Fatiguée? Plutôt épuisée.

Je suis une sorte d'enveloppe, vide si l'on ne met rien dedans. Je peine à me remplir.

Voilà pourquoi je suis si vide. Si accablée, toujours fatiguée. Le sommeil lui-même préfère m'abandonner, souvent. Alors mes nuits deviennent la scène de théâtre d'où naissent, où se dessinent, où se jouent mes scénarios. Mes histoires. Mes espoirs.

Une heure de plus, je me retourne une nouvelle fois. Deux heures, mon regard se perd dans l'obscurité. Trois heures, je cherche du réconfort entre les pages d'un livre, ma pauvre lampe de chevet déjà âgée crépite et faiblit à côté de moi. Quatre heures, mes pensées se tournent et se retournent. Cinq heures, l'écho même de mon âme s'épuise. Six heures, j'attends encore un peu. Sept heures, je poids de la nuit frappe à ma porte. Huit heures que je tente de dormir. Il va bientôt falloir me lever.

Une nuit de plus pendant laquelle mon corps ne s'est pas reposé. Mon chat gratte à la porte, je vais lui ouvrir. Il est six heures du matin. Je vais devoir aller, au lycée, me préparer, aller dans le bus. Revoir les gens de ma classe. Revoir les mêmes visages, jour après jour. Il fait froid.

J'ai froid.