#REVENGE | 16 ∞ SIXTINE
JOUR 3 | Tu mens terriblement mal, Miss Épines.
∞ ∞∞ ∞
Nous allons enfin débarquer. Après soixante-douze heures passées en mer, cette première escale va me permettre de mettre un peu de distance avec Reyn. J'ai établi un programme précis pour la journée et il ne comprend à aucun moment la présence de ce connard de beau brun. Il est apparemment ravi lui aussi de descendre pour quelques heures à terre.
— Tu vas survivre ?
— À quoi ? À la chaleur ?
Je suis déjà en nage et il n'est que 10 h 00 du matin. Je sens que je vais souffrir avec tout ce que je dois réaliser si je suis tout ce que j'ai noté sur ma liste.
— Je parlais plutôt de moi.
— Laisse-moi rire. Au contraire, je vais respirer un air plus pur.
— C'est vrai que c'est une ville qui ne pâtit pas du tout de la pollution.
Mon regard se fixe sur le port se trouvant face à nous et je distingue un voile blanchâtre qui le recouvre témoignant du dépôt de cet air vicié.
— À ta place, je prendrais un masque.
— Pour quoi faire ?
— Pour éviter de souffrir de ces particules fines.
Il m'en tend un. Je m'en saisis alors qu'il me confie à l'oreille.
— Au moins, ta bouche ne sera pas une vraie tentation pour les autres.
— Laisse-moi m'occuper de mes lèvres comme je l'entends.
— C'est bien ce que je pensais.
— Quoi, encore ?
— Ton refus d'embrasser ne s'adresse qu'à moi.
Je dois vite me reprendre pour qu'il ne s'aperçoive pas de ce bref instant, où mon corps s'est crispé. Bien sûr que cette interdiction lui est réservée, mais il n'est pas question qu'il l'apprenne.
— Il est réservé à toi et aux hommes de ton espèce.
— Tu fais allusion à quel genre de mec ?
Je tente de me détacher de sa présence bien trop proche de mon corps. Je scrute le grand escalier pour voir si Logan ou Niels comptent arriver pour me sauver la mise. J'en réalise de même vers le hall, mais je ne décèle ni l'un ni l'autre. Alors je m'allume une cigarette pour m'apporter une certaine contenance.
— Tu comptes éluder ma question ?
— Je tentais surtout de ne pas entrer en conflit avec toi.
Voilà, je dois repartir sur une discussion positive.
— C'est nouveau, ça. Depuis quand t'efforces-tu de me préserver ?
— Depuis que j'ai failli te noyer.
Cette fois-ci, c'est lui qui crispe le moindre muscle de son corps fuselé. Il tourne la tête vers moi. Il s'empare de ma cigarette qu'il porte à ses lèvres pincées. Entrouvertes. Comme une idiote, je prolonge le mouvement et bloque sur les siennes qui capturent ce tube. Pourtant une seconde plus tôt, il se trouvait encore au creux de ma bouche. Il aspire profondément le filtre pour inhaler une longue bouffée sans me quitter du regard. Je n'arrive pas à détourner les yeux de cette action licencieuse. Il relâche un nuage de fumée en l'air avant de replacer la cigarette entre mes lèvres asséchées par ma respiration erratique.
— Imagine que ça soit ton téton... Ou bien ton clitoris, que j'aspire avec autant d'intensité. Je suis sûr de te faire hurler de plaisir.
Son index frôle l'épiderme sensible de mon bras ballant. J'en frissonne de délice que je ne parviens pas à lui cacher. Il est vraiment temps que je m'éloigne de lui et de son attraction.
— Je t'assure qu'il m'en faudrait beaucoup plus pour arriver à une telle ineptie.
Reyn éclate de rire. Loin d'être déstabilisé par ma réponse.
— Tu mens terriblement mal, Miss Épines.
— Arrête de me donner ce surnom débile.
— Tu es pourtant une belle rose dont les pétales ne sont là que pour créer l'illusion et dissimuler un lourd secret défendu par ces épines acérées.
— Ton imagination...
Il me coupe la parole pour terminer sa théorie.
— Je sais que tu me caches quelque chose d'important. Je te souhaite une bonne journée... Lizzy.
Sa façon d'insister sur mon prénom d'emprunt me glace le sang. Je le regarde descendre la passerelle en me demandant s'il a compris que je lui mentais.
— Que t'arrive-t-il, Baby ?
Je sursaute face à ce contact sur mes épaules.
— Tu trembles comme une feuille.
— Reyn...
— Que t'a-t-il fait ?
