Chapitre cinq - Mauvais Augure (2/2)


La ford noire se rangea aux côtés d'une BMW, faisant crisser les graviers sous ses pneus.

Il faisait nuit noire, seule une lumière éclairée faiblement l'allée. Elle provenait du perron de la grande bâtisse en pierre qui se dressait à une dizaine de mettre du parking improvisé.


La demeure se fondait dans l'obscurité mais le jeune homme qui descendait du véhicule savait parfaitement que de grands lierres envahissaient les murs de pierre et sur l'aile gauche se trouvait une tourelle digne d'un manoir abritant la précieuse bibliothèque des Wood. La résidence comportait deux étages avec de nombreuses pièces richement décorées par les soins de la grand-mère de Liam. Les Wood possédaient une certaine fortune et de nombreux héritages dont un domaine de plusieurs vingtaines d'hectares qui leur assuré une vie plutôt confortable.


Liam contourna sa voiture pour ouvrir délicatement la portière passagère sur laquelle était appuyé Téhiya, assoupit. Le jeune homme ne put s'empêcher de contempler son amie dont la beauté le fasciné. Le plus étonnant dans l'histoire c'est qu'elle ne semblait même pas se rendre compte de l'effet qu'elle procurait aux gens. Elle possédait un charme et un charisme qui obligeait qui conque qu'elle croisait sur son passage à se retourner pour la regarder.


Liam s'en était bien rendu compte, cela avait toujours été le cas et ce depuis qu'elle était enfant. Il ne s'en étonnait pas pour autant, il savait que cette situation était tout à fait normale.


C'était son amie qui ne l'était pas, normale, elle était bien plus différente des gens qu'elle côtoyait et Liam se désespérait du jour où elle s'en rendrait compte, cela faisait tellement longtemps qu'il voulait lui en parler. Il savait cependant qu'il ne pouvait pas forcer les événements et qu'il ne devait lui en parler sous aucun prétexte au risque de passer pour un fou et perdre sa confiance.


Il pressa légèrement l'épaule de la jolie rousse jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux et baille.


«On est arrivé ? Demanda-t-elle d'une petite voix.

-Oui, il est assez tard .. enfin tôt, il est presque deux heures.Tout le monde dort donc on va se faire discret. »


Lejeune homme récupéra son bagage et celui de son amie tandis que celle-ci sortait du véhicule en s'étirant. Puis elle se figea.


«Quelque chose ne va pas ? S'inquiéta-t-il en voyant l'expression de Téhiya.»


Elle déglutit et lui sourit pour le rassurer. Tess n'osait pas lui avouer qu'en réalité l'obscurité la mettait mal à l'aise, son sentiment d'insécurité et l'impression d'être observé la rattrapant au galop.

Les deux jeunes franchirent les quelques mètres qui les séparaient de la porte et Liam l'ouvrit.


Lorsque Téhiya franchit à son tour le pas de la porte, elle se surprit à entendre un craquement et se retourna subitement le regard perdu dans la noirceur de la nuit analysant le moindre mouvement au loin, mais elle n'y voyait pas à plus de trois mètres. Sûrement un animal. Songea-t-elle, elle se souvenait avoir vaguement distinguée de grands arbres proches de la voiture de Liam, elle aurait mis sa main à couper qu'une forêt bordait la propriété. Cela aurait pu expliquer le bruit qu'elle avait perçu.


Son ami l'entraîna silencieusement au deuxième étage, s'engagea dans un couloir avant de marquer un arrêt devant une grande porte en bois verni et sculpté. Il ouvrit celle-ci, alluma la lumière et posa le bagage de Tess aux pieds d'un grand lit double.


La jeune fille inspecta la chambre avec de grands yeux, un sourire se dessinant sur ses lèvres fines.

Un grand lit occupait une partie de la pièce, l'édredon et les nombreux coussins blancs cassés donnèrent à Téhiya l'impression de s'allonger sur un nuage lorsque celle-ci se laissa aller dessus.Elle soupira d'aise. Elle remarqua également une commode beige sur laquelle reposait un grand miroir. Quelques cadres et un vase de fleurs apportaient un peu de couleur.


