#REVENGE | 28 ∞ SIXTINE

JOUR 4 | C'était si bon, laisse-moi te le rappeler.

∞ ∞∞ ∞

J'ai du mal à émerger de mon sommeil. J'ai chaud. Mon corps est fourbu. J'ai comme souvent dû revivre ce cauchemar. Toujours le même depuis neuf ans. Encore et encore. Comme si ce que j'avais subi ce soir-là n'était pas assez douloureux ou présent dans ma mémoire. Leurs gestes, leurs rires, leurs moqueries, tout se rejoue inlassablement. Comme si je n'avais pas le droit d'oublier ce que ces enfoirés m'ont fait. Comment me reconstruire ou aller de l'avant si je n'arrive pas à tourner la page ?

C'est pour tenter de dépasser cette douleur que j'ai eu l'idée de me venger en pensant que ça pourrait effacer une partie de mon chagrin. Mais je m'aperçois qu'il n'en est rien. Me tenir proche de Reyn n'arrange rien. Au contraire. Les souvenirs de nous deux remontent à la surface et j'ai de plus en plus de mal à oublier ce que nous avons vécu. Enfin surtout de mon côté. Parce que, pour lui, j'étais juste une nana de plus sur son tableau de chasse.

Si j'avais eu un minimum d'importance pour lui, il n'aurait pas oublié notre rendez-vous au cinéma, ce soir-là...

Je sens un corps bouger à côté de moi et la peur me saisit. Je hurle et quitte aussitôt le matelas en tirant à ma suite la couette qui me recouvrait.

— Qu'est-ce que tu fous dans mon lit ?

Il se frotte les yeux, tente de comprendre où il se trouve en regardant la pièce jusqu'à ce que ses iris tombent dans les miens.

— Bonjour, mon Pinson.

— Arrête avec ce surnom débile.

— Il te va pourtant si bien.

Je recule en tenant le plus fort possible la couette contre moi. Reyn n'a pas l'air de se formaliser de se retrouver allongé dans mon lit. La seule chose qui me rassure, c'est de voir qu'il est entièrement habillé.

— Je ne t'ai pas touchée, il m'affirme d'une voix douce.

— Alors pourquoi es-tu dans mon lit ?

Il m'explique ce qu'il s'est passé après que j'ai refusé de coucher avec lui. Avec quelle attention il a pris soin de moi afin que je m'endorme. Et comment il a veillé sur moi cette nuit jusqu'à s'endormir.

— Et tu t'es assoupi toi aussi ?

— Pas tout de suite, j'ai...

J'ai peur de comprendre, ce qu'il ne me dit pas en laissant la phrase suspendue dans le vide. Mon cauchemar me revient et j'ai la trouille de lui demander s'il m'a entendue. S'il a capté. S'il sait...

— Je ne voulais pas...

— Sors de ma chambre.

— Je ne pouvais pas deviner. Mais je pige mieux...

— Rien. Tu ne peux pas comprendre, alors n'essaye même pas. Dégage !

Reyn se lève. Il avance vers moi et je recule d'autant.

— Stop !

Ma main libre se tend entre nous deux. Reyn ne me lâche pas du regard. Mes yeux, merde, il va les identifier. Et puis, soudain, je me souviens que je n'ai pas retiré mes lentilles pour dormir. Je me sens soulagée et en même temps, je sais que mes iris vont être douloureux. Je ferme les paupières à plusieurs reprises pour tenter de les humidifier. Je dois m'en occuper rapidement afin de les réhydrater. Pour cela, je dois virer Reyn de ma chambre.

— Laisse-moi...

Reyn n'a pas l'air de vouloir sortir. Au contraire, il avance d'un pas. Ma paume entre en contact avec son torse. Il est chaud, palpitant, doux. Je dois retirer ma main, ne pas apprécier ce moment de partage plus qu'il ne se doit. Je ferme les yeux pour couper court à son attraction.

Grave erreur.

