Chapitre 15 : Déraisonnable
Septembre 1826, Paris.
La cavalerie traversait l'esprit d'Augustin dans un bruit de trombone. Elle laissait des croûtes de battance aux marges de sa conscience et le contraignait à la retraite, reclus dans un maigre espace de lucidité, où chaque discussion sonnait comme un air de violon désaccordé. Il fermait parfois les yeux, pour les reposer de trop de lumières, avant de s'énerver :
- Pourquoi croyez-vous que je ferais cela ? Savez-vous qui je suis ?
Le sergent Belmarche s'était assis sans façon sur la méridienne tapissée de toiles de Jouy du salon des Margerie. Sa culotte brune laissait les marques de la rue sur le tissus délicat et ses bottes encrottaient le parquet ciré. Il observait Augustin avec un air moqueur, l'air de dire : « Dites ce que vous voulez, mais vous finirez par m'écouter ».
- Que diraient mes amis de la chambre des comptes s'ils voyaient un drapeau tricolore orner les murs de mon salon ? Rétorqua Augustin.
- Oh, pas seulement vos amis de la chambre des comptes ! Vous allez vous faire de nouveaux amis, en entrant à la chambre des pairs. Qu'est-ce que vous en dites ? Vous aurez enfin les moyens de défendre les braves soldats de Napoléon qui vivent dans l'ombre et dans l'opprobre depuis 1815.
Un instant, Augustin laissa la charge passer dans sa tête. Il attrapa un verre d'eau pour étouffer la fièvre, sentit les marques de sueur tremper sa chemise, comme au temps de la campagne d'Espagne. Il entendait des bruits de pas dans la pièce d'à côté, et se tint en alerte. Les guérilléros allaient franchir la porte en hurlant, pointant leur fourche et leur faux, le transperçant de part en part pour le laissant mourant sur le tapis persan.
Il ouvrit grand les fenêtres pour laisser entrer l'air chaud de cette fin d'été, et se mit à s'agiter dans la pièce, cherchant quoi dire à ce sergent qui ne le lâchait pas. Sa femme entrouvrit doucement la porte pour jeter un coup d'œil et s'assurer que son époux ne s'apprêtait pas à embrocher leur visiteur avec l'épée d'ornement accrochée près du miroir.
Augustin tentait de réfléchir, perturbé par de multiples idées qui venaient en essaim déconcentrer son attention et augmenter sa fièvre. Son instinct lui criait qu'il y avait là un piège. Peut-être était-ce l'un de ses amis ultraroyalistes qui se méfiaient de lui. Il avait fréquenté Emeric Daupias dans sa jeunesse, des bonapartistes, des révolutionnaires... Le gouvernement traquait le moindre complot. Non, non... Cela n'avait aucun sens : pourquoi un ancien soldat de Napoléon demanderait-il son aide ? Il y en avait d'autres, plus patriote, plus républicain, plus révolutionnaire... Il sursauta en notant le large rictus de satisfaction sur la joue droite du sergent Belmarche. A peine le cachait-il, l'idiot ! Il allait l'attraper, l'enfermer, peut-être le tuer...
- Qui êtes-vous réellement ? Pourquoi êtes-vous venu me voir ? C'est stupide ! Jamais je n'afficherais votre drapeau. Pourquoi ferais-je cela ?
Il s'approcha de son bureau et retira brutalement, un à un, chaque tiroir, jusqu'à trouver un pistolet. Nerveux, rapide, il le pointa sur son invité en criant :
- Vous venez me mettre en prison, c'est cela ? J'ai déjà survécu à la captivité...
