Chapitre 10

09h02

Ayden se précipita pour remonter à la surface. Il prit une grande inspiration et chercha Rayane du regard, il finit par l'apercevoir quelques mètres plus loin, il s'approcha de lui en la brasse.

-Comment tu te sens? Questionna t-il essoufflé.

-Ça va, ça va. Il cracha de l'eau.

L'eau continuait à augmenter petit à petit. Ayden commença à paniquer. Ils étaient piégés. Il n'y avait aucune issue.

L'eau remplit entièrement la salle, les deux adolescent se retrouvèrent submergés , prisonniers, piégés. Noyés. Ayden prit la main à Rayane, leurs yeux commencèrent à rougir, leur temps d'apnée était limité.

Sans aucune raison, Ayden baissa la tête et remarqua qu'un trou triangulaire était apparu sur le sol de la salle. Il regarda Rayane et lui montra. Il s'enfoncèrent au plus prés de ce qui semblait être leur seule issue, leur seul moyen de survie. Ayden lâcha la main du deuxième garçon et passa en premier. Au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans le tunnel sombre, l'eau se refroidissait. La gorge d'Ayden le brûlait, il n'avait qu'une envie, c'était de l'ouvrir, la douleur lui devenait insupportable, elle devait disparaître. Ils s'enfoncèrent encore et encore. Le brun savait que Rayane le suivait, il sentait ses mains frôler ses baskets. Au moment où Ayden allait ouvrir la bouche, au moment où il allait faire disparaître cette sensation de brûlure, une lumière traversa l'eau, elle venait de quelques mètres plus loin. Ayden se laissa glisser sur les derniers mètres pour rencontrer cette lumière qui semblait être naturelle, il ferma les yeux tellement elle était vive. Et puis cette sensation désagréable disparut en quelques secondes. Il pouvait à nouveau respirer.

Il ré-ouvra les yeux et un ciel bleu l'accueillit. Il suffoquait, son cœur s'emballa, il mit ses mains sur son tee-shirt imbibé d'eau, il tremblait de froid. Il s'assit, les jambes croisées, il posa ses mains à plat sur l'herbe chaude avant de chercher Rayane . Il tourna la tête vivement de droite à gauche, puis il le vit derrière lui ,allongé sur le dos, dégoulinant d'eau. Ayden s'approcha de lui, en traînant difficilement ses genoux. Rayane avait encore les yeux fermés.

-Rayane? Dit-il en le secouant.

Aucune réponse.

-Rayane!? Hurla t-il.

Il posa son oreille sur son thorax, au niveau du cœur. Aucun battement.

Il était mort.

Une main humide se posa sur l'épaule d'Ayden, dans un sursaut il fit volte face. Lucas se tenait debout, mouillé, dégoulinant d'eau.

-Ayden, ça va ? Questionna t-il essoufflé.

-Je connaissais juste son nom. Des larmes coulèrent le long de son visage, se mélangeant à l'eau froide. Sa vue se brouilla.Lucas, plaça une serviette bleue devant Ayden. Ce dernier, son regard ne quittant pas le corps sans vie de Rayane, prit la serviette et essuya les gouttes d'eau qui lui glissaient sur le visage. Il se leva, et posa délicatement la serviette sur le visage du défunt.

-Ayden. Dit Lucas en re-posant sa main sur son épaule.

Il se tourna vers son interlocuteur, son ami se décala et son champ de vision s'élargit. Son sang se glaça et le temps s'arrêta autour de lui. Le jardin était couvert de corps sans vie.

-Il y a dix morts. Chuchota Lucas.

-Garrett ? Joy ? Demanda Ayden, terrifié.

Deux silhouettes arrivèrent par la droite. Joy et Garrett visiblement en état de choc.

-Ma... Marion est morte. Elle s'est, s'est noyée. En même temps ça me semble logique il y avait de l'eau. Dit Joy se passant sans arrêt la main dans ses cheveux dégoulinant.

