Chapitre 2
***
Malgré ce début de vacances mouvementé, les choses s’étaient rapidement calmées. Après le départ du maître-nageur, toute la petite famille avait été concentrée sur l’état du plus jeune, qui s’était réveillé une vingtaine de minutes plus tard. Il avait pris les médicaments, puis, après être complètement sortit du brouillard de son évanouissement, il avait recommencé à courir partout, comme s’il ne venait pas de frôler la noyade.
Il avait été si compliqué à canaliser que Jieun avait dû le menacer : ils n’iraient pas au goûter de bienvenue s’il ne se tenait pas tranquille. Bizarrement, cela avait fonctionné, surtout après l’engueulade magistrale que sa mère avait ajoutée après avoir versé quelques larmes. Tout ça sous les yeux écarquillés de l’infirmière.
Forcé à rester assis, Jinho avait concentré son énergie dans ses jambes, les faisant gigoter et trembler nerveusement sur le lit de la cabane, pendant que Jieun notait les dernières recommandations de l’infirmière. Yoongi avait attendu, sage et dans ses pensées. Il avait essayé de faire redescendre son rythme cardiaque, sans succès. Le mélange émotions fortes et rencontre fortuite était explosif dans son corps frêle et pâle.
Puis, peu après, ils étaient partis. En guise de punition, Jieun avait envoyé Jinho chercher sa casquette et les chaussures de son frère qui attendaient toujours devant les grilles de la piscine. De loin, ils l’avaient observé expier sa faute avant de revenir en courant. Yoongi avait pu remettre ses chaussures, même si Jinho avait perdu une de ses chaussettes en cours de route. Mais il ne dit rien.
Il n’avait pas revu le maître-nageur. La chaise haute était vide, et le jeune homme n’était pas réapparu avant que Jinho ne revienne. Yoongi stoppa son cerveau quand celui-ci se mit à imaginer toute une flopée de scénarios sur les raisons de son absence, et fut aidé par les interventions de sa mère, qui les pressait d’aller se changer pour ne pas manquer le goûter d’arrivée.
Ils avaient réussi à y aller, ne manquant que le discours d’arrivée donné par le directeur du camping. Jinho s’était précipité sur les gâteaux, poursuivi par Jieun qui essayait de rencontrer d’autres mamans en vacances, tandis que Yoongi s’était assis sur un banc un peu éloigné, un jus d’orange à la main. Il s’éloignait de la foule et de sa mère, au cas où. Il priait pour qu’elle oublie sa future engueulade, et s’il fallait qu’elle s’en souvienne maintenant, au moins ils seraient un peu à l’écart des autres vacanciers. Sauf que l’engueulade ne vint pas. Le ciel avait dû écouter ses prières, parce que le goûter se passa dans le calme, tout comme le dîner, qu’ils prirent sur la terrasse du restaurant du camping.
Aujourd’hui, nous étions dimanche. Les vacanciers arrivés la veille commençaient à prendre leurs marques, à visiter librement tous les recoins du camping et à inscrire les enfants aux clubs du camping pour enfin avoir la paix. C’était ce que sa mère s’était empressée de faire. Elle les avait levés aux aurores pour aller déposer la candidature de Jinho au club des tous petits, histoire d’être sûre qu’il obtienne une place.
Jieun adorait Jinho. Il était son petit chéri, son bébé adoré, elle adorait prendre soin de lui et le gâter. Mais il fallait avouer que le supporter sans interruption toute l’année n’était pas une mince affaire. Elle méritait des vacances, et elle n’allait pas se gêner de les prendre si elles se trouvaient à portée de main : elle avait sauté sur le formulaire quand elle l’avait vu dans les bacs de la réception. Par conséquent, Yoongi se retrouvait tout seul ce matin, les deux autres l’ayant quitté pour aller finaliser l’inscription.
Le silence lui faisait un bien fou. Il pouvait enfin penser à autre chose qu’à la terrasse tremblante du bungalow, les secousses initiées par un petit garnement qu’il ne connaissait que trop bien, et qu’aux cris de sa mère qui essayaient de canaliser le petit en question. Là, assis dans une des chaises de la terrasse, un verre de jus de fruit et son matériel entre les mains, il était persuadé que si le paradis existait, il ressemblerait à ça.