Hortense posa une main sur sa bouche, hésitant à intervenir. Elle sentait son cœur battre si fort qu'il pouvait éclater de sa poitrine. Ce matin, c'était sur elle qu'il pointait l'arme quand elle avait émis l'idée de le faire interner. Chacune de ses crises se caractérisait par un état de surexcitation nerveuse où il devenait incontrôlable. La simple idée de l'enfermement faisait ressortir un tout autre personnage, terriblement menaçant. Hortense pleurait parfois, quand elle était seule. Mais que faire ? Si elle l'abandonnait, il mourrait en quelques heures de désespoir. Si elle restait, Augustin pouvait la détruire. Sa maladie l'emportait dans sa chute : son amour pour lui pouvait-il surmonter la destruction ? Devait-elle s'éloigner, se protéger, le laisser mourir ? Un des grands malheurs de ceux dont la raison s'altère est de prendre en aversion les personnes dont ils sont le plus sincèrement aimés.
- Augustin, dit-elle en entrant finalement dans la pièce. Ecoute ce qu'il a à dire.
Son époux parut reprendre une partie de ses esprits. Il reposa le pistolet et fit signe au sergent de continuer :
- Ce drapeau, monsieur de Margerie, je veux le voir revenir. Le drapeau fleurdelysé a perdu de son sens. Nous avons mené trop loin le drapeau tricolore. Il symbolisait trop de choses pour nos armées en campagne. A le voir s'élever au-dessus de nos têtes, chacun se rappelait qu'il avait conduit des armées à la victoire, chacun repensait à la France qu'il symbolisait, à sa famille, à sa maison, son pays, et s'attachait à ces trois couleurs. Juste trois couleurs, mais pas n'importe lesquelles. Elles méritent qu'on se batte pour ce drapeau, parce qu'il représente plus que la Révolution. Il représente ses hommes, nos victoires, nos défaites, nos valeurs et notre histoire.
- Une histoire récente ! Une histoire qui commence en 1789. Le drapeau fleurdelysé a mille ans d'existence...
- Non, vous ne comprenez pas... Ce sont les couleurs... Les couleurs qui comptent. D'abord le blanc. Je n'ai pas besoin de vous convaincre : c'est la couleur de la monarchie. La monarchie a toujours représentée la France. Elle est le symbole même de la continuité, d'une France que rien n'altère et qui transmet aux siècles ses succès et ses faillites.
- Sapez les fondations du régime qui a construit un pays, et vous verrez le pays s'écrouler.
- Le bleu et le rouge des couleurs de Paris, c'est la Révolution ! Le peuple dans la rue, les droits que l'on réclame et obtient.
- C'est le sang des Français tués par la Révolution... Le pays qui s'écroule.
- Non, ce n'est pas cela ! Pourquoi ce rouge dans les couleurs de Paris ? Au Moyen Age, Paris a choisi le rouge comme le sang des martyrs. Celui de saint Denis, évêque de Paris, et de tous ses compagnons. Le sang de la terreur et des pauvres innocents que notre nation doit expier désormais. Le sang des soldats, nos compagnons, nos frères d'armes, qui ont donné leur vie pour la patrie. Le sang de tous ceux qui se sacrifient pour la France, pour qu'elle ait du sens, pour qu'un sang impur abreuve nos sillons ! Pas le sang des ennemis, non, le nôtre : celui des Français qui donnent leur vie pour que d'autres puissent moissonner dans la paix.
- Le sang, c'est la paix ? Ironisa Augustin.
- Le bleu, pour Paris, c'est le manteau de la Vierge, de Notre-Dame qui veille sur la cité. C'est la couleur de la noblesse, de la richesse, de la royauté. Et qui sont les bleus aujourd'hui, sinon les soldats révolutionnaires venus étendre leurs conquêtes en Europe ? L'armée n'est plus réservée à l'aristocratie, mais elle appartient à tout le peuple. Et la noblesse, la sacralité du bleu, est venu les envelopper, du plus petit soldat aux illustres maréchaux, d'un manteau de gloire éternelle.
Augustin s'assit dans un fauteuil damassé d'ivoire et demeura songeur. La passion exprimée par le sergent Belmarche venait réveiller de vieux sentiments longtemps enfouis, les émotions qui l'agitaient lorsqu'il chevauchait au milieu des steppes de Russie : la certitude qu'un destin exceptionnel attendait son pays, la reconnaissance du devoir, l'excitation qui précède les combats, l'affection pour tous ses soldats... Devant leur colonne, l'enseigne faisait flotter les trois couleurs de la Révolution.
