Chapitre 8 - FIN

Quelques mois plus tôt...


Tout était calme.

La nuit avait recouvert la capitale d'une nappe d'encre depuis déjà plusieurs heures et maintenant que le Papillon avait été neutralisé, plus aucun akuma ne venait troubler le sommeil des parisiens.

Mais chez les Dupain-Cheng, une personne, au moins, ne dormait pas.

Une fenêtre s'ouvrit sans bruit, juste avant qu'une ombre se faufile en dehors du petit studio situé à l'arrière de la boulangerie. Aussi agile et silencieux que l'animal auquel il devait son nom, Chat Noir prit appui sur une corniche et commença l'ascension du bâtiment.

Le jeune homme aurait dû se trouver dans son lit à cette heure tardive, mais le sommeil le fuyait.

Ces derniers jours avaient été horribles.

Il avait découvert que le Papillon n'était nul autre que son propre père et que Nathalie se cachait derrière le masque de Mayura. Il avait confronté et neutralisé l'homme dont il désespérait auparavant d'obtenir l'approbation. Il avait chassé de Paris la femme qu'il avait commencé à considérer comme une nouvelle figure maternelle. Il avait fui ce qu'il considérait autrefois comme son foyer.

Apprendre que sa véritable mère était en vie ne suffisait pas à lui rendre la tranquillité d'esprit arrachée par les sombres desseins de son père.

Gabriel Agreste l'avait trahi, de tant de façons qu'il avait le vertige rien que d'y songer.

Il l'avait abandonné.

Il lui avait menti.

Il l'avait mis en danger, lui et celle qu'il aimait plus que tout au monde.

Il l'avait manipulé, délaissé, attaqué, exploité, isolé...

La vérité n'aurait pas pu être plus cruelle.

Adrien ne cessait de ressasser ses affreuses découvertes et les tout aussi terribles événements qui avaient bouleversés sa vie. Il n'arrêtait pas de penser, penser, penser et penser encore. C'était comme si son cerveau s'était emballé et qu'il ne savait plus comment ralentir.

Il n'avait plus un instant de pause. Plus un moment de répit.

Sa boîte crânienne était devenue une cocotte-minute perpétuellement au bord de l'explosion, trop petite pour la pression inhumaine qui pressait encore et encore contre ses parois.

Cette hyperactivité constante privait Adrien du sommeil qui lui aurait permis quelques heures de bienheureux oubli – même si l'oubli en question n'était probablement qu'un vœu pieu. Depuis qu'il avait découvert la vérité sur son père, les cauchemars étaient devenus ses sinistres compagnons. Ils hantaient ses songes et rongeaient son esprit endormi pour ensuite le réveiller en apnée, le cœur battant à tout rompre, à chercher désespérément son souffle.

Si Adrien l'avait voulu, il aurait pu chercher du réconfort auprès des Dupain-Cheng. Ces derniers l'auraient probablement accueilli avec autant de bienveillance que lorsqu'ils lui avaient ouvert leur foyer après avoir appris la vérité sur son père.

Mais son instinct le poussait vers les toits.

Vers l'air.

Vers la liberté.

Chat Noir avait passé trop de temps à errer en solitaire au sommet des immeubles de Paris lorsqu'il avait besoin de s'aérer la tête. L'habitude était difficile à perdre.

Lorsqu'il atteignit le toit, le jeune homme balaya rapidement les alentours du regard. Il ne lui fallut qu'une seconde pour repérer ce qu'il cherchait.

Des cheminées, un mur, de l'ombre.

L'endroit parfait pour échapper aux yeux indiscrets qui auraient réussi, par un malheureux hasard, à discerner sa silhouette sombre à travers la noirceur de la nuit.

Sans un bruit, Chat Noir se mit en route. Lorsqu'il atteignit le pied de la cheminée, il esquissa un mouvement de surprise.

Visiblement, il n'était pas le seul à avoir eu besoin de s'échapper un peu ce soir.

« Chaton ? », l'accueillit Ladybug d'une voix étonnée.

Adossée au mur, bras passés autour de ses genoux, sa coéquipière le fixait avec de grands yeux écarquillés de stupeur. Elle se reprit à peine une fraction plus tard et lui fit signe d'approcher.

Alors qu'il s'avançait, le jeune homme tenta de se fendre d'un sourire nonchalant, mais jamais une expression plaquée sur son visage ne lui avait paru plus artificielle.

Ladybug ne se laissa pas abuser.

Honnêtement, comment Chat Noir avait-il pu penser un instant qu'il pourrait lui faire croire qu'il allait bien ? Elle connaissait trop bien la profondeur de ses tourments – elle le connaissait trop bien, tout court – pour ne pas remarquer sa détresse.