Les humains et les cigales ne s’étaient pas encore réveillés, Yoongi seul au milieu du monde endormi. En plus, l’un des deux bungalows qui entourait le leur était inoccupé, pour son plus grand plaisir. Il n’entendrait pas les gosses et les engueulades d’inconnus en double. Son sentiment d’apaisement s’intensifia et il prit une gorgée de son jus frais.
Puis, il mit sur ses genoux le sac avec ses affaires qui était posé près de lui. Malgré ce qu’il s’était passé la veille, Yoongi avait finalement récupéré ce qui patientait encore dans la voiture. Mais il n’avait pas encore eu le temps de tout déballer. Enfin, il avait eu le temps, pas le courage.
Il inspira, puis tira sur la fermeture éclair. Son cœur se compressait d’angoisse en se revoyant lancer le sac dans la voiture, comme si tout ce qui y était rangé n’était pas fragile et précieux. Il ouvrit un œil, descendit la tirette jusqu’au bout du rail en plastique. Il glapit.
Plusieurs tubes métalliques s’étaient ouverts, des coulures de couleurs s’étendaient dans tous les recoins du tissu de son sac à dos, tapissaient ceux qui paraissaient intacts avec leurs bouchons et leurs extrémités encore scellés.
Une grimace dégoûtée sur le visage, Yoongi sortit chaque tube du bout des doigts, les déposant sur un plateau en plastique qu’il avait trouvé dans le bungalow. Il les aligna, puis balança son sac vide dans la pelouse qui entourait leur petite habitation, près du point d’eau où gisait un minuscule tuyau d’arrosage.
Il se mit à nettoyer les tubes un par un, les rendant comme neufs avant de les mettre à sécher sur un linge sec. Depuis hier, la peinture ouverte avait séché, et l’horreur de Yoongi croissait à chaque tube inspecté. Près d’un tiers était bon à jeter. Il fit le tri entre ceux qui étaient en état et ceux qu’il devrait laver.
Ses tubes en métal contenaient de la peinture qu’il fabriquait lui-même à partir de pigments naturels, qu’il trouvait ou achetait selon ses envies et ses trouvailles. Cela lui prenait beaucoup de temps et d’énergie, mais le rendait toujours très fier. Il adorait sentir le changement de consistance, voir les matières s’entremêler pour créer un doux mélange homogène, puis appliquer le fruit de son labeur sur la douceur de sa toile blanche.
Heureusement pour lui, sa peinture ne lui serait pas nécessaire dans les jours à venir. Il aimerait d’abord faire des esquisses, s’inspirer du paysage et de l’atmosphère qui régnait au camping avant de mettre de la peinture sur son carnet. C’était ce qu’il avait prévu de faire cet après-midi. Son plan était simple : aller à la plage, dessiner tout ce qui accrochait son regard, faire quelques portraits d’inconnus, puis voir ce qui était le plus exploitable.
Une fois sa longue tâche terminée et ses quelques larmes séchées, il passa son sac et ses tubes en métal au jet d’eau pour enlever toute la peinture restante. Il alla ensuite se chercher un petit-déjeuner dans la pseudo-cuisine. Les autres bungalows commençaient à se réveiller, et Yoongi se délectait d’assister à ce spectacle. Tout de sa posture nonchalante et assurée criait au monde : « moi, j’étais debout avant vous ! », comme si se lever tôt était l’objectif premier de la plupart des vacanciers lambda.
Sa mère revint peu de temps plus tard avec Jinho dans les pattes. Malheureusement pour elle, les clubs débuteraient le lendemain…
***
« Bon, j’y vais, amusez-vous bien tous les deux. »
Sans leur laisser une chance de le retenir, Yoongi quitta la table où ils avaient mangé ce midi. Il entendit sa mère et Jinho se plaindre et il les nargua en leur faisant un petit salut de loin, remontant son tote bag qui glissait de son épaule. Il prit la direction de la plage de l’hôtel, pas très loin de la piscine, toute proche d’un mini bar qui vendait des glaces entre quelques cocktails bien frais.
