Chapitre 9 : Celui qu'elle aime
Janvier 1825, Paris.
Hortense entra dans le petit appartement parisien. Il était composé de cinq pièces, aménagées à l'oriental et soigneusement entretenues par la domestique qui ne le quittait presque jamais. Les fenêtres du salon n'étaient pas bien hautes et de lourds rideaux de velours occultaient la lumière extérieure, de sorte qu'il fallait en permanence laisser une ou deux lampes allumées.
« C'est bien le repaire d'un marchand d'armes », songea Hortense. « N'y aurait-il pas comme un parfum de complot dans ce trou mystérieux ? ».
- J'ai demandé à Marthe de préparer du thé. Il sera prêt dans un instant, installe-toi, lui indiqua Emeric, un brin mal-à-l'aise par sa présence.
Il donna quelques ordres dans la cuisine, plus pour repousser quelques secondes de plus la confrontation avec Hortense que par nécessité véritable. Mais à cours de prétexte, il dut finalement se résoudre à s'installer en face de son invitée.
- Tu n'es pas marié, releva-t-elle.
Il rougit. Ses sentiments étaient loin d'avoir disparu. Au contraire, ils s'étaient magnifié avec le temps. Sa simple présence rappelait tout ce qu'il avait manqué. Pourquoi ne s'était-il pas battu plus férocement pour la garder pour lui ? Ils s'aimaient. C'était lui qu'elle aimait quand elle avait seize ans et qu'ils partaient à cheval sur les chemins d'Ile-de-France, quand ils fuyaient leurs familles, leurs professeurs et même Augustin pour un peu d'intimité. C'était lui qu'elle aimait quand elle lui promettait son cœur à jamais et qu'elle jurait de n'aimer personne d'autre. Avait-elle tenu promesse ? Emeric brûlait de lui poser la question. La distance qu'il s'infligeait autour de ce plateau de thé lui était insupportable.
C'était lui qu'elle aimait, en cette de nuit de mars 1812, où elle avait rejoint son père colonel en poste en Pologne. Le dernier souvenir qu'il emportait dans les neiges de Russie.
- Que s'est-il passé ? Souffla-t-elle en tentant de masquer son trouble.
Elle but une gorgée de thé, tenta de remettre de l'ordre dans ses idées, sans y parvenir. L'émotion la submergeait. Elle n'aurait jamais dû accepter de se retrouver seul avec Emeric dans son appartement.
Qu'avaient-ils fait ?
Il est des erreurs de jeunesse qui détruisent les promesses les plus éternelles. Emeric l'avait retrouvée à Varsovie, svelte et beau dans son uniforme neuf, persuadé de trouver la gloire ou de mourir en Russie. Il avait convaincu Hortense de le rejoindre un soir, pour s'aimer. C'était lui qu'elle aimait ! Il le savait ! Il avait vu son amour, cette nuit-là, et cet amour était venu le hanter chaque soir en Russie. Augustin ne savait rien. Pourrait-il supporter la vérité ?
Emeric se racla la gorge et passa sa main sur ses yeux pour essuyer une larme rebelle.
- Tu aurais dû revenir plus tôt, ajouta-t-elle, suivant le fil de sa pensée.
Et cette fois, la panique ! Elle était la raison, la seule et unique raison, de sa décision de rester en Russie après leur libération en 1814. Parce qu'il l'aimait, parce qu'il craignait trop de la décevoir, parce qu'il avait échoué, lamentablement échoué, parce que la captivité avait ruiné sa confiance en lui et qu'il n'avait pas réussi à... Il secoua la tête, vivement. Elle avait peur de comprendre.
- Tu... Emit-elle...
Avant d'être coupée par Emeric, sèchement :
- Pourquoi voulais-tu me voir ?
Elle se décomposa. Il se montrait distant, brutal. Elle savait, pour l'avoir vu avec Augustin, que la Russie n'avait pas été tendre et les avait secoués jusqu'à les transformer. Mais Emeric était différent. Il fallait qu'il le soit.
- Il est mort ? Demanda-t-elle si bas qu'il dut deviner le sens de sa question.
