#BOSS | 17 ∞ REYN

JOUR 3 | C'est quoi ce bordel ?

∞ ∞∞ ∞

En l'espace d'une seconde, notre existence risque d'être bouleversée par l'arrivée de ce bolide fou qui fonce sur nous dans un bruit assourdissant. C'est une voiture de sport noire aux vitres de la même couleur. Impossible de voir qui tente de nous renverser. Tout se passe très vite. Trop vite. L'urgence est de mettre Lizzy à l'abri. Mais elle est totalement tétanisée et regarde la voiture débouler sur elle sans amorcer le moindre mouvement.

Je me jette sur elle pour la plaquer au sol au moment où j'entends les balles siffler. On nous tire dessus avec des armes automatiques. J'ai juste le temps de nous planquer derrière le camion.

— Où est Logan ?

D'un coup d'œil, j'aperçois l'assistant assis au sol avec Niels qui lève son pouce en l'air dans ma direction alors qu'ils se plaquent contre un container. Le conducteur vient d'arrêter la voiture dans un bruit assourdissant en serrant le frein à main pour soulever un maximum de poussière sur cette terre aride. Un nuage blanc, opaque m'empêche de voir ce qu'ils font.

Le moteur de la bagnole tourne toujours et ils continuent de nous arroser de balles sans pour autant nous viser. Ils veulent juste nous empêcher d'intervenir.

— Tu as prévenu les flics ?

— Oui et ils m'ont demandé de mettre le GPS pour nous localiser.

C'est déjà ça, mais à mon avis d'ici que la cavalerie arrive, ils seront partis.

— Reste planqué derrière le camion.

— Où vas-tu, Reyn ?

Lizzy crochète mon bras pour éviter que je me lève.

— Tu es complètement inconscient ? Ou bien ?

— Je ne vais pas rester là en attendant qu'il vide le container.

— On s'en fout de la marchandise.

— Ça se voit que ce n'est pas toi qui as payé la note. On ne touche pas à ce qui appartient à Reyn Johnson.

— Range ton ego de côté pour une fois. Tu te crois à l'abri de prendre une balle ? Tu n'es pas Keanu Reeves dans Matrix.

Qu'elle est mignonne de s'inquiéter ainsi pour moi !

— Tu as bien vu, ils ne nous tirent pas vraiment dessus.

— Ce n'est pas une raison. Tu restes ici.

Lizzy renforce sa prise sur mon bras comme si cela pouvait être suffisant pour m'empêcher de bouger. Soudain, une idée me vient. On est en plein chaos et pourtant, moi, je louche sur ses lèvres. Ça ne tourne vraiment pas rond quand je suis à côté de cette belle brune. J'en perds la boussole ou plutôt la tête.

— Tu veux que je reste avec toi ?

— Oui...

— Embrasse-moi.

Lizzy a un mouvement de recul. Elle en lâche même mon bras. Son air étonné finit de me répondre. Elle préfère que je prenne une balle plutôt que de poser ses lèvres sur les miennes.

— C'est bon ! J'ai compris, vu ton expression dégoûtée.

— Je ne peux pas.

— Pourtant à la piscine...

Une nouvelle salve balaie le devant du camion. Lizzy sursaute de peur et instinctivement elle me saute dessus pour se raccrocher à moi en nouant ses mains derrière ma nuque. Le conducteur appuie exagérément sur l'accélérateur pour que le moteur rugisse. Sans doute un code pour ceux qui s'emparent de la cargaison. Si je dois agir, c'est maintenant. Je décolle Lizzy de sur mon corps, mais elle n'est pas d'accord avec ma décision. Elle renforce sa prise autour de mon cou en mode koala.

— Tu ne peux pas me laisser seule.

— Ne bouge pas de là. Ça va aller.

— Non !

Après m'avoir hurlé dessus son objection, elle se plaque contre moi. Ses yeux devenus gris tempête m'intiment de ne pas m'éloigner. Je la vois se rapprocher et mon espoir remonte en flèche. Cette femme est en train de me rendre fou.

— Tu gardes les mains dans tes poches et ne participes pas.

— C'est impo...

Je ne peux pas terminer ma phrase. Ses lèvres viennent de se poser sur les miennes me prenant de court. Ma respiration se coupe sous l'effet de la surprise. Vite remplacé par le plaisir que ce simple contact me procure. Mais Lizzy croit vraiment que je vais pouvoir rester de marbre ?

