas longtemps avant qu'une femme en tailleur, mallette à la main, nous rejoigne. Seuls quelques détails, tel ses bijoux, nous indiquaient que c'était la femme que nous attendions.
— Allons-y, disait-elle simplement.
Nous l'encadrâmes avant de nous mettre en route pour sa voiture. Mes bottes claquaient en rythme avec celles de Vaness, nos positions se répondaient symétriquement. Nous étions professionnels jusqu'au bout des ongles.
Le chauffeur était là, derrière le volant d'une berline noire aux vitres arrière teintées. La femme s'installa sur la place du milieu, entre l'agent Sirius et moi.
Nous démarrâmes enfin.
Je repensais à cette mission quelque peu inhabituelle. Pourquoi aller à la banque si tard ? Que pouvait bien transporter cette femme dans la mallette qui reposait sur ses genoux ?
Le trajet se passait parfaitement bien, à tel point que je sentais que Vaness se détendait un peu trop. Je lui jetais un regard. Elle me souriait en levant les yeux au ciel. Je ne pouvais pas me fâcher avec cette femme, c'était juste impossible. Ainsi, je secouais discrètement la tête, le sourire aux lèvres.
J'aurais dû rester concentré.
Car lorsque mes yeux se posèrent sur la route, il était déjà trop tard. Les pneus éclatèrent et le chauffeur s'affala sur le volant. Était-il mort ? Aucune idée. Pas le temps de vérifier.
J'ouvrai vivement la portière et, arme en main, je vérifiais les alentours. Rien pour le moment.
Je faisais signe à ma coéquipière de faire sortir la femme. Nous devions nous mettre à l'abri.
— Agent Orion et agent Sirius, demande de renfort.
Personne ne me répondait.
Que ce passait-il ?
Je courais maintenant devant la femme qui n'avait pas lâché sa mallette. Derrière, Vaness fermait la marche. J'entendais que quelqu'un nous suivait, mais n'avait aucun visuel.
— Agent Orion et agent Sirius, demande de renfort, tentais-je de nouveau sans résultat.
— Il doit y avoir un brouilleur, me criait mon amie.
Merde.
Il allait falloir se débrouiller seuls.
Nous nous réfugiâmes dans un supermarché. Cachés entre deux étales, j'essayais de repérer notre agresseur.
— On ne peut pas rester là sans rien faire, disait Vaness.
La femme semblait terrifiée et se cramponnait de toutes ses forces à sa mallette. Elle ne semblait pas capable de courir de nouveau.
— Où veux-tu aller ? chuchotais-je. Nous n'avons pas de voiture. Pas de radio.
— Il va falloir le neutraliser.
Elle avait dit ça avec une si grande détermination que j'en restais sans voix quelques instants. Nous n'avions jamais connu de situation pareille, j'étais impressionnée par son sang froid.
— Très bien. C'est quoi ton plan ?
— Quelqu'un l'attire pendant que l'autre lui tombe dessus par derrière.
Simple. Peut-être trop simple, mais je n'avais pas d'autres idées en stock.
Toute tremblante, les jointures blanches à force de serrer la mallette, la femme faisait les cent pas dans l'allée principale. Nous étions prêtes.
Des pas me firent me tendre à mon maximum, il arrivait.
— Te voilà enfin, vieille chouette, disait-il.
Je ne le voyais pas encore, mais d'après la réaction de la femme, elle le connaissait et il était armé.
Il arriva enfin à notre niveau.
J'entendais plus que je ne voyais l'agent Sirius se jeter sur lui. Je l'imitais moins d'une seconde après. Seconde qui manquait cruellement.
L'homme tenait déjà en joue la rousse.
Il tira.
Je me jetais entre lui et elle.
Un poids s'abattît dans mon dos, puis vint la douleur. Je m'affaissais dans les bras de Vaness qui se tenait debout devant moi.
Je voyais vaguement ses expressions. Incrédulité et colère se disputaient sur son beau visage parsemé de taches de rousseur.
— Liz... murmura-t-elle.
Je haussais un sourcil.
— Tu ne m'appelles jamais par mon prénom d'habitude.
Elle était assise au sol, me tenant dans ses bras. Derrière, je voyais l'homme s'approcher de la femme. Qu'avait-il dans la main ? Cela ne ressemblait pas à un pistolet. J'avais mal, mais je ne sentais pas de sang couler, ni les forces m'abandonner.
— Je vais bien, occupes toi du gars.
— Tu es sûre ? Je ne veux pas te laisser.
Cette phrase fut sûrement le meilleur remède qu'aurait pu me trouver ma coéquipière. Ainsi, je comptais pour elle.
Je lui souriais et l'incitais à passer à l'attaque. Elle se jeta sur l'homme et l'immobilisa avec une prise de lutte.
— Ça, c'est pour avoir blessé mon agent Orion.
Elle tira un peu plus sur le bras de l'homme, lui arrachant un cri.
Je me levais difficilement et les rejoignais. Mon dos me lançait, j'allais avoir un joli bleu.
Aux pieds de l'homme, je ne découvrais non pas une arme mais :
— Une banane ?!
____
Mon cerveau s'est autocensuré cette nuit-là XD
À votre avis, il y avait quoi dans la mallette ? Est-ce que l'homme avait une banane dans la main depuis le début ? Mais alors comment l'agent Orion a pu être blessée ?
Bref, plein de questions dont on n'aura jamais les réponses parce que je me suis réveillé de surprise face à la banane XD
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