- C'est pour cela que tu es venue me voir ? Répondit l'officier français, déçu et inquiet. Je l'ignore. Je ne sais rien. Je n'ai pas réussi à savoir.
- Non, Emeric. Je suis venue pour Augustin.
- Il a été fait prisonnier, n'est-ce pas ? Lorsqu'il a parlé de son retour en 1814... Ce sont des mots de prisonnier.
- Il a été capturé à Vilna. L'armée française était repartie aux premières lueurs, le laissant en arrière. Il a tenté de résister aux cosaques, avant de se rendre. Ça n'a pas été facile pour lui, mais toi mieux que personne sais ce qu'il a enduré. C'est pour cela que je suis venue te voir.
Savoir qu'il avait été captif, qu'il avait enduré les mêmes souffrances que lui, qu'il avait traversé lui aussi l'hiver terrible de 1813 dans les convois interminables de prisonniers, tout cela contribua à ranimer les sentiments de fraternité pour ce compagnon de galère. Mais il l'avait trahi...
- Augustin n'est plus le même depuis qu'il est revenu. Il ne parle guère. Il est pris, parfois, de violents accès de colère. Il allait mieux depuis quelques années. Je l'avais incité à voir du monde et à entrer à la chambre des comptes. Il allait mieux, jusqu'à ce que nous te retrouvions à la soirée organisée par Louis Chancerel. J'ai compris ce qu'il me cachait depuis toutes ces années : il ne voulait pas ton retour.
- Qu'attends-tu de moi ?
Elle se leva. Elle avait besoin d'air, d'ouvrir la fenêtre en grand, de casser cette atmosphère lourde et noire. Elle tira les rideaux, laissa entrer l'air frais et se retourna, sursauta. Dans la pièce voisine, visible à travers la porte grande ouverte, Ouzoun Messine l'observait de son regard noir. Son koulmek rouge, ceinturé de cuir, reflétait parfaitement la lumière du jour, et la lame accrochée à sa taille étincelait jusqu'à éblouir la jeune femme qui se détourna. Consciente qu'il écoutait toute cette conversation, elle peina à rassembler ses idées. Elle finit par demander :
- Pourquoi l'as-tu ramené ?
- Ouzoun ? Il m'est utile.
Le Tatar quitta alors sa chaise et passa l'embrasure de la porte pour venir chuchoter quelques mots à l'oreille d'Emeric. Ce-dernier fronça les sourcils et se leva précipitamment pour discuter avec le marchand dans la pièce voisine. Le commerce d'armes fonctionnait si bien qu'il attirait un peu trop l'attention de l'Etat. Ouzoun veillait à ce qu'Emeric demeure intouchable et insoupçonné.
- Excuse-moi, Hortense. Je t'écoute maintenant. Qu'attends-tu de moi ?
- Avec Augustin, vous étiez meilleurs amis. Les sentiments ne s'effacent pas comme cela...
Elle inspira un grand coup et enchaîna :
- Quel que soit votre différend, il faut que tu lui pardonnes. Pour l'aider. Il faut que tu m'aides à soigner mon mari. Il va si mal que je crains pour sa vie. Toi qui sais ce qu'il a traversé, toi qui le connais peut-être même mieux que moi, toi seul peut lui sauver la vie, car je crains qu'il ne soit prêt de la quitter s'il continue ainsi.
C'était absurde !
- Et je l'aime, Emeric. Je l'aime.
Que demandait-elle ! Il lui avait volé son manteau, sa nourriture, sa vie, sa liberté... Il l'avait condamné à trois années de captivité qui avait détruit en lui bien des espoirs et de fierté. Il lui avait volé Hortense : il se couchait tous les soirs dans son lit et se réveillait tous les matins à ses côtés ; il lui avait promis de l'aimer éternellement, et elle avait répondu de même ; il l'aimait et il pouvait l'aimer. Augustin lui avait tout pris, et Emeric devait sacrifier ce qu'il lui restait d'amour-propre pour venir le soigner ?