Si le maître-nageur avait été dans les parages, il se serait bien arrêté pour lui en acheter une, en remerciement de la veille. Une glace valait bien une vie sauvée. Même celle de son petit-frère qui pouvait être sacrément agaçant. Mais il n’était pas là. Il ne voyait pas sa carrure, ni son maillot rouge, la chaise haute au milieu de la plage tout aussi vide que celle de la piscine hier soir.
Yoongi, chaussé de ses plus jolies tongs, se détourna pour aller marcher sur le petit chemin en bois qui coupait la plage en deux. Il n’y avait pas grand monde en ce début d’après-midi. Le soleil tapait fort, et les rares courageux qui s’étaient installés sur le sable brûlant possédaient au moins un parasol, sous lequel ils protégeaient la peau blanche sortie des couches de vêtements d’hiver. Yoongi, lui, arrivait un peu moins à l’ombre, ne portant qu’un chapeau et un tee-shirt large en plus de son maillot de bain. Mais chaque espace de peau exposée avait été précautionneusement enduite de crème solaire pour bébé. Sa peau était si blanche et fragile que, sans elle, il sentirait sa peau peler au bout d’une heure d’exposition.
Après avoir marché dans la mer quelques minutes, il alla s’installer un peu en retrait, loin de l’eau pour avoir une vue d’ensemble de l’endroit. Il déplia sa serviette, s’assit et sortit son carnet. Il esquissa les premiers remous des vagues, les éclats de l’écume timide et les silhouettes à contre-jour des baigneurs et bronzeurs. Son crayon glissait entre ses doigts fins à cause de la sueur, et il n’arrêtait pas de rabaisser son chapeau sur la peau de sa nuque mordue par les UV.
Après avoir immortalisé tous les éléments de décor, même la cabane-bar, il se trouva en manque de sujets intéressants. Ou du moins, c’était ce qu’il voulait se faire croire. Une jolie jeune femme venait de prendre place près de lui, à quelques mètres tout au plus. Au milieu des pères et mères de famille, elle détonnait avec son bikini à fleurs et les nombreux rangs de colliers dorés qui ornaient son cou et ses clavicules délicates de jolis scintillements.
De profil, son visage était harmonieux, parfait dans toutes ses imperfections. Son nez était montagneux, et, entre sa gorge et son menton, sa peau avait l’air d’être comme un coussin moelleux. Elle ferait un modèle parfait. Yoongi le savait très bien. Mais il n’osait pas l’approcher.
Alors il commença à dessiner grossièrement ses traits, les affinant au fur et à mesure de son observation. Elle rencontra cependant ses limites quand il voulut se concentrer sur les détails de sa peau. Il crut apercevoir une petite tâche de naissance blanche sur sa paupière, mais il n’en était pas sûr. Elle devait approfondir son regard, éclairer son visage et lui donner des formes encore inconnues aux yeux de Yoongi.
Son cœur bondit à l’idée d’avoir trouvé un modèle si facilement. Mais un petit pic d’angoisse grandit aux côtés de cette joie naissante. Il ne restait plus qu’à l’aborder, puis lui proposer de poser. Et Yoongi ne savait pas s’il en était capable. Il ne voulait rien de plus qu’un portrait, très important pour lui, pour son avenir.
En effet, s’ils étaient venus ici, Jinho, sa mère et lui, c’était – bien évidemment – pour avoir des vacances, mais aussi pour permettre à Yoongi de voir du monde, de découvrir de nouveaux horizons. Parce que, d’ici la fin du mois, son but était de trouver un modèle, de le dessiner, puis de le peindre sur la toile qu’il avait amenée avec son matériel. Son but ? Créer avant la mi-août une peinture assez belle, émouvante, professionnelle, pour entrer dans l’école d’art dont il rêvait depuis toujours. Et le thème imposé, c’était les portraits.
