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Le retour à l'appartement fut bien trop long. Parfois il se sentait d'avancer mais plusieurs fois il s'agenouilla pour laisser échapper des sanglots plus puissants. Ses épaules se secouaient de spasmes, sa bouche ouverte laissait échapper des lamentations terribles et ses larmes semblaient intarissables.

Changbin était partit et soudain se déchirement de la séparation le prenait dans son entièreté, engloutissant tout ce qui ne le nourrissait pas. De nouveau il se retrouvait privé d'attention, de contact, de sourire non pixelisé, de la chaleur de sa voix que l'interface vocale noyait... Il n'arrivait même pas à mettre des mots sur ce qu'il ressentait mais c'était là, ça pesait sur sa cage thoracique et allumait tous les signaux de détresse le laissant plus démuni que jamais.

Son seul réconfort fut de retrouver les pulls et son lit. Les deux avaient l'odeur de Changbin. Tout d'abord cela le fit pleurer plus fort puis les composés chimiques de son corps, en réaction à l'odeur de son petit-ami le firent s'apaiser.

Prostré dans son lit, le pull de Changbin serré entre ses bras comme si le corps chéri s'y trouvait il pleurait, hagard le regard dans le vague.

Son esprit essayait de rationaliser. Un mois ce n'était rien comparé à trois. Les jours allaient passer vite surtout qu'il aurait les examens de fin de semestre à préparer et passer et les fêtes à prévoir. Et puis si Changbin lui manquait trop en dehors de leurs appels, il pourrait prévoir leurs vacances et aller faire les magasins pour lui trouver des cadeaux. Et puis même il pourrait aussi faire des recherches pour leur trouver des idées de rendez-vous à faire à distance...

Mais tout cela il le refusait. Cela le consolerait demain, là, maintenant, il avait envie de plonger dans son chagrin, de se laisser dévorer par lui. Cela avait en quelque sorte un aspect réconfortant à toucher le fond.

Il clôt ses paupières sur ses larmes. Ne plus rien voir, seulement percevoir l'odeur de Changbin et ses larmes roulant sur ses joues et dans son cou. Il se recroquevilla un peu plus sur lui-même. Il avait été fort ces dernières heures, il pouvait bien tout laisser couler jusqu'à demain...

Les pleurs reprirent doucement en intensité. L'esprit brouillé de tristesse il espéra avec une ardeur farouche que jamais il ne se ferait à ces séparations. N'était-ce pas plus désolant de quitter un être cher sans rien ressentir d'autre que de la résignation ? Non si c'était pour Changbin il voulait tout éprouver à 100% même si ça faisait mal. Parce que le voir partir sans pleurer serait synonyme de retrouvailles où il ne lui sauterait plus dans les bras.

Pour ce bonheur-là il voulait bien porter son lot de tristesse.

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