Elle se mit à pleurer. Elle avait conscience, bien évidemment, qu'elle ne demandait là rien d'évident. Elle savait qu'Emeric pouvait refuser, qu'il refuserait probablement d'ailleurs. Mais elle avait fait le deuil de son amant de jeunesse, et Augustin était en danger. Elle le voyait dans son regard fuyant qui sursautait dès que l'on parlait de mort ; elle le pressentait dans ses absences, dans ses fréquents passages au grenier où il trafiquait quelques secrètes besognes. Elle craignait, chaque matin, de se réveiller face à un pendu. Depuis cette soirée d'octobre, il n'était plus le même : les traumatismes avaient surgi au grand-jour.
En revenant de Pologne, plus perturbée que jamais, Hortense avait fait son choix. Elle épouserait Emeric, quand bien même sa famille s'y opposerait. D'une famille de révolutionnaires aux idées républicaines, il représentait tout ce que ses parents rejetaient. Ils avaient raison sans doute... Un couple ne pouvait être si opposé. Les tensions seraient trop fortes, l'amour ne tiendrait pas. Pourtant, le jeune homme n'avait rien du révolutionnaire barbare. Il était résolument engagé, réellement patriote, mais aussi soucieux du bien commun. Il voulait œuvrer pour le bien de la France, quand bien même il fallait pour cela accepter un monarque. Hortense était sensible à cet état d'esprit qui rejoignait ses convictions profondes.
Entre 1812 et 1813, elle suivit dans les journaux, avec une angoisse grandissante, les désastres qu'essuyait la Grande Armée en Russie, et dévorait en parallèle chaque lettre que lui envoyait Emeric. L'officier taisait ses propres épreuves pour faire exploser ses sentiments dans ses lettres. Il révélait son impatience de la retrouver, sa détermination à survivre et à obtenir des titres de gloire au cours de la campagne pour trouver du crédit aux yeux des parents d'Hortense, sa joie de se savoir aimé. Il écrivait le sourire aux lèvres, elle souriait à la lecture.
Sa dernière lettre datait d'octobre 1812. Les suivantes s'étaient-elles perdues ? C'était l'époque où Hortense quittait la Pologne pour rejoindre la France... Le départ de Moscou avait-il perturbé la circulation des lettres vers la France ? Ou les conditions terribles de la Retraite avaient-elles empêché le jeune homme d'écrire ? Longtemps, la jeune femme relut ces dernières lignes, cherchant des réponses à toutes ses questions.
« Tu m'as tout offert, écrivait-il, alors que je ne méritais rien. Tu m'as aimé, quand je n'étais pas digne de toi. Tu as eu le courage de me préférer aux autres prétendants, alors même que je n'ai ni titre, ni fortune, ni honneur aux yeux de tes parents. Tu as accepté avec résilience mon départ en Russie, pour me donner une chance d'obtenir un nom et un honneur. Je ne peux que t'offrir en échange mon amour éternel. »
Avec le temps, le silence devint insupportable. L'imagination prenait le relai et apportait les idées les plus désastreuses. Tant de morts sous la neige... Emeric devait être l'un de ses braves n'ayant pas survécu.
En 1814, elle retrouva un peu d'espoir lorsqu'elle vit revenir tous les captifs de Russie. Par milliers, ils revenaient de toute l'Europe, traversaient la frontière, s'enregistraient dans les villes de l'Est de la France, obtenaient leur congé militaire et retrouvaient leur famille. L'idée s'invita dans l'esprit de tous ceux qui avaient perdu un proche que le père ou l'enfant, l'ami n'était pas mort, qu'il fallait préparer sa chambre, prévenir les voisins, les amis de son proche retour, que c'était normal d'attendre : la Russie était loin, il fallait bien plusieurs mois pour traverser l'Europe. Cette idée était un véritable poison empêchant les familles de faire leur deuil. Les mères écrivaient massivement au ministère de la guerre pour en apprendre plus sur leur fils disparu. L'espoir, une fois revenu, ne s'en allait plus et maintenait son venin mortel dans le cœur des proches insatisfaits.