— Il sait que je lui mens.
— Impossible ! Que t'a-t-il dit ?
— Que, sous les pétales de ma rose, je cachais un lourd secret ! Et ensuite, il a insisté en prononçant mon prénom.
— Il bluffe. Niels m'a dit que c'était un très bon joueur de poker.
— J'ai un mauvais pressentiment.
— Quelques heures loin de lui vont te permettre de souffler, de te ressaisir et de te recentrer.
Aussitôt, Logan verrouille son bras autour du mien et m'accorde l'impulsion pour avancer. Nous rejoignons la terre ferme et la sensation sous mes pieds est bizarre après trois jours en mer. J'ai l'impression de tanguer. Logan fait signe à un taxi de s'avancer. Ils sont nombreux en sachant que forcément une bonne partie des croisiéristes vont vouloir visiter la ville. Logan s'approche pour ouvrir la porte quand je l'entends dire.
— On va prendre le suivant.
— C'est ridicule. Montez !
— On ne va pas en ville.
Je m'avance un peu plus pour voir avec qui il échange quand j'aperçois Duncan. Un rictus plaqué sur sa bouche, il ne me quitte pas du regard.
— Pas question. Je préférais y aller à pied plutôt que de monter avec vous.
J'ai dû m'exprimer plus fort que je ne le pensais.
— Il y a un souci, Lizzy ?
Avec Logan, on se décale de devant la porte du taxi pour que Niels découvre celui qui vient de déclencher mon courroux.
— Tu ferais mieux d'y aller, Duncan.
J'espère fort que ce prédateur va suivre le conseil de Niels. On s'éloigne d'eux pour monter dans une autre voiture quand Niels nous en empêche.
— Venez avec nous.
— Mais nous devons contrôler le container.
— Je le sais. C'est pour cela que je vous demande de me suivre. Avec Reyn, nous souhaitons vérifier la marchandise.
— Vous ne nous accordez pas votre confiance ?
— Loin de nous, cette idée. C'est de notre ressort de contrôler cette cargaison pour après valider l'acheminement sur le bateau. Je viens de m'entretenir avec le capitaine pour être sûr que ça soit fait dans la journée.
— Si l'on n'a pas d'autres choix.
Bon gré mal gré, nous suivons le Boss de Logan et je me doute que Reyn se trouve dans le taxi vers lequel Niels se dirige. En étant un mètre derrière lui, je confie à mon meilleur ami.
— Ça pue.
— C'est normal qu'ils veuillent vérifier, il tente de me rassurer.
— Reyn sait ce que contient ce container. On en a discuté...
— C'est justement à cause de ça qu'il souhaite le contrôler, nous informe Niels.
Je n'avais pas vu qu'il avait ralenti le pas sans doute pour nous attendre et nous entendre.
— Ce n'est donc pas habituel. J'avais raison, vous ne...
— Lizzy, me coupe Niels, tu es la première wedding planner avec laquelle nous travaillons, alors forcément, nous n'avions pas de cargaison à vérifier jusque-là. Ça n'a rien de personnel comme tu sembles le penser.
— Si tu le dis.
Les doigts de Logan s'impriment dans mon biceps pour m'inciter à me taire. C'est donc en mode muette que je monte à l'arrière de cette berline. Même si je laisse Logan s'asseoir en face de Reyn pour ne pas subir un face-à-face, je sens le poids de son regard sur moi. Je plonge mon attention dans l'écran de ma tablette pour m'apporter une contenance. Je dois vérifier avec précision ce qui doit normalement se trouver dans ce maudit container.
Reyn et Niels semblent penser qu'il pourrait s'y cacher des choses illicites. Du moins, c'est dans ces termes qu'ils en discutent avec Logan.
— De mieux en mieux ! Tu crois que je veux profiter de cette livraison pour embarquer de la marchandise interdite.
— Involontairement, oui. N'oublie pas que nous sommes au Mexique.
— Le Capitaine nous a demandé d'être sûr que rien d'illégal ne se trouve caché avant que ça soit chargé dans son bateau.
— Vous me prenez pour une trafiquante ?
— Plutôt à une mule, mais à ton insu !
Je fusille Reyn de mon regard assassin. C'est Logan qui m'empêche de lui sauter à la gorge.
— Arrêtez de vous chamailler, nous ordonne Niels avant de s'adresser directement à moi. C'est une technique employée par les trafiquants de drogue. Donc c'est juste une précaution que nous devons prendre. Ça n'a rien à voir avec ta marchandise.
— Quoi que...