Reyn en a profité pour se rapprocher quand j'ouvre les paupières. Il ne se trouve qu'à quelques centimètres de mon visage. Son pouce se déplace sur ma joue. Il n'a pas le droit de se montrer aussi doux. Il ne peut pas caresser mes lèvres en les contemplant comme il est en train de le réaliser.

— Arrête...

— Tu vas devoir y mettre plus de conviction, mon Pinson.

Son pouce passe la barrière de ma bouche. Il appuie sur ma langue avant de ressortir pour mieux revenir. Ma salive l'accompagne. Il glisse, se stoppe dans ma cavité et par réflexe, je l'aspire. Ses iris brillent, ils me détaillent, me fixent en attendant que je recommence. Je le suce brièvement et ce sont les flammes du désir que je vois danser dans ses yeux.

— Encore...

Le courage me manque. Ou bien est-ce le lâcher-prise que je n'arrive plus à laisser s'exprimer ? Reyn chuchote. Sa voix est si basse que je ferme les yeux pour m'en délecter.

— Suce-le, mon Pinson.

Pour instiller en moi l'envie de recommencer, il reprend ses va-et-vient et je me laisse emporter par ses impulsions. Les yeux dans les yeux, je l'aspire pour mieux le relâcher, pour autoriser ma langue à cette caresse, qui réveille mon épicentre.

— Je peux ?

Son visage se penche vers le mien, alors qu'un mouvement de recul s'enclenche. Mais il me retient de son pouce dans ma bouche.

— Je veux juste t'embrasser.

— Je n'embrasse pas. Tu le sais...

Ses lèvres se rapprochent et l'odeur des dragibus me revient, ainsi que notre façon de les déguster. Ma bouche forme un O parfait en même temps que les sensations de nos baisers.

— C'était si bon, laisse-moi te le rappeler.

Le bruit du sachet me donne l'impulsion pour voir si c'est ce que je crois. Reyn récupère une bille noire. Comment lui résister ?

Je suis faible...

Reyn a compris comment m'apprivoiser et me pousser à céder à cette tentation. Il place le dragibus dans sa bouche, qu'il laisse ouverte pour que je décide si je veux mêler ma langue à la sienne pour partager le goût de ce bonbon. J'hésite. Je ne sais que choisir entre mon envie de l'envoyer chier et celle de savourer cette friandise interdite.

Pourquoi sa main sur ma joue est-elle si douce ? Pourquoi je le laisse la cajoler et glisser jusqu'à ma nuque ? Ses doigts s'infiltrent dans mes cheveux défaits. Plus de trace de mon chignon. Mes mèches s'enroulent autour de son poing. Cet acte possessif n'est pas douloureux. Reyn sait doser le geste entre me maintenir et m'obliger.

— Je n'embrasse pas...

Je ne termine pas ma phrase, car mes lèvres viennent de se rapprocher de la sienne. De l'effleurer. Je perds le contrôle... Ma tête veut une chose et mon corps en désire une autre. Ma bouche prononce ce qu'il me faudrait faire, mais...

— Je ne céderai pas.

Et pourtant ma langue revient dans sa bouche pour récolter le nectar de ce dragibus qui a commencé à fondre. C'est divin. Sans que Reyn ait eu besoin de me pousser, je colle mon corps au sien. Un gémissement m'échappe quand mes pointes érigées entrent en contact avec son torse ferme.

Qu'est-ce que je suis en train de foutre ?

« Ressaisis-toi, Sixtine »

Je ne veux pas écouter les conseils de ma conscience. J'ai envie de lâcher prise. Pour une fois. Juste lui et moi. Pas de Reyn ou de Sixtine. Seulement un homme et une femme. Deux adultes consentants. Conscients de ce qui va se passer.

— Je peux l'enlever ?

— Oui...

Sa main retire la couette qui me recouvrait. Ma bulle de protection éclate et, bizarrement, je n'ai pas peur. Je ne panique pas quand ses doigts effleurent mon kimono en satin. Lorsqu'ils longent l'encolure de mon déshabillé pour écarter les deux pans. Je le laisse me contempler et je suis touchée de la façon dont il me regarde.

