Un

Rho, je suis émue de poster quelque chose de nouveau sur mon compte.
C'est rien de très sérieux, en vérité. Un petit two-shot sans prétention, mais ça fait un bien fou d'écrire, si vous saviez...
Cette petite histoire est en fait une reprise d'idée que j'avais déjà écris en OS. J'avais envie d'en faire quelque chose de plus développé. Au final j'ai vraiment repris que l'idée de base parce que j'ai tout changé, haha.
On se retrouve en bas pour les courageux.

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_ Tiens, regarde, c'est là que ça cloche.

Je lui prends la souris des mains, reviens en arrière sur la vidéo et appuie sur la barre espace pour la relancer. Les images se succèdent mais la musique qu'on a choisie ne semble plus s'accorder.

_ Hn, t'as raison, marmonne NamJoon, un air sérieux flanqué sur le visage. Et si on ralentit un peu le rythme ?

Je marmonne une vague réponse et met rapidement l'idée en place, mais c'est un échec. Lassé, je me laisse aller dans ma chaise en soupirant, croisant les bras sur mon torse. Ç’a le don de me gonfler sévère. Rien ne va et on est censé rendre ce truc la semaine prochaine. J'en veux à NamJoon d'avoir accepté ce projet, déjà de base ça ne me plaisait pas des masses de m'en occuper, mais là, ça atteint des sommets. J'ai envie de tout envoyer balader.

_ Pète un coup, ça va le faire.

Je lui lance un regard que j'espère assez assassin pour qu'il la boucle pour le reste des siècles à venir. Malheureusement, il ne fait que me rire au nez.

    Je le hais. C'est sérieux.

_ Ça va, tête de nœud, range moi ce regard à deux balles, tu m'fais plus peur depuis la maternelle.

_ La ferme, Nam.

Il rit de nouveau. Moi je ne vois pas bien ce qui a de drôle. Je vais finir par le laisser se démerder avec son projet à la con. C'est pas comme si j'avais été d'accord pour m'en occuper, de toute façon. Ça lui ferait certainement les pieds et la prochaine fois il réfléchira peut-être à deux fois avant d'accepter de la merde sans mon accord. Faut absolument que je pense à dresser une liste du genre « Pourquoi je me retrouver associé à un trou du cul pareil ? », histoire de me rappeler la raison pour laquelle je me le coltine, sinon je vais réellement finir par me barrer de là.

_ Ils proposaient un max d'argent.

Je rêve ou il essaye de justifier ses choix de merde, là ?

_ T'as l'impression que j'en ai quelque chose à carrer ?

_ Yoon, pitié, tu sais qu'on a besoin de fric, souffle t-il, plus sérieux. On peut plus se permettre de remballer tout le monde sous prétexte que ça te fait chier de sortir de ta zone de confort.

Je soupire. Au fond, je sais qu'il n'a pas tort. Mais, merde, ça me rend dingue de devoir pondre un truc aussi moisie juste pour du fric.

_ On devrait composer une autre musique, tu penses ?

_ Mais y a pas moyen ! Je m'agite, me jetant sur la souris de l'ordinateur pour reprendre ce qu'on était en train de faire. Je me retape pas une compo' pour leur gueule, merde, on se débrouille avec celle-ci. Avec quelques arrangements, ça devrait passer, y'a pas le choix.

Du coin de l’œil, j'aperçois mon trou du cul de meilleur ami sourire, apparemment ravi que sa proposition m'ait poussé à reprendre le taf. Quel connard, il sait comment s'y prendre avec moi, c'est limite pas du jeu.

Seigneur, me retaper le teaser de ce drama me hérisse les poils. Je crois que même sous la torture on ne me ferait pas regarder le premier épisode. Dire que l'une de nos précieuses compositions allait se retrouver dans le teaser, c'en est presque humiliant. Rien que de penser que mon nom allait y apparaître...

_ Alors, tu sais qu'il est de retour ?

Je fronce les sourcils sans quitter l'écran des yeux.

_ Tu parles de quoi ?

_ Pas de quoi, mais de qui, tête d'âne.

Je l'interroge du regard et voyant que je ne saisis toujours pas, il roule des yeux.

_ Hoseok.

