Chapitre 9
Je rouvris les yeux avec peine. La lumière aveuglante au-dessus de ma tête me donnait un terrible mal de crâne. Cette lumière... elle était blanche. Tout à fait blanche. Comme si elle était à quelques centimètres de mon visage. Comme si quelqu'un s'amusait à la braquer sur moi. Comme lorsqu'un ami allume une lampe torche et balaye nos visages avec.
C'était la même sensation. Tout simplement parce que c'était aussi la même situation.
« Pupilles dilatées, yeux rouges. Elle vient de se réveiller. Ses paupières ont gonflées, annonça l'homme qui se tenait au-dessus de moi.
— Ok, on passe à la vieille », répondit une voix de femme en soupirant.
L'homme éteignit sa lampe. Pendant quelques secondes, je ne voyais que des milliers de petits points colorés qui s'éparpillaient sur la blancheur du plafond. J'avais l'impression que mon cerveau tournait à mille à l'heure, pourtant je ne pensais à rien. Je n'arrivais pas à me rappeler ce qu'il s'était passé, pourquoi j'étais ici.
Puis tout à coup, tout me revint. Le voyage dans le temps, Maud, mon réveil à l'hôpital, les rêves, puis... notre saut dans le vide.
Je tentai de regarder autour de moi. Il se passa la même chose que lors de mon premier réveil à l'hôpital : je n'y parvins pas.
Il aurait semblé que notre chute dans le canal ait porté ses fruits. Je ne pensais pas être au paradis... je me serais attendue à quelque chose d'un peu plus accueillant, d'un peu plus rassurant. Je m'entendis pousser un soupir de soulagement. J'étais vivante. J'étais bel est bien vivante.
Qu'en était-il de Maud ?
Le ride au était toujours là, entrouvert. Je parvins à distinguer quelques silhouettes qui se déplaçaient d'un bout à l'autre du rideau. Sûrement l'homme et la femme qui m'avaient accueillie – enfin, si accueillie est bien le mot.
C'était le silence dans la chambre. J'attendais que l'homme tire des conclusions de ce qu'il voyait, comme il l'avait fait pour moi.
Mais rien. Je n'entendais que brièvement le bip de la machine qui se trouvait derrière moi. Je n'entendais pas même celle qu'aurait dû avoir Maud.
Une vingtaine de secondes plus tard, une voix s'éleva enfin :
« Tout est bon. Elle ne rouvre pas les yeux. Son cœur ne bat pas. Aucun pouls non plus. Elle est aussi morte qu'au commencement. »
Attendez, quoi ?
Aussi morte qu'au commencement.
De quoi parlait-il ?
Voulait-il dire au commencement de notre rêve ? De cette stupide expérience dont on était victime, Maud et moi ?
Mais... NON !
Maud ne pouvait PAS être morte !
Je n'aurais pas pu la connaître... et elle n'aurait pas pu se réveiller à l'hôpital comme je l'avais fait...
C'était scientifiquement impossible !
Mais qui parlait de science ici ? De science d'aujourd'hui ? Si nous avions été capable de partager le même rêve... tout pouvait arriver, non ?
Je sentis une larme couler sur ma joue. Mes yeux me piquaient encore plus que lorsque je m'étais réveillée. Maud était la seule sur qui je pouvais compter. La seule qui me comprenait. La seule qui m'avait aidée.
On était deux sur le navire. Deux moussaillons perdus au milieu d'un océan déchaîné, qui nous faisait constamment changer de cap. J'ai réussi à regagner la terre ferme, pas elle. Je ne sais pas si elle est restée sur le navire, je ne sais pas si elle y était tel un fantôme. Je me retrouvais maintenant seule sur une île, sans personne. Je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi ressemblait cette île. Je n'avais pas la moindre idée du véritable but de notre traversée. Mais je savais une chose. Une seule.
Sans aide, je ne m'en sortirai pas vivante.
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