Yoongi se frappa les joues. L’occasion était rêvée. La jeune fille était là, seule, pleine de ces particularités que Yoongi affectionnait tant, et il avait son carnet en sa possession. Aucune occasion aussi belle ne se présenterait devant lui. Il n’avait besoin que de la forme, pour s’en inspirer ensuite et créer sa toile. Alors, il se leva, ses jambes tremblotantes dans le sable chaud. Il s’avança à pas de bébé faon, son visage rouge de soleil et de gêne, jusqu’à s’arrêter près de la jeune femme.
« Excuse-moi ? Je te dérange ? »
Elle se tourna vers lui, un sourcil haussé.
« Non, enfin, je ne crois pas. »
Yoongi souffla, un peu rassuré. Il n’avait plus qu’à poser sa question.
« En fait, je dessine. Et je t’ai vue de loin, alors je me disais que… seulement si tu veux bien, je pourrais te dessiner ? »
Ce n’était pas comme si Yoongi n’avait pas déjà dessiné tous les contours de son visage, ni passé ses dernières minutes à essayer de guetter le moindre détail. Mais, pour sa conscience et son portrait, il pouvait bien lui demander. Ou alors, il pouvait être honnête.
« Il se trouve que je t’ai un peu dessinée de loin avant de venir, fit Yoongi avec un rire embarrassé. C’est pour faire ton portrait. Je peux te montrer, et tu me dis ? »
La jeune fille acquiesça, puis Yoongi lui tendit son carnet à la page où elle était représentée. Elle s’installa sur le ventre, faisant rouler son corps en montrant l’arrière. Elle détailla le petit portrait d’elle, et puis un signe de tête appréciateur.
« C’est très joli.
- Merci. »
Yoongi sentit ses joues crépiter, leur rougeur masquée sous celle du soleil. La jeune femme referma le carnet, puis le tendit à Yoongi par-dessus son épaule, ne prenant même pas la peine de se retourner. Son corps alanguit coula sur le sable, et elle dégagea les cheveux qui couvraient sa nuque. Elle le regardait avec les yeux d’un foncé inquiétant, qui paralysa complètement Yoongi, et pensa comprendre qu’il ne ferait jamais plus le premier pas.
« Eh bien, qu’est-ce que t’attends ? Dessine-moi comme l’une de tes françaises, s’impatienta-t-elle. »
Son épaule fut libérée de la bretelle de son maillot de bain, avant qu’elle ne penche la tête pour lui donner un angle étrange. De ce point de vue, Yoongi pouvait bien voir la tâche blanche qui reposait sur sa paupière. Mais, bizarrement, elle lui semblait bien moins attirante vue qu’imaginée.
« Je crois qu’on ne s’est pas bien compris. Je veux juste dessiner ton visage, pas le reste. »
Cela ne dû pas lui plaire, car son visage se décomposa, elle remit ses cheveux en place et s’assit de façon peu élégante sur sa serviette de plage avant de se lever et de ranger ses affaires. Elle marmonnait des mots incompréhensibles aux oreilles d’un Yoongi désemparé face à cette réaction. Il n’avait pas voulu être blessant.
« Enfin, ce n’est pas que ton corps n’est pas beau, au contraire ! Mais je voulais dessiner ton portrait-
- Ouais, bah tu iras chercher quelqu’un d’autre. »
Elle ponctua sa phrase en donna un coup d’épaule à Yoongi, son carnet tombant dans le sable. Sous le choc, il ne put rien rétorquer. Ce ne fut qu’une fois éloignée qu’il se baissa pour le ramasser, soufflant sur les pages et sur la couverture griffée par le frottement de l’atterrissage. Ses doigts longeaient avec délicatesse les traces, et il retint toute colère de naître en son for intérieur.
Même s’il ne comprenait pas cette réaction disproportionnée et sans aucun sens, qu’elle lui faisait ressentir un goût amer dans sa bouche et que l’envie de crier était tout aussi présente, il n’en fit rien. La silhouette féminine se fondait dans le décor jusqu’à disparaître de la vue et du ressentiment de Yoongi.
