❉ XII ❉

Rehab - Rihanna ft. Justin Timberlake

  ✗Angelina Blake ✗ 

- Espèce de con.

C'était ce que j'avais balancé au visage de Mitch avant de tourner les talons, quittant la salle. Cette décision avait été judicieuse, puisqu'une seconde de plus passée à ses côtés et il aurait eu la marque de ma main gravée sur son visage à vie.

Les larmes coulaient à présent sur mes joues, c'était bien la première fois que j'avais laissé quelqu'un m'atteindre depuis ce fameux jour. D'où se permettait t-il de dire de telles choses ? Il n'était personne pour me balancer des choses pareilles en plein visage. Et après ça il voulait que je l'écoute, il pouvait se mettre le doigt dans l'œil.

Je marchais rapidement, évitant les regards indiscrets pour aussi éviter les questions sur les raisons pour lesquelles je pleurais.

Me rendant dans ma chambre, j'attrapais mon téléphone, avant de claquer la porte et me diriger vers la sortie de la base. Je savais qu'en tant que recrues, il était fort conseillé de rester dans la base mais à vrai dire, je devais absolument en sortir. J'étouffais ici.

Marchant dans les rues de la ville, j'avais laissé ma voiture au parking, ne préférant pas prendre le volant pour me mettre stupidement en danger. Quoi que, si il m'était arrivé quelque chose, je n'aurais peut-être plus jamais eu affaire à Mitch.

J'étais tellement énervée contre lui, jamais je n'avais ressenti autant de haine contre quelqu'un. Il cherchait sans cesse à me faire péter un câble, sans raison. Son ton autoritaire et condescendant était une des choses que je haïssais le plus chez lui, accompagné de son sourire arrogant et de son air qui voulait faire comprendre qu'il valait mieux que tout le monde. Son haut statut dans la CIA ne faisait pas de lui quelqu'un d'invincible, il restait un humain capable de mourir, comme chacun d'entre nous. Il cherchait toujours à me contrôler, à me dire ce que je devais faire ou non. Mais personne, je disais bien personne, n'avait jamais réussi à faire ça. Ce n'était pas parce qu'il m'avait sauvé la vie deux fois qu'il pourrait se permettre de faire une telle chose.

Une des choses qui m'énervait encore plus, c'était qu'il m'attirait. Je ne pouvais pas le nier. Mitch était vraiment un bel homme, et il le savait, c'était surement pour ça qu'il en jouait. Mais c'était mal, et je savais bien que son physique d'Apollon ne me ferait jamais tirer un trait sur son caractère d'imbécile. J'étais incapable de dire si son regard m'intriguait ou me faisait peur. J'avais tellement envie d'en découvrir plus sur lui, de pénétrer dans ses murs, que ses refus étaient peut-être la raison de notre mésentente. Il ne voulait rien me dire, et je ne voulais rien lâcher. C'était un conflit sans fin.

Je laissais le vent caresser mon visage, jetant un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone. J'aurais du être en train de préparer ma valise, me dis-je. Mais à la place, je décompressais. Je ne voulais pas partir en mission avec Mitch, je savais que ça pouvait certes très bien se passer, comme déraper. Je ne voulais pas en arriver à un point de non retour avec lui, mais j'avais comme l'impression que lui le désirait. Je devais me faire à l'idée que nous étions que trop différents.

Le temps passait, et j'avais de moins en moins envie de rentrer à la base. Finalement, si je ne voulais pas y aller, j'avais qu'à prétendre ne pas me sentir bien. C'était aussi simple que ça. Je marchais dans les rues, m'arrêtant pour attraper un café ou bien grignoter un petit quelque chose à une terrasse. Je me laissais embarquer dans la visite d'un musée gratuit, pour passer le temps.

  ⁂

Je regardais l'heure, la nuit étant déjà tombé depuis presque une heure. Il était presque vingt deux heures, l'heure à laquelle nous devions nous trouver à l'aéroport.

J'avais décidé de ne pas aller à cette mission, et d'en assumer les conséquences. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qu'avait dit Mitch. D'un côté, je voulais lui prouver le contraire, ne pas lui donner raison. J'étais capable de réussir cette mission, de montrer ce pour quoi je me battais réellement.