Elle éclata de rire et se jeta en arrière son dos s'écrasant.Garrett la regarda tomber et s'écarta pour ne pas la toucher. Il regarda Lucas et Ayden d'un regard sans expression.

-Elle est en état de choc. Moi aussi je crois.

Il se mit à rire à son tour sans aucune raison puis se mit à genoux. Seuls Ayden et Lucas restèrent debout à regarder ce champ entouré d'un mur blanc.

Trois portes s'ouvrirent et des hommes vêtus d'une combinaison blanche et d'un masque qui couvrait leur bouche rentrèrent dans la grande pièce. À leur arrivée,une ambiance lourde s'installa. Chaque homme se mit à coté d'un mort. Un de ces inconnus passa à coté d'Ayden en le bousculant de son épaule. L'adolescent suivit du regard l'homme s'immobiliser en face de la dépouille de Rayane. L'adulte habillé de blanc sortit une petite lamelle transparente, il visa le corps avec l'objet. En un instant le corps de Rayane s'enfonça dans le sol herbeux.

A la fin de cette scène, l'inconnu repartit en même temps que tous les autres en direction d'une porte se confondant avec le reste du mur. L'ambiance malsaine disparut à la sortie des adultes blancs. Joy et Garrett se relevèrent difficilement. Les amis formèrent un losange.

-C'est qui ces fantômes? Demanda Lucas.

-Des infirmiers. Répondit une voix masculine, qui venait de la gauche.

Le losange qu'avaient réalisé les quatre jeunes s'éclata, ils se mirent en ligne face à l'homme qui les avait interrompus. Joshua se tenait les bras croisés, le visage sans expression. D'autres jeunes de la classe rejoignirent les amis. Ayden n'avait même pas remarqué leur présence..

-Vous venez de terminer l'épreuve de l'eau. Vous n'êtes plus que dix, ça a été un énorme carnage. Déclara Josh le visage sévère. Allez manger, vous avez cours cet après midi.

Ayden aperçut dans son champ de vision Joy prendre une grande inspiration encore son grand sourire sur les lèvres. Il sut qu'elle allait prendre la parole une nouvelle fois. Avant qu'elle ne la prenne, il déclara peureusement :

-Les fantômes, où ont-ils emmené les corps ? Son cœur s'accéléra.Joshua sans même chercher la personne qui avait posé la question répondit sans conviction.

-Dans une salle où ils vont être incinérés. Il tourna les dos aux élèves et rentra dans un trou rectangulaire du mur, une porte peut-être.

Il disparut de la même façon dont il était apparu dans la salle herbeuse.Les dix survivants restèrent plantés sur place sans même parler, aucun d'eux ne savait quoi dire.

15h23

Ayden s'assit sur une chaise en face de la porte. Il sortit la plaque bordeaux qu'il avait prit en sortant de sa chambre. Quelques minutes plus tard la porte s'ouvrit et une femme en sortit.

-Ayden? Tu peux rentrer si tu le souhaite. Dit la psychologue d'un ton sur.

Ayden se leva de sa chaise et rentra dans la pièce lumineuse À l'intérieur, il y avait un bureau devant une grande fenêtre qui donnait sur une place avec une dizaine d'arbres. Il se tourna vers l'adulte qui s'était installée dans un fauteuil en face d'un canapé d'angle gris. La femme était métisse, elle avait de long cheveux lisses, noirs, qui tombaient en cascade sur ses épaules.

-Tu peux venir t'asseoir ou bien rester debout, comme tu veux.-Je vais rester debout si ça ne vous dérange pas.Elle hocha la tête avec un mince sourire et prit la parole.

-Parle moi de ce qui s'est passé Ayden.Il souffla par le nez et s'approcha de plus près de la baie vitrée. Observant son reflet.

-Vous voulez que je commence par quoi ? Je ne sais pas vraiment me confier aux personnes.