Un matin, Augustin frappa à sa porte. Ses vêtements flottaient sur son corps amaigri. Son beau regard vert scintillait de joie à l'idée de retrouver Hortense. Mais ses yeux semblaient couverts d'un léger voile et ses mains blanches tremblaient. Il boitait : sa botte trouée lors de la retraite lui avait perdre deux orteils.
La jeune femme bondit de joie en l'apercevant. Aussitôt, Emeric était oublié, non pas parce qu'elle ne l'aimait plus, mais parce qu'elle avait trop besoin d'être aimée et que la solitude, l'espoir et l'attente avaient manqué de peu de la rendre folle. Elle sauta dans ses bras et se mit à rire.
Il revint la voir tous les jours et, avec le temps, elle attendait ses visites avec de plus en plus d'impatience. Les premières semaines, elle pensa ne retrouver avec Augustin que l'amitié d'une époque où les difficultés ne les avaient pas encore éprouvés. Elle redevenait la jeune Hortense que l'on conduisait dans les champs pour une course à cheval, que l'on accompagnait au théâtre pour voir quelques pièces de vaudeville, que l'on écoutait chanter, elle qui avait une si jolie voix qu'elle aimait faire entendre. Elle pensait conserver toujours des sentiments pour Emeric, mais...
- Il est mort, lui dit un jour Augustin. Je l'ai vu mort sur la neige.
- Pourquoi... commença-t-elle.
- Il est difficile d'annoncer la mort d'un ami... Je n'avais pas fait mon deuil moi-même.
Avait-il attendu d'être sûr qu'Emeric ne reviendrait pas, qu'il n'avait pas survécu au froid terrible dans lequel l'avait laissé Augustin, avait été fait prisonnier avant de revenir en France ? Avait-il éprouvé tant de honte pour sa trahison qu'il n'avait pas réussi à avouer la mort d'Emeric à Hortense avant plusieurs semaines ? La jeune femme pouvait désormais faire son deuil, et Augustin s'imaginer qu'il n'était pas responsable de la mort d'Emeric.
Lorsqu'elle comprit qu'elle aimait Augustin, elle sut qu'elle avait changé. On ne pouvait effacer les années qui s'étaient écoulées depuis le début de la campagne de Russie. Si elle avait davantage confiance en elle, elle recherchait également une personne rassurante, à l'opposé de la personnalité imprévisible et flamboyante d'Emeric. Elle aimait la joie qui l'habitait quand Augustin était présent, qu'il se montrait léger, blagueur, charmeur. Le jeune homme venait d'une famille de bonne naissance, et avait déjà séduit le marquis d'Uxelles. Le choix le plus simple devenait le meilleur choix.
- Il aimait bien se moquer des girouettes, confia Hortense à Emeric. Il dessinait des carricatures où il mettait la tête de ses cibles préférées en haut à la tête d'une girouette. Celle sur Talleyrand était sa plus réussie. Il m'emmenait souvent au théâtre ou à l'opéra. Il ne parlait jamais de la Russie et j'évitais le sujet. Mais il était heureux. Peut-être... Peut-être qu'il aurait aimé avoir un enfant.
Elle déglutit.
- Je ne pense pas qu'il en était capable. Autre chose que la retraite lui a volé.
Elle se redressa, planta un regard sévère sur Emeric et ajouta :
- J'aurais aimé avoir un enfant.
L'ancien officier frémit. Il voulut répondre, se défendre, mais elle ne lui en laissa pas le temps :
- Quand nous t'avons revu en octobre, tout a basculé. Nous pensions que tu étais mort et nous avions fait notre deuil. En te revoyant, tous les souvenirs de la campagne de Russie sont revenus et ils ont ébranlé mon mari dont l'esprit était déjà bien fragile. Il pense que je t'aime toujours.
- Je...
- Je ne t'aime plus, Emeric. Je te l'ai dit : j'ai choisi Augustin. Tu n'étais pas là en 1814, quand j'avais besoin de toi. Tu as disparu trop longtemps, et je ne suis plus la même.
« Moi, je t'aime encore », songea le jeune homme. « Comment t'expliquer que c'est bien pour cela que je suis resté en 1814 ? ».
