❉ XXVII ❉
♫ It's gotta be you - Isaiah ♫
✗ Mitch Rapp ✗
- Je t'aime.
Ces simples petits mots avaient juste eu le don de glacer tout mon être. Angelina les avait prononcés contre mon torse, étouffés contre ma peau, presque inaudibles. Mais je les avait entendus.
J'étais comme figé, comme pétrifié sur place. Personne ne m'avait jamais adressé ces mots, depuis Katrina. Personne ne m'avait fait part de ses sentiments à mon égard d'une façon aussi brève, aussi brutale.
Je déposais un baiser sur son front, prétendant ne rien avoir entendu, resserrant mon étreinte autour d'elle. A ce moment là, je voulais fuir, comme un lâche. Mais je ne pouvais pas l'abandonner une nouvelle fois, je ne pouvais pas fuir de quelqu'un que.. Quelqu'un que j'aimais moi aussi.
Je le savais, j'étais profondément conscient de la nature de mes sentiments à l'égard d'Angelina, mais c'était comme si les mots étaient coincés dans ma gorge, décrétant qu'ils ne sortiraient plus jamais. Depuis Katrina, ces simples petits mots avaient juste un gout amer. C'était comme une impression de ne pas l'avoir dit assez tant que j'en avais encore le temps.
Et ce schéma se répétait encore et encore, je devais le dire à Angelina, je devais surmonter cette chose qu'on aurait pu qualifier de peur. Mais j'en étais incapable, bien que je sache que le temps était une chose qui passait trop vite. Je ne voulais pas faire une erreur, je ne voulais pas me tromper.
J'étais, contre mon gré, effrayé par ces sentiments qui naissaient à l'égard de cette femme que je ne connaissais que depuis quelques semaines. Tout était allé beaucoup trop vite à mon gout, j'avais été incapable de reprendre le dessus sur cette relation qui prenait une ampleur de plus en plus conséquente chaque jour.
- Allons manger un morceau, faire de rapides sacs et on ira se coucher directement après, annonçai-je, on se lève tôt demain.
Angelina acquiesça, et j'étais incapable de savoir si elle était déçue ou bien seulement exténuée de sa journée. Je ne voulais pas chercher à en savoir plus, cependant. Je me contentais seulement de sortir de sa chambre, me dirigeant vers la cafétéria, l'esprit embrumé par toutes sortes de pensées.
Je regardais ma petite amie, quelques minutes plus tard faire son apparition dans la grande pièce. Son regard était fatigué, et je commençais à paniquer, encore une fois. C'était peut-être inutile, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à cette fameuse mission qui nous attendait, et tout ce qui pouvait bien se passer. J'avais peur, et depuis que je connaissais Angelina, cette peur était constante. J'avais peur de la perdre.
⁂
Le bruit assourdissant du réveil m'arracha littéralement au sommeil, me faisant grogner de mécontentement. Je frottais mes yeux d'une main, resserrant mon bras autour d'Angelina pour la rapprocher de moi. Je sentais son souffle s'échouer sur mon cou, provoquant une multitude de frissons sur ma peau.
- Juste cinq minutes, marmonna Angelina contre mon cou, je t'en supplie.
J'enroulais mon autre bras autour d'elle, laissant nos corps entrer en contact entièrement. Les bras d'Angelina fermement scellés autour de ma taille me prouvaient qu'elle était toujours là, à mes côtés.
Émergeant peu à peu de notre sommeil, nos lèvres se retrouvèrent, c'était comme le rituel du matin. Ma main se perdait dans ses longues mèches orangées, appréciant la douceur de ces dernières. J'appréciais ce moment qui nous éloignait de tout, et j'appréciais d'autant plus mes nuits passées à ses côtés, devenues de plus en plus fréquentes.
Je fus une nouvelle fois arraché à ce moment par un bruit venant de la porte. Les lèvres d'Angelina cessèrent de bouger contre les miennes tandis que nous écoutions une nouvelle fois le bruit. Nous comprenions très vite que quelqu'un toquait à la porte.
- Mitch, hurla cette voix familière, je dois te parler.
Irène. Si ce n'était pas une surprise, elle qui ne venait jamais dans ces bâtiments, à croire qu'elle en ignorait l'existence.
Les yeux d'Angelina mimèrent les miens, s'écarquillant en réalisant que ma supérieure se trouvait seulement à quelques mètres tandis que mon élève, elle, était dans mon lit, la où elle n'aurait jamais du se trouver. Angelina tenta de sortir du lit, s'attrapant les pieds dans les draps et tombant au sol.
