#BOSS | 35 ∞ REYN
JOUR 4 | Il y a longtemps que tu grimpes ?
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Comment peut-elle me comparer à ces connards ? Ou me dire que j'ai même fait pire, alors qu'elle était consentante.
Sa façon de me cracher à la gueule, sa haine m'a coupé le souffle. Ça m'a renvoyé à ce que j'ai accompli à cause de cette dette de jeu. C'était impossible pour moi de subir le courroux de son regard, de percevoir la crispation de son corps. De ressentir ce dégoût face à cet acte ignoble. Comment ai-je pu me laisser embarquer dans cette galère indigne de celui que je suis profondément ?
La jeunesse, l'acquittement de la dette, la stupidité et l'orgueil ne peuvent pas tout expliquer. Surtout maintenant que je connais les répercussions de mes actes. J'ai besoin de me défouler pour extérioriser toutes les pensées négatives qui m'ont envahi. Je me change, passe un short, un tee-shirt et des baskets. Tous les trois aussi noirs que mon état d'esprit. Je me dirige d'un pas conquérant vers la salle de sport. Je récupère à l'accueil une serviette et une gourde d'eau, bien déterminé à me donner à fond.
Mon premier objectif est de me chauffer les muscles avant de motiver mon corps à souffrir et à repousser ses limites...
Courir sur un tapis ne remplace pas mon jogging sur la plage, mais, se trouver sur le pont du paquebot face à l'océan, c'est pas mal tout de même. L'étendue d'eau me fascine, m'apaise. Je ne réfléchis plus, je me vide la tête et toute mon énergie est dédiée aux foulées que j'accomplis. J'ai viré mon tee-shirt et je laisse ma peau flirter avec les rayons du soleil.
— Je peux ?
Je ne tente même pas un regard dans la direction de l'inconue qui vient de m'adresser la parole. Je préfère me focaliser sur mon objectif.
— Les machines sont à tout le monde.
Par contre, l'espace vital dont j'ai besoin a diminué en un claquement de doigts. On ne peut pas me foutre la paix ? Je ne demande pas grand-chose. Juste de pouvoir courir tranquillement sans qu'on me parle. Notion que cette personne à proximité de moi ne doit pas connaître. Ce n'est pourtant pas la place qu'il manque ni les machines vides. Au lieu de ça, elle est venue se coller au tapis juste à côté du mien.
— La vue est magnifique.
Mais ferme-la, bon Dieu !
J'ai des yeux pour m'en apercevoir sans qu'elle ait besoin de me le faire remarquer. Et puis ce n'est pas comme si je n'avais pas gardé le regard braqué vers l'océan et cet horizon, ligne imaginaire entre ciel et mer sur laquelle je me focalise.
— Tu n'es pas très bavard.
Et, toi, tu l'es trop !
Mais c'est qu'elle est perspicace. Et pour apporter de l'eau à son moulin, je continue à me murer dans mon silence. J'allonge mes foulées, j'accélère ma course et je sens les pulsations de mon palpitant augmenter. J'aime ce moment entre l'envie d'abandonner et le dépassement de soi. Il suffit de passer ce palier pour obtenir un nouveau souffle.
J'y suis presque. Encore un effort...
— C'est bien la peine d'être aussi beau pour être aussi con !
Bordel ! Je vais la passer par-dessus bord !
Elle a de la chance que je ne puisse pas arrêter ma course de façon brutale. J'ai envie de l'insulter pour avoir gâché cet instant si précieux. Mais comme ma mère me l'a appris, le mépris et le silence sont les meilleures réponses.
Je ne corresponds pas à l'idée qu'elle s'était faite de moi. Et bien tant pis. Je ne suis pas là pour lui plaire.
— Bonne continuation.
