Chapitre 10 : Enfin une lueur d'espoir !

Howard avait observé la discussion entre Graham, Cassandre et James du coin de l'œil, et au vu de leurs réactions respectives, cela n'augurait rien de bon. Oh, bien sûr, il aurait pu utiliser son pouvoir pour découvrir ce qu'ils disaient, mais deux raisons l'en empêchait. La première était que leur discussion ne devait pas le concerner directement, et, de ce fait, il ne voulait pas mettre son nez dedans. La seconde était qu'ils étaient habitués à le voir utiliser son pouvoir.

Le jeune homme était capable de voir la vie d'une personne rien qu'en la fixant dans les yeux, depuis qu'il était tout petit. Cela l'avait rendu grognon et renfermé, petit à petit, à force de voir des douleurs et des bonheurs dont il n'avait pas l'impression d'être acteur, même dans les yeux de ses propres parents. Enfin, son mauvais caractère n'arrangeait rien.

-Ho, Howie, fit Hilda en sautant sur son dos !!

-Aïe !! Dégage grosse truie, rétorqua-t-il, plié en deux par le poids de la jeune femme !! Et j'm'appelle pas Howie !!

Cela fit rire Rêverie et amusa Alaric, qui contenait timidement un petit gloussement. Clyde tira sur son pull trop grand :

-T'étais pas censé m'aider ?

-J'peux pas à cause de cette espèce d'enclume !!

-Comment ça, "enclume", s'exclama la jeune femme ?!

-T'es tellement lourde que j'arrive pas à faire la différence entre toi et une enclume, alors dégage avant que je finisse asphyxié et que vous aillez à vous débarrasser de mon cadavre !!

-Hilda, il est suffisamment de bonne humeur comme ça, intervint Rêverie, n'en rajoute pas s'il te plait.

La jeune fille grommela et utilisa le dos de son amie comme matelas, malgré les protestations de cette dernière et les rires de son petit frère.

Soudainement, James poussa un cri de joie :

-J'AI RÉUSSI !!! J'AI PUTAIN DE RÉUSSI !!

Cela alerta tout le monde, mis à part Cassandre qui, après la conversation, était allée s'enfermer dans sa chambre.

-Attends, t'as vraiment réussi à pénétrer leur base de données, fit Graham ?!

-Prenez une photo avant qu'ils s'en rendent compte et fassent péter ou localisent l'ordi, allez, fit le blond sans l'écouter !!!

Clyde ne se fit pas attendre et sortit son téléphone de sa poche, pour mitrailler l'écran de l'ordinateur portable de flashs, tandis que James était toujours penché sur l'écran, sa main gauche fouillant fébrilement les poches de sa veste tandis qu'il gardait une main près du bouton arrêt, les yeux brillant d'une excitation qui lui était rare. Soudainement, l'ordinateur sembla crasher. James eut d'abord un murmure d'incrédulité, mais réagit rapidement, et, ayant récupéré un couteau de sa poche, il planta violemment l'écran, détruisant l'objet avec une frénésie remplie de déception. Lorsque l'objet ne fut plus qu'un petit tas de métal et de câbles, il soupira, et, l'air parfaitement calmé, se tourna vers Clyde :

-J'espère que les photos sont claires.

-C'est ce que je suis en train de regarder, répondit le jeune homme. Elles sont exploitables.

-J'veux pas changer de sujet ou autre, intervint Howard, mais sérieusement, Clyde, si tu comptes réussir une invocation que t'as à peine essayé, commence par éviter de garder ton portable vers toi, c'est une source de stress inconscient.

-Ta gueule Howard, répliqua James.

Vexé, le jeune homme marmonna un "connard" bien senti et se mit en boule sur le canapé, étudiant les réactions des autres. Alaric semblait encore choqué par la réaction de James, Rêverie et Hilda avaient l'air profondément heureuses, tandis que Graham semblait soucieux :

-Tu es sûr que tu as réussi à pénétrer dans les fichiers les mieux sécurisés du monde parce que tu as trouvé une faille ?

-Si tu me demandes si tu penses qu'il est possible qu'ils aient laissé ces informations filtrer volontairement, j'vais te répondre non. Je n'ai pu accéder à tout cela même pas une minutes, je pense sincèrement que s'ils avaient laissé tout cela ressortir délibérément pour mieux nous piéger, ils auraient mis plus de temps à réagir.

-Justement, renchérit le lycan, je pense qu'ils t'ont laissé trop de temps.

-Ils ne doivent pas avoir l'habitude de brèches de ce genre venant de l'extérieur, c'est normal, qu'ils aient mis autant de temps à réagir. Clyde, tu peux recopier ces infos de façon visible ?

-Si t'as peur de pas me lire t'as qu'à le faire toi-même, grommela le jeune homme en s'asseyant à un bureau, son portable devant lui.

James eut un soupir de satisfaction. Howard était étonné de le voir aussi satisfait, mais remarqua qu'il clignait beaucoup de l'œil droit, comme s'il y avait quelque chose qui le gênait à l'intérieur de celui-ci.

-Excusez-moi, je reviens, fit-il en se levant, une main sur l'œil.

Rêverie et Hilda eurent un petit rire discret, qui intrigua le jeune homme. Alaric les dévisagea quelques secondes, comme si elles étaient folles. Howard eut un rictus amusé et lui fit signe de se rapprocher, ce qui fit l'adolescent :

-Tu sais, si elles se marrent, faut pas trop t'étonner, j'ai tendance à croire qu'elles communiquent par la pensée, murmura-t-il.

-D-d'accord, chuchota l'adolescent.

-Faut pas que t'aies peur de nous, rajouta le jeune homme.  On est bizarres, d'accord, dangereux, peut-être, mais on fera de notre mieux pour nous occuper de toi et te protéger. T'as ma parole.

-C-c-c'est très gentil de votre part...

-C'est pas gentil, c'est normal. Pas seulement parce que t'es le petit frère de Rêv', mais aussi parce que tu es spécial. Et avant que tu me fasses le coup du "oh-mais-je-suis-comme-tout-le-monde", retiens bien que ces connards de la Fondation ne t'ont pas attaqué par hasard, et que tu n'es pas là par hasard.

Alaric le regarda dans les yeux pendant un dixième de seconde avant de baisser les yeux, ce qui fit sourire Howard qui lui tapota gentiment la tête :

-T'es courageux, beaucoup de gamins de ton âge auraient chialé leur mère à ta place.

L'adolescent lui sourit, malgré une lueur de tristesse dans le regard. Howard soupira.

Évidemment, sa mère devait lui manquer. Si ça se trouve, ce courage n'était qu'une apparence. Il inspira à fond et força l'adolescent à le regarder dans les yeux.

Howard y revit ce qu'il s'était contenté de garder vague la première qu'il l'avait vu : l'insouciance de son enfances, auprès d'une famille normale, les problèmes engendrés par sa timidité dans son école, puis la douleur provoquée par le décès de son père, et la disparition de sa sœur qui l'avait transformé en être perdu au milieu d'un océan de désespoir, pris entre la bouée, qui était divisée entre sa mère et ses lectures, et les chaînes enroulées à ses pieds, partagées entre un harcèlement quotidien, l'adolescence et des douleurs qu'il tentait d'oublier. Bordel, que ça fait mal...

Le jeune homme se leva, marmonna une rapide excuse et s'enferma dans sa chambre, tentant de se calmer, voulant empêcher des sentiments qui n'étaient pas les siens de l'envahir.

Il se souvenait pourquoi il se refusait d'utiliser son pouvoir. Avec les autres, il avait l'habitude, mais avec un nouveau, c'était douloureux. Putain de douloureux. Une douleur qu'il ne souhaitait qu'à son pire ennemi.

-Howard ? Ça va ?

La voix de Graham, derrière sa porte, le rassurait. Il répondit :

-J't'emmerde.

Le lycan ouvrit la porte et entra dans la chambre pour poser un bras réconfortant autour des épaules du jeune homme :

-Tu as vu quoi, cette fois ?

-Le passé d'Alaric.

-Je vois.

Pas besoin d'en dire plus, cela suffisait à Graham pour comprendre. Il se fit plus rassurant, serrant Howard plus fort dans ses bras, tandis que ce dernier échoua à cacher tout cela et fondit en larmes, incapable de parler pendant plusieurs longues minutes.

Mais malgré cette explosion, il retenait au fond de lui un besoin de se défouler physiquement, un besoin de frapper, n'importe qui, n'importe quoi, juste pour pouvoir laisser s'exprimer une rage provoqué par un profond sentiment d'injustice. Il faisait de son mieux pour se retenir parce que c'était Graham qui était avec lui. Et s'il y avait un être qu'il ne voulait pas blesser, c'était Graham.

Quand il finit enfin par se calmer, il demanda d'un ton las :

-On a quoi, globalement...?

-Des données assez précises sur les endroits où se trouvent plusieurs sites. Il va falloir qu'on en discute avec les autres. Tu veux bien nous rejoindre, ou tu as besoin de rester ici un moment ?

-J'reste ici, répondit Howard en fermant les yeux, se calmant peu à peu grâce la présence rassurante de Graham.


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