- ça va ? chuchotai-je en cherchant mon t-shirt au sol.
Cette dernière hocha la tête, se levant pour attraper quelque chose pour se couvrir.
- Mitch, tu es là ?
- Oui, une petite seconde, j'arrive !
Angelina ayant attrapé un t-shirt dans mon armoire s'éclipsa dans la salle de bain, se cachant automatiquement dans la douche et fermant la porte. Je passais mon t-shirt, m'apprêtant à ouvrir la porte. Mais un détail attira mon attention.
Je me penchais rapidement pour attraper les vêtements d'Angelina que je cachais sous la couverture, avant de finalement ouvrir à ma supérieure.
Cette dernière se tenait face à moi, tirée à quatre épingles malgré l'heure plus que matinale. Elle pénétra dans l'appartement sans même que je lui en ai donné l'autorisation.
- Tu es au courant que vous partez dans une heure ? demanda t-elle en constatant le chaos dans mon appartement, la valise à moitié faite à côté du canapé.
- Oui je suis prêt, déclarai-je, enfin, presque.
Irène roula des yeux, s'asseyant sur le canapé, me faisant signe de faire de même.
- Je voulais te parler d'Angelina.
Mon cœur s'accéléra lorsque ma supérieure prononça le nom de ma petite amie se trouvant juste à quelques mètres de nous.
- J'ai besoin que tu lui fasse confiance, Mitch. Je sais que cette mission est importante pour toi, mais elle l'est pour elle aussi. Elle prit une pause. Tu ne dois pas être dur avec elle, surtout avec le travail et les efforts effectués au quotidien. J'étais la première à m'opposer à sa participation à la mission mais en y réfléchissant, je vois quelque chose en elle que j'ai seulement vu en une personne dans ma vie. Toi. Je ne sais pas l'expliquer, mais vous êtes vraiment similaires, sur beaucoup de plans, et c'est pour ça que votre duo marche et continuera de marcher si tu acceptes de lui faire confiance. Elle s'en sortira, et toi aussi, je n'ai aucun de doute là dessus Mitch, tu ne m'as jamais déçu.
Je hochais la tête, sachant pertinemment qu'Angelina avait tout entendu, et que j'avais été en tord hier. Mais personne ne pouvait comprendre mes raisons, surtout pas Irène. Je savais qu'Angelina en était capable, plus que quiconque ici, mais je n'étais pas prêt à la perdre, il ne suffisait que d'un minuscule détail.
Irène se leva, se dirigeant vers la porte. Et elle se retourna vers moi.
- En parlant d'Angelina, tu pourrais aller la réveiller ? demanda Irène, nous sommes allés toquer à sa porte mais visiblement, son sommeil est très profond. Il ne faudrait pas que vous loupiez l'avion.
Puis elle partit, sans un mot de plus. Je m'appuyais sur le comptoir de la cuisine, réfléchissant à beaucoup plus de choses que mon cerveau ne me le permettait. Les petits bras d'Angelina s'enroulèrent autour de ma taille, tandis qu'elle s'appuya sur mon dos, collant sa joue contre moi.
- On va y arriver Mitch.
⁂
Posant mes armes sur la table, je vérifiais que tout était bien chargé. Nous devions intervenir seulement demain, ce qui nous laissait un peu de répit pour cette fin de cette journée plutôt fatigante due au décalage horaire.
J'étais assis sur le canapé, face à la vue de Rome s'offrant à mes yeux. Mon cellulaire en main, je vagabondais à travers les applications, revenant bien vite au point de départ. Je regardais défiler les multiples photos que je gardais ici depuis bien trop longtemps.
Sa chevelure paraissait bien plus blonde qu'elle ne l'était en réalité, due au soleil qui éclairait la ville ce jour là. Son sourire était identique à tous les autres, mais il n'en restait pas moins authentique, vrai, sincère. Mon cœur palpitait en voyant cette photo, laissant mon doigt passer sur l'écran avec un pincement au cœur.
Je haïssais ces moments de doutes qui me consumaient de l'intérieur, comme une braise ardente. Je haïssais ces multiples questions qui encombraient mon esprit, m'empêchant de tourner la page, de passer à autre chose.
- Arriveras-tu un jour à aimer quelqu'un d'autre qu'elle ?
C'était exactement la question que j'étais en train de me poser, mais malheureusement, elle ne venait pas de moi.
⁂
« The power is yours and never mine »
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