♫ Free Me - Sia ♫

  ✗Mitch Rapp✗

Appuyé contre la fenêtre, je regardais les lueurs lointaines de la tour Eiffel, éclairant la ville de toute sa splendeur.

- Mitch ?

Je me retournais, trouvant Angelina sur le pas de la porte. Son visage avait été nettoyé de ce maquillage et ce sang qui masquaient ce dernier il y a quelques minutes. Sa longue robe rouge et ses escarpins avaient laissé place à un simple pyjama, lui retirant les années que le personnage de Rose lui avait fait prendre.

En la regardant, toute la colère que je ressentais semblait s'évaporer. Je devais lui hurler dessus d'avoir fait une chose aussi stupide, aussi dangereuse. Mais la seule chose dont j'avais envie, là maintenant, était de la protéger, la rassurer, lui dire que tout irait bien. Elle semblait si vulnérable devant moi que je me sentais même coupable de ce qui lui était arrivé, enfin ce qu'il serait arrivé si je ne l'avais pas retrouvée à temps.

- Prend place, grommelai-je en montrant d'un geste bref le canapé.

Cette dernière s'exécuta, se laissant retomber sur les coussins soyeux du sofa. Je me retournais, la rejoignant pour me placer en face d'elle.

- Pourquoi as tu fais ça ? N'ai-je pas été assez clair ?

Ses yeux évitaient les miens, regardant un peu partout dans la pièce, sauf en ma direction. Ses doigts jouaient nerveusement avec l'ourlet de son t-shirt.

- J'ai agi comme je pensais que je le devais, monsieur. L'occasion s'est présentée à moi et.. Et j'ai paniqué, je ne voyais pas d'échappatoire. Alors j'ai voulu le piéger.

Je hochais la tête, je devais être bien plus ferme, sinon elle recommencerait. Et je ne serais pas sur de la sauver cette fois là.

- Tu as pensé à la gravité de tes actes ? Tu as vu le danger ? Imagine si il avait réussi à te tuer, ou pire, te tuer et remonter jusqu'à nous tous, foutant à l'eau nos années de recherches et de pistage.

Ce fut à son tour d'acquiescer.

- Je suis bien consciente de tout ça Mitch, c'était une erreur de ma part, j'ai laissé mon instinct prendre le dessus.

Soupirant, je m'apprêtais à dire les mots qui risquaient de la briser.

- Le problème est bien là Angelina, tu n'as pas réussi à te contrôler, agissant d'une manière qui te semblait correcte. Je pris une pause. Ce que tu as fait là est un manquement au règlement Angelina, déclarai-je stoïquement, cela montre que tu es bien trop faible pour tout ça.

Je ne savais pas d'où sortaient ces paroles, et surtout d'où sortait cette excuse. En vérité, je n'avais peut-être pas envie de la perdre, pas envie de la voir mourir sous mes yeux, comme le jour où Katrina avait été tuée. Il m'avait fallut cet électrochoc pour réaliser que je tenais à elle bien plus que je ne le pensais.
Angelina releva ses yeux larmoyants vers moi, toujours silencieuse.

- Je.. Je vais voir avec Irène pour ta sanction, dis-je, chaque mot comme coup de poignard que je me portais à moi même, et si elle décide de te garder, je demanderais à te faire assigner à un autre professeur. Ce sera surement mieux comme ça.

J'étais surement aussi surpris qu'elle, mais d'un côté, l'éloigner de moi était peut-être la solution. J'avais peur de ne plus être capable de gérer mes sentiments si elle restait à mes côtés. Les mots que je venais de prononcer n'étaient visiblement pas à son gout, et sa tristesse se transforma en indignation, son corps faisant un bond, se retrouvant devant moi.

- Pourquoi Mitch ? Pourquoi me laisser avec un autre professeur ? s'indigna t-elle en s'approchant, c'est vous que je veux ! Personne d'autre !

- Angelina, ce n'est pas aussi simple que ça, rétorquai-je en me levant, commençant à tourner les talons.

- Vous avez peur de ne pas être capable de faire de moi un assassin, c'est ça ? hurla t-elle derrière mon dos, vous avez peur de ne pas être à la hauteur ?

Si elle savait que tout ce qu'elle supposait n'était pas la réelle cause de ma peur, c'était bien plus profond que ça. J'en étais capable, mieux que quiconque. Mais je n'étais pas prêt à revivre une perte, je ne voulais plus avoir affaire à la mort, au risque de définitivement être incapable de m'en remettre.

- J'ai peur de ne pas être capable de te protéger ! criai-je à mon tour, me retournant subitement, comme ce soir !

Mon mouvement brusque l'avait effrayé, son corps se retrouvant appuyé contre le mur derrière elle. Cependant ses yeux n'avaient pas quitté les miens, et je voyais bien qu'elle ne comptait pas laisser le débat se clore aussitôt.

- Je ne vous demande pas de me protéger Mitch, rétorqua t-elle d'un ton plus calme, je veux me venger. Et si je dois mourir pour cette vengeance, je mourrais. C'était le prix à payer. Je dois venger ma famille pour me sentir bien avec moi même. J'ai toujours avancé seule Mitch, et je mourrais seule.

Ma main s'écrasa violemment contre le mur, tandis que cet excès de violence fit frissonner Angelina, ses yeux se fermant au moment du choc.

- Angelina c'est ça que tu ne comprends pas ! m'exclamai-je, tu n'es plus seule, je supporterais pas de devoir encore laisser mourir une personne à laquelle..

Je m'arrêtai subitement.

- Une personne à laquelle quoi Mitch ? répéta Angelina, agacée, allez au bout de votre pensée !

Mon être se paralysa. Étais-je prêt à lui faire part de ce que j'éprouvais, bien que je ne comprenais pas moi même la nature de ces sentiments nouveaux ? Je la haïssais, mais une partie de moi ne pouvait s'empêcher de ressentir quelque chose pour elle, c'était inévitable. 

- Une personne à laquelle je suis attaché !

Angelina ne perdit pas une seconde pour plaquer ses lèvres sur les miennes, m'embrassant avec tout ce qu'elle avait. Cette fois ci, je ne la repoussais pas, posant ma main sur sa joue pour approfondir notre baiser. Katrina aurait voulu que je sois heureux, que je continue à vivre. Et peut-être qu'Angelina pouvait m'apporter cette chose qui me manquait : le bonheur.

A bout de souffle, je coupais court au baiser, laissant mon front reposer sur le sien. Nous tentions tous deux de retrouver une respiration normale.

- Il est tard, murmurai-je, tu devrais retourner dans ta chambre..

Mes paroles n'étaient vraiment pas très convaincantes.

- laisse moi rester, me supplia t-elle, laisse moi passer la nuit dans tes bras.

J'hésitai quelques secondes avant de m'écarter, défaisant les boutons de ma chemise puis je laissais tomber mon pantalon à mes pieds. Grimpant sur le lit et me glissant sous les couvertures, je la regardais, toujours au milieu de la chambre, un air abasourdi sur le visage. 

- Tu comptes rester là toute la nuit ou..?

Elle sortit de sa transe, avançant vers le lit où elle grimpa, venant se lover dans mes bras. C'était étrange, mais pour une fois j'arrêtai de penser. J'allais vivre, j'allais profiter.

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