«La chambre te plaît ? Lui demanda Liam.

-C'est parfait. Murmura-t-elle

-Dans ce cas je vais te laisser dormir. La salle de bain est juste en face, et si tu as besoin de quelque chose ma chambre est au fond du couloir. »


La jeune fille acquiesça et les deux amis se souhaitèrent bonne nuit.


¤


Comme chaque matin Ayanna commença par mettre sur le gaz une casserole d'eau pour préparer son thé tandis que son mari, Connor , lisait tranquillement le journal en sirotant son café noir. Elle observa celui-ci quelques instants, un sourire nostalgique aux lèvres en pensant à eux deux durant leur jeunesse, avant de porter son regard sur les photos de ses enfants et petit-enfants affichées sur le mur de la cuisine.

Sur l'une d'elles se trouvaient ses trois fils alors âgés d'une vingtaine d'années. De grands sourires illuminaient leurs visages et leurs yeux si particuliers, dont tous les membres de la famille étaient dotés, pétillaient de malice.Ils semblaient si heureux,si vivants. A cette pensée le cœur d'Ayanna se comprima. Malgré les années écoulées, sa douleur était la même lorsqu'elle songeait à son fils cadet décédé et il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne pense à lui, à la vie qu'il avait quittée si tôt.

Car comme tout parents dignes et aimants Ayanna aurait souhaité disparaître avant ses enfants, mais le destin ne l'avait pas décidé ainsi.

Un destin qu'elle considérait à présent maudit pour tous les membres de cette famille.


Si pendant de longues années elle avait considéré que posséder les gènes des Wood était un grand honneur, en effet chacun de ses membres semblaient promis à un destin glorieux et loin des vies anodines de la majorité des individus, la mort d'Adam était devenue l'élément déclencheur qui lui avait permis de voir la vérité en face.

La noble quête pour laquelle étaient élevés chaque enfant Wood n'était plus qu'à ses yeux le funeste fardeau transmit de générations en générations qu'une personne extrêmement égoïste avait imposé à l'un des ancêtres de son mari.

Malheureusement elle était la seule à s'en rendre compte, son mari et ses enfants avaient été endoctrinés dès leurs premiers pas dans l'unique but de servir les intérêts d'une seule et unique personne et ce au prix de leur vie.


Des grincements dans les escaliers la sortir de ses pensées et le visage encore ensommeillé de son petit-fils apparut dans l'encadrement de la porte. Ayanna se précipita dans sa direction et l'enlaça, remarquant qu'il avait un peu maigri et que ses cheveux étaient plus longs que la dernière fois qu'elle avait eu l'occasion de le voir.Elle soupira intérieurement, elle avait l'impression qu'il les avaient quitté depuis des années et elle ne pouvait s'empêcher de se faire un sang d'encre chaque jour à l'idée qu'il ne lui arrive malheur. Il était encore si jeune pourtant il prenait ses responsabilités à cœur, comme son père avant lui et Ayanna craignait qu'il subisse le même destin que ce dernier. Elle aurait souhaité que son petit-fils ne suive pas le chemin tout tracé qu'on lui avait imposé mais qu'il choisisse son propre destin et surtout une vie normale, il le méritait amplement. Aussi elle ne pouvait s'empêcher de le regarder avec admiration et frayeur, lui qui avait tant souffert à la mort de ses parents était l'une des personnes les plus fortes et courageuses qu'elle connaisse et au grand désespoir de sa grand-mère le jeune homme acceptait son destin au prix de sa vie.


«Liam. Murmura-t-elle. Que je suis contente de te revoir, tu as encore changé, tu ressembles de plus en plus à ton père.

-Je ne suis parti qu'un mois. Rigola celui-ci. Et tu m'appelles tous les soirs.

-C'est que je me fais du souci pour toi, je n'aime pas te savoir là-bah tout seul. Tu pourrais ... il pourrait t'arriver quelque chose de grave et je n'y survivrais pas. »

Le sourire de Liam s'effaça peu à peu, il soupira et passa une main sur son visage.


