#BOSS | 23 ∞ REYN
JOUR 3 | Aux grands maux, les grands remèdes.
∞ ∞∞ ∞
Mais qu'est-ce que j'ai foutu ?
Comment a-t-on pu passer d'un moment agréable et prometteur, à cette prise de conscience, suivie de l'envie de m'envoyer une droite ?
Après avoir gagné le pari, je voulais juste vérifier que Lizzy n'avait pas de sous-vêtements sous son short de Lara Croft. Même si c'était une évidence qu'elle n'en portait pas, vu la taille du timbre-poste en tissu militaire. Je voulais juste la provoquer. La pousser un peu. Voir si j'arrivais à faire tomber ce masque. Je me suis laissé emporter par le désir que je ressens pour elle.
J'ai perdu le contrôle.
Depuis quand je ne prends pas compte ce que veut ou refuse une femme ? Je n'ai jamais agi ainsi, je peux même dire que je déteste les mecs comme Duncan, qui ne respecte pas cette parole ou qui se foute d'obtenir leur consentement oral. Avec Lizzy, je perds la boussole, elle m'attire tellement et de la voir me repousser, me contrer ou me balader m'excite à un point que je ne connaissais plus. C'est différent de ce que je vis d'habitude, mais c'est terriblement bandant.
— Migraine ?
Niels vient d'entrer dans ma cabine. On ne peut jamais être tranquille, c'est un truc de fou ! Ma tête prise en étau entre mes paumes, je ne lui réponds pas. Je préfère rester plongé dans mon mutisme avec un peu de chance, il comprendra le message et me laissera seul à mon triste sort.
— Tiens ! Prends un cachet.
Il me tend un verre rempli d'eau troublée par un comprimé effervescent qui répand ses bulles dans ce liquide transparent. C'est l'état dans lequel me met Lizzy. À son contact, mes neurones sont en pleine ébullition. C'est le bordel dans ma tête. Cette créature maléfique m'attire autant que j'ai envie de la repousser.
— Tu ne me laisses pas le choix.
Le ton de sa voix m'interpelle. Il est grave et sérieux. Ce qui ne reflète pas du tout la personnalité de Niels. Au travers de l'écart entre mes doigts, je perçois un mouvement. Un bol s'avance vers moi.
— Aux grands maux, les grands remèdes.
Ce qui se trouve dans le récipient émet un bruit que je reconnaîtrai entre mille quand Niels les fait tourner pour me sortir de mon mutisme. Ce mec me connaît trop bien. Alors je suis ses mouvements pour voir jusqu'où il va aller. Il pose le premier sur la table du salon.
— Noir.
— Toujours.
Puis il enchaîne avec le bleu. En troisième, c'est le jaune qui prolonge la ligne. Vient enfin le rouge, le rose et il termine par le vert.
— J'ai bon ?
— Excellent.
Je n'attends pas plus longtemps et j'attaque cette ligne droite bien trop tentante. À peine, le bonbon se pose sur ma langue que j'en ferme les yeux. Cette sensation est inexplicable. Ce goût inimitable. Cet enrobage bien trop sucré, qui cède sous la force de ma canine qui se plante à l'intérieur libérant ce bonheur d'enfance. D'adolescence. Et même d'homme.
Car si bien des choses ont évolué ou changé au fil des années dans ma personnalité, les dragibus, eux, restent présents. Comme un lien entre tous ces moments de vie. Le bol dans la main gauche, je remplace chaque bonbon que je mange par un autre de la même couleur.
— Alors, c'est quoi, cette urgence ?
— Il n'y en a pas.
— Pas à moi, Reyn. Si je ne pensais pas que c'était grave, je n'aurais pas dégainé l'arme fatale.
— J'aime aussi en manger quand je vais bien. Et surtout lorsque je me sens bien, d'ailleurs.
— Sauf que, dans ces cas-là, il n'est nul besoin de les ranger par ordre de préférence.
Je déguste mon trophée et ne prends même pas la peine de lui répondre. À quoi bon ? Niels a déjà tout dit.
— Cela a forcément à voir quelque chose avec Lizzy.
Ce qu'il peut se montrer tenace. Bavard. Perspicace.
Cette brune réveille en moi des événements que je pensais bien enfouis au plus profond de mon être. Niels s'est servi un whisky avec des glaçons qu'il fait tourner lentement. Il imprime un rythme apaisant. Certains ont besoin d'entendre la fréquence fondamentale d'un bol tibétain, moi, c'est celle de ces cubes glissant contre le verre.
