#REVENGE | 18 ∞ SIXTINE
JOUR 3 | Je vois que j'ai affaire à un connaisseur.
∞ ∞∞ ∞
C'est du grand n'importe quoi, cette enquête. Duncan a beau être un goujat, un forceur, un mec irrespectueux avec les femmes, je ne vois pas en quoi ça peut intéresser cet inspecteur. Ça n'a rien de comparable avec ce que nous venons de traverser. Là, on parle de vol, de braquage, de tirs et j'en passe.
J'ai eu la peur de ma vie.
Heureusement que Reyn était présent. Il m'a sauvée, et pas qu'une fois. Je lui en suis reconnaissante, mais je lui en veux tout autant. Je lui suis redevable et lui donner ce baiser ne suffira pas à effacer l'ardoise. L'embrasser était une erreur dont il va se servir dès que nous en aurons terminé avec cette histoire de vol.
— Je peux savoir, Mademoiselle Prescott-Monroe, pourquoi vous avez demandé que ce container soit livré sur notre sol ?
— Ma commande étant incomplète au départ de la croisière, ce qui manquait m'a été rapporté à notre première escale. Si vous le souhaitez, j'ai le bon notifiant les articles absents.
— Je veux bien le voir, merci.
Je lui tends les trois feuillets qu'il regarde avec attention avant de me demander.
— Les articles cochés d'une croix le sont pourquoi ?
— Ce sont ceux que nous avons contrôlés et ensuite rangés dans le camion afin d'être acheminés jusqu'au paquebot.
Je sens le regard intense de Reyn sur moi. Il a peur de quoi ? Que je balance une connerie ? Moi, ce qui m'inquiète – beaucoup plus – c'est que les flics découvrent que j'ai usurpé l'identité de Lizzy.
— D'après les vidéos, mes collègues m'informent que vous avez fouillé un à un chaque carton. Vous cherchiez quelque chose en particulier ?
— Juste à identifier précisément le contenu de chacun d'eux. Je ne peux pas me permettre de commettre une erreur. Et ensuite, réclamer à mon fournisseur un article manquant, alors qu'il serait présent.
— C'est tout à votre honneur. Étiez-vous dans le même état d'esprit, Monsieur Johnson ?
— Bien sûr. J'ai payé pour cette commande donc je tenais à m'assurer qu'elle est complète.
L'inspecteur hoche la tête à plusieurs reprises en consultant le détail de la marchandise. J'ai l'impression qu'on fait du surplace. Ou de tourner en rond, ce qui n'est franchement pas mieux.
— Avez-vous découvert des articles inconnus ?
— Qu'entendez-vous par là ?
Je jette un coup d'œil rapide à Reyn pour savoir pourquoi il ne répond pas directement à la question quand l'inspecteur continue dans son idée.
— Y avait-il des éléments qui ne servaient à rien pour un mariage ?
— Pleins !
La réplique sincère et immédiate de Reyn désarçonne autant le flic que moi.
— Franchement, il reprend sous le ton de la confidence, vous ne trouvez pas que c'est abusé, de commander dix sortes de bougies différentes ou de prévoir cinquante chandeliers, sans parler des gros nœuds qui vont orner les chaises. Et les immenses vases en PVC. Est-ce bien utile, d'après vous ?
— Je ne suis pas là pour juger. Je ne fais que constater ce débordement. Donc, dans toutes ces choses « inutiles » avez-vous découvert des articles que vous n'avez pas commandés ?
— Vous avez l'air d'être mieux renseigné que nous. Alors, dites-nous ce que nous aurions dû trouver, ça ira plus vite.
L'inspecteur prend le temps de réfléchir à la proposition de Reyn avant de lui faire remarquer.
— C'est une bien belle montre que vous avez là.
— Je vois que j'ai affaire à un connaisseur.
Reyn est en train de tomber dans le piège du flic. Comme dans le corbeau et le renard, il se laisse endormir par le compliment et ne s'aperçoit pas que l'inspecteur le tire dans ses filets pour le faire avouer. Oui, mais admettre quoi ? Je dois intervenir avant que Reyn ne s'étale sur sa grande collection.
— Reyn, Monsieur Sanchez n'a pas de temps à perdre avec ta montre. Revenons plutôt à ceux qui nous ont foncé dessus.
Reyn grimace, il râle parce que je suis intervenue sans comprendre que je viens – sans doute – de lui sauver la mise. Quand on sera sortie du commissariat, nous devrons faire les comptes.