Je quitte le pont pour rejoindre l'intérieur, et plus particulièrement ce nouvel espace, que m'a conseillé le Capitaine. Trois sacs de frappe se trouvent sur un côté, des tapis sur lesquels un prof apprend des mouvements de self-défense. Mais ce qui attire mon regard, c'est le mur d'escalade. Je ne suis pas le seul à vouloir le tester, alors après m'être inscrit, je reviens vers les sacs. Donner des coups de poing devrait me permettre de lâcher toute l'amertume que je ressens encore.
Après avoir passé mes gants de boxe, j'enchaîne les séries. Droite, gauche, dans le bas du ventre, dans la tête. J'ai les bras en feu et la fatigue commence à me permettre de lâcher prise. Je me pose sur un banc pour boire et retrouver un souffle normal avant d'attaquer l'escalade. Je m'intéresse à la nana qui grimpe assez facilement. Je repère les prises qu'elle sélectionne et celles que j'aurai choisies à sa place. Elle est agile et se déplace avec grâce.
Son corps, élancé avec des formes sveltes, est mis en avant par ce legging, qui lui colle à la peau et cette brassière, qui laisse entrevoir les muscles de son dos. Une queue-de-cheval haute retient des cheveux bruns et longs... Sa main glisse, entraînant sa chute maintenue par un élastique de sécurité. Elle descend en douceur, se détache et se tourne.
Nos regards se harponnent. Ils tentent de se capturer avant que l'un de nous deux ne s'avance vers l'autre. À ce petit jeu, c'est Miss Épines qui attaque la première.
— Le paquebot n'est pas assez grand ?
— Visiblement pas, puisque tu te trouves au même endroit que moi.
— J'étais là avant toi !
— Et ?
— Tu m'énerves en ne voulant pas reconnaître l'évidence.
— Quelle est-elle ?
— Si tu ne la vois pas, c'est que tu es encore plus con que je ne le pensais.
C'est le deuxième « con » que je prends dans la tronche en moins de trente minutes. Je vais finir par me poser des questions. À part qu'elles soient de mèche pour me ruiner mon moment de détente.
— Je peux savoir ce que tu fous là ?
— Je te retourne la question, Miss Épines ?
— Argghhh ! Tu m'énerves ! Tu viens d'anéantir le peu de calme que j'avais retrouvé !
De même pour moi.
Il faut que j'arrive à apaiser les choses sinon on va encore se prendre la tête. Et j'avoue que j'en ai ma claque de toutes ces tensions.
— Il y a longtemps que tu grimpes ?
La belle brune marque un temps d'arrêt. Elle pensait sans doute que j'allais à nouveau lui balancer une pique.
— Heu... Un peu plus de trois ans.
— Je ne t'aurais pas imaginé en train de te suspendre à ce genre de prise.
— Tu crois que j'ai obtenu un tel corps juste en suçant des glaçons ?
Non, ça, je le confirme.
— En effet, tu ne ressembles plus à celle qui se trouve sur la photo.
— Tu insinues quoi ?
— Rien de plus que tu ne viens de dire ! Tu as repris ton corps en main et ça se voit. Arrête d'être tout le temps sur la défensive et accepte quand je t'adresse un compliment.
La voilà qui passe au rouge écarlate. Alors en signe de trêve, je lui tends un dragibus de la même couleur que ses joues et sa brassière – qui, vue de face – est une arme incendiaire pour mes iris et pour mon manche.
Elle est belle... Magnifique, voire plus.
Elle rayonne de transpiration et, au lieu de trouver ça dégueulasse, je n'ai qu'une envie, celle de lécher cette peau luisante, et sans aucun doute salée. Tandis qu'elle se délecte de son bonbon. Je rêve de venir le titiller de ma langue comme on a pu l'effectuer ce matin. Un désir qui va au-delà du dragibus. Je dois reconnaître que j'ai ce besoin irrépressible de l'embrasser dès que je me trouve près d'elle. De la toucher aussi. Quant à l'idée de la baiser, je remettrais bien ça tout de suite.
— Je sais que tout n'est pas réglé entre nous, mais...
— Je veux bien que tu m'offres un verre de jus de fruits, elle me coupe.