«On en a déjà discuté. Commença ce dernier. Tu sais à quel point c'est important, quelqu'un doit s'en occuper, et je suis le mieux placer. Et tu sais très bien que je ne suis pas seul, on ne pouvait pas la laisser sans protection.

-Peut-être bien que si. S'énerva Ayanna. Liam je t'en prie reste à la maison, ils peuvent se débrouiller sans toi tu n'es pas obligé d'y retourner. Si tu penses que c'est parce que tu dois terminer ce que ton père avait commencé sache que tu n'y es pas obligé, tu peux très bien vivre normalement sans tout cela.

- C'est bien plus que ça ! Oui je dois terminer le travail de mon père, celui de mon grand-père et de tous mes ancêtres, je suis né dans un but précis et je le satisferai. C'est ça ma vie, je ne peux pas faire semblant d'être heureux en reniant ce que je suis et là où devrait être ma place. Je suis désolé que cela te fasse autant de peine, mais c'est mon choix. On ne peut pas abandonner si prêt du but, si jamais j'échouais plus personne n'aurait de vie normale et ce serait bafouer la mémoire de mes parents.

-Pourquoi es-tu aussi têtu qu'Adam. Se morfondit la vieille femme. Connor fait quelque chose je t'en prie ! »


Jusqu'alors son mari s'était contenté de les écouter, il avait l'habitude de ce genre d'échange. Sa femme avait, depuis la mort de leur fils,marqué de plus en plus son opposition aux affaires de famille qu'elle avait pourtant toujours soutenues dans la passée et en connaissance des risques. Mais la douleur avait été si grande qu'elle avait soudainement virée de bord et était en constant désaccord avec les décisions prises par les membres de la famille, fidèles à leurs responsabilités. Les plus gros conflits concernaient toujours Liam, elle l'avait élevé comme son fils et il était l'unique chose qu'il lui restait d'Adam et jamais encore elle n'avait accepté que celui-ci continu la quête de ses prédécesseurs et à chaque fois ils avaient droit aux mêmes discussions qui semblaient tourner en rond.


«Liam est adulte maintenant. Il prend ses propres décisions, et je suis de son avis. Ne t'en fais pas pour lui, il est capable de se protéger.

-Adam et Abygaëlle aussi étaient capables de se protéger. Et regarde le résultat, il ne sont plus là et ont laissé un orphelin derrière eux ! Siffla la grand-mère de Liam. C'était encore une fois une bêtise de penser que j'aurai ton soutient Connor. A croire que le sors de ton petit-fils, la chaire de ta chaire t'es totalement indifférent ! Et je ne parlerai même pas de ton propre fils que tu as laissé mourir sans aucun regret ! Tout cela pour ...

-Ça suffit ! Rugit Connor. Je t'interdis d'insinuer une seconde de plus que la mort d'Adam ne m'a pas touché, bien au contraire mais moi j'arrive à faire preuve de sang-froid et prendre du recul par rapport à mes émotions. Tu fais preuve d'un parfait égoïsme Ayanna, ton fils est mort en héros. S'il avait réfléchi de la même manière que toi les conséquences auraient pu être dramatiques, tu ne te rends pas compte de ce que tu dis.

-C'est moi l'égoïste ?! S'écria-t-elle. Tu en as d'autres dans ce genre là ?! L'égoïste dans l'histoire ce n'est pas moi, c'est celle qui a maudit notre famille. Celle que vous idolâtrez tant ! »

Ayanna jeta un regard mauvais à son mari et sortit de la demeure en claquant violemment la porte dans son dos. Les deux hommes échangèrent un regard triste et lourd de sens.

#NDA

Voici la deuxième partie un peu plus tard que prévu, et je vous laisse avec sûrement pleins de questions et sachez qu'elles ne vont faire qu'augmenter. Patience tout s'expliquera bientôt avec la sortie des prochains chapitres !

Vous savez comment ça marche les votes et commentaires sont toujours reçus avec grand plaisirs.

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