CHAPITRE N°15. 2/2
"J'ai rencontré Elias le jour du mariage de ma sœur, commença le jeune homme sans quitter la toile du regard. C'était le frère du futur marié. J'avais vaguement entendu parler de lui... et pas forcément en bien, puisqu'ils ne s'entendaient pas du tout avec Jack, avoua Harry en souriant légèrement à ce souvenir. J'ai été surpris d'apprendre qu'il venait au mariage, parce qu'ils ne s'étaient pas vus depuis presque deux ans.
Elias était parti en Italie avant la fin de son lycée pour intégrer une prestigieuse école de peinture. Puis il s'était installé à Florence à la fin de sa formation. Ce n'est que plus tard que j'ai compris que c'était leurs parents qui avaient fait des pieds et des mains pour qu'Elias soit présent au mariage... Sans savoir que cette journée allait changer le cours de la vie de bien des gens, avoua-t-il un air à la fois triste et nostalgique sur le visage.
Je ne sais pas vraiment ce qui m'a fait fondre le plus rapidement : sa beauté froide, son côté hautain, son style renversant ou bien sa tête à claque, énuméra-t-il en rigolant. Il était le parfait opposé de son frère. Jack était doux, gentil, attentif et émotif. Rien ne pouvait laisser deviner qu'ils étaient frères à part leurs grands yeux noirs et leurs cheveux couleur corbeau, expliqua-t-il avant de reprendre après une grande inspiration. Il a passé toute la journée du mariage à se plaindre... et je sais de quoi je parle parce qu'on m'avait expressément demandé de le surveiller. Tu parles, qu'est-ce qu'un gamin de dix-sept ans pouvait bien faire face à un homme de presque vingt-cinq ans, prêt à tout pour faire comprendre sa mauvaise humeur ?
-On t'a demandé de chaperonner le frère du marié ? s'étonna Louis en ouvrant la bouche pour la première fois.
-C'est à peu près ça ouais ! répondit Harry souriant au souvenir de cette soirée. Je devais faire attention à ce qu'il ne boive pas trop, qu'il ne fume pas n'importe quoi, qu'il ne parle pas à telle ou telle personne... j'avoue qu'à la fin du repas j'étais épuisé de ma journée et que je n'avais même pas vraiment pu profiter de la fête !
Alors j'ai fini par laisser tomber ma mission, j'ai pris une bouteille de champagne, de quoi fumer et je suis allé prendre l'air... sans me douter qu'il me suivrait et que nous passerions le reste de la nuit à parler d'art, à boire différent champagne, à fumer, à nous embrasser à en perdre haleine puis à faire l'amour jusqu'à ne plus en pouvoir...
Le lendemain matin, je me suis réveillé seul et même si je m'y attendais, je me souviens avoir eu très mal au coeur... Puis quand je me suis levé pour rejoindre tout le monde au brunch, Jack m'a donné une enveloppe avec un mot de la main de son frère qui m'était destiné. Il y disait qu'il avait passé une très agréable soirée grâce à moi et qu'il espérait que le destin permette à nos chemins de se croiser de nouveau.
Nous avons patienté plus d'un an puisque ce n'est qu'à l'automne suivant que nous nous sommes revus. Je venais d'entrer en fac de psycho et sur les conseils de Jack, j'ai intégré une école privée pour suivre un second cursus en art. Selon lui, j'avais du talent et il fallait que j'apprenne à l'exploiter correctement. Alors je me suis inscrit aux cours du soir. J'avais trois séances par semaine de dix-neuf à vingt-deux heures avec des intervenants différents... et Elias a été l'un d'eux.
-Il a été ton prof ? répliqua Louis en se tournant vers lui.
-Oui ! répondit Harry en riant. Tu imagines ma surprise ?!
-Jack ne t'avait pas prévenu ?
-Non ! Elias n'avait prévenu personne de son départ d'Italie ! Et puis, je voyais peu Jack et ma sœur puisqu'ils étaient partis vivre à Paris peu de temps après leur mariage, crut bon de préciser Harry.
-Il avait de si mauvaises relations avec sa famille ?
-Malheureusement oui... répondit Harry avant de reprendre le cours de son histoire. Le premier cours, il m'a ignoré et j'ai vraiment été très très vexé. Alors, lors du second, j'ai tout fait pour le rendre fou....
-C'est-à-dire ?
-Oh... tu sais comment on peut être quand on a 18 ans. Je me suis installé au premier rang et je l'ai dévoré du regard. Je répondais à toutes ses questions avec des allusions sexuelles si obscènes que j'ai réussi à faire rougir ma voisine de table !
-J'ai du mal à te croire, répondit Louis, amusé.