- Les nuits ont perdu leur tranquillité. Soudainement, c'est l'agitation ! Il traverse d'épouvantables songes, se retrouve au milieu des neiges de la Russie, entouré de cadavres mourants. Il se débat dans des chambres pleines de morts ! Tous les supplices, toutes les tortures qu'il avait endurés, tout ce qu'il avait craint, se réunissait pour l'accabler. Des rêves affreux le tourmentent. Il est en songe dans sa patrie, il arrive à la porte de notre maison, mais une force irrésistible l'empêche d'y pénétrer. Il croit se réveiller sur le lieu de sa captivité. La distance immense l'épouvante. Il entend les lamentations de sa mère, voit couler ses larmes, mais ne parvient pas à se faire voir, ni à se faire entendre pour la consoler. Et puis, il se réveille, agité.
- Il te parle de ses cauchemars ?
- Je l'entends crier la nuit. Il ne me lâche que des bribes. La journée, il parvient à oublier, à se concentrer sur son travail. Mais de plus en plus souvent, il se retrouve traversé de fièvre nerveuse. Il est affaibli physiquement, agacé de ne pouvoir me donner un enfant, énervé par les discours des émigrés qui rejettent l'héritage de Napoléon, perturbé par ton retour. Il se méfie de moi et des sentiments qui pourraient me rester envers toi : il me supporte de moins en moins. La gaieté qui l'avait soutenu jusqu'alors fait place peu à peu à la tristesse. J'ai besoin de ton aide.
Quand elle pleurait ainsi, Emeric se retrouvait confus. Il vint s'assoir à côté d'elle sur le canapé, et la prit dans ses bras. Elle enfouit sa jolie tête contre le torse du jeune homme et laissa les larmes mouiller sa chemise.
Que pouvait-il lui répondre ? Aimerait-elle toujours Augustin s'il lui apprenait sa trahison en Russie ? Ne pouvait-il pas la reconquérir en laissant s'effondrer celui qui l'avait trahi ?
Il brûlait de se venger. Il avait des armes, des canons, des bombes, des soldats à sa disposition. Il pouvait d'un seul mot ordonner le chaos, mettre le feu aux rues, pousser Augustin à la ruine. Il trépignait de désir et d'envie de reconquérir Hortense. Il tremblait. Il était fait pour l'action, lui qui rêvait de gloire depuis son plus jeune âge. Une balle, et Augustin mourait. Pouvait-il le défier en duel ? L'idée apparut séduisante, et correspondait bien à son style. Ils pourraient rejouer cette nuit de décembre à quelques kilomètres de Maladetchna, mais Emeric serait éveillé, armé et prêt à se défendre. Il avait sauvé son ami, et lui l'avait laissé pour mort ! Pourquoi reviendrait-il encore le secourir ? Augustin lui avait pris tout ce qu'il aimait, jusqu'à Hortense, et il ne parvenait même pas à la rendre heureuse...
Après tout, Emeric aussi avait fait la campagne de Russie, et avait été capturé... Il y avait même perdu bien plus de choses que son compagnon d'armes ! Et pourtant, il avait survécu. Il n'explosait pas en crises nerveuses jusqu'à rendre malheureux son entourage. Il prenait soin de ceux qu'il aimait, en premier lieu ses parents. Augustin était faible, s'il ne se remettait toujours pas des épreuves de la Retraite.
Pourtant... Il était là l'héroïsme. Sacrifier jusqu'à son amour-propre pour rendre Hortense heureuse. En était-il seulement capable ?
- Augustin refuse de me voir, souligna Emeric.
- Si tu lui pardonnes...
- Je ne suis pas sûr que cela suffise.
- Vous avez été amis, pourquoi ne veut-il plus te voir ?
- Je ne peux pas te le dire.
Hortense accepta, déçue, et se leva pour prendre son congé. Elle récupéra son manteau, salua Ouzoun, accepta un baiser sur la joue. Et puis, sur le pallier, la porte ouverte, elle tenta, une dernière fois :
- Si tu réussis à lui redonner sa joie, peut-être parviendrais-je à te pardonner de n'avoir pas su retrouver notre enfant Alexis.
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