Un grand soupir quitte mon corps et je relève enfin le regard sur mon meilleur ami. Je n'en ai qu'un, mais je suis chanceux de l'avoir dans ma vie.
— Tu penses toujours que Lizzy te cache des choses ?
— Plus que jamais. Tu savais qu'elle portait des lentilles de couleurs pour cacher ses iris ?
— Tu en es sûr ?
— Certain.
— Remarque ! Tu la côtoies de bien plus près que moi, il sourit malicieusement.
— Elle n'a même pas nié quand je lui ai fait la réflexion.
— Donc elle cache sa vraie couleur. Dans quel but ?
— Ça serait un indice majeur, je suppose. Ils doivent avoir une particularité qui la rend plus facilement identifiable.
— Ce qui permettrait de la reconnaître, il se répète.
Niels sort son téléphone et note ce que nous venons de découvrir. Ça s'ajoute à ce que j'ai déjà relevé comme indice.
L'enquête progresse bien.
— Tu penses donc qu'elle n'est pas Lizzy ?
— J'en suis de plus en plus certain. Quand tu l'as embauchée, as-tu demandé que soit réalisé un rapport ?
— Non, il me répond, un peu gêné. Comme elle m'avait été présentée par Logan...
— Et sur lui ?
— Non plus.
— Niels, ça ne te ressemble pas.
— Je sais, d'habitude je me montre plus rigoureux, mais, quand mon assistant a eu son accident, j'avais besoin de quelqu'un pour rapidement le remplacer. Souviens-toi, on avait un boulot monstre et...
— Logan s'est présenté comme une fleur et tu l'as embauché direct.
— Son CV parlait pour lui. Il a tout de même réalisé quelques jours d'essais.
— Quelques jours ? Normalement, tu pousses jusqu'à un mois. Pourquoi pas cette fois-ci ?
— C'était une évidence qu'il était celui qu'il me fallait à ce poste.
— Tu sais ce qu'il te reste à accomplir.
— Je m'en occupe tout de suite.
Aussitôt, Niels se lève et sort de ma chambre. Muni de mon bol, qui est à demi-plein, j'ouvre la baie vitrée pour me rendre sur le balcon. Une clope et des dragibus, c'est le combo gagnant. Le calme est revenu et sentir ce géant des mers fendre l'eau finit de m'apaiser. Moment de détente à durée limitée quand on a Lizzy comme voisine.
Tout comme moi, elle fume en maintenant le silence. Par contre, elle a pris le temps de se doucher et de passer une tenue décontractée.
Qui es-tu vraiment belle et mystérieuse brune ?
Je tente de voir de quelle couleur sont ses lentilles, mais elle fuit mon regard. Alors je vais changer de technique. Je lui propose mon bol.
— Tu en veux un ?
Elle jette un œil au contenu et ne peut cacher un joli rictus qui naît au coin de ses lèvres qu'elle n'a pas recouvert de rouge ou de gloss. Sa bouche vierge de maquillage est d'autant plus pulpeuse et sensuelle. Cette fossette qui se forme sur sa joue est divine. Il faudra que je regarde si elle possède la même de l'autre côté. C'est tellement rare qu'elle me sourit sans se contenir.
— Quelle est ta couleur préférée ?
— Les noirs.
Forcément.
Ses doigts longs et fins se saisissent du précieux. Elle le porte à ses lèvres sans plus de cérémonial et comme un con, je la bade. Je ne rate en rien l'ouverture de sa bouche si sensuelle. L'intrusion du bonbon dans sa cavité. Le petit son d'extase qu'elle laisse échapper en fermant les yeux. Ni la façon dont elle plante ses dents dedans.
Automatiquement, je place ma main sur ma bite, qui tout comme moi n'a rien raté du spectacle que ma voisine nous offre.
— Je sais retirer les dents quand ça s'impose.
Non, mais je rêve ?
Elle vient bien de glisser une allusion sur mon service trois-pièces.
— Je t'ai choqué, Reyn ?
— Pas le moins du monde. Je suis juste...
— Je peux en prendre un autre.
Curieux, je lui tends à nouveau le bol.
Putain, elle se saisit du bleu en second.
— C'est un hasard ?
Elle le laisse fondre dans sa bouche avant de me répondre. Cette fois-ci, il n'y a pas d'empressement. Elle le suce avec envie. Il faut qu'elle arrête ce petit jeu.
