#REVENGE | 38 ∞ SIXTINE
JOUR 5 | Le seul qui peut m'aider, c'est Niels.
∞ ∞∞ ∞
La nuit a été aussi affreuse que possible. J'ai enchaîné les cauchemars, les questions, en me repassant nos discussions. J'ai vécu pendant neuf ans en croyant en sa culpabilité. À penser que les propos de Billy Pierce ne pouvaient être que vrais tant il me les avait assénés avec violence en même temps qu'il me violait. Ne pouvant dissocier cet acte odieux du rôle qu'avait joué Reyn dans mon agression.
Pendant neuf ans, j'ai vécu avec cette idée...
Et maintenant ? Est-ce que les déclarations et les preuves qu'il avance sont suffisantes pour que je le croie ? Mon cœur me répond aussitôt que oui. Mais je ne peux pas accorder ma confiance à cet organe qui ne bat que pour Reyn depuis le premier regard. Il n'est pas objectif.
Le seul qui peut m'aider, c'est Niels.
Je me lève et lui envoie un message.
Sixtine : « J'ai besoin de te parler. Rejoins-moi dans ma cabine dans trente minutes. »
Sa réponse ne se fait pas attendre.
Niels : « J'arrive. »
Sixtine : « Merci, et surtout tu ne dis rien à Logan ou à Reyn. »
Niels : « Bien sûr ! »
Pile à l'heure, Niels frappe à la porte. J'ai eu le temps de commander un petit-déjeuner et de me doucher. Je me sens un peu moins fourbu quand j'ouvre au meilleur ami de Reyn. Je vérifie dans le couloir que personne ne s'y trouve. Je ne veux pas qu'on soit dérangé.
— Entre. Je te sers un café ?
— Oui, je n'ai pas eu le temps d'en boire un encore.
— Je suis désolée si je t'ai fait venir de si bonne heure, mais ensuite on a l'organisation de la journée qui va s'enclencher et l'on ne sera pas tranquille pour discuter.
— Pas de soucis, j'étais réveillé.
— À croire que cette nuit de pleine lune nous a perturbés.
— Je miserais plus sur ce qu'on a découvert à ton sujet.
Je lui tends une tasse de café qu'il boit en se calant bien dans le fauteuil qui se trouve face à moi.
— N'hésite pas à te servir si tu as faim.
Pour mon cas, rien ne va passer tant ma gorge est serrée.
— Je me doute que tu m'as demandé de venir pour parler de Reyn.
— Effectivement. J'ai besoin de discuter de tout ce que nous avons vécu sans être sous son charme.
— Il faut reconnaître qu'il n'en manque pas.
Un sourire entendu fleurit sur nos visages complices à cet instant.
— Tu peux me dire ta version des faits ?
— En ce qui concerne votre rencontre ?
— Oui ! La façon dont il a agi et vécu toute cette histoire.
Il repose son assiette avant que celle-ci soit terminée et passe la serviette pour essuyer le coin de ses lèvres. Il se saisit de son café et en boit une gorgée.
— Tu dois comprendre qu'il n'est pas homme à s'impliquer. C'était la star de l'équipe et il ne manquait pas de sollicitations féminines. Il lui suffisait de claquer des doigts pour avoir l'embarras du choix.
— Alors, pourquoi moi ?
Niels délaisse sa tasse et je comprends qu'il gagne du temps pour sans doute sélectionner ses mots. Il est bien plus posé que son meilleur ami.
— Ce n'était pas son choix.
— C'était celui de Billy Pierce, c'est ça ?
— Oui. Nous étions allés à la fête des Sigma Phi parce que la soirée était organisée pour célébrer les bons résultats de l'équipe de Hockey. Billy et Reyn ont été coéquipiers et ont joué pendant des années dans la même équipe. Nous n'avons donc pas pu refuser contrairement à d'habitude.
— Je ne le savais pas. Pourtant, Pierce n'en faisait plus partie quand je vous ai rencontrés.
— Il en avait été viré pour avoir fourni des médicaments à d'autres joueurs pour booster leurs performances.
Niels récupère sa tasse comme si les informations qu'il me fournit lui étaient douloureuses. Mais je dois continuer sur ma lancée.
— Il en voulait à Reyn pour avoir perdu sa place, c'est ça ?
— Tu as tout compris. Il pensait que c'était Reyn qui l'avait balancé.
— Et c'était vrai ?
— Non, il a juste prévenu Pierce qu'il devait arrêter son trafic ou bien il en parlerait au coach.
— Il n'a pas eu le temps de le dénoncer ?