— Bien essayées, Mademoiselle Prescott-Monroe, mais justement les montres sont au centre de mon enquête.
Totalement abasourdie par l'information, je lui réclame des précisions.
— Vous voulez dire que l'on a failli mourir pour quelques montres ?
— Ce ne sont pas seulement quelques pièces. On parle de centaines – voire plus – de bijoux. Elles sont toutes de grands créateurs ou joailliers et valent des milliers de dollars.
Avec Reyn, nous restons totalement sonnés. Il pensait que le container aurait pu servir pour passer de la drogue, mais pas des montres.
— Puis-je voir la vôtre ? Je dois vérifier si elle fait partie de celles qui ont été dérobées.
— Elle m'a été offerte par un de mes clients.
— Je dois tout de même la contrôler.
Reyn – mécontent – la détache et la pose avec rage sur le bureau du policier. Ce dernier a sorti un dossier assez épais où sont répertoriées des dizaines de modèles par feuille. Il la regarde, la retourne, l'inspecte avec minutie avant de tourner plusieurs pages sans même les parcourir.
— Pour faciliter les recherches, elles sont classées par matériaux, puis par des pierres précieuses si elles en possèdent. Sur la vôtre, on est d'accord, ce sont des diamants ?
— Il y en a douze. Un pour chaque heure.
— Votre client doit bien vous estimer pour vous offrir un tel cadeau.
— Il ne regarde pas à la dépense, du moment que je leur apporte sur un plateau d'argent des vacances de rêve.
L'inspecteur l'écoute d'une oreille distraite pendant qu'il cherche s'il trouve une correspondance avec celle de Reyn. Ce dernier a avancé son buste pour tenter d'apercevoir les photos. À la façon dont il se crispe, je suis sûre qu'il en a identifié plusieurs qui lui appartiennent.
— Comme vous vous en êtes rendu compte, votre montre fait partie du lot qui a été volé, il y a de ça plus d'un an.
— Vous êtes sûr que c'est la mienne ? Elle a sans doute été réalisée en plusieurs exemplaires.
— Certaines l'ont été, mais pas celle-ci.
— Qu'est-ce qui vous permet d'avancer avec autant de certitude que c'est bien la mienne ?
— À cause de son défaut.
Reyn est prêt à s'indigner face à cette affirmation, mais le flic lui demande de s'approcher et il indique.
— Il y a une faute d'orthographe dans le nom du créateur.
— C'est impossible à savoir.
— C'est le joaillier qui a signalé l'erreur, ce qui la rend unique. Donc, j'aimerais savoir qui vous l'a offert.
Je sens Reyn se crisper et je me doute qu'il doit chercher un moyen de ne pas divulguer le nom de son client.
— Je suis tenu par un contrat de confidentialité avec mes habitués les plus fortunés.
— Et je suppose que celui-ci apparaît sur cette liste.
— C'est le cas.
L'inspecteur maintient un silence lourd. Il replace les feuillets et nous garde sur des charbons ardents en attendant de savoir s'il se contente de la réponse de Reyn. Ce qui me paraît impensable.
— Je souligne votre intégrité et je comprends mieux le succès de votre société. Mais...
— C'était trop beau, râle Reyn.
Il croise ses bras musclés sur son torse qui l'est tout autant. De la fumée sort de ses narines dilatées tant il est en colère face à la tournure que prend cette situation.
— Je veux juste savoir... Monsieur Duncan Carlson connaît-il votre milliardaire ?
Je fixe intensément Reyn pour tenter de lire la réponse sur son visage, mais celui-ci n'affiche aucune indication. Il s'est aussitôt fermé comme une huître. Poker face.
— Donnez-moi le nom du milliardaire.
— Non.
— Alors, dites-moi si votre ami le connaît. Ensuite, je vous laisse partir.
En attendant la réponse de Reyn, le flic range la montre dans un sachet qu'il referme et place dans le carton où sont stockés les dossiers de cette affaire de cambriolage et de trafic.
Je n'aurai jamais pensé que l'on puisse réaliser une telle combine. Voler et ensuite revendre des bijoux, ça a toujours existé, mais là on parle de tout autre chose avec ces bijoux de poignet.
— Je peux faire une croix sur ma montre apparemment.
— C'est une pièce à conviction.