Son sourire est timide, mais il existe et c'est tout ce qui compte. Je dois lui prouver que je ne suis pas cet enfoiré auquel elle se raccroche depuis neuf ans. Je l'engage à me suivre en plaçant ma main dans le creux de ses reins.
— Je dégouline de transpiration.
Je me rapproche d'elle et je lui confie à l'oreille.
— Au contraire, j'adore ça.
— Tu es encore plus tordu que je ne le pensais.
Elle m'a balancé sa réflexion sans le moindre reproche dans la voix. On progresse. Lentement, mais on avance. On s'installe sur la terrasse de la salle de sport et nous commandons deux boissons détox.
— Hum, elle se délecte. Il est trop bon !
— Je peux ?
— Quoi ? Tu veux goûter à mon jus ?
Mon sourire carnassier lui répond et Miss Dragibus comprend la portée de sa phrase. Elle affiche un O bien formé avec sa bouche et forcément je n'ai qu'une envie, celle de glisser ma queue dans sa cavité humide et chaude. Putain d'attraction.
— Ce n'est pas comme si nous n'avions pas déjà partagé nos fluides.
Revoilà Miss Coquelicot qui rougit instantanément. Je me penche vers elle pour en rajouter une couche.
— Tu es encore plus belle quand tes pommettes se colorent.
Elle baisse les yeux et il me semble retrouver la jeune fille timide qu'elle était il y a neuf ans. Mon pouce et mon index capturent son menton, alors que je lui demande d'une voix douce et basse.
— Regarde-moi, Sixtine.
Prononcer son prénom est comme un électrochoc sur elle. Et sur moi aussi. Elle sursaute. Elle se recule et tente de mettre le plus de distance possible entre elle et moi. Je ne pensais pas lui avouer que j'avais découvert sa véritable identité à cet instant. C'est sorti sans contrôle et tant mieux. Il y en a marre de tourner autour du pot.
— Tu sais qui je suis ?
— Oui. Tu t'appelles, Sixtine Hart.
— Comment as-tu pu le découvrir ?
— Grâce aux photos. Niels s'y connaît en informatique et il a pu recouper des informations sur toi.
— Quels renseignements a-t-il obtenus ?
Le ton de sa voix a changé, sa posture aussi. Sixtine est sur la défensive.
— Ceux dont on avait besoin pour retracer le lien entre toi et celle que j'ai rencontrée il y a neuf ans.
— Dis plutôt celle que tu as baisée comme tu le faisais avec n'importe laquelle de tes fans.
— Avec ces nanas, ça a toujours été un échange entre personnes adultes et consentantes.
— Les autres aussi, tu les as invités au cinéma ?
— Non. Je ne sortais avec aucune d'elles. C'était des one shot et elles le savaient. Et puis, je te rappelle que l'invitation pour voir ce film romantique le soir de la Saint Valentin provenait de toi.
— Qu'est-ce que ça change ?
— Tout ! Parce que je ne t'aurais jamais proposé d'y aller et qu'il ne se serait rien passé ensuite.
— Tu es en train de me dire que je suis la seule responsable de mon agression ? Que tu n'y es pour rien si ce sont tes amis qui m'ont violée ?
— Tu crois que j'ai quelque chose à voir avec ton agression ?
— Bien sûr ! Puisque tu les as envoyés à ta place !
C'est quoi encore, ce délire ?
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➥ Décidément, la séance de sport de Reyn ne se passe pas si bien que ça. Les éléments s'acharnent-ils contre lui ?
➥ Reyn lui a enfin avoué qu'il connaissait sa véritable identité. A-t-il bien fait de le lui dire ?
➥ Qu'est-ce que Sixtine sous-entend ?
➥ Pensez-vous que Reyn aurait pu être capable de lui tendre un tel piège ?
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📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera SIXTINE :
🎭 Laisse-moi en douter !
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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋
✨️ Kty.Edcall.Romance ✨️
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