Que signifiait tout le sang qui avait été versé ? Augustin n'y avait toujours vu qu'un massacre inutile, quand le sergent défendait l'honneur des héros de la liberté et les replaçait dans la lignée des premiers mérovingiens, des compagnons de Jeanne d'Arc, du chevalier Bayard ou du grand Condé, de Turenne et de La Fayette. Il brisait la rupture de 1789, en rappelant combien de Français avaient versé leur sang pour leur pays.
Était-ce si différent ?
S'il fallait un symbole pour unir à nouveau les Français, le sergent Belmarche ne voyait que le drapeau tricolore. Brandi aujourd'hui par les gauches, des plus révolutionnaires aux royalistes modérés, il ne devait pas seulement signifier la rupture. Il pouvait aussi montrer que les révolutions ne sauraient enlever à la France son histoire.
- Ce matin, poursuivit le sergent, je me suis réveillé en sueur. Toute la nuit, d'épouvantables songes m'avaient maintenu dans un état d'agitation. Je m'étais retrouvé au milieu des neiges de la Russie. Je ne voyais que cadavres, que mourants ; je me débattais dans des chambres pleines de morts... Tous les supplices, toutes les tortures que j'avais endurés, tout ce que j'avais craint se réunissait pour m'accabler.
Augustin écoutait ce récit comme dans un demi-rêve. C'était comme si son esprit prenait corps pour lui rappeler ses propres cauchemars. Drôle d'esprit avec sa bedaine épaisse, sa mine gouailleuse et sa large moustache brune. Et l'esprit continuait :
- Pourquoi Louis XVIII, à son retour en France, n'a-t-il pas décrété un deuil public ? Cet acte solennel, ce devoir sacré que les anciens n'eussent pas manqué de remplir, aurait grandi la nation, le chef de l'Etat, ainsi que les victimes... Et les survivants, ceux qui ont échappé à cette catastrophe colossale, la patrie n'a-t-elle donc à leur payer aucun tribut de reconnaissance ?
Hortense laissa glisser une larme. Entendre que d'autres que son mari éprouvaient des cauchemars, des remords, des difficultés à vivre la faisait sortir de sa solitude.
- Je n'ai pas de cauchemars, dit Augustin.
Une nuit, il l'avait frappée dans son sommeil. Son corps avait conservé les bleus pendant plusieurs semaines. Elle était restée chez elle, évitant les sorties, les visites, les amis, jusqu'à ce que son visage et son corps blessés guérissent. Depuis, elle faisait chambre à part.
Devait-elle fuir ? Emeric était revenu en France. Elle pouvait courir, se réfugier dans ses bras, retrouver son amour de jeunesse, et sortir Augustin de sa vie. Son époux ne tarderait guère à mourir, ainsi abandonné, et alors, jeune veuve, elle pourrait se remarier. Il n'y aurait plus de crises nocturnes, de pensées noires et morbides lors des dînes d'amoureux, d'accès violents de nervosité, mais un homme passionné, protecteur, vivant et drôle qui l'emmènerait au théâtre, à l'opéra, qui lui ferait découvrir des recoins inconnus de Paris, qui n'aurait jamais pour elle ni un mot dur, ni un geste brusque...
« Augustin n'est pas responsable », se répétait-elle. « J'aime mon mari ».
- Partez, lâcha finalement Augustin. Je veux être seul.
Hortense sentit la déception pincer son cœur. Il fut un temps où il n'aurait pas hésité à s'engager avec passion, mobilisant toute sa fortune et son énergie pour venir en aide aux soldats estropiés et misérables. Il avait cette fougue, il avait cet entrain lorsqu'il était revenu de Russie, qui avait séduit immédiatement la jeune fille. Il riait comme un enfant et blaguait comme un adolescent. Pourquoi s'était-il mis à changer au retour d'Emeric ?