Elles sont si douces que je ne compte pas résister, alors que tout autour de nous n'est que chaos, nous nous trouvons dans un espace où le temps s'est arrêté. Nous ne sommes plus que tous les deux. Contrairement à ce qu'elle m'a demandé, ma main droite se place dans le creux de ses reins et ma gauche crochète sa nuque. Je ne veux pas qu'elle m'échappe alors que mon baiser répond au sien. Je l'intensifie en y ajoutant même la langue qui passe la barrière de ses lèvres sans rencontrer de résistance. Lizzy pourrait se soustraire à mes bras qui l'enlacent si elle le souhaitait. Mais elle n'en fait rien.

Au lieu de ça, elle s'accroche de toutes ses forces à mon cou pour mieux répondre à cet échange, que je n'espérais plus. Je savais que ça serait explosif entre nous, mais pas à ce point.

Une déflagration se produit. Nos corps se compriment l'un contre l'autre et je tente de protéger Lizzy le plus possible en servant de bouclier. L'engin balancé nous aveugle avant de nous asphyxier.

— Lève-toi.

À tâtons, j'essaye de nous écarter de cette fumée toxique. J'entends tousser loin de nous et j'appelle.

— Niels ?

— Oui, on est là.

— Six...

Une quinte étouffe le reste du mot avant que Logan reprenne.

— Lizzy ? Ça va ?

— Elle est juste dans les vapes.

Tant bien que mal, nous nous éloignons de ce nuage de fumée. Tandis que retentit une nouvelle rafale de balles. Instinctivement, je me jette au sol imité par mon meilleur ami et celui de Lizzy. L'impact contre cette terre sèche et rugueuse sort Lizzy de sa torpeur. Elle s'agite, tousse et tente de se dégager de mon corps, qui la recouvre pour la protéger. Le moteur vrombit à nouveau et au son qu'il produit je sais qu'ils ont redémarré. Le bruit assourdissant s'éloigne et avec Niels nous nous lançons un regard soulagé.

Il est de courte durée, parce que cette furie couchée sous moi me balance des coups de pied et poings pour me déloger.

— Arrête de t'agiter ainsi.

— Relâche-moi ! Vire tes sales pattes de sur moi. Au secours !

— Lizzy, il ne te veut pas de mal.

En entendant la voix Logan, Lizzy se calme.

— Dis-lui de me lâcher.

Elle sanglote et c'est en voyant ses larmes coulées sur ses joues que je réagis.

— Je ne voulais pas te faire peur.

Elle tremble. Elle est terrifiée et je ne comprends pas son attitude. Il y a même pas une minute, elle m'embrassait et, là, je lis tout l'effroi et l'angoisse qu'elle ressent juste en me regardant. Aussitôt, je relâche ses poignets, je me relève, alors qu'elle se met instantanément à courir pour rejoindre son meilleur ami. Il la prend dans ses bras, la console, lui chuchote des mots à l'oreille que je n'arrive pas à capter.

Mais mes questions devront attendre. Les sirènes des flics se font entendre. Comme je l'avais prévu, ils s'amènent après la bataille. Ils nous braquent avec des fusils d'assaut. Ils sont cagoulés et leurs intentions sont hostiles. Ils ne sont pas là pour rigoler. On lève les mains et Lizzy tente dans un espagnol approximatif de leur faire comprendre que c'est elle qui les a prévenus. Deux d'entre eux s'avancent et, de la pointe de leurs armes, ils nous poussent pour nous déplacer vers le container.

Le constat visuel est sans appel. Tout ce qu'il restait de marchandise est éparpillé au sol. Tout est saccagé, brisé. Lizzy hésite entre hurler et pleurer. Logan tente de la calmer comme il peut. L'un des policiers s'approche de nous, sans cagoule ni arme, et me demande.

— Tout ceci vous appartient ?

— Oui. C'est ce qu'il nous restait à charger dans le camion.

Il soulève des bouts de tissus qui à l'origine devaient être des nappes, des décorations pour les chaises, des chandeliers... Les malles en bois sont éventrées, cassées en plusieurs morceaux révélant des dizaines d'assiettes brisées sans parler des verres.