-Et pourtant... sourit Harry à ce souvenir. A la fin du cours, il m'a demandé de rester pour me parler. Mais je suis parti avec un sourire hypocrite sans un regard en arrière. Le jeudi suivant, je suis sorti avec quelques potes et je suis tombé sur Elias en boîte. J'ai à peine eu le temps de croiser son regard que je finissais déjà chez lui. Je ne suis reparti de son appartement que le dimanche soir avant d'y retourner dès le lendemain après notre cours. Il était toujours aussi hautain et imbu de lui-même mais j'ai rapidement compris qu'il jouait un rôle et que sous ses airs horripilants se cachait la belle personne que j'avais aperçu lors du mariage de ma sœur.
-Donc... Vous avez commencé à vous fréquenter alors qu'il était toujours ton professeur ? interrogea Louis sans le quitter du regard.
-Je sais que c'est moche mais... oui. Au début, je pensais que ce ne serait qu'une aventure mais nous avons continué... encore et encore, et contre toute attente c'est lui qui a proposé d'officialiser auprès de nos proches au bout d'un an. Ça a surpris voire même choqué beaucoup de monde. Mais ils ont vite compris que nous étions bien tous les deux. Et que le début de notre relation coïncidait avec le moment où il avait commencé à faire plus d'efforts auprès de sa famille... dont son frère...
-Tu voulais qu'ils recollent les morceaux ?"
Harry répondit par un sourire avant de hocher la tête.
"Exactement, mais quand Gemma et Jack sont rentrés à Londres, les querelles sont reparties de plus belle. Avec ma sœur, nous avons tout fait pour qu'ils se réconcilient et finalement au bout de plusieurs mois, l'animosité s'est atténuée et ils ont fini par s'entendre grâce à l'art. Ils ont commencé à travailler ensemble, à faire des expos à deux et ils ont même investi dans un local pour travailler au même endroit. C'était inespéré ! Nous avons passé de supers moments tous ensemble et c'est sans doute la période la plus heureuse de ma vie, avoua Harry en détournant le regard vers le fameux tableau de la mère de Louis, les larmes aux yeux. Mais... ça n'a duré qu'un temps et malgré tout notre amour... Elias restait un égoïste de première. Du jour au lendemain, il m'a annoncé qu'il partait à Rio.
-Mais pour y faire quoi ?!
-On l'avait contacté pour un projet de fresque dans une cathédrale. Une mission magnifique et je comprends qu'il ait tout de suite accepté. C'est le genre d'opportunités qu'il ne faut pas louper ! Il m'a proposé de venir avec lui, mais je n'avais pas fini mes études ! Je commençais ma première année de master et je ne pouvais pas tout plaquer pour lui, même si mon coeur me criait de le faire... Et pour être honnête, je ne pensais pas qu'il partirait vraiment, avoua Harry, le cœur encore lourd de cette déception. Naïvement, je pensais qu'il m'aimait trop pour me laisser. Alors, évidemment, ce qui devait arriver arriva et au bout de trois ou quatre mois, nous commencions déjà à moins nous appeler, à moins nous écrire et nous avons terminé par quasiment plus nous parler au bout de sept ou huit mois, souffla-t-il en reniflant légèrement. Puis à la fin de mon master, un an et demi après son départ, alors que ça faisait presque six mois que je n'avais pas eu de nouvelle, j'ai reçu un mail où il me demandait de venir le rejoindre pour l'été. Je venais de passer mon concours d'instit' alors je n'avais pas de raison de le lui refuser parce que je savais que je l'aimais toujours. J'ai pris un billet d'avion et je suis parti le lendemain pour le Brésil sans en parler à qui que ce soit, parce que tout le monde aurait désapprouvé...
-Parce qu'il t'avait rendu malheureux ?
-Oui, je ne suis pas le seul a avoir vécu son départ comme un abandon, expliqua Harry. Quand je suis arrivé et qu'il m'attendait à l'aéroport avec un panneau en carton ridicule où il avait écrit mon prénom entouré d'un cœur, j'ai couru dans ses bras ! Il m'a couvert de baisers, j'ai pleuré, il a pleuré et on ne s'est plus quittés de l'été mais... je suis rentré à Londres sans lui.
-Il a vraiment eu à coeur de te laisser rentrer ?
-Oui. Il aimait sa vie au Brésil et son projet n'était pas encore terminé, répondit Harry en haussant des épaules. De mon côté, je venais d'avoir les résultats de mon concours et il me restait une année de stage à faire pour clôturer mes études. Donc nous nous sommes juste promis de nous retrouver dans l'année qui viendrait. Mais... Quelques semaines après mon départ, il a réalisé qu'il ne pouvait pas continuer comme ça, alors il a tout plaqué pour rentrer plus tôt. Comme il voulait me faire la surprise, il ne m'a pas averti de son retour. Il a demandé à son frère de venir le chercher à l'aéroport et... ils ont eu un accident sur le chemin du retour...