Les sourcils de Ladybug étaient froncés d'inquiétude alors qu'elle levait le visage pour le dévisager. Elle ouvrit les bras sans dire un mot, l'invitant silencieusement à la rejoindre.

Chat Noir ne se fit guère prier.

Sans un mot, il se laissa tomber à genoux devant elle. Il se pencha en avant et s'agrippa à elle comme on s'accroche à une bouée de sauvetage, la serrant fort, fort contre son cœur.

Dans le chaos qu'était devenue sa vie, sa Lady était désormais son seul point de repère, la seule présence à laquelle il pouvait s'ancrer pour ne pas partir à la dérive.

Alors qu'il l'étreignait de toutes ses forces, Ladybug referma ses bras autour de ses épaules pour le serrer à son tour contre elle. Chat Noir inclina la tête, paupières closes, et enfouit son visage au creux de son cou.

Il flottait autour d'elle une odeur de cannelle – souvenir d'une aide de dernière minute qu'elle avait accordé à ses parents un peu plus tôt dans la soirée - et un léger parfum fruité, son shampoing, peut-être.

Toujours silencieuse, Ladybug passait ses mains dans le dos de Chat Noir en un geste de réconfort, traçant de grands cercles de part et d'autre de sa colonne vertébrale.

Le jeune homme sentit ses épaules se dénouer lentement sous les gestes tendres de sa coéquipière. La tension inhumaine qui habitait jusque-là son corps se diluait un peu, juste un peu, juste assez pour lui permettre de respirer de nouveau librement. Ce qui, au vu de la situation, tenait déjà du miracle.

Au bout de plusieurs minutes, Chat Noir releva enfin la tête.

Ladybug et lui avaient inversé leurs positions sans qu'il s'en rende compte, lui désormais assis sur le toit d'ardoise et elle agenouillée entre ses jambes. Cette nouvelle situation avait l'avantage d'effacer la différence de taille que le temps avait installé entre eux, laissant leurs visages au même niveau.

Mains toujours posées sur la taille de Ladybug, Chat Noir vint appuyer son front contre le sien. Lorsqu'il reporta son attention sur son visage, il fut aussitôt happé par son regard.

La nuit nimbait ses yeux de gris, leur donnant des allures de lac d'argent.

Profonds, intenses et mystérieux.

Chat Noir aurait pu s'y noyer pendant des heures.

Les deux héros restèrent immobiles un moment, front contre front et s'étreignant l'un l'autre. Le visage de Ladybug était si près du sien que Chat Noir pouvait sentir la douce chaleur émaner de sa peau. Sans la nuit qui recouvrait la ville, nul doute qu'il aurait pu compter précisément chacune des adorables taches de rousseur que laissaient habituellement paraître son masque.

La gorge trop nouée d'émotion pour oser essayer de briser le silence, Chat Noir pencha légèrement la tête sur le côté. La pointe de son nez frôla la joue de Ladybug comme l'aurait fait le museau d'un véritable chat et sa bouche toucha le côté de sa mâchoire alors qu'il s'inclinait vers elle.

Il releva doucement la tête, sans pour autant s'écarter de sa Lady d'un centimètre. Ses lèvres continuaient d'effleurer doucement sa peau sur leur passage, jusqu'à ce qu'elles déposent finalement un léger baiser juste en dessous de l'une de ses pommettes, à la jonction de son masque.

Chat Noir sentit plus qu'il n'entendit la brève expiration qui échappa à Ladybug.

Une bouffée d'air à peine perceptible.

Une caresse sur sa peau.

Un frisson parcourut son corps. Le cœur battant à tout rompre, il s'écarta légèrement et posa de nouveau son front contre celui de Ladybug.

Son souffle se mêlait au sien et jamais ses yeux ne lui avaient parus aussi grands.

Il n'aurait même pas un centimètre à effacer pour l'embrasser.

Ils avaient assuré aux parents de Marinette qu'ils garderaient leur relation dans des limites strictement platoniques tant qu'ils vivraient ensemble, mais...

« On a promis... », murmura Ladybug, sans esquisser le moindre geste de recul pour autant. Au contraire, Chat Noir sentit ses doigts se nouer derrière sa nuque.

« Je sais », répondit-il contre sa peau.

Mais aucun serment au monde ne pouvait les séparer.

C'était une évidence.

Profonde. Viscérale.

Chat Noir se pencha avant même de réaliser ce qu'il était en train de faire. Ses lèvres se rivèrent à celles de Ladybug, comme deux aimants attirés l'un par l'autre qui se trouvent enfin.

Électrisé par ce contact, il étreignit Ladybug de plus belle. Il resserra ses bras autour de sa taille, de ses épaules, pressant son corps contre le sien autant que leur position le leur permettait.

La réponse de sa Lady fut tout aussi enthousiaste.