Mon cœur s’accélère à l'entente de ce nom et je me dépêche de reposer le regard sur l'écran d'ordinateur.

J'ai l'impression de tomber dans le vide et mon cerveau se transforme instantanément en bouilli.

_ T'étais pas au courant ?

_ Non.

Je renifle et tente de reprendre un semblant de contenance. Mais c'est fichu, j'ai l'impression que l'écran face à moi est tout à coup devenu tout blanc et je peine à me rappeler ce que j'étais en train d'y faire.

_ Ça va ?

Non, bordel.

_ Pourquoi ça n'irait pas ? C'était y a quatre ans.

_ Hn.

_ Qu'est ce qu'il est revenu faire dans le coin ?

Il hausse une épaule.

_ J'en sais rien, c'est TaeHyung qui m'en a parlé. Apparemment il vit un peu chez lui, le temps de trouver un appart'.

_ Ah, bah écoute grand bien lui fasse.

NamJoon hausse les sourcils et se met soudainement à rire.

_ Nom d'un chien, Yoongi, tu lui en veux encore, t'es un putain de rancunier !

_ Mais que dalle !

_ Je te connais comme si je t'avais fait, Yoon.

Je pince les lèvres, piqué au vif.

_ Et quand bien même ? J'ai des raisons de lui en vouloir, non ?

À cela, il ne répond rien et je lui en suis légèrement reconnaissant.

_ Maintenant, tu permets, j'aimerais qu'on bosse ça pour en être définitivement débarrassé.

Discussion close, NamJoon propose une nouvelle idée pour le projet et je fais semblant de m'intéresser à ce qu'il dit pour qu'il me fiche définitivement la paix.

Mais, au fond, je ne suis accaparé que par une seule et unique pensée :

Le retour d'Hoseok.

__________________

   

_ J'ai vu le teaser du drama, Hyung, murmure Jimin, un léger sourire aux lèvres, émiettant le pain pour le lancer dans la marre, par-dessus le grillage. La compo est plutôt cool.

Je fronce le nez, observant les canards se battre pour avoir des petites bouchées de pain.

_ Dis pas ça, c'est de la merde.

Le petit rire qui lui échappe m'arrache un sourire gêné et son épaule vient cogner dans la mienne, taquine.

_ Est-ce que tu viens à l'anniversaire de TaeHyung, samedi ?

_ J'ai pas forcément le choix, c'te tête de nœud serait capable de venir me chercher si jamais je me pointais pas.

L'idée m'enchante absolument pas, mais TaeHyung est mon ami et, en soit, sans le facteur défavorisant qu'est Hoseok, j'étais plutôt content d'aller à sa foutue fête d'anniversaire. Maintenant, je dois dire que l'idée de devoir m'y rendre me tord désagréablement l'estomac. Quelle merde...

_ On y va ensemble ?

Surpris de la proposition, je me tourne vers le petit blond qui se balance d'un pied à l'autre, tripotant le reste du pain de ses petits doigts. L'image me fait sourire. Je crois bien que ce petit gars est bien le seul dans tout l'univers à avoir la capacité de m'arracher autant de sourires à la minute. Sait-il seulement tout le pouvoir qu'il exerce sur moi ?

_ Si tu veux, oui.

Il murmure un « cool » en enfonçant le nez dans son écharpe blanche. Les minutes suivantes s'écoulent en silence tandis qu'il termine de jeter le reste de son pain. Je lève les nez vers le ciel qui s’obscurcit doucement et les nuages qui s'y amoncellent semblent de plus en plus menaçants.

_ On ferait mieux d'y aller, j'ai l'impression qu'il va pleu-

Je n'ai pas le loisir de terminer ma phrase puisqu'une première goutte me tombe sur le bout du nez. Puis une seconde, et, soudainement, j'ai l'impression de recevoir des centaines de seaux d'eau sur la tronche. Sans se consulter, Jimin et moi nous nous mettons à courir pour sortir du parc, déjà complètement trempés et, accessoirement, totalement frigorifiés.

Sur la route, Jimin se tourne vers moi et attrape ma main pour me tirer derrière lui, constatant que je me fais traînard. Je n'ai jamais aimé courir, putain et ma respiration qui devient sifflante au fur et à mesure de notre course en témoigne. Je serre sa minuscule main dans la mienne en essayant de ne pas m'étaler sur le sol, esquivant les flaques qui commencent déjà à se former.

