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Changbin lâcha son téléphone. Ses yeux reportèrent leur attention sur la route, ses doigts pianotant impatiemment contre le volant. Il avait l'impression qu'il n'arriverait jamais à destination. La nuit les routes paraissait plus longues, chaque mètre ressemblait à des kilomètres qui n'en finissaient pas. En plus il ne connaissait pas la route, il ne savait pas s'il était bientôt arrivé ou non.
Il l'espérait en pestant dans sa barbe inexistante parce qu'aussi non personne ne serait là pour lui ouvrir quand il arriverait. Son pied le démangeait, il avait l'horrible envie de jouer avec l'accélérateur pour gagner une ou deux minutes. Mais il se retint car son petit-ami n'aimait qu'il dépasse la vitesse autorisée. Il savait qu'il avait raison, surtout en pleine nuit sur une route qu'il ne connaissait pas alors il rongea son frein.
A la place, pour tromper son ennui, il s'imaginait leur retrouvaille. Il l'appellerait sur son portable, entendrait sa douce voix endormie qui mâcherait ses mots, il lui dirait d'arrêter de rêver et de retourner ce coucher. Mais Changbin insisterait tant et si bien que le plus jeune serait obligé de descendre pour avoir la paix. Et alors il trouverait Changbin adossé au capot de la voiture, très chic et irrésistible avec son perfecto noir, son pull qu'il portait exprès pour le laisser à son aimé, aimé qui resterait là à le regarder, hébété, comme s'il était un fantôme. Puis il courrait vers Changbin qui lui ouvrirait ses bras pour le recevoir comme il se doit.
Cela avait peut-être l'avantage de tromper son ennui mais aussi de titiller son impatience. Bordel qu'est-ce qu'il avait hâte d'arriver !
Malheureusement pour lui, il avait fini par arriver dans la ville de sa destination mais ne trouvait pas le quartier de son petit-ami. Il tournait et virait dans les rues vides de la ville en pestant largement. Quand il regarda son portable de nouveau, il vit qu'il était bientôt une heure du matin. Faisant voler en éclat toutes les belles retrouvailles qu'il c'était imaginé il se gara sur un trottoir, mit les feux de détresse et appela son copain en priant pour qu'il réponde.
Il dû appeler trois fois avant que l'on décroche à l'autre bout du fil.
-Hum ? Fit vaguement son copain.
Il dormait. Changbin se mordit la lèvre, son idée n'était peut-être pas aussi géniale que cela, il avait été bête et trop spontanée. Devait-il raccrocher et faire demi-tour ? Non il dormirait dans sa voiture et partirait demain aux premières lueurs du jour.
-Hyung ? Appela son interlocuteur dont la voix ensommeillée se mélangeait avec l'inquiétude. Hyung ça va ?
Changbin grogna, d'un grognement presque animal.
-Hyung ? Je n'ai plus le droit à mes jolis surnoms ?
-Il est trop tard, geignit le plus jeune. Ou plutôt trop tôt. Pourquoi tu m'appelles ?
-Tu vas rire mais j'aurais besoin du trajet jusque chez toi, lui avoua finalement Changbin en se grattant l'arrière de la tête.
-On dit j'aurais besoin du trajet jusqu'à ton cœur, corrigea l'autre en croyant que Changbin lui disait une phrase d'accroche. Et tu l'as déjà alors...
-Non bêta, je te demande vraiment le trajet jusque chez toi. Je suis dans ta ville, là.
-C'est pas drôle. Il est trop tôt pour que ce soit drôle.
-Non chéri sérieusement, je suis dans ta ville et je trouve pas ta rue.
Changbin entendit du bruit dans son combiné. Il imagina facilement son copain se redresser dans son canapé lit, prendre quelques secondes pour réfléchir avant de demander :
-C'est vrai ? Vrai de vrai ? Tu ne me fais pas une blague ?
-Si tu connais l'endroit je suis un peu avant un carrefour, il y a un parc sur ma gauche et une boulangerie directement sur ma droite, si j'avance un peu je vois un café-bar avec un écriteau en bois, on dirait plus une taverne mais ça à l'air fait exprès, sinon euh bah il y a des petits immeubles avec des appartements je suppose et...
-Tu es vraiment chez moi... Mais comment ? Pourquoi ?
-Chéri je t'adore mais je viens de me coltiner quatre heures de route pour te voir alors, si tu le veux bien, je répondrai à tes questions quand je t'aurais en face de moi.
Il y eut un bref silence puis la voix de Seungmin s'éleva pour lui donner les indications. Il commit quelques erreurs, c'était la première fois qu'il se prêtait à ce genre de manège mais grâce à lui, Changbin parvint à bonne destination. En entrant sur le petit parking privé de l'immeuble il éclaira une silhouette avec ses phares.
-C'est toi ? Demanda Changbin en plissant les yeux pour mieux voir.
Mais Seungmin avait déjà raccroché et lui faisait maintenant de grands signes de la main. La silhouette c'était lui évidemment. Changbin sourit et se gara en moins de deux. Eteignant ses phares la silhouette éblouie pu enfin s'approcher. Changbin n'eut pas le temps de se décrocher que sa portière fut ouverte en grand, le pressant de sortir.
Seungmin sautillait dans le froid de novembre, sourire aux lèvres, attendant avec impatience qu'il se lève pour l'accueillir comme il se devait. Ce n'était pas ce que le plus vieux s'était imaginé mais il s'en fichait. C'était même mieux car ces retrouvailles-là étaient bien réelles.
Et quand les bras de Seungmin s'enroulèrent autour de ses épaules faisant se rencontrer leurs corps pour la première fois depuis des mois, en lui murmurant à l'oreille « tu es là ! tu es là ! ». Changbin se dit qu'il n'aurait pu rêver à plus parfait.
Seungmin ne brisa pas l'étreinte mais recula son torse pour pouvoir admirer son petit-ami. Il n'était plus du tout endormi mais se demandait tout de même s'il rêvait. Il avait l'air d'un chiot tout joyeux de retrouver son maitre. Tout son visage exprimait la joie et le bonheur. Changbin sut alors qu'il avait pris la bonne décision, celle de partir sur un coup de tête pour retrouver celui qu'il aimait.
Toute fatigue était envolée, tout stress volatilisé, toute tristesse anéantit, il ne restait plus que le bonheur à l'état pur de deux corps enlacés dans le froid, réchauffé par l'amour qu'ils se portaient. L'une des mains de Changbin finit par se porter jusqu'à la nuque de son aimé, y faisant pression pour que celui-ci se baisse. Leurs lèvres se lièrent avec amour et passion. Avide de ces sensations trop longtemps remémoré plus que vécu.
Le désir était là, bien au chaud au creux de leurs ventres et partout dans leurs cœurs qui, jamais endormis, s'emballèrent en reconnaissant les lèvres fantasmées et le touché dont ils mourraient d'envie.
-Allez, rentre, il fait froid.
Seungmin déposa un bref baiser sur les lèvres de son copain avant de lui chuchoter avec ce sourire qui ne le quittait pas depuis qu'il l'avait retrouvé :
-Je t'attend sous la couette.
Il avait défait leur étreinte et Changbin lui avait donné une claque sur les fesses bien sonore dans la nuit silencieuse.
-Si tu n'as pas assez chaud ne t'inquiète pas, je viendrais te réchauffer.
Puis il avait pris son sac où il avait mis quelques affaires pêle-mêle avant de suivre son copain jusque chez lui, un sourire rempli de sous-entendu plaqué sur le visage.
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