-Tu es proche de Lucas, non? Ayden fut choqué par la question qui n'avait rien avoir avec ce qu'il avait dit. Il répondit en bafouillant.

-C'est mon meilleur ami alors... c'est normal que je sois proche de lui.

-Et si ça avait était lui à la place de Rayane? S'il était mort dans cette épreuve? Il ne sut quoi répondre. Comment pouvait elle être déjà au courant ? La femme croisa ses mains sur ses genoux et repris.

-Crois-tu qu'il ait souffert ?Il réfléchit et répondit le plus calmement possible, mais sans sourire.

-Quand on se noie, nous faisons quelque chose de stupide, on garde sa respiration. On se force à garder la bouche fermée. Jusqu'à cette sensation de brûlure dans la gorge, c'est à ce moment là que l'on ouvre la bouche, on laisse l'eau s'emparer de nos poumons, de notre vie. Et la peur s'envole. Tout devient paisible.

-Alors, tu penses que c'est une sorte de délivrance? Tu penses que Rayane est chanceux d'être mort ? Dit-elle.

-Bah on est dans un lycée dans lequel on nous a obligé à rester, alors oui c'est une délivrance.Il se dirigea vers le canapé en évitant le regard de la femme. Il s'assit.Elle prit un ton pathétique.

-Est-ce que tu vas bien?

-Oui, bien sur. Je ne dors pas, lorsque j'arrive à m'endormir, je me réveille en criant, parce que je fais des cauchemars. Je n'ai pas d'appétit, je n'ai plus aucune famille et j'ai constamment peur que quelque chose se produise, ce qui me fait faire de l'asthme. Dit-il, toujours sans aucun sourire, ni même d'expression sur son visage.

-Comme si tu te noyais. Un blanc. Et donc dans ces cas là, tu gardes ta respiration le plus longtemps possible, jusqu'au tout dernier moment. Elle enleva une mèche de ses yeux, en secouant la tête. Qu'est ce qui se passerait si tu choisissais de ne pas ouvrir ta bouche?

-On est obligé de l'ouvrir, ça fait trop mal.

-Mais si tu la laisses fermée, si tu retiens ta respiration un peu plus longtemps, ça pourrait te faire gagner du temps.-Un peu.

-C'est peut-être assez pour te sauver la vie, pour remonter à la surface et que l'on vienne t'aider. Pour toi ça a marcher, si je ne me trompe pas.

-Quoi ? Comment vous savez ca ?

-Je sais beaucoup de chose Ayden, comme par exemple que tu as préféré venir ici, plutôt que d'aller parler à Lucas, Garrett et Joy.

Ayden ne la quitta pas des yeux et changea de sujet.

-On devait souffrir en entrant dans cette salle.

-Ça vaut la peine de souffrir, non? Si tu peux vivre ensuite ?

-Oui mais qui vous dit que ça va s'arranger ? Qui dit que la souffrance ... ne va pas nous conduire à l'enfer? Il ferma les yeux.

-"Si vous traversez l'enfer... Continuer d'avancer", disait Winston Churchill. Déclara la femme qui regardait Ayden dans les yeux.Ayden et la psychologue ne se quittèrent pas des yeux. Le garçon de seize ans pouvait voir une lueur de pureté dans les yeux de la femme malgré leur noirceur.

-La paranoïa.

-Quoi ?

-Tu dis que tu as une peur constante que quelque chose se produise, c'est la paranoïa c'est ce sentiment irrationnel que le monde entier nous en veut. Mais Ayden, ce n'est plus de la paranoïa quand tu es certain que quelqu'un te veut du mal.

Il quitta le regard de la femme et baissa ses yeux vers la table basse. Il se répéta mentalement la dernière phrase de la psychologue: «Mais Ayden, ce n'est plus de la paranoïa quand tu certain que quelqu'un te veut du mal.» Il replongea son regard dans celui de la psychologue, les yeux grand ouverts.

-Taaron.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top