L'été offrait un dernier sursaut en cet après-midi de septembre où elle se retrouva à attendre sous la colonnade des jardins du Palais-Royal. Un ciel sans nuage diffusait sa lumière éclatante aux dernières roses Bourbon de l'été. Hortense réajusta sa cape et s'enfonça dans l'ombre des arcades. Elle éprouvait un sentiment étrange de culpabilité et une voix dans sa tête lui criait : « Attention à l'adultère ! Les femmes adultères sont bien seules en ce XIXe siècle... ».
Elle ne faisait rien de mal.
Une mère promenait ses enfants à quelques pas de là, une bourgeoise élégamment habillée d'une large robe brune ceinturée d'un ruban noir. Son petit garçon jouait au cerceau juste devant elle, tandis que sa fille, aux adorables boucles d'or, lui tenait gentiment la main. La scène, paisible et ordinaire, réveilla de terribles accents de jalousie chez Hortense qui n'avait jamais pu avoir d'enfants avec Augustin.
- Hortense...
Elle sursauta. Emeric Daupias venait d'arriver et l'observait avec une tendresse à peine dissimulée. Elle eut soudainement envie de se jeter dans ses bras, pour laisser aller toutes ses larmes et se consoler des épreuves traversées par Augustin. Elle lui sourit :
- Comment vas-tu ?
- Et toi ?
Il lui prit les mains, l'observant avec une inquiète sincère. Il voyait ses yeux rougis, ses joues creuses, son front pâle :
- Tu ne manges pas beaucoup, n'est-ce pas ?
- Pour Augustin, c'est difficile, avoua-t-elle.
« Et pour toi aussi », se dit-il. Il sentit la passion se mêler à la colère. Elle semblait si malheureuse. Il s'efforçait de trouver la voie du pardon pour Augustin, mais toute la difficulté venait de ce que la trahison de son ancien ami n'avait pas seulement affectée Emeric Daupias : les victimes collatérales avaient été la femme qu'il aimait et leur enfant sans défense.
Dans sa lettre d'octobre 1812, Hortense demandait à Emeric de venir chercher le garçon confié à la nourrice de la famille des Makowiecki chez qui elle avait passé sa grossesse. Le danger avait contraint la jeune femme à revenir en France sans l'enfant qui n'aurait pas supporter le voyage ; et la captivité avait empêché Emeric de venir protéger son garçon : c'était quelque chose que l'officier peinait à pardonner.
Aujourd'hui, les yeux rougis d'Hortense, ses lèvres pâles... Pardonner pour soi, c'était déjà difficile ; mais pardonner pour ce qui était arrivé aux autres ? Emeric n'y voyait qu'un geste de faiblesse et un manque d'honneur que jamais il ne se permettrait. Il se sentait obligé d'haïr son ancien ami pour toutes les conséquences mauvaises que sa captivité avait eu sur Alexis et sur Hortense. Comment pouvait-il faire autrement ?
Et pourtant, qui sait si Alexis n'aurait pas disparu quand bien même Emeric n'aurait pas été fait prisonnier ? Qui sait si Hortense n'aurait pas choisi Augustin quand bien même elle aimait son rival ?
Emeric la prit dans ses bras, doucement. Il la connaissait si bien qu'il était capable de deviner le fil de ses pensées. Il devinait que son inquiétude pour Augustin envahissait chaque recoin de son esprit, qu'elle craignait également de se laisser emporter par ses sentiments pour Emeric alors qu'elle avait préféré l'oublier il y a près de dix ans ; il comprenait enfin qu'elle traquait dans le jardin la moindre parcelle de joie.
- Si Augustin trouve la vie si difficile, tu peux lui dire que je veux bien l'aider en l'allégeant de ta présence, la taquina Emeric.
- Parce que c'est moi qui suis difficile ! S'exclama Hortense en laissant échapper un rire. Tu es bête...