Mon attitude était totalement lâche, j'abandonnais un de mes engagements, chose que je n'avais jamais faite auparavant. Et je me décevais. Tellement. J'avais été tellement heureuse d'intégrer ces rangs que je laissais une chose stupide empiéter sur ma motivation principale : la vengeance. Et je savais pertinemment que ce n'était pas en pleurant sur les paroles de mon mentor, enfermée dans ma chambre, que j'allais arriver à cette vengeance.

Courant à travers les rues, j'arrivais devant la devanture de la base, entrant à l'aide de mon badge. Je gravis les escaliers quatre à quatre, me rendant dans ma chambre et attrapant la valise se trouvant dans le placard. J'y jetais quasiment toute mon armoire, sachant que nous n'allions rester que quelques jours. Je pris la boite sous mon lit, la glissant dans la valise avant d'attraper mon sac à main et mon téléphone.

Vingt deux heures vingt. Il fallait une vingtaine de minutes avant d'arriver à l'aéroport. J'espérais que l'avion n'était pas parti plus tôt que prévu.

Je me rendis au parking, attrapant un des nombreux chauffeur et lui demandant de m'emmener à l'aéroport en vitesse, ce qu'il accepta. Je ne savais pas vraiment à quoi penser, si Mitch allait être dégoûté de me voir finalement arriver ou si il allait comprendre que j'avais fait une erreur. Ma réaction avait été stupide, je devais me montrer bien plus forte que ça. J'allais passer au dessus de Mitch et ses commentaires blessants, et faire ce que j'avais à faire, montrer ce que j'avais à montrer.

Le temps passa lentement comme rapidement, et je me retrouvais sur le parvis de l'aéroport, ma valise en main. J'entrais sans plus attendre dans le bâtiment, ne sachant dans quelle direction aller.
J'attrapais une hôtesse à un comptoir, lui communiquant les seules informations que j'avais : Vol pour Paris, vingt-trois heures.

- Terminal F, sourit elle avant de reporter son attention sur son ordinateur.

Je me mis à courir, comme je n'avais jamais couru auparavant. Et je fus soulagée en voyant Mitch, au loin. Il était au niveau des portiques de sécurité, discutant avec un des agents.
Ses yeux s'écarquillèrent en me voyant, et je ne savais pas comment prendre sa réaction. Il s'excusa auprès de l'homme, s'approchant de moi.

- Tu as vu l'heure ? demanda t-il, plus calme que ce que je pensais, nous allions partir sans toi.

- Je sais, et j'en suis désolée, répondis-je essoufflée, je suis là maintenant.

J'étais surprise, je venais de m'excuser, auprès de Mitch. Comme quoi, je n'étais pas si irrécupérable.
Il hocha la tête, et je crus voir l'ombre d'un léger sourire passer sur ses lèvres. Il appela un agent, qui s'occupa immédiatement de mon bagage et de la vérification de mes papiers d'identité.
Quelques minutes plus tard, nous embarquions dans l'avion.

Je regardais à travers le hublot, voyant la nuit noire de la ville. J'étais nerveuse. Non pas à cause de l'avion, mais à cause de Mitch et de tout ce qui allait se passer les jours qui suivaient celui ci. L'homme à mes côtés, celui qui occupait mes pensées, était silencieux, bizarrement. Son attention était portée sur son ordinateur, semblant regarder des documents importants, ressemblant à ceux qu'on nous distribuait lors des heures de cours. A ma grande surprise, le vol n'était pas complet, faisant que les places autour de nous étaient vides.

Je tentais une approche, me penchant par dessus l'accoudoir. Mitch tourna son regard vers moi, semblant avoir son air ennuyé dans ses iris brunes, prêt à m'envoyer balader. Mais au lieu de ça, il adopta un ton calme, presque chaleureux.

- Tu veux que je t'en fasse lecture ? 

Je le regardais, plongeant mes yeux dans les siens. Je hochais la tête, attendant la suite. Il sourit avant de me faire lecture de son prochain cours sur les techniques de combat, en séance privée et en avant première. Finalement, peut-être que nous allions nous entendre, ne serait-ce que pour la mission.

  ⁂ 

«You don't even recognize the ways you hurt me, do you? »

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