Réveil et Couchers

J'avais toujours su qu'il existait.

Il ne nécessitait que peu de choses pour se réveiller.
Un poil de dépression, une goutte de harcèlement et quelques pincées de manque de confiance en soi. Des choses assez naturelles en somme. Il sommeillait, attendant patiemment son heure. Il attendait qu'on le taquine, qu'on l'excite un peu trop.

Et le réveil avait sonné. Et l'heure de la vengeance avait sonné.

Il s'était libéré de ses chaînes, les détruisant une à une, perdant complètement la raison.
Je l'avais laissé faire, sans jamais rien dire. Il ne me voulait aucun mal. Il cherchait à me défendre.
Il le faisait si bien, avec son long, son grand couteau si aiguisé, si tranchant..

Ça lui allait bien son couteau. Il rajoutait encore plus de perversion à ce qu'il était déjà. Un être noir de haine et de folie. Son sadisme suintait par toutes ses pores et son sourire carnassier aurait effrayé n'importe qui.

Sauf moi.

Il ne m'inspirait aucunement de la peur. Je le suivais avec une envie presque viscérale de le voir commettre ses atrocités.

Depuis le début, il m'emmenait avec lui pour ses sorties nocturnes. Ce que l'on allait encore faire ce soir-ci.

Il s'était habillé d'un grand manteau noir. Avait chaussé ses chaussons déchirés. Avait couvert son visage d'un foulard opaque. Et avait soigneusement pris son beau couteau.

Il se promenait dans les couloirs de l'orphelinat, cherchant quelle chambre allait ce soir là recevoir sa funeste visite.

Il poussa doucement une porte, au beau milieu d'un long couloir. Son ombre se projeta faiblement sur le mur de la chambre, où j'avais pu apercevoir le visage de la future victime. Je n'avais jamais aimé Valentine. Elle avait toujours été méprisante avec moi. Toujours un mot qui faisait mal. Toujours un geste pour me ridiculiser.
Peu à peu, la haine montait en moi. Elle envahissait mon esprit, m'empêchait presque de penser à autre chose.

Il s'avança dans la chambre, en prenant garde à ne pas trébucher sur les habits éparpillés au sol. La chambre grisâtre avait beau être petite, un désordre monstre y régnait.
Il enjamba tout cela et arriva juste à côté de la fillette. Je l'avais rapidement rejoint. Je détaillais Valentine du regard. Quel dommage, nous aurions pu être amies. Mais tant pis. Il fallait qu'elle souffre, comme j'avais souffert. 

Il effleura sa nuque, chassant les quelques mèches brunes qui s'y trouvaient. A ce contact, la jeune fille frissonna. J'eus soudain très peur qu'elle se réveille. Mais non, son petit visage mutin ne bougea pas d'une miette. Il leva son couteau. Il y eut un reflet dans l'obscurité, sur la longue lame argentée.

Il trancha soudainement sa gorge d'un coup sec. J'aperçus des gouttes pourpres perler autour de cette coupure.

J'étais déçue. Cette mort ne me satisfaisait pas. Il m'en fallait plus. Plus de violence. Plus de souffrance. Toujours plus.

Il sortit rapidement de la chambre, laissant le cadavre derrière lui.
Il alla dans une autre chambre, celle de Mathias.
Je le détestais. Lui, je ne voulais pas qu'il subisse le même sort que la petite fillette. Je ne voulais pas que son coucher soit indolore.

Il se rapprocha rapidement de la tête du lit, et soudain, il marcha sur un objet glissant, et trébucha. Mon coeur rata un battement.
Cela créa un léger bruit, qui heureusement ne suffit pas à réveiller la proie.

Avec plus de précautions, il se positionna à côté de son visage. Il tendit d'un coup vif le bras, et attrapa la machoire pâle de l'enfant. Ce dernier se réveilla d'un seul coup, et lorsqu'il le vit, ses yeux s'agrandirent de terreur.
Il lui mit la main sur sa bouche, pour l'empêcher de crier.

De mon côté, je l'observais, captivée, fascinée.
Il approcha son couteau de la gorge de l'enfant, et commença à tracer des fines lignes.
Mathias se débattait, pleurait, geignait, mais rien n'y faisait. Il ne pouvait plus s'échapper. Je voyais la douleur tordre son petit visage d'ange, ce qui me rendait de plus en plus euphorique.

Finalement, lorsque le sang de l'enfant coula sur des draps, il l'acheva d'un coup sec.

J'étais exaltée par cette odeur métallique de sang et la souffrance que j'avais lue sur le visage du garçon.

"Mais pourquoi cette porte est ouver... AHHHHHH !"

J'entendis le cri de la responsable de l'étage derrière moi. Elle devait être en train de faire sa ronde.
J'étais tétanisée, ne savant pas comment réagir. Mais il fallait que je l'arrête.

Il fut plus rapide que moi,
Il se jeta sur elle, lui enfonçant son couteau dans la poitrine, l'empêchant à tout jamais de pouvoir à nouveau crier.

Je pus reprendre mon souffle. J'allai doucement fermer la porte, en faisant attention à ne pas marcher sur la flaque de sang qui commençait à recouvrir le plancher.
L'odeur était forte, très forte, mais elle me plaisait.

Des adultes, alertés par les cris, ouvrirent subitement la porte. Il me virent dans la pénombre les fixer sans bouger. Je n'avais pas peur. Ce n'était pas moi qui les tuait tous. J'étais innocente. C'était lui.

Lui. Je voulais leur crier, mais aucun son ne sortait de ma bouche.

Mais les gardiens semblèrent ne pas le voir. Ils se jetèrent sur moi, me projetant contre le mur froid, causant une immense douleur dans le dos. Mais ils ne voulaient pas me tuer. Je le sentais.

Ils cherchaient à ouvrir ma main.

Ma main qui tenait un beau, un long couteau aiguisé.

Et je compris enfin, explosant d'un rire dégénéré.

En réalité, il n'avait jamais été caché bien loin.
Il avait toujours été là.
Il avait toujours été moi.
Moi, la schizophrène dépressive aux tendances meurtrières.

/Bonjour bonsoir !
Voilà, cette petite histoire est déjà finie !
Cette nouvelle (fictive, je pense que je n'ai pas besoin de le préciser xD) a été écrite pour le concours Free Your Monster, de MiniMarjo .
J'espère que cela vous a plu, dites moi ce que je peux améliorer : )/

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