Chapitre 4
Je ne me souvins pas m'être endormie. En revanche, j'étais sûre d'une chose : je ne savais pas où j'étais lorsque je me réveillai. Malgré mon mal de tête, je me rappelai instantanément ce qui s'était passé la veille. Je regardai autour de moi. Je n'étais désespérément pas dans la chambre d'amis de Maud Jarte. Je basculai sur le côté, espérant au moins apercevoir les articles de presse politiques. Rien.
Tout ce qui m'entourait était d'un blanc lumineux. Les murs, le lit, le sol, la porte. Les lumières encastrées au plafond me firent plisser les yeux. Je tentai de me relever, sans succès. Je n'arrivais pas même à me tenir assise. Quelque chose me retenait à l'arrière, au niveau de mes cheveux. J'essayai de me retourner, mais je ne parvenais pas à voir ce qui se trouvait derrière ma tête. Il y avait à droite de mon lit une sorte de machine qui traçait des courbes, comme pour vérifier mon rythme cardiaque ou ma tension. C'est alors que je compris. J'étais dans un hôpital.
Un rideau séparant la chambre se trouvait sur ma gauche. J'ai tenté de dire quelque chose, dans le but que la personne à côté m'entende. Aucune réaction. Je crus voir des fils qui parcouraient le mur de derrière, mais je ne pus vérifier une seconde fois de peur de m'arracher littéralement le crâne. Je cherchais autour de moi une sonnette, celle qui sert à solliciter les infirmiers en cas de problème. Il n'y en avait pas. Je commençai à crier. Le couloir que je distinguais par la fenêtre vitrée était allumé. Je criai de plus en plus fort. « Il y a quelqu'un ici ? J'ai besoin d'aide ! S'il vous plaît ! ». Personne ne venait.
Au bout d'une quinzaine de minutes, je me suis tu. Perdre ma voix ne servirait à rien. Je fermais les yeux, essayant de réfléchir. Que s'était-il dont passé après ma rencontre avec Maud Jarte ? Quelque chose avait forcément dû m'échapper. Je sentis une larme couler sur ma joue. Puis deux. Puis trois. Je repensais à ma mère, à mon père — bien que ce dernier peu souvent présent —, à Margot. Comment avais-je fait pour me détacher d'eux aussi rapidement Où étaient-ils ? Partis à ma recherche ? Les reverrai-je un jour ?
J'éclatai en sanglot. Pourquoi vivais-je quelque chose de si terrible ? Je n'ai que quatorze ans. J'entendis un bip bip à ma droite. C'était la machine. Selon elle, mon rythme cardiaque paraissait augmenter. Sans blague. Après tout, je ne savais pas où je me trouvais, comment j'avais atterri dans un hôpital, et cerise sur le gâteau, j'avais remonté le temps la veille. On se croirait dans l'un de ces films incompréhensibles de Christopher Nolan.
C'est alors que j'entendis un grand fracas. Le bruit provenait du couloir. J'eus une lueur d'espoir. J'allais enfin voir quelqu'un ! Une ombre passa près de la vitre. J'eus du mal à distinguer le visage ou même la corpulence de cette ombre. Elle était passée trop rapidement. Les bruits de pas s'éloignèrent. « Nooon ! » cirai-je intérieurement. J'avais laissé passé l'opportunité d'avoir des explications. J'en étais à me morfondre et à perdre tout espoir de sortir d'ici lorsque les bruits de pas revinrent. « Cette fois, je hurle jusqu'à ce que mes poumons décèdent », me promis-je.
Il faut croire que mes cris payèrent. La poignée de porte s'inclina vers le bas, mais la porte ne bougea pas. J'entendis un juron de l'autre côté. Une voix d'homme. Il enfonça une clé dans la serrure mais la porte résista. Il la secoua et tenta de l'enfoncer, mais elle paraissait bien trop solide pour l'ouvrir à un simple coup d'épaule.
« Quel est ton nom ? me demanda la voix, un peu étouffée derrière le mur.
— Alice. Alice Everden. Est-ce que vous pourriez me dire où je suis, s'il vous plaît ?
— Te souviens-tu de quelque chose avant d'arriver dans cette chambre ? m'interrogea-t-il en ignorant royalement ma question.
— Non, mentis-je. Je me souviens seulement de mon nom.
— Arrête de te payer ma tête. Je sais très bien que tu te rappelles ta vie d'avant, au moins par bribes, contra-t-il. Je t'en prie, c'est pour t'aider que je te demande ça. Plus vite tu parleras, plus vite tu sortiras. »
Je dois avouer que j'hésitai. Mais cet endroit était plus que louche. Je refusais de tomber dans ces pièges que l'on voit dans les films. Il fallait que je trouve quelque chose à répondre au plus vite, quitte à raconter n'importe quoi.
« Je suis l'aînée d'une famille de quatre enfants. Mon père est mort quand j'avais six ans et ma mère s'est remariée depuis. Je déteste mon beau-père. Je ne me souviens de rien d'autre, annonçai-je.
— D'accord. Continue de mentir, et ça va mal se finir pour toi. », déclara l'homme.
Je compris soudainement que l'homme savait totalement qui j'étais. À coup sûr, c'était un test. Je l'entendis appeler quelqu'un d'autre. De nouveaux bruits de pas. J'entendis le résonnement d'une clé dans la serrure. Cette fois-ci, je savais que la porte allait forcément céder. Dire que c'était ce que je souhaitais plus que tout quelques minutes auparavant, désormais je n'en étais plus tellement certaine.
La porte s'ouvrit, et à la vue des deux personnes qui entrèrent, je failli m'évanouir. J'avais en face de moi des copies conformes aux personnes qui m'avaient enlevée dans mon rêve.
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