Chapitre 9 : Maintenant, il s'agit de trouver une solution.

Après cette escapade, pourtant habituelle, qui avait mal tourné, Rêverie, Graham et Howard s'étaient réunis dans une des chambres pour discuter de la situation. James aurait dû faire partie de la discussion, mais il préféra vérifier qu'ils n'avaient pas été piratés ou autre. Ce qui l'inquiétait le plus était que la Fondation soit au courant du lieu où ils vivaient, même si, avec du recul, leur plan lui paraissait... ridicule.

Ils passent leur temps à mettre en avant la discrétion, alors comment cela se faisait-il qu'ils aient mis en place un plan aussi discret ?

Mais après réflexion, cela devenait plus logique. S'ils avaient tenté de créer un appât pour les faire venir, James et sans doutes d'autres auraient cru au piège et se seraient équipés en conséquence. Dans ce genre de situations où il fallait se fondre dans la masse, il y avait peu de chances qu'ils soient équipés pour se défendre.

-Pas si débile, finalement, murmura-t-il pour lui-même...

-De quoi tu parles, demanda Théophile, qui était lui aussi penché sur un ordinateur ?

-De ce qu'il est arrivé tout à l'heure. Pas de problèmes de ton côté ?

-Non, tout est normal, je dirais. S'ils ont réussi à nous avoir, ils ne sont passé par celui-là.

James soupira. La situation n'avançait pas. Il avait l'impression de rester embourbé dans la glaise et que rien ne pouvait changer son état.

Il délaissa son ordinateur quelques secondes pour reporter son attention sur l'immense pièce à vivre. Hilda était occupée avec ses plantes. Cassandre lisait, allongée sur un des canapés, Clyde s'entrainait à réussir ses invocations, bien que cela se révélait difficile. James savait qu'il avait des difficultés pour les invocations, il avait mis 5 mois entiers avant de réussir à invoquer un hippogriffe correct pendant plus de 20 minutes, avec un entrainement intensif.

Mais son attention s'était reportée sur Alaric. Qu'est-ce-que ce gamin timide avait pour que la Fondation s'intéresse à lui ?

Bien sûr, il était là lorsqu'ils avaient pu avoir accès à  une des lignes de communication de la Fondation, pendant quelques minutes. Malgré cela, il se demandait comment il avait fait pour mettre K.O. quatre gamins en moins d'une heure. Il se doutait que c'était probablement lié à une transformation, comme pour Graham, mais il se demandait ce qui la déclenchait. Il se promettait d'y réfléchir dès qu'il en aurait fini avec les ordinateurs.

Alaric était penché sur une feuille de papier où il recommençait un diagramme, pour s'occuper. Il partait du principe que s'il s'intéressait d'avantage à la fiction qu'à cette réalité qui avait tendance à l'effrayer, il arriverait à faire disparaitre une partie de son stress. Le fait de savoir que sa grande sœur avait été attaquée dans un magasin le mettait sur les nerfs. Il venait à peine de la retrouver, et on avait failli lui enlever ?! Bordel, c'était insupportable !

Il secoua la tête, refusant de laisser son esprit se dissiper et se concentra de nouveau sur sa feuille de papier, griffonnant frénétiquement quand une idée lui venait en tête. Cassandre cessa alors de lire et le fixa pendant quelques secondes, avant de sourire, de poser son livre, et de s'approcher de lui.

-Tout va bien ?

-E-euh... Oui, bien sûr...

La jeune femme eut un petit rire amusé :

-Je te fais si peur que ça ?

-N-non, je... ne m'attendais pas à ce que vous veniez me voir, c'est tout !

Cassandre lui sourit gentiment, jeta un coup d'œil à James, qui s'était désintéressé de son travail pour observer discrètement la scène, puis reporta son attention sur Alaric :

-Je peux te demander ce que tu fais ?

-Oh, euh... rien d'intéressant... j-juste un plan, pour une histoire...

-Intéressant. Et quel est le sujet de cette histoire ?

Alaric lui sortit d'un ton mal assuré que c'était une sorte de roman d'Heroic Fantasy. La jeune femme lui demanda des précisons, et l'adolescent, d'abord timide et coincé, commença à s'ouvrir un peu en lui expliquant les détails de l'histoire et comment il les avait retranscrits sur son diagramme. Il semblait d'un coup plus passionné, plus heureux. Cela fit sourire Cassandre.

Quand il eut fini de lui expliquer, ils commencèrent à parler romans. James continuait de les surveiller, surpris.

Il savait que Cassandre était quelqu'un de très timide, renfermée, qu'elle parlait peu. Il se disait qu'avec Alaric, elle avait plus parlé qu'en une semaine avec tout le monde. C'était aussi étrange que rassurant. Le fait que Cassandre apprécie aussi facilement Alaric était bon signe. Maintenant qu'il y pensait, il se disait que cet adolescent avait tout pour plaire à Cassandre. Il avait également fait bonne impression à Howard.

Au même moment, ce dernier, Graham et Rêverie venaient de retourner dans la pièce principale. La jeune femme aux cheveux bleus s'était approchée de son petit frère, discrètement, et prit rapidement part à la conversation. Howard avait rejoint Clyde, et lui intimait le calme.

Graham s'approcha de James. Le blond prit la parole :

-Alors ?

-C'est à toi que je devrais demander ça, tu as réussi à voir s'ils avaient pu fouiller nos ordinateurs ?

-De ce point de vue, tout va bien. Il n'y a aucun problème. Ce qui est étrange.

-De notre côté, nous pensons que Flora a pu vendre la mèche.

-Certes, mais tu ne trouves pas étrange qu'ils ne s'en prennent à nous que maintenant, si tel est le cas ?

-Flora n'a pu leur dire que depuis peu.

-Et pourquoi ne nous ont-ils pas directement attaqué ?

-Je l'ignore, peut-être que Flora a tenu sa langue de ce point de vue ou qu'elle ne se souvenait vraiment pas de l'endroit où se trouve la base, et qu'elle n'a pu leur donner qu'un espace imprécis de l'endroit où nous vivons. La suite logique était de placer des soldats dans les lieux publics pour pouvoir nous intercepter en cas de problèmes.

-Et comment nous auraient-ils démasqués ?

-Peut-être est-ce une question d'auras, à moins qu'ils aient obtenus des descriptions de nous et de nos déguisements habituels.

-Hm...

James jeta un coup d'œil à Clyde et Howard. Clyde était assis au sol et traçait ce qui ressemblait à un pentacle tandis qu'Howard était debout, mais penché vers lui, lui indiquant quoi faire tout en regardant le livre. Vu comme Clyde galérait, il était temps qu'il se fasse aider... Il cessa de les regarder et s'intéressa de nouveau à Graham, reprenant la parole :

-Sinon, que faisons-nous maintenant ?

-Euh... Bonne question, je n'en ai aucune idée...

-On pourrait les attirer avec un appât, intervint Cassandre ?

Elle avait laissé Rêverie et Alaric discuter et s'était rapprochée des deux hommes. Graham demanda :

-Les attirer où, avec quoi, et pourquoi faire ?

-Nous pourrions utiliser Alaric pour les emmener dans un lieu où ils ne pourront échapper au regard de personne.

-Dans quel but, questionna James ?

-Les révéler au monde, répondit la jeune femme.

-Je ne veux pas paraitre démoralisant ou autre, protesta Graham, mais je te rappelle qu'ils ont des amnésiques pour ça, ils ont réussi à nous attaquer sans problèmes en plein milieu d'un magasin, un lieu public quelconque ne les empêchera pas de faire ce qu'ils veulent.

-Tu ne suis pas, par lieu public, j'entends un endroit où ils pourront être exposés à la vue de tous, comme les rues d'une grande ville. Il y aura beaucoup trop de monde qui circuleront pour qu'il réussissent à refiler leurs amnésiques à tout le monde, et je ne parle pas des gens qui auront la bonne idée de filmer le tout et de le partager à n'importe qui. L'information va vite de nos jours, en même pas une demi-heure ils seront exposés au monde entier !

-Je n'ai pas envie de te couper dans ton élan, fit James, mais je te rappelle qu'ils ont l'appui du gouvernement, même s'ils n'arrivent pas à effacer la mémoire de tout le monde, ils pourraient faire passer cette information pour fausse, sans compter le fait qu'ils ne vont peut-être pas forcément intervenir dès qu'ils le verront. Et, entre nous, je doute que Rêverie te laisse utiliser son frère comme un simple appât.

-Entre nous, j'aime bien Alaric, mais c'est lui qu'ils cherchent. Si nous utilisions Clyde, Rêverie ou même moi pour cela, tu penses vraiment qu'ils se donneraient la peine d'intervenir ? Et puis, de toutes manières, ce n'est pas comme si nous avions le choix.

Graham et James se regardèrent quelques secondes, puis le loup-garou prit la parole :

-Je ne suis pas sûr que ce soit une si bonne idée...

-Tu as mon approbation, le coupa James.

-James, tu te fous de moi ?!

-Absolument pas, je trouve cette idée brillante.

-Toujours est-il que je...

Cassandre le coupa en se penchant à l'oreille du brun et murmura quelque chose qui le fit rougir.

-Alors, tu tiens vraiment à t'opposer à mes choix ?

-Tu es une sorcière, grommela Graham. Honnêtement, ton chantage d'adolescent n'a aucune prise sur moi, alors un conseil, laisse-moi y réfléchir avant d'essayer une nouvelle fois de me manipuler.

La jeune femme soupira. Elle avait dit sa dernière phrase sur le ton de la rigolade. Elle espérait honnêtement que personne n'ait foi en ce plan, qu'elle n'aimait pas elle-même, mais malheureusement... le plan était suffisamment intéressant pour être exploité. Il fallait lui donner une chance.

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