*
Après les révélations de Harry, les deux garçons restèrent silencieux pendant un long moment. Puis, Harry emmena Louis en réserve. Quand il avait passé son coup de fil à Johanna, elle lui avait spécifiquement demandé de s'y rendre pour jeter un coup d'œil au casier portant le nom Walsh. Quelle fut alors sa surprise de découvrir toutes ces toiles des deux frères... Harry fut ému, vraiment et il se fit un plaisir de les sortir une à une avec Louis pour les observer les unes après les autres.
"Du coup... au-delà de ta passion pour l'art et la peinture, tu es toi aussi un artiste ?" demanda Louis en passant son regard sur les différentes toiles des frères Walsh.
Harry se tourna vers Louis en haussant les épaules. Le jeune homme devait-il toujours se considérer comme un artiste alors qu'il n'avait pas touché à un seul pinceau pendant presque trois ans ? Peut-être avait-il repris mais cela était bien trop récent pour qu'à ses yeux, il le soit toujours.
"Je l'étais, rectifia-t-il.
-Tu me montrerais ce que tu faisais ?
-J'aimerais bien, mais... ça va être compliqué, avoua Harry en se pinçant les lèvres. A leur mort, j'ai jeté tous mes travaux. Ca me rappelait trop de mauvais souvenirs."
Il s'avança vers la toile que venait de récupérer Louis dans le casier assigné aux deux artistes.
"Comment se fait-il qu'il y ait autant de toiles d'eux-deux ici ? demanda alors le chanteur en se tournant vers lui.
-Quand Elias et Jack ont commencé à travailler ensemble, personne ne voulait prendre le risque de les exposer ! Leur mésentente était si explosive qu'aucun galeriste ne leur faisait confiance, de peur de voir l'un des deux repartir avec ses toiles sous le bras du jour au lendemain, commença Harry en le regardant. Ta mère avait travaillé avec eux, séparément, et elle a été la première à leur faire confiance. Leur première exposition commune a eu lieu ici, expliqua Harry en s'approchant du tableau que Louis venait de dénicher. J'aime beaucoup celui-ci... murmura-t-il. A leur mort, nous sommes venus avec Gemma et Marsha, la mère de Jack et Elias. Nous avons donné une grande partie de la collection à ta mère et je vois qu'elle n'a pas pu se résoudre à les vendre.
-J'imagine qu'elle connaît votre histoire et qu'elle savait qu'un jour ta sœur, toi ou peut-être même Daniel aurait besoin de revenir les voir.
-C'est exactement ça."
Louis laissa le jeune instituteur observer la toile avant de la ranger dans le casier alors que les paroles de sa mère lui revinrent en mémoire. Désormais, il comprenait ses quelques mots soufflés à l'oreille avant son départ de la galerie pour les laisser en tête à tête.
"A part ceux de ta chambre, c'est la première fois que tu revois leur tableau ? demanda Louis en refermant le casier.
-Oui... et je ne pensais pas que ce serait si facile. Ca me fait mal au coeur, évidemment ! J'imagine que ça me fera mal jusqu'à la fin de ma vie, mais ça va, affirma-t-il en relevant un regard brillant vers la rockstar.
-Je te trouve très courageux.
-Merci... souffla Harry en baissant le regard. J'avoue que je commence tout juste à remonter la pente. Après leur mort, j'ai tout envoyé en l'air, je me suis barré au milieu de mon stage, je me suis renfermé sur moi-même au point de ne plus vouloir sortir de chez moi. Heureusement que je vivais avec Zayn sinon je ne sais pas où j'en serais. J'ai perdu la plupart de mes amis et j'étais désespérément seul.
-Ta famille ne t'a pas soutenu ?
-Ils ont essayé comme ils ont pu mais il y avait Gemma et Daniel ! Sans compter sur Marsha et Philipp, les parents de Elias et Jack. Ils ont essayé d'être présents pour nous aussi mais... je ne les ai pas revus depuis que nous sommes venus donner les toiles. C'était trop difficile" avoua-t-il en lui faisant signe de le suivre pour quitter la réserve.
Louis le suivit à l'extérieur pour retourner dans la galerie, il lui proposa de faire du café puis ils s'installèrent dans un des petits salons avec leurs boissons chaudes.
"Et ta soeur dans tout ça ? interrogea Louis.