— Non.
Non ? Quoi ?
Obnubilé par sa façon de le cajoler de sa langue, j'en ai perdu le fil de la conversation. Je dois me concentrer si je veux obtenir des réponses.
— Donc noir, puis bleu. Et après.
— Le jaune, elle chantonne.
Les probabilités pour que ça soit du hasard s'amenuisent.
— Ensuite ?
— Rouge...
Ce n'est pas possible.
Elle se saisit des deux couleurs qu'elle n'a pas encore mangées et les place au creux de sa main.
— Choisis bien !
— Sinon ?
— Je te balance par-dessus bord.
Mon air sérieux lui prouve que je ne déconne pas. Si elle dit rose et termine par le vert, ça ne sera plus une coïncidence.
— Vert... Et je finis par le rose. Il est si mignon.
Je relâche l'air que j'ai bloqué dans mes poumons le temps qu'elle me réponde.
— Satisfait ?
— Très !
Je récupère mon bol, et je rentre avec ce qu'il me reste de butin.
— Reyn ?
— Hum...
— Rien. Laisse tomber.
Elle retourne dans sa cabine à son tour et je livre une bataille avec moi-même pour savoir si je ferme la baie vitrée ou si j'insiste pour avoir la suite. C'est sans doute ce qu'elle attend de moi. Sa stratégie est simple à lire cette fois-ci. Alors je rabats la porte-fenêtre derrière mon dos.
Qui que tu sois, Lizzy, je vais le découvrir.
Une bonne douche, voilà ce dont j'ai besoin. Je vire mon costume d'Indiana Jones et me glisse sous l'eau. Je galère avant de trouver la température idéale pour mon corps. La précision de la mienne me manque ainsi que l'écran de télé. J'ai regardé tellement de porno dans ma vie, que je peux bien pêcher dans ma mémoire un scénario qui pourrait me sortir ma sensuelle voisine de la tête.
Un BDSM bien hard devrait y arriver.
« Chaque coup de fouet que la soumise reçoit m'envoie une décharge électrique directement dans ma queue nichée au creux de ma main. Je m'astique comme un forcené sans arriver à prendre du plaisir. Le visage de Miss Épines n'arrête pas de remplacer celui de cette femme sanglée à une croix de Saint-André. »
« Le dominant vient de basculer la structure en bois pour la mettre à l'horizontale. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Les séances filmées du Donjon sont les meilleures. Pas d'acteurs pornos, il n'y a que des personnes adultes et consentantes se donnant du plaisir. »
Un plaisir particulier, certes, souvent défini comme pervers par les ignorants.
Le souvenir de cette femme allongée, et offerte à cet homme expert en la matière, me permet de me terminer. J'ai juté contre le carrelage, mais ma tête est toujours aussi encombrée. Je regarde l'eau qui efface les traces de ma jouissance sans pour autant oublier que c'est à cause de ma voisine, que j'ai pris du plaisir. À mon retour à L.A, j'irai assister à de nouvelles séances au Donjon pour renouveler ma collection mentale de court métrage. Je dois reprendre le contrôle.
Je sors de la douche, l'esprit encore embrumé, et pas aussi détendu que je l'aurais espéré. Mon portable posé sur le meuble de la vasque m'annonce l'arrivée d'un message.
Lizzy : « Je t'attends au bar ! Habille-toi chic ! »
Reyn : « A tes ordres, Miss Épines ! »
Intrigué par son envie de passer du temps avec moi, je vais jouer le jeu pour voir ce qu'elle compte me proposer pour cette soirée, que nous avons laissé libre pour nos croisiéristes.
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➥ Niels connaît très bien son ami et arrive à le sortir de sa torpeur. Reyn a l'air perturbé, mais pourquoi ?
➥ Les dragibus, une grande histoire d'amour qui dure ! C'est pareil pour vous ? Quelle est votre couleur préférée, la façon de les manger, vous préférez les déguster en solo ou à plusieurs... Dites-moi tout !
➥ Reyn pratique le BDSM, mais en tant que Dominant spectateur, on dirait non ?
➥ D'après vous qu'est-ce que Sixtine a derrière la tête en demandant à Reyn de la rejoindre au bar ?
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📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera SIXTINE :
🤭 Tu te sens l'âme joueuse ?
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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋
✨️ Kty.Edcall.Romance ✨️
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