— Reyn, l'engueule son associé. Arrête de l'emmerder.
C'est dans un silence de plomb que le reste du trajet s'effectue. Nous atteignons le box bien trop rapidement à mon goût. J'ai repensé à ce qu'ils m'ont dit et il n'est pas question que je trimballe cette merde dans ma commande. Mais en effet, à bien y réfléchir, ça expliquerait l'absence de certaines marchandises à notre départ. Niels ouvre la porte et la chaleur est saisissante.
— Faisons au plus vite. Mais soyons méthodiques, commande Niels. Reyn et Logan vous sortez les cartons et avec Lizzy, nous allons les contrôler avant qu'ils soient rangés dans le camion de livraison.
Reyn tente de râler, mais son associé s'impose. Je ne pensais pas que Niels possédait une telle autorité. Pendant plus d'une heure, nous nous sommes employés à les retirer, à les vérifier et à les classer. Le soleil tape et n'arrange en rien les efforts produits. Quand je lève la tête vers le container, il en reste encore pas mal à trier. J'ai l'impression qu'on ne va jamais en voir la fin. Surtout que nous ne trouvons rien d'illicite.
Soudain, la tête me tourne après avoir contrôlé un carton de bougies.
— Tu devrais rester à l'ombre, t'asseoir et boire un peu d'eau, me conseille Niels.
— Ça va al...
Je n'ai pas terminé ma phrase, que je sens arriver un nouvel étourdissement bien plus sérieux que le premier. Mes jambes se mettent à trembler avant de se dérober. Elles ne me portent plus. La chute au sol est inévitable.
— Je te l'avais dit, que tu tomberais dans mes bras, Darling.
J'ai besoin de quelques secondes pour comprendre ce qu'il m'arrive. Visiblement, je n'ai pas heurté le sol, mais en plus la surface sur laquelle je suis appuyée est à la fois moelleuse, chaude et robuste. Le parfum qui s'en dégage me rappelle quelqu'un. Et cette voix...
Comme si je venais de terminer mes fesses dans les orties, je sursaute. Mais les bras de Reyn me compressent contre son buste. Son corps libère une chaleur excessive en saturant l'atmosphère qui devient d'autant plus étouffante.
— Tiens ! Bois.
Il me propose une bouteille d'eau, et reste attentif à un mouvement qui ne viendra pas. J'en suis incapable. Il dépose le goulot sur mes lèvres sèches. Le liquide coule autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ma bouche.
— Avale, Miss Épines.
Il sait comment me piquer au vif et m'obliger à sortir de mes gonds. Je l'ouvre pour lui cracher le fond de ma pensée. Reyn en profite pour me remplir le gosier avec une nouvelle gorgée de flotte. Je tousse, je m'étrangle avec cette coulée, que je n'attendais pas. Mes yeux se couvrent d'un voile larmoyant, mais je me retiens de pleurer. Ça lui ferait trop plaisir. Au contraire, je dois reprendre le dessus et lui montrer que je ne vais pas capituler aussi vite, même si je me sens encore un peu sensible à cette chaleur poisseuse.
— Tu as voulu me noyer à ton tour ?
Reyn éclate de rire et je sais que j'ai vu juste.
— Tu as lamentablement raté ton coup !
— Tout comme toi à la piscine. Mais je t'assure que si j'avais eu envie de te supprimer, tu ne serais plus là pour en parler.
Je vais lui répondre que ce n'est qu'un connard quand le moteur puissant d'une voiture me coupe dans mon élan. Je me tourne vers le vrombissement assourdissant de ce bolide noir aux vitres teintées qui nous fonce dessus. Complètement pétrifiée, je suis tétanisée et ne peux amorcer le moindre mouvement. Je sens mon corps être percuté avant d'être propulsé au sol.
∞ ∞∞ ∞
➥ Reyn obtient la confirmation qu'il est le seul à qui elle refuse de lui donner des baisers. C'est à cause de la vengeance ou il y a autre chose ?
➥ Miss Épines a l'air de devenir le surnom qu'affectionne Reyn et qui horripile Lizzy. Vous en pensez quoi ? Ça lui correspond ?
➥ Reyn et Lizzy n'en finissent pas de se déchirer et de se rendre coup pour coup. Jusqu'où vont-ils aller ?
➥ Que se passe-t-il ? Pourquoi cette voiture leur fonce-t-elle dessus ? Lizzy a-t-elle été percutée ?
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📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera REYN :
🎭 C'est quoi ce bordel !
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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋
✨️ Kty.Edcall.Romance 🌸
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