5. Le mystérieux inconnu
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Les premiers rayons de soleil avaient déjà commencé à percer l'obscurité de la pièce quand Akko s'éveilla. Il n'était que huit heures, mais le garçon, sans savoir pourquoi, devait se lever tôt aujourd'hui. Son rêve lui revint alors, d'abord en morceaux détachés, puis en scènes complètes. Il devait s'assurer que le Maître se portait bien. Sans se changer, il bondit de son lit et se précipita comme un animal sur la porte, l'arrachant presque de ses gonds en l'ouvrant avec violence. Qui était la femme avec qui il l'avait vu ? Et ce garçon au regard d'aigle ? Il ne le dépassait que de trois ans, pas plus. Akko contourna les rambardes couleur prune de l'escalier. Il ne marchait pas, il ne courait pas ; il sautillait. Dès que l'un de ses pieds frôlait le long tapis pourpre, l'autre volait.
Il ne se stoppa qu'en arrivant devant la lourde porte massive de style gothique du Maître. Trois coups, sans hésitation. Aucune réponse. Peut-être n'avait il pas frappé suffisamment fort. Akko recommença, l'ébranla de coups de pieds, puis n'attendit pas plus avant de l'ouvrir lui-même. Une odeur douce de cannelle vint lui chatouiller les narines, et il resta choqué devant la beauté de la pièce. Un lit double à baldaquin était dressé sur le côté, composé d'un drap vermeil, d'un édredon d'une légère couleur crème, d'un coussin en crin de cheval à motifs fleuris et de fins rideaux soyeux d'une teinte sable sombre.
Le parquet clair n'était éraflé d'aucune griffure ni d'aucune quelconque trace, et la grande fenêtre dite à la française de bois, dans le fond, était positionnée parfaitement selon le soleil, parsemant le lieu d'une luminosité tamisée qui évitait de consommer de l'électricité. Deux chevets encadraient le lit, surmontés de candélabres éteints, et de l'autre côté, une commode brune était disposée contre le mur à la tapisserie blanche rosée, représentant une myriade de lianes s'entrecroisant entre elles. Akko tourna la tête pour admirer le reste de l'endroit, mais il perçut des bruits de pas au rez-de-chaussée et referma la porte d'un geste brusque.
Il n'était encore jamais entré dans la chambre du Maître. Du moins... Pas dans ses souvenirs. Akko n'eut pas le temps ni de se cacher ni de fuir que déjà le Maître montait les escaliers de marbre. Le garçon décida de s'assumer et de ne pas gesticuler. Mais il perdit ses moyens quand il aperçut quelqu'un à la suite de son supérieur. Un jeune homme plus grand que lui, mais plus petit que le Maître, aux cheveux noirs corbeau ébouriffés. Akko n'eut pas besoin de plisser les yeux : le duo arriva bien vite devant lui. Le Maître ne sembla pas surpris et son visage resta dans l'indifférence totale en découvrant Akko. Ne se souvenait-il donc pas de la veille ?
- Excusez-moi ce... désagrément. Il est bien malpoli...
La gorge d'Akko se serra. Désagrément..?
- Et en plus, encore en nuisette. Akko, j'en attendais mieux de ta part.
Akko n'écoutait que d'une oreille. Il dévisageait l'inconnu au visage anguleux. Sa beauté le surprenait. Il trouvait le Maître magnifique, mais ce garçon avait un charme indéfinissable... Akko ne s'attarda pas sur les sourcils fins du jeune homme, ni sur son nez effroyablement droit, ni sur ses lèvres aussi pincées que lui, mais sur ses yeux verts sombres... d'aigle. Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'image dont Akko se rappelait du garçon assis dans la calèche. Frappé par cette découverte, il se mit à trembler, comme foudroyé par un éclair. Qu'est-ce que..?
- Il semblerait que notre ami ne se soit pas assez reposé. Il vaudrait mieux pour tous qu'il retourne se coucher pour rattraper ses heures manquées. » gronda le Maître d'une voix caverneuse.
Akko ne se fit pas prier. Il intercepta l'expression de l'inconnu avant de courir à sa chambre : comme une étincelle dans le fond de sa prunelle, comme s'il le connaissait déjà et qu'il était satisfait de quelque chose... Le garçon claqua la porte derrière lui et s'enfouit sous sa couette, de la même façon que pour se protéger d'un maléfice. Que se passait-il ? Était-il plongé dans un long et sinueux cauchemar ? Akko passa la tête par le trou de sa cachette et saisit son journal d'un mouvement d'une extrême rapidité. Il l'ouvrit hâtivement, parcourut les pages les plus récentes, reculant les jours peu à peu, cherchant une allusion à ce genre d'évènements.
Au bout d'une dizaine de pages, constatant avec déception qu'il n'y avait là rien, il sortit le stylo à bille noir de la petite pochette accrochée au carnet et griffonna nerveusement ce dont il se rappelait des derniers jours. Il avait beaucoup lu, il avait dîné avec le Maître mais ça s'était mal terminé, ce dernier l'avait surpris en sortant de la douche et il s'était passé quelque chose d'étrange ; et voilà que ce matin, il y'avait un mystérieux invité qu'Akko venait de voir dans son rêve de la nuit passée. Le garçon reboucha le crayon, le rangea. Pensif et perplexe, en proie à l'aube d'une crise de colère, il tenta de se maîtriser et se tritura les ongles de toutes les façons possibles. Inconsciemment, il remonta à nouveau les pages du carnet, persuadé qu'il pouvait obtenir au moins une réponse.
Soudain, une irrégularité du papier lisse et crémeux qu'il connaissait attira son attention. Il baissa la tête et remarqua, entre deux feuilles pleines de phrases dans tous les sens, que quelques parties avaient été déchirées. De plus, le dernier mot et le premier mot de la double-page qui s'offrait à lui ne concordaient pas. Akko esquissa un grand sourire, satisfait. Mais celui-ci s'évanouit peu après, et céda sa place à une panique terrifiante. Pourquoi ces pages avaient- elles été subtilisées ? Que contenaient-elles ?
Et qui était l'auteur de cet acte ?
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