-Elle a tenu bon pendant un an et demi... Elle s'est battue, corps et âme, pour son petit mais elle a fini par craquer, avoua Harry en plongeant son regard dans sa tasse de café. Elle est arrivée chez Zayn et moi un soir, hystérique... sûrement droguée avec une surdose d'anxiolytiques... et elle nous a laissé Daniel. Elle a disparu pendant près de quatre mois, sans donner de nouvelles. Quand elle est revenue, j'ai compris qu'elle ne redeviendrait sûrement plus jamais la même. Depuis je m'occupe de Daniel comme je peux. J'essaie de lui donner un petit peu de stabilité mais ma place est plutôt compliquée.
-Je comprends, avoua Louis en réfléchissant à toute cette situation. Mais d'après ce que j'ai vu, tu n'as pas peur que ça mette le petit en danger ? ajouta-t-il se rappelant l'épisode où Gemma avait oublié de venir le chercher à l'anniversaire de Daisy.
-J'y pense chaque jour qui passe Louis, répliqua Harry en reniflant. Sauf que j'ai peur que cela dérape si j'en parle. Ma mère serait prête à se battre pour récupérer la garde de Daniel, sauf qu'elle vit à l'autre bout du pays et il n'est pas question de mettre autant de kilomètres entre lui et moi... Quant à ma sœur, j'ai peur qu'elle fasse une bêtise si nous en arrivons là."
Louis hocha lentement la tête en réalisant le bazar qu'était la vie du jeune instituteur. Bien qu'il ait tout de suite décelé une grande tristesse dans son regard lors de leur première soirée, jamais il ne se serait imaginé que ce soit aussi tragique.
"Tu n'as pas une vie facile, résuma alors Louis.
-Oui... et je comprendrais si tu voulais prendre tes jambes à ton cou et faire comme si nous ne nous étions jamais rencontrés.
-Même si je le voulais, j'en serais incapable Harry... parce que je crois que je suis déjà bien trop attaché à toi"
Les joues du plus jeune se teintèrent de rose et l'aîné reposa sa tasse vide pour se rapprocher de lui. Harry l'imita et se tourna vers le chanteur pour le regarder dans les yeux. Le plus vieux glissa une main contre sa joue avant de se pencher vers lui et de l'embrasser. A cette simple caresse, tous les doutes de Harry s'envolèrent. Même si sa vie était un bordel sans nom, il savait que Louis ne lui en tiendrait pas rigueur. Il le savait parce que ce baiser était définitivement la promesse d'un avenir meilleur... avec lui.
Quand le souffle vint à leur manquer, leurs lèvres se séparèrent et Harry enfouit son visage dans le cou de Louis, un sourire sur les lèvres.
Il était à sa place.
Enfin.
"Je t'invite à déjeuner ? proposa alors Louis en caressant son dos.
-C'était moi l'organisateur de cette journée, lui rappela Harry en inspirant profondément.
-Peut-être, mais après tout ce que tu viens de me dire, j'estime que je peux bien t'inviter à manger non ?"
Harry se redressa en hochant lentement la tête et Louis lui vola un baiser avant de murmurer contre ses lèvres :
"Allons-y"
Le plus jeune sourit avant de lui prendre un autre baiser et ils se levèrent. Louis débarrassa les deux tasses de café et les ramena à la cuisine puis ils quittèrent la galerie après avoir baissé le store et fermé la porte à clé. Ils remontèrent tranquillement jusqu'à la voiture de Harry et se glissèrent dans l'habitacle. Le conducteur se tourna vers Louis et l'interrogea sur leur destination.
"Ca te dit de manger Japonais ?"
Harry approuva d'un signe de tête et attrapa son téléphone pour le donner à Louis afin qu'il mette le GPS après que ce dernier lui ait dit ne pas connaître la route pour y aller. Mais en illuminant son écran il fronça les sourcils. Quatre appels manqués de sa mère, trois de Zayn et même un de Perrie et cela, en moins d'une heure. Il blêmit en imaginant tout de suite le pire et Louis posa une main sur sa cuisse en l'interrogeant.
"Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Je ne sais pas, ma mère, Zayn et Perrie ont tenté de m'appeler ..." répondit-il en composant le numéro de sa mère.
Harry colla son téléphone à son oreille, le coeur battant. Il se mordilla l'intérieur de la joue, attendant avec angoisse d'entendre la voix de sa mère résonner dans son oreille.
"Harry ?
-Désolé, j'avais pas mon téléphone avec moi et...
-Où es-tu ?
-Je... avec un ami. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu commences à me faire peur Maman !
-Ta sœur est à l'hôpital."
#RMLMfic _ J'avoue que je ne suis pas bien bavarde ce soir ! Pourtant il y a tant à dire après un chapitre comme celui-ci.. je vous laisse vous exprimer !
Merci à Butterfly_1802 ! comme toujours !
Love, Phil.
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