12. Le douloureux passage ࿈

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{tw agression}

Les longues mèches ébènes de la femme s'enroulèrent autour de ses poignets comme des serpents. Akko mît un certain temps avant de comprendre qu'il ne s'agissait que de son imagination et qu'Enlie ne s'était qu'uniquement contentée de baisser la tête, ce qui avait fait glisser un peu de sa chevelure le long du corps du garçon. Sa vision s'était brouillée ; il ne voyait pas toute la scène, et il ne voyait pas tout-à-fait la réalité. Il avait l'impression d'être dans un rêve, mais c'était trop précis pour en être un. Seulement, c'était trop irréel pour ne pas l'être. Peut-être était-il plongé dans un coma ? Le Maître lui en avait rapidement parlé, une fois.

L'un des yeux bleus aciers d'Enlie s'ancra dans ceux d'Akko, et il lui parut scintiller, luire. Puis son regard disparut dans le brouillard et Akko perçut un son mi-métallique, mi... autre chose. Il voulut relever la tête, mais quelque chose le repoussa brutalement au sol et une vague de fraîcheur lui fit frémir les jambes. Tous ses sens étaient en alerte, mais pourtant il n'arrivait à rien distinguer. Parmi les pixels de sa vue floutée, Akko reconnut aisément et malheureusement la poitrine généreuse d'Enlie. Elle était recouverte de la chemise blanche des tenues des infirmiers de l'hôpital, ainsi que de sa veste ouverte, mais de longs et fins doigts à longs ongles parfaits déboutonnaient peu à peu le vêtement.

Que s'apprêtait-elle à faire ? Pourquoi Akko ne bougeait-il pas ? Il se redressa sur ses deux coudes, forçant contre la poigne d'Enlie, et lui mordit violemment la main. Elle la retira vivement mais seul un rire guttural franchit la barrière de ses lèvres, au lieu d'un couinement de douleur. Akko n'eut qu'à lever le pied d'un geste vif et violent pour atteindre le menton de son assaillante : son corps partit en arrière et sa mâchoire claqua dans un bruit ignoble. À terre, elle se tourna légèrement pour cracher du sang, émettant des sons écœurants d'étranglement. Elle se frappa la poitrine comme pour faire sortir quelque chose qui semblait coincé dans sa trachée, et jeta des regards affolés à Akko.

Cependant, il éloigna avec facilité sa pitié pour son agresseuse et se releva doucement, avant de ramasser l'un des débris de verre de la lampe qu'il avait brisée auparavant. Il s'approcha ensuite d'Enlie, s'assît sur ses jambes en y lâchant tout son poids, et approcha son arme à quelques centimètres du visage de la femme. Il enfouit alors sa main dans la poche intérieure de la veste d'Enlie et en retira deux petites clés. Mais lorsque le garçon souhaita se relever, Enlie ramena ses deux jambes à elle d'un geste fulgurant et envoya un coup de pied d'une puissance douloureuse au visage d'Akko. Son corps s'écrasa contre le lit de l'hôpital avec force, et il était certain que le bois tranchant laisserait des marques dans le dos d'Akko.

Il glissa mollement jusqu'au sol, parvenant à peine à entrouvrir les yeux. Son crâne le lançait comme jamais auparavant, et une douleur aveuglante lui lancinait le visage. Déjà qu'elle n'était pas du genre physiquement faible, elle ne portait pas des chaussures en mousse. Akko se battit pour ne pas succomber à l'envie de tout laisser tomber et de laisser faire les choses. Il avait de plus en plus mal, à de plus en plus de parties du corps. Malgré tout, il garda soigneusement son poing fermé, renfermant les deux clés au creux de ses paumes. Enlie n'hésita pas un instant ; elle lui écrasa la main sans ménagements. Ses muscles se détendirent alors et elle n'eut pas plus de contraintes à saisir le duo de petits objets.

Akko songea alors à la mort. Elle s'insinua peu à peu dans son esprit, rongeant chacune de ses pensées et s'emparant de toute la place. En dix secondes, il n'eut plus que ça dans la tête. Le Maître... il n'était même plus capable de s'attarder sur lui. Tout revenait sur ce seul mot, sur tout ce qui englobait la mort. Enlie l'achèverait, il le sentait, mais après avoir fait quoi ? Et comment comptait-elle mettre un terme à sa vie ? Un concentré épais de questions morbides se regroupèrent en un nuage noir, logé au plus profond d'Akko. Alors qu'un lent sourire se dessinait déjà sur les lèvres d'Enlie, on tambourina à la porte. Akko ne le ressentit pas comme une vague d'un espoir nouveau ; il avait déjà eu affaire à deux énormes faux espoirs avec la fenêtre, et lorsqu'il avait prit les deux clés. Pourtant, le verrou tourna, et Enlie recula d'un coup, craintive. À toute vitesse, elle enfonça l'une des clés dans la serrure de la poignée de fenêtre et l'ouvrit pile quand la porte céda. Tout se déroulait beaucoup trop vite.

Akko voulut pivoter pour voir qui avait passé l'ouverture, mais une terrible douleur au crâne l'en dissuada. Toute la souffrance de ses membres endoloris se réveilla, et il eut si mal que quelques larmes naquirent au bord de ses yeux. Enlie enjamba la fenêtre et n'hésita pas une seconde avant de sauter. Un homme essaya de la devancer, or il arriva trop tard au rebord, et il ressortit à toute vitesse de la pièce. Akko se sentit alors soulevé ; il était dans les bras de quelqu'un. La chaleur qui s'en dégagea le rassura et il crut un instant qu'il pourrait être sauvé. S'attendant à une nouvelle horreur, des spasmes lui secouèrent le corps. Cependant, rien n'arriva.

L'inconnu ne lui fit aucun mal ; il le serra contre lui, et la chaleur de son corps enveloppa Akko, qui se sentit immédiatement en sécurité. Il sentit également aussitôt qu'il s'agissait d'un homme qui le portait ; il leva légèrement la tête pour entrevoir le visage de son ange gardien - il ne lui fallut pas plus de temps pour l'identifier de la sorte -, or l'inconnu ne le lui permit pas. Il le reposa délicatement sur le lit d'hôpital dans lequel il s'était réveillé plus tôt ; Akko s'agrippa férocement à lui. Il ne voulait pas qu'il le laisse. Il n'était en sécurité nulle part, nulle part ailleurs que dans le Manoir, et cet homme avait réussi à lui procurer une sensation semblable à celle qu'il éprouvait lorsqu'il était en compagnie du Maître, ce en moins de cinq secondes.

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