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Akko avait fini par vérifier tout le carnet : en tout, une trentaine de pages avaient disparues, certaines bien et proprement déchirées, d'autres un peu moins. Il aurait voulu garder sa découverte secrète, mais malgré lui, cela lui aurait échappé quelques jours plus tard. Il nota donc à la suite ce dont il venait de prendre conscience et cacha le journal au fond de son armoire, entre quelques tas de pulls, enfoui sous une manche repliée. Le coupable ne trouverait jamais cette... Une pensée vint brusquement s'imposer à lui. Ici, ils n'étaient que deux.

"Mais maintenant un inconnu a débarqué. Peut-être n'est-il là que pour une visite ou une courte durée... mais c'est possible qu'il soit venu pour cela... si mon journal contenait des éléments importants, des secrets..."

Akko réfléchit un long moment.

"C'est aussi possible que ce soit moi, mais que je ne m'en rappelle pas. Parce que j'ai mal écrit, ou que j'ai écrit quelque chose dont je ne voulais pas me souvenir... Le Maître, on peut l'exclure directement, ce n'est pas un fouineur..."

Il soupira d'exaspération et se recroquevilla dans un coin de la chambre. Dans ces conditions, il ne pouvait pas se rendormir. Ça ne servirait à rien d'essayer, ça n'en valait même pas la peine. Une bonne demi-heure, il resta immobile à se questionner à propos du garçon, de son rêve, à tenter de ne pas l'oublier. Ensuite, il se résolut à l'écrire, avec tous les détails qui lui revenaient encore, dans son carnet. Il ébaucha alors l'esquisse d'un dessin : les contours du visage de l'inconnu, ses épaules. Emporté par l'inspiration, il l'imagina comme un personnage fictif à part entière et lui dessina une cigarette dans la bouche - il avait l'air d'un fumeur -, ainsi qu'un regard...

La poignée de sa porte de chambre vibra. Akko se hâta de ranger son matériel, déçu de ne pas avoir pu finir les cheveux du garçon, trop courts sur son dessin, puis le remit dans le bac des pulls de son armoire, entassé au fond. Il saisit un pull gris sombre ainsi qu'un pantalon large et les posa sur son lit. Si le Maître le surprenait en train de se changer, tant mieux ! Et si c'était l'inconnu, tant pis ! Akko retira son bas ample de pyjama et le plia avec attention, avant de le déposer en-dessous de son oreiller. Le garçon enfila ensuite le pantalon. Des marmonnements lui parvinrent de derrière sa porte. Un craquement, puis elle s'ouvrît.

Akko s'en moqua royalement et retira son haut de pyjama sans gêne, gardant son regard rivé au mur qui lui faisait face. Après quoi il attrapa le pull et le tourna lentement dans le bon sens, avant de jeter un coup d'œil à l'encadrement de sortie de sa chambre. Le Maître s'y tenait, seul. Akko revêtit le haut et se détourna, occupé à replier soigneusement son pyjama. Il sursauta quand il sentit les mains chaudes du Maître lui attraper les hanches et remonter légèrement jusqu'à toucher sa peau.

- Akko, tu n'as pas été très présentable tout à l'heure.

Le garçon ne répondit rien, tentant de poursuivre correctement ce qu'il faisait. Le Maître glissa avec douceur sa main gauche jusqu'à celle d'Akko et la pressa pour qu'il relâche les vêtements.

- Qu'as-tu pensé de notre nouvel ami ?

Le Maître fit pivoter Akko face à lui et le poussa faiblement pour qu'il s'assoie sur son lit.
"Combien de temps va-t-il rester ?"

- Ça dépendra de son comportement. Plus il est gentil, plus il restera.

"Alors ce n'est pas qu'un simple invité..."

Le Maître secoua la tête en guise de réponse négative.

"Mais pourquoi est-il ici ? À quoi va-t-il nous servir ?"

- Akko, ce n'est pas un jouet. Les gens ne doivent pas te servir.

Akko regretta ce qu'il venait d'exprimer. C'était vrai, les gens n'étaient pas des jouets.

- Il est là pour m'aider dans mes tâches quotidiennes.

"Moi aussi, je suis là !"

Le Maître parut chercher ses mots.

- Tu n'es pas un serviteur, ni un employé. Ce n'est pas la même chose. Il me fallait un domestique.

"Comment s'appelle-t-il ?"

- Kris. Kris Crimson.

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