Lizzy – à genoux – pleure devant ce qui devait servir à l'organisation de ce mariage qu'elle prépare depuis des mois. Logan l'aide à se relever. Elle est inconsolable. Je tente de croiser son regard, mais elle le fuit au contraire.

Est-ce à cause du baiser que nous avons échangé ?

— Veuillez nous suivre au commissariat.

Les hommes armés nous pressent pour que l'on avance vers les voitures. Partir loin de ce chaos n'est pas de refus. Par contre, nous n'avons aucun moyen de prévenir le Capitaine du bateau ou nos croisiéristes de notre incapacité à remonter à bord pour l'instant ou à leur fournir des instructions sur la suite de la journée. Un bon nombre d'entre eux sont descendus à terre, donc ils ne devraient pas s'inquiéter de ne pas avoir de nos nouvelles.

Après plus de quinze minutes, nous voilà arrivés. Ils nous font descendre et nous guident vers deux bureaux. D'un côté, Logan et Niels et de l'autre Lizzy et moi. Forcément, elle tente de négocier – toujours en espagnol – pour ne pas rester avec moi et répondre à leurs questions. Mais ils ne veulent pas entendre raison.

— Lizzy, calme-toi.

— Ne me touche pas.

Son mouvement de recul me blesse, mais nous ne sommes pas ici pour savoir pourquoi elle agit ainsi. Assis sur deux chaises séparées d'au moins un mètre, nous répondons aux nombreuses questions. Lizzy réclame à boire et l'interrogatoire s'arrête pour quelques minutes.

— Vous avez pu récupérer les vidéos de surveillance ?

— Nous les avons, mon équipe s'occupe de trouver des indices.

— Vous voyez bien que nous sommes les victimes. Ils nous ont foncé dessus, ils ont tiré à plusieurs reprises et ils ont terminé par nous gazer. Quelles preuves vous faut-il de plus pour nous innocenter ?

L'inspecteur se réinstalle au fond de son siège et s'amuse à faire sortir et rentrer la mine de son stylo sans me quitter du regard.

— Connaissez-vous Monsieur Duncan Carlson ?

— Oui, pourquoi ?

— C'est moi qui pose les questions ici. Et vous, Mademoiselle Prescott-Monroe ?

— Il m'a été présenté sur le bateau.

Lizzy s'agite sur sa chaise. Décidément, Duncan – même absent – la met mal à l'aise.

— Que savez-vous de lui ?

— C'est un ami de Monsieur Johnson. Il loue des voitures de luxe et c'est un...

Lizzy s'arrête de parler, mais c'est trop tard. Elle a aiguisé la curiosité de l'inspecteur.

— C'est un, quoi ? Mademoiselle Prescott-Monroe.

— Un homme indélicat avec les femmes.

— C'est pour cette raison qu'il a été renvoyé du bateau, Monsieur Johnson ?

— Si vous le savez déjà, alors pourquoi le demander ?

— Parce que c'est mon travail de recouper les informations. Donc, votre ami...

— Connaissance, je précise aussitôt.

Je ne comprends pas en quoi la présence de Duncan sur la croisière les intéresse.

— Donc, cette connaissance était sur le bateau pour quelle raison ?

— Pour participer à notre « Love Boat ».

— En quoi consiste-t-elle ?

— Je suppose que vous avez déjà cette information.

— En effet, mais j'ai besoin d'en avoir la confirmation.

Je souffle d'exaspération. On perd du temps pour des choses qui n'ont pas d'importance au lieu de se focaliser sur l'essentiel.

Ils doivent découvrir qui sont ces mecs et ce qu'ils cherchaient dans le container ?

∞ ∞∞ ∞

Lizzy l'embrasse pour éviter que Reyn se lance à l'assaut de leurs agresseurs. Va-t-elle le regretter ?

Lizzy refuse qu'il s'approche d'elle, alors qu'elle est dévastée devant le chaos qui règne après le passage des assaillants. Pourquoi le repousse-t-elle à nouveau ?

Reyn a l'impression que l'inspecteur leur pose des questions inutiles. Est-ce le cas ?

Qui pouvait se trouver dans ce bolide noir et que cherchaient-ils ?

∞ ∞∞ ∞

📍 Dans le chapitre de demain, on retrouvera SIXTINE :

🎭 Je vois que j'ai affaire à un connaisseur.

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😍 Bonne journée, mes #Love Boat, gros bisous 💋

✨️ Kty.Edcall.Romance 🌸


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