Quand même un peu secoué, il retourna à sa propre serviette, sur laquelle il se laissa tomber, épuisé. Il rangea son carnet dans son sac, puis écarta les bras et les jambes comme une étoile de mer échouée sur la plage, bien installé en plein soleil, son chapeau tombé non loin à cause du mouvement. Ainsi allongé, il pourrait presque se fondre dans le décor après une déconvenue aussi violente.
Il resta immobile de longues minutes, les yeux clos, pour digérer l’altercation, jusqu’à ce que le orange chaud qu’il voyait dans ses paupières ne se transforme en un froid noir.
« Tout va bien ? Tu vas attraper un coup de soleil sans ton chapeau. »
Le chapeau en question lui tomba dessus avant même que ses yeux ne s’habituent de nouveau à la luminosité. Une silhouette à contre-jour le surplombait, et Yoongi reconnu enfin la voix de celui qui avait sauvé Jinho de la noyade. Cela le fit se relever, les coudes de chaque côté de son corps. Le jeune homme se tenait au-dessus de lui, un grand sourire enfantin sur le visage et les poings sur les hanches. Ses cheveux étaient secs à cause de l’eau de mer, ses jambes lézardées de sable. Et Yoongi se demandait pourquoi il était venu le voir.
« Merci. »
Il s’enfonça son chapeau sur la tête, l’avant cachant le haut du corps du nouveau venu. Il devait relever le menton pour apercevoir son visage, toujours aussi souriant. Il avait l’air beaucoup plus accessible que la veille, l’aura de sauveur toujours présente mais bien atténuée par son maillot aux rayures multicolores et la chaleur qu’il dégageait. Il ressemblait à une personne tout à fait normale, quoiqu'un peu excentrique avec son look coloré et débraillé.
Yoongi ne sut pas quoi ajouter, alors il garda le silence, ne sachant pas s’il souhaitait retrouver sa solitude ou continuer ce semblant de conversation. Le maître-nageur devait l’avoir bien compris, car, d’un bond étrange, il s’assit aux côtés de Yoongi, les fesses dans le sable. Il se tenait vraiment près de lui, car il pouvait presque sentir les poils clairs de son bras frôler sa peau pleine de crème solaire.
« Je sais pas ce que tu lui as dit pour qu’elle parte, mais ça a pas dû lui faire plaisir.
- J’ai rien dit de spécial.
- Alors tu sais pas pourquoi elle est partie ? »
Yoongi répondit en faisant un signe négatif de la tête. C’était vrai, il n’en avait aucune idée. Il aurait même bien aimé qu’on lui explique où il avait merdé. Personne ne réagissait ainsi pour un simple portrait, n’est-ce pas ? S’il avait connu ce mystérieux maître-nageur depuis plusieurs jours, peut-être lui aurait-il confié son interrogation. Mais le fait était qu’il ne connaissait même pas son prénom.
« Au fait, moi c’est Hoseok ! Et toi ?
- Yoongi.
- D’accord Yoongi. Comment va ton frère ?
- Mieux, il s’est remis à courir partout dès qu’il s’est réveillé. »
Le dit Hoseok se mit à ricaner. Il n’avait pas du tout l’air mal à l’aise de parler avec lui, se comportait de façon très naturelle. C’était typiquement le genre de chose que Yoongi ne savait pas faire, mais, pour une raison inconnue, à chaque mot échangé, il avait envie d’en dire plus. Il avait aussi retenu son exclamation de surprise quand il lui avait partagé son prénom, répondant sans le savoir à sa question.
« Ça m’étonne pas. J’ai même pas eu le temps de le voir arriver à la piscine avant que je ne l’entende tomber dans l’eau tout habillé. Heureusement que j’étais pas allé me chercher un coca au même moment. »
Là, Yoongi retint son visage de se décomposer. Venant d’un maître-nageur, savoir que la surveillance pouvait être si facilement oubliée avait fait rater un battement à son cœur. Pour peu de choses, ils auraient retrouvé Jinho trop tard.
« Mais t’en fais pas, y a toujours au moins deux maîtres-nageurs à chaque endroit.