Doigts enfoncés dans les cheveux de Chat Noir, elle s'agrippa à ses mèches blondes pour le forcer à incliner la tête, intensifiant significativement leur baiser. Lorsqu'elle ouvrit ensuite la bouche pour permettre à la langue de son coéquipier de venir s'enrouler langoureusement autour de la sienne, le jeune homme ne put retenir un gémissement de plaisir.

Ses doigts virent emprisonner le menton de Ladybug afin de mieux la garder contre lui.

Mais ce n'était pas suffisant. Son autre main fermement passée autour de la taille de sa coéquipière, le jeune homme manœuvra comme il pouvait pour la soulever et l'asseoir sur ses jambes. Proche, toujours plus proche de lui. Ladybug suivit le mouvement sans hésiter, doigts toujours enfoncés dans ses mèches blondes et lèvres rivées aux siennes.

Dans d'autres circonstances, Chat Noir aurait probablement rougit jusqu'à la racine des cheveux devant l'intimité de la situation.

Mais pas ce soir.

Ce soir, il était trop dévasté de chagrin, trop ivre d'amour pour se soucier de la bienséance.

Chat Noir sentait son pouls pulser dans tout son corps alors qu'il continuait d'embrasser passionnément sa partenaire. Des vagues de chaleur déferlaient sur lui, attisées par les battements fébriles de son cœur, de sa peau brûlante jusqu'au creux de son estomac. Les « Chat... » haletants que Ladybug murmurait entre leurs lèvres ne faisaient rien pour atténuer l'incendie qui couvait en lui, ni pour arrêter la sensation de vertige qui lui faisait délicieusement tourner la tête.

Il pourrait rester ainsi des heures, à s'enivrer de la présence de sa Lady et à se délecter de ses baisers. Et surtout, surtout, il avait complètement oublié les raisons qui l'avaient mené sur ce toit en premier lieu.

Plus de tourments, plus de questions douloureuses, plus de sentiment insidieux de culpabilité.

Plus de sensation de vide dans son cœur et de trop-plein sous le crâne.

Chat Noir ne pouvait penser à rien d'autre qu'à Ladybug.

C'était tout ce dont il avait besoin.


*** FIN ***




Note :

Hey ! Cette fois ça y est, cette fic est finie ! Je me répète, mais ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée à imaginer / écrire une histoire. Déjà, les chutes de Lila sont toujours un régal, mais en plus imaginer Adrien et Marinette en train de troller gentiment Alya et Nino m'a beaucoup motivée. J'adorerai voir ça dans la série xD !

Concernant ce chapitre bonus, je n'ai pas pu résister à un petit moment romantique entre nos deux héros.

Donc oui, promesse ou pas promesse, il se passe bien 2-3 trucs sur les toits, comme le souligne si justement Adrien xD. Je pense que Tom et Sabine ne sont pas complètement dupes, mais qu'au vu de la situation d'Adrien ils se doutent qu'il en a besoin et ils leur font confiance pour rester dans les limites du raisonnable.

De façon générale, je me dis que cette histoire aurait de quoi servir de base à plusieurs histoires secondaires, un peu comme ce que j'ai fait pour « À bout de souffle ». Il y a pas mal de points que j'ai passé sous silence et qui pourraient remplir une fic à eux tout seuls xD ! La découverte de l'identité du Papillon, l'arrivée d'Adrien chez les Dupain-Cheng, les réactions de Gaby / Tom / Sabine en découvrant que leurs enfants sont des héros, la relation d'Adrien avec sa mère, le point de vue d'Emilie, d'ailleurs, pourquoi pas.

... et à la place, j'ai préféré parler d'un roulage de pelle sur les toits xD .

Hem.

Bon, plus sérieusement, je ne pense pas que j'écrirais d'autres fics annexes à celle-ci. Autant pour « À bout de souffle » j'avais envie d'explorer d'autres aspects de l'histoire, autant ici je préfère garder une part de mystère. Adrien et Marinette ont dit tout ce qu'il y avait à dire, et je laisse le reste à votre imagination ^^ .

Mais encore une fois, j'ai adoré écrire cette histoire. Je radote, je sais, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas autant éprouvé de plaisir et de motivation à raconter quelque chose. J'ai l'impression de me retrouver il y a x ans <insérez le nombre d'années écoulé depuis la fin de la saison 1> , quand je commençais à écrire « juste une seule petite fic d'un seul petit chapitre » (à l'époque, déjà... xD ) et que j'étais prise par le virus de l'écriture. J'avais un peu perdu ça et ça fait plaisir de renouer avec ces élans de motivation :D .

Je ne sais pas si cet élan de motivation se traduira par une nouvelle fic, mais j'espère que celle-ci vous aura plu ! ^^ N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à une prochaine j'espère !

Encore une fois, un grand merci à MonsieurlOurs pour ses corrections.

Merci de m'avoir lue :) ! 

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