— L'entraîneur n'était pas dupe. Il avait deviné tout seul que les performances de certains n'étaient pas à leur niveau. Mais Pierce était persuadé que ça venait de Reyn.
— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Pierce s'est servi de moi pour se venger ?
— Reyn n'a jamais eu un comportement abusif avec les nanas. Plus d'une fois, il lui a proposé des plans foireux, mais Reyn a toujours refusé.
— Contrairement à Pierce, qui lui prenait sans demander, je grimace en serrant les poings.
— Pierce a voulu le pousser à agir contre nature en lui imposant de coucher avec toi pour payer sa dette de jeu. Pourtant, Reyn a tenu à lui filer le fric qu'il lui devait, mais Pierce a refusé son pognon en lui expliquant que c'était sa maison et ses règles.
— L'argent ne l'intéressait pas, je précise. Il voulait écorcher son image, c'est ça ?
— Tu as vu juste. Reyn a tenté de ne pas obéir à l'injonction de Pierce, mais il possédait un truc sur Reyn qui l'a obligé à se plier à sa demande.
— Il l'a fait chanter avec quoi ?
— Je ne l'ai jamais su. C'est quelque chose qui remonte avant ma rencontre avec Reyn.
— Il ne t'en a jamais parlé ?
— On a beau être associés et meilleurs amis, on ne connaît pas tout l'un sur l'autre.
— Tu penses que ça concerne quoi ? Le hockey ou une nana ?
— Je pencherais plus pour le hockey. Ils ont été coéquipiers pendant plusieurs années.
— Et pourquoi pas à cause d'une nana ?
— Parce que Reyn n'est pas un mec qui s'engage.
— Justement. Pourquoi est-il aussi réfractaire à entretenir une relation ?
Un bruit au niveau du balcon nous interrompt alors que Niels s'apprêtait à me répondre. Et merde, j'y étais presque. Houdini montre le bout de son nez tandis qu'elle arrive de la cabine de Reyn.
— Empêche ce satané animal d'entrer.
— Tu as peur ? Je me saisis d'elle et me tourne vers Niels. Regarde, elle est adorable.
— Je suis allergique aux poils de chat.
Le temps qu'il m'en informe, j'ai avancé dans la pièce et ce sont les éternuements répétés de Niels qui me stoppent.
— Ah ouais, c'est radical.
— Je dois te laisser, je n'ai pas mes cachets antihistaminiques sur moi.
Le voir fuir face à cet animal si adorable est presque risible. Mais je perds rapidement mon envie de plaisanter en découvrant celui qui se trouve sur mon balcon.
— Bonjour, voisine. As-tu bien dormi ?
Reyn s'installe sur le canapé sans que j'aie eu le temps d'ouvrir la bouche pour lui répondre. Il pioche dans mon assiette un peu d'œufs brouillés. Je ne lâche pas du regard la fourchette qui me mène à ses lèvres ourlées et gourmandes. La façon dont il engouffre la nourriture dans sa cavité me fait saliver. Il me tend une serviette en ajoutant d'un ton moqueur.
— Ferme la bouche, tu baves, mon joli Pinson.
— Espèce de goujat.
Je lui jette le tissu blanc à la tête, mais ça n'efface pas son sourire canaille. Celui qui m'a toujours fait craquer.
— Tu m'as l'air de bonne humeur.
— Ce qui n'est visiblement pas ton cas.
— Tu es devenu voyant ?
— Non. Seulement clairvoyant.
Je m'assois dans le fauteuil et Houdini se couche sur mes jambes ce qui me permet d'occuper mes mains en la caressant.
— Alors la récolte a été bonne ?
— De quoi parles-tu ? Contrairement à toi, j'ai mal dormi donc je n'ai pas la force de jouer aux devinettes.
— Pourtant, poser des questions n'a pas eu l'air de te fatiguer outre mesure.
Se pourrait-il qu'il m'ait entendu discuter avec Niels ? Bien sûr que oui...
— Depuis quand es-tu sur le balcon à jouer les espions ?
— Depuis que tu as laissé mon meilleur ami entrer chez toi.
— Tu as suivi toute la discussion ?
— En entier.
Reyn boit son café comme si tout était normal. Le dos bien appuyé contre le haut du canapé, la jambe croisée sur son genoux et le bras allongé le long du dossier, il ne me quitte pas du regard. Ses iris pétillent quand il me demande.
— Alors comme ça, tu me trouves charmant ?
Il n'est pas question que je lui réponde puisqu'il a déjà entendu ce que je pensais de lui.
— Niels t'a prévenu, c'est ça ?