Soudainement, le petit blond bifurque et me ramène à lui d'un geste. Mon corps suit mais j'ai l'impression d'avoir oublié mon cerveau dans le parc. Trempé, Jimin s'adosse au mur, secouant ses cheveux d'une main.

_ Ici, on est au sec, au moins, murmure t-il. On a cas rester jusqu'à ce que ça se calme.

Je reste silencieux. Il fait sombre et ça sent bizarre, dans le hall de ce bâtiment, mais étrangement, ce n'est pas ce qui me chagrine le plus. J'observe le blond retirer son écharpe gorgée d'eau pour la secouer et la ranger dans son sac à dos, puis je m'applique à regarder chacune des gouttes qui glissent paresseusement dans les mèches de ses cheveux. Puis sur ses joues, son nez, ses lèvres.

Puis, soudainement, ça m’explose à la tronche.

Jimin est beau.

Pas que ce léger détail m'ait échappé jusqu'ici, bien sûr. Mais, dans l'instant, j'ai l'impression d'en prendre pleinement conscience. Et disons que jusqu'à aujourd'hui, j'essayais de garder un minimum la tête froide, le concernant, mais là, de suite, il me semble que toute raison m'ait quitté. J'ai dû la laisser sous la pluie, quelque part.

Bordel.

_ Hyung ?

Jimin cherche mon regard et je lui donne satisfaction, marmonnant une vague réponse, complètement paumé.

Est-ce que je serais pas en train de virer débile ?

_ T'as froid ?

Je secoue le menton, incapable de formuler une réponse et détourne les yeux en reniflant nerveusement. Dehors, le temps se déchaîne et j'ai peur qu'on ne soit coincé ici un petit moment avant d'espérer pouvoir remettre le nez dehors sans risquer de choper une pneumonie. 

_ Est-ce que tu boudes ?

Un peu trop vite, je tourne la tête vers lui.

_ Quoi ? Non !

_ Alors c'est quoi cette tête ?

Je mordille ma lèvre. Je ne vais quand même pas lui balancer de but en blanc que le voir trempé jusqu'aux os m'excite, putain.

_ C'est juste...Mh, la pluie, ç’a écourté notre balade, je suis frustré.

Il rit et passe une main dans ses cheveux, dégageant son front. C'est fichu, je n'arriverais plus à détourner mes yeux de lui. J'ai l'impression que ça fait une éternité que ça m'était pas arrivé, d'être aussi subjugué par quelqu'un. D'ailleurs ce genre de sensation, celle d'avoir envie de se jeter dans le vide pour les beaux yeux d’une personne, j'estime que ça ne devrait même pas exister. Qui a envie de ça, d'ailleurs ? C'est dangereux, bordel. Pourtant, dans l'immédiat, si Jimin me disait « saute, Hyung », je sauterai sans aucune foutue hésitation.

Mais qu'est-ce que je raconte ? Sauter d'où, de toute façon ? On est au putain de rez de chaussée d'un immeuble miteux, ça devient ridicule. 

_ Ça va durer encore longtemps, Hyung ?

Je fronce les sourcils et, remarquant la confusion dans mon regard, il continue :

_ Ça fait quoi ? Huit mois, qu'on se connaît, non ?

Toujours en bug système complet, je me contente d'hocher le menton, même si concrètement, en l'état actuel des choses, je suis bien incapable de dire depuis combien de temps on se connaît, lui et moi.

Il s'adosse un peu plus au mur, son corps se cambrant vers moi. Mon regard glisse vers ses hanches et je déglutis.

_ Ça devient vraiment invivable, tu ne trouves pas ?

J'ignore de quoi il parle et pourtant, je continue d’acquiescer de la tête, fasciné par la manière dont son jeans lui colle aux cuisses.

_ Honnêtement, Hyung, j'adore passer du temps avec toi, enchaîne t-il, à voix basse. Mais j'en peux plus, je t'avoue.

Interpellé par ses mots, je relève les yeux vers les siens. Il n'en peux plus de quoi ? De moