Chapitre 2 : ... Mais il avait toujours des ennuis.


Le lendemain, Alaric prétendit ne pas se sentir bien pour ne pas aller au collège.

Bien que suspicieuse, Mme Williams n'osa pas insister, dans un premier temps parce qu'elle avait une grande confiance en son fils, et deuxièmement parce qu'elle devait se rendre au travail tôt et, de ce fait, elle n'avait pas le temps de vérifier son état. Elle lui promit qu'elle l'appellerait lors de sa pause-déjeuner pour savoir si son état s'était amélioré.

Le jeune homme était resté planquer sous ses couvertures pendant une bonne heure après son dernier réveil, ruminant encore les évènements de la veille. Bien entendu, il était mort de faim, mais quelque part il avait également l'appétit coupé et dû se faire violence pour oser mettre un pas hors du lit. Il n'avait pas ouvert les volets, s'était habillé rapidement, avait enfilé ses lunettes et avait posé un pas hésitant hors de sa chambre, quittant ses ténèbres pour une inconfortable lumière.

Il avait vagabondé dans tout l'appartement pendant une dizaine de minutes, de nouveau perdu dans d'angoissantes pensées avant que son ventre ne gargouille, lui rappelant la motivation de base de sa sortie.

Il était en train de mâchonner un bout de pain, lorsqu'il entendit quelqu'un frapper à sa porte. Surpris, le jeune homme jeta un coup d'œil dans le judas pour voir de qui il s'agissait. Et lorsqu'il vit, son cœur s'arrêta.

Des policiers. Juste là. Devant sa porte. En train de lui demander s'il pouvait leur ouvrir.

Il en fut tellement choqué que ses jambes en tremblèrent et qu'il lui fut difficile de retrouver sa respiration. Quand il réussit enfin à se calmer un minimum, au bout d'une poignée de minutes, il finit par ouvrir la porte.

-Alaric Williams, demanda l'un d'eux ?

Si on avait demandé au jeune homme de les décrire, il aurait dit « quelconques ». Il trouva qu'ils se ressemblaient, bien que l'un soit blond et l'autre brun, et se fit la réflexion que, s'il les avait croisé en dehors de ces circonstances particulières, il n'aura même pas trouvé de mots pour les définir tant ils ressemblaient à monsieur tout-le-monde.

-Oui, c'est moi... Q-qu'est-ce-que vous voulez ?

-Pas grand chose, hm... Est-ce-que ta mère est là ?

-Non, elle travaille...

-Bon... Cela te dérange si nous te posons quelques questions ?

-Euh... Non, entrez...

Alaric se décala pour laisser les deux policiers entrer. Il s'installèrent dans la cuisine, seul lieu disposant d'une table standard. Le brun commença :

-Hier soir, 4 garçons de ta classe ont été agressés devant votre collège à la sortie des cours, Jules Renard, Alex Jean, Kevin Martin et Oscar Desgouttes.

-Nos questions seront simples, enchaina le second flic, est-ce-que vous avez vu quelque chose ?

Alaric essaya de donner l'impression de chercher à se souvenir de quelque chose. En réalité, il cherchait une parade, un moyen de se sortir de ce pétrin, mais il ne trouva rien d'autre que :

-Je... Je suis bien passé devant eux mais je ne me souviens pas trop de ce qu'il s'est passé hier soir, je me sentais mal et je suis allé me coucher tôt, ma mère pourra vous confirmer ça quand elle rentrera...

-Je vois... Tu ne te souviens vraiment de rien ?

-Non, absolument pas, non... 

-Certains de tes camarades de classe nous ont rapporté que tu avais eu des différends avec ces garçons, est-ce vrai ?

-Comme a-avec la majorité du collège, oui... Mais il y en a d'autres qui ont eu des problèmes avec eux, pourquoi ne pas aller les voir eux plutôt que moi ?

Alaric sentait qu'il avait mal joué. Il était trop sur la défensive, cela pourrait leur mettre la puce à l'oreille. Très vite, cela le stressa, faisant remonter une infime partie de sa peur de la veille, à laquelle s'ajouta un soupçon de rage. Cherchant à garder la tête froide, il s'exhorta au calme.

Il vit que le flic blond allait répliquer, mais il fut coupé par son collègue brun, qui continua :

-Je ne sais pas si tu comprends l'importance de la situation Alaric. Ces adolescents ont été retrouvés évanouis, à l'heure qu'il est, ils sont dans le coma. Si tu caches quelque chose, le mieux à faire, c'est de tout nous dire.

L'adolescent ne rajouta rien pendant quelques secondes, avant d'articuler lentement :

-Je ne sais rien au sujet de ce qu'il s'est passé.

Suite à ces mots, l'atmosphère changea, se faisant plus menaçante aux yeux du jeune garçon. Il avait l'impression que les policiers avaient perdu leurs intentions bienveillantes et s'étaient transformés en monstres affamé, guettant le moindre faux pas pour fondre sur leur proie et la dévorer. Alaric se dandina doucement sur sa chaise en se triturant les mains. Il se sentait de nouveau angoissé, comme lorsque ces garçons avaient évoqué sa sœur. Une peur mêlée de rage bouillant dans ses veines et menaçant de le faire exploser.

Le flic blond dévoila un sourire narquois en lui disant d'un ton doucereux :

-Voilà qui est bien dommage, il se trouve que plusieurs témoins t'ont vu l'attaquer. Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

Alaric se leva brusquement, tendu. Le piège se refermait sur lui. Les prédateurs allaient le dévorer.

Sa première pensée fut qu'il devait fuir. Mais pour aller où ? Et comment allait-il s'en sortir ? Il serait sans doute recherché... Combien de temps pourrait-il tenir en liberté s'il se décidait à fuir ?

Mais bien vite, ce fut autre chose qui prit le dessus. Autre chose que l'instinct de fuite. Les prédateurs s'étaient attaqués à la mauvaise proie. Le morceau était coriace, et il pouvait se révéler bien plus dangereux que ses agresseurs.

Ce changement d'attitude n'avait, bien évidemment, pas échappé aux flics, qui sortirent des armes pour viser le jeune homme.

Mais plutôt que de se demander pourquoi de simples policiers de quartiers avaient pris leurs armes de service pour procéder à ce qui semblait être un simple interrogatoire, il se demanda comment il pourrait bouger sans que ses assaillants ne l'attaquent. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps.

Une sorte de lance orangée transperça la gorge du flic blond, qui lâcha son arme avant de porter les mains à sa gorge pour tenter de retirer la chose qui allait le tuer. L'arme se retira de la gorge du flic qui tomba en arrière. L'autre flic avait tiré en direction de ce qui semblait avoir tué son collègue, mais malheureusement pour lui ses balles n'heurtèrent que le linteau de la porte d'entrée et le meuble à chaussures.

S'il avait été moins impressionnable, Alaric n'aurait eu aucun problème à courir aussi loin que possible de cette scène d'horreur, seulement il était resté tétanisé devant cette mort aussi étrange que soudaine. Ses jambes tremblaient, sa haine avait disparue, laissant place à une peur aveugle qui lui fit monter les larmes aux yeux.

L'autre flic en profita pour se rapprocher le plus possible d'Alaric et pointer le canon de son arme sur sa tempe en hurlant :

-SI VOUS VOUS APPROCHEZ JE LUI FAIS SAUTER LE CRÂNE !!!

Une voix modifiée, aux résonances métalliques, mais clairement féminine, lui répondit d'un ton neutre :

-Vos supérieurs seraient très mécontents que vous rameniez un sujet aussi fascinant sans vie. Et puis, vous pensez sincèrement que cette pathétique menace m'empêchera de vous tuer ?

Le flic brun avait la respiration rapide, visiblement aussi effrayé qu'Alaric l'était, à la différence près que lui savait dompter sa peur.

Mais bien qu'il sache comment garder un semblant de sang-froid, il ne put prévoir que l'arme qui avait tué son collègue allait traverser le mur derrière lui pour empaler sa tête, laissant son jeune otage échapper un cri effrayé strident. La même voix féminine reprit la parole :

-Alaric, tu devrais cesser d'hurler et essayer de te calmer, si tu rameutes les voisins, nous risquons des problèmes, autant toi que moi.

Une femme s'approcha du jeune homme. Et il la trouva effrayante.

Elle avait une capuche rabattue sur ses cheveux et portait un masque à gaz. Elle était vêtue d'une veste noire fermée, d'un pantalon sombre et de bottes noires. Elle portait également un sac en bandoulière noire. Mais ce qui l'effraya étaient les bras de cette femme. Ces bras étaient en réalité de grands tentacules oranges, au nombre de 3 par bras, aux bouts pointus. Les armes qui avaient tué les policiers.

Les tentacules commençaient à se rétracter pour devenir des bras couverts par des manches longues et gants noirs. Alaric était tétanisé devant ce monstrueux changement de forme. La femme reprit la parole :

-On doit partir. J'espère que tu as dit adieu à tout le monde, mais tu comprends que tu ne peux rester ici, n'est-ce-pas ?

Le jeune garçon hocha la tête au prix d'un certain effort et prit avec réticence la main que cette femme lui tendait. Elle lui fit descendre l'escalier à toute vitesse, permettant au jeune homme de découvrir pendant une fraction de seconde un véritable carnage devant sa porte, où les restes de plusieurs hommes gisaient au sol, mutilés de sorte à ce qu'Alaric se demanda comment avaient-ils pu mourir sans avoir crié.

Arrivés en bas de son immeuble, un homme vêtu exactement comme la femme les attendait, armé de ce qui semblait être un fusil amélioré leur ouvrit la porte d'une voiture grise, les laissant s'asseoir à l'arrière tandis qu'il prit place à l'avant, au côtés d'un conducteur qui démarra en trombe. Lui aussi portant une tenue cachant l'intégralité de son corps.

Et au moment où Alaric se noyait dans toutes les questions qu'il se posait, la femme à ses côtés retira son masque et abaissa sa capuche.

-Enfin ! J'avais vraiment peur que nous arrivions en retard.

Le jeune garçon n'en croyait pas ses yeux. Cette femme effrayante, qui avait assassiné autant de personnes sous ses yeux et qui n'avait pas hésité à mettre sa vie en danger était sa sœur chérie, Rêverie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top