— Non, il n'en a pas eu besoin, tu n'avais pas fermé la baie vitrée.
— Il a fait chaud cette nuit.
Je tente de me disculper.
— Alors ?
— Quoi ?
— Tu as obtenu tes réponses ?
— Oui, en partie. J'ai la confirmation que, sans cette dette de jeu, tu ne m'aurais jamais abordée.
— C'est vrai. Tu n'étais pas mon style.
— Désolée que tu aies dû te taper un boudin.
— Je n'irai pas jusque-là. Mais tu as su remodeler ton corps et tu es devenue sublime, belle Sixtine. Et je suis heureux d'avoir été ta source de motivation, il me provoque avec un sourire en coin.
— Tu n'es qu'un salaud ! Sors de ma chambre. Je ne sais pas pourquoi je tente de te comprendre parce que, toi, tu es toujours aussi con !
Bien loin de l'effrayer, c'est Houdini qui est délogée de sur mes jambes quand je fais mine de me redresser pour accentuer ma tirade. Elle sort et s'installe sur le fauteuil du balcon.
— Ce qui ne t'empêche pas de m'aimer.
— Ah ! Donc tu penses que parce que j'ai toujours des sentiments pour toi, je vais tout te laisser passer ?
— C'est l'idée.
— Tu n'es qu'un enfoiré...
Son sourire est carnassier. Pourquoi faut-il qu'il soit si beau ? Si arrogant, si sûr de lui. Il tente de me déstabiliser. De me laisser croire que tout cela l'amuse et ne l'atteint pas. Il me pousse à le détester pour que j'arrête de poser des questions qui vont forcément lui déplaire.
— Tu as sciemment envoyé Houdini sur mon balcon pour que Niels parte et cesse de me répondre.
Reyn tique l'espace d'une seconde, mais se reprend vite. Affichant à nouveau ce masque du mec que rien ne perturbe.
— Tu peux croire ce que tu veux. Mais Niels ne t'aurait pas donné les réponses qui touchent à ma vie privée. Et tu sais pourquoi ?
— Parce que c'est ton meilleur ami.
— En effet, mais surtout parce qu'il n'est au courant de rien. Et qu'il a toujours respecté que je garde mes secrets.
— Tu es en train de m'annoncer que je n'en saurai pas plus ?
— Voilà. Tu devrais manger, on a une longue journée qui nous attend.
— Je n'ai plus faim.
— Ne me dis pas que c'est à cause de moi ?
— Je ne te ferai pas ce plaisir, alors tu peux ranger ton sourire narquois.
— Très bien. Il y en aura plus pour moi.
Sans se démonter, il termine mon assiette. Je suis dans une impasse. Niels ne pourra pas m'aider. Et Reyn jubile d'être parvenu à garder ses réponses pour lui. Mais s'il croit que je vais baisser les bras, il ne me connaît pas.
— Arrête de vouloir tout comprendre. Respecte mes zones d'ombre surtout que je t'assure ça ne t'apportera rien de plus comme renseignements.
— Parce que, d'après toi, apprendre pourquoi Billy Pierce t'a fait du chantage ne m'aidera pas ?
— En aucune façon.
— Donc tu reconnais qu'il en exerçait bien un ?
— Oui.
— Et grâce à moi, tu as pu effacer ta dette de jeu et te libérer de ce chantage.
Je vois que mes mots le touchent, alors je termine de l'achever.
— Et tu trouves que je n'ai pas le droit de savoir pourquoi j'ai perdu ma virginité. Ou pourquoi j'ai été violée ?
— Je ne l'avais pas vu ainsi.
— Tu me dois cette vérité.
Je le sens réfléchir, cogiter et j'espère que cette fois-ci il sera franc avec moi et que nous ne serons pas interrompus.
∞ ∞∞ ∞
➥ Sixtine apprend que Billy tenait pour responsable Reyn quand il a été viré de l'équipe. Est-ce seulement pour cette raison qu'il l'a entraîné dans cette histoire avec Sixtine ?
➥ Niels était sur le point de révéler à Sixtine pourquoi Reyn ne s'engage pas. L'aurait-il fait sans l'arrivée de Houdini ?
➥ Reyn a entendu toute la conversation. Dit-il vrai en avançant que Niels ne l'a pas prévenu que Sixtine avait invité son meilleur ami à prendre le petit-déjeuner ?
➥ Reyn va-t-il lui révéler quelle était la nature du chantage ?
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📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera REYN :
🎭 Pourquoi continues-tu à les porter ?
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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋
✨️ Kty.Edcall.Romance ✨️
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