- C'est vrai, admit-il dans un sourire. Pourtant... Je ne sais pas trop ce que je peux faire pour l'aider. J'ai envoyé le sergent Belmarche en me disant que retrouver un peu d'action et un peu de ses souvenirs de guerre pourrait l'aider à sortir de sa bulle. Il faut bien reconnaître que j'ai échoué.
- C'est ton ami, non ? Il a toujours été ton ami : comment pourrais-tu l'abandonner ? Va le voir, parle-lui... C'est tout ce que je te demande.
Le visage d'Emeric se ferma aussitôt :
- Il vaut mieux que je n'en fasse rien.
Elle fronça les sourcils :
- S'est-il passé quelque chose en Russie ? C'est ton meilleur ami, Emeric. Vous pouvez vous pardonner... Peut-être que c'est qu'il attend pour aller mieux, que tu lui pardonnes.
- Cela ne dépend pas de moi.
- Je n'ai jamais dit cela, dit-elle en glissant dans sa main une petite image religieuse. Tu ne crois en rien, mais seul tu n'y arriveras pas. Il faut que tu pardonnes à Augustin et que tu renoues ton amitié avec lui. Va à l'église Saint-Germain lorsque tu sortiras d'ici. Si ta haine est grande, ton pardon sera grand, et le ciel peut t'aider.
Une grimace moqueuse vint marquer le visage d'Emeric, mais Hortense insista :
- Si on n'aide pas Augustin, il mourra. Veux-tu être responsable de sa mort ?
- Pourquoi le serais-je ?
- Depuis que tu es là, il n'est plus le même. Il s'enfonce peu à peu dans la dépression. Je ne le reconnais presque plus, et lui-même... ne sait plus qu'il m'aime.
Emeric n'avait jamais cherché à se venger. Il aurait pu tout révéler à Hortense et peut-être détruire son amour pour Augustin. Il aurait pu le provoquer en duel, ou simplement le confronter sur ce qui s'était passé cette nuit-là de novembre à Maladzetchna. Il ne s'était pas vengé, alors comment pouvait-on lui demander de pardonner ?
- Hortense, je...
Augustin avait peut-être oublié qu'il aimait sa femme, mais, pour Emeric, les sentiments n'étaient que plus vivaces. Elle le troublait. Il fallait trouver un moyen de lui dire : abandonne-le, il ne te mérite pas. Qu'il meure ! Nous nous retrouverons... Nous pourrons enfin nous aimer. Je n'ai jamais cessé de penser à toi depuis la Sibérie.
- Augustin ne...
Hortense sentit ses joues rosir. Le visage d'Emeric s'était rapproché à quelques centimètres d'elle et elle pouvait sentir toutes les émotions contradictoires agiter son ami. Les yeux de l'officier s'étaient mis à briller avec intensité. Ils faisaient ressurgir la jeune fille de vingt ans qui dissimulait ses amours en cachette et cherchait toutes les occasions pour embrasser son amant entre deux ruelles parisiennes. Elle s'efforça de détourner le regard, mais son cœur s'était remis à battre et le vacarme des émotions l'empêchait de raisonner. Comme à vingt ans, elle retrouvait le feu de l'interdit, le sentiment de culpabilité et la lutte intérieure entre son affection sincère pour Augustin et l'irrésistible attraction qu'elle ressentait pour Emeric.
Leur deux visages étaient maintenant si proches. C'était trop tard.
Emeric vint appuyer doucement ses lèvres sur celles d'Hortense qui ferma les yeux. Il y eut un moment de flottement où les doutes et les craintes disparurent, où les odeurs de jeunesse remontèrent et les cœurs attristés se trouvèrent consolés. Une immense vague de paix, presque brûlante, vint saisir la jeune femme, avant que la réalité ne la rattrape brutalement.
Hortense recula, le souffle court, ses yeux écarquillés par la culpabilité :
- Non, Emeric. Je ne peux pas t'aimer si cela détruit Augustin.
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