J'ai réalisé tellement d'efforts pour obtenir ce résultat que je suis flattée qu'il apprécie celle que je suis devenue.

— Tu es si belle. Tu m'autorises à caresser tes seins ?

Ma main glisse dans la poche de sa chemise et je retire un bonbon vert du sachet.

— Tire la langue.

Reyn s'exécute aussitôt. Je promène la face plate du dragibus sur son appendice afin de l'humidifier. Après trois ou quatre va-et-vient, je le dépose sur mon téton. Les deux parties se soudent aussitôt et je n'ai pas besoin d'en dire plus à Reyn pour que ses lèvres les recouvrent, les englobent, les sucent, les aspirent.

— Mords-les.

Son sourire illumine ses iris ambrés par le désir de planter ses dents dans mon bout de chair. Je ne me reconnais pas. Pourtant c'est bien moi qui viens de demander ça. Reyn me rend folle. Sa langue est divine et crée des miracles. J'en oublie ma vengeance, ce que je lui reproche, ce que je voulais lui faire payer.

Il n'y a plus que lui et moi.

Je sais très bien où nous mène ce jeu. Il est similaire à celui d'hier. Avec, cependant, des nouveautés telles que les demandes successives de Reyn pour obtenir mon approbation à chaque fois qu'il désire accomplir un geste sur moi. Mais aussi avec mon besoin, voire mon envie d'aller plus loin. Je sais qu'il a compris ce que j'ai vécu et qu'il sera attentionné, à mon écoute et doux.

— Je n'ai pas eu de relations depuis...

— Ok, il intègre l'information et poursuit. On va aller à ton rythme.

— J'ai besoin de toi...

— Tu vas te positionner au-dessus de moi, comme ça, c'est toi qui gères ce que tu peux accepter. Ça te convient, mon petit Pinson ?

J'ai beau râler après ce surnom, en fin de compte je l'apprécie. Reyn a su déceler la fragilité qui se cache en moi. Cette envie de vivre et de déployer mes ailes, mais avec retenue.

Je le vois à nouveau sortir son portefeuille. Ne pas paniquer. Je ne dois pas flipper. Lui, au moins, il prend la précaution d'en mettre. Il me le donne et je deviens aussi rouge que le dragibus que je viens de retirer du paquet. Je vais avoir besoin de sa force. Je le dépose sur ma langue et sollicite le baiser de Reyn qui n'hésite pas à appuyer ses lèvres sur les miennes.

Nos corps s'enflamment sous la caresse de nos langues et nos bouches. Reyn passe ses mains derrière mes fesses et me demande à l'oreille.

— Je peux te soulever pour nous rendre au lit ?

— Oui.

Le mot sort rapidement, alors que j'allais peser le pour et le contre. À croire que mon esprit a réagi plus vite que mon corps, qui se crispe en se retrouvant dans les bras de Reyn.

— Ça va ?

— Oui.

— Tu trembles.

— Ce n'est rien.

— Tu en es sûre ? On peut...

— Non.

— Si tu as le moindre souci...

Mes lèvres l'empêchent de continuer sa phrase. Je ne veux pas entendre que je pourrais ne pas y arriver. Cette option n'est pas envisageable.

Elle n'est pas incluse dans mon « Revenge Plan ».

∞ ∞∞ ∞

Le réveil de Sixtine est déstabilisant pour elle qui repensait à son cauchemar et découvre Reyn dans son lit. Rien de plus normal qu'elle soit effrayée ?

C'est une vraie adoration qu'ils vouent aux dragibus. Ce bonbon leur permet d'amplifier leur désir ou est-ce juste une stratégie pour la faire plier ?

Reyn se montre à l'écoute de son Pinson et met tout en œuvre pour qu'elle se sente bien. Son attitude est vraie ou stratégique ?

Sixtine parle de ce « Revenge Plan » mais pourquoi l'évoquer alors qu'elle embrasse Reyn ?

∞ ∞∞ ∞

📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera REYN :

🎭 Tu m'accordes ta confiance ?

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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋

✨️ Kty.Edcall.Romance ✨️

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