- C’est pour ça que tu es là ? Tu laisses ton collègue travailler à ta place ? »
Oui, Yoongi avait du mal à laisser passer certaines choses, même s'il venait d'être rassuré. Les derniers zestes d’aura héroïque d’Hoseok venaient de partir en fumée. Mais ça n’avait pas l’air de déranger le concerné, qui continua :
« Il me devait une faveur, j’avais envie de venir te parler. T’étais drôle à voir. »
Du doigt, il pointa la chaise haute, qui, auparavant vide, était maintenant occupée par une autre personne. Elle portait le même maillot qu’Hoseok et semblait concentrée sur les vagues, où commençaient à nager de plus en plus de baigneurs.
« Au moins, tu sais que mon frère n’est pas mort. Tu n’as plus besoin de te préoccuper de quoi que ce soit.
- Ce n’est pas que pour ça que je suis venu. Je te l’ai dit, tu avais l’air drôle. Surtout quand tu t’es allongé. »
Yoongi tritura son chapeau, repliant ses jambes pour poser son menton sur ses genoux. Que répondre à ça ? Surtout quand l’autre le regardait avec tant de force, et que l’écart entre eux s’amenuisait à chaque mot prononcé ? Depuis combien de temps Hoseok le regardait-il ? Etait-il vraiment venu seulement pour lui parler et apprendre à se connaître ? La respiration de Yoongi vacilla. Il s’écarta un peu sur sa serviette, à la lisière entre le tissu éponge et le sable. Ce n’était pas qu’Hoseok était méchant, au contraire, mais cette proximité précipitée donnait envie à Yoongi de partir en courant.
Il avait l’impression de rejouer la scène avec la jeune fille de tout à l’heure, qu’il avait les mêmes intentions. Il le voyait bien descendre l’inexistante manche de son tee-shirt ou le lever exprès pour montrer le bas de sa physionomie. Et cela ne l’intéressait pas du tout. Au contraire, cela cassait tout le charme de leur première rencontre, et du début de deuxième qu’ils avaient eue.
Au lieu de ça, il aurait bien aimé discuter encore un peu, lui offrir une glace en remerciement, puis le laisser travailler pour le revoir peut-être quelques jours plus tard. De façon amicale. Il n’aimait pas ce petit ton grave qu’il venait d’utiliser, son regard trop puissant pour être innocent. Hier, il avait apprécié son air calme, détaché, son professionnalisme, la gentillesse presque maternelle qu’il avait eue envers Jinho, sa réactivité face à la situation. Maintenant, il avait l’impression que rien de tout ça n’avait existé.
« Ecoute, je suis très flatté, mais, restons-en là, d’accord ? Je suis sûr que tu trouveras quelqu’un d’autre à qui « parler ». Je ne suis pas intéressé.
- Attends, je crois qu’on ne s’est pas bien compris. »
Yoongi agrippa son téléphone, son sac et sa serviette. Il secoua cette dernière, balançant les petits grains dans le vent et les yeux d’Hoseok. Et, entendant les plaintes du maître-nageur, il se mit à courir direction son bungalow, les tongs s’emmêlant dans le sable, ses oreilles bourdonnantes de ses pensées. Yoongi, même s’il avait crevé d’envie d’offrir une glace à ce bel inconnu, ressentait maintenant l’angoisse des insinuations devant la rencontre accomplie.
Il s’était enfui, mais c’était pour le mieux. Digérer deux déceptions en un si court laps de temps n’était jamais chose aisée.
***
Hum hum...
Je suppose que pour vous y a beaucoup de déceptions, entre moi qui publie pas le bon jour et le sope qui meurt dans l'oeuf mdr
Mais ne vous inquiétez pas, tout ira mieux dans les chapitres suivants :)
En tout cas, j'ai pas pu poster hier, le destin a pas voulu que je finisse mon chapitre, et en plus quand j'ai fini j'étais pas satisfaite de la fin (je suis un clown, oui).
Je sais pas trop ce que ça donne, je suis un peu moins contente de ce chapitre, même si j'ai fait des changements. Mais bon, il est là et c'est le principal !
Je vous dis à samedi prochain (s'il m'arrive pas encore des galères entre temps) ♡
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