Reyn ne décolère pas. On dirait que l'on vient de lui arracher les poils du cul avec une bande de cire. C'est bon ! Ce n'est qu'une montre.
— C'est Duncan qui me l'a présenté.
— Je suppose que c'était lors d'une soirée.
— C'est ça. Une partie de mon business se réalise dans ce genre de club.
— La jet-set est plus facilement abordable, je me doute.
— Il suffit de flamber pas mal de fric en bouteilles pour attirer l'attention, notre renommée assure le reste.
— Je vous remercie Monsieur Johnson pour votre coopération. Vous pouvez partir, mais vous devez vous tenir à disposition...
— J'ai des croisiéristes à satisfaire.
— C'est pour cela que j'allais ajouter que vous devez rester à bord du Kingdom Princess. Il en est de même pour Mademoiselle Prescott-Monroe.
— Mais j'ai...
— Ce n'est pas négociable.
— Et ma commande ?
— Elle vous sera livrée en fin de journée. Le temps que l'on puisse vérifier chaque carton.
Je me lève. Pressée de quitter ce commissariat, qui pourrait mettre à mal ma couverture et, par la même occasion, ma vengeance, sans parler des risques judiciaires que je pourrais encourir. De toute façon, râler ou négocier ne changera rien à sa décision.
— Donc on n'en saura pas plus sur ces mecs ?
— Pour le moment, non. Laissez-nous effectuer notre travail.
— Et tant pis si vous entravez le mien. C'est ça ?
— Je vous tiens au courant, Monsieur Johnson.
Cette fois-ci, Reyn se lève tout en bougonnant. Il place sa main crispée dans le creux de mes reins sans même me parler, il m'indique d'avancer en exerçant une simple pression. Normalement, je m'y serais opposée. Mais mon envie de quitter les lieux est la plus forte.
— Lizzy ! Te voilà enfin. Ça va ?
Logan capture mon bras et me soustrait à la prise de Reyn avant de m'étreindre. Niels et son ami s'informent rapidement et nous sortons tous les quatre. Une voiture de flics nous attend qui va nous conduire directement au paquebot. La confiance règne. Le trajet s'opère en silence. Pourtant, je sens un stress énorme au sein de l'habitacle. Reyn est plus tendu que la ficelle de mon string.
Nous montons à bord et le Capitaine nous accueille avec une mine inquiète. Il est forcément au courant.
— Mes amis, quelle aventure !
— On s'en serait bien passé.
— Le tout est que vous soyez tous vivants. Reyn ? Vous pouvez m'accorder cinq minutes ?
— Oui, moi aussi j'ai des questions à vous poser.
Avec Niels, ils se dirigent vers la cabine du Capitaine. Tandis que, nous, nous rejoignons la mienne. À peine la porte fermée, Logan me bombarde de questions.
— Ils n'ont pas découvert que tu es Sixtine Hart, au moins ?
— Ça a été ma plus grande peur, mais l'inspecteur n'a fait aucune allusion à ce sujet. Et puis pourquoi se méfierait-il de Lizzy Prescott-Monroe ?
— Parce que c'est son métier de tout vérifier.
— Il a mieux à faire avec cette enquête sur les pierres précieuses.
— Je savais que ce Duncan n'était pas net.
— On ne maîtrise pas encore son degré d'implication.
— Il n'empêche que ce mec se sert sans doute des voitures de luxe qu'il loue pour approcher toute la jet-set.
— Tu crois qu'il est plus impliqué que ça encore ?
— J'en suis certain.
— En tout cas, c'est lui qui a présenté le millionnaire qui a offert sa montre à Reyn. Et il ne doit pas être le seul, vu la collection que possède le Boss de Riviera.
— Tu crois qu'elles font toutes partie de ce trafic ?
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➥ Les caméras de surveillance ont révélé qu'ils ont contrôlé minutieusement chaque carton, ce qui intrigue le flic. A-t-il raison d'être suspicieux ?
➥ La montre de Reyn fait partie de celles qui ont été volées. Va-t-il être inquiété par cette découverte ?
➥ L'inspecteur les somme de rester sur le paquebot. Cela va-t-il impacter le bon déroulement de la croisière ?
➥ Se pourrait-il, comme le pense Logan, que Duncan soit plus impliqué que ça dans ce trafic ?
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📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera REYN :
🎭 Quel suspens ! Tu veux un roulement de tambour ?
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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋
✨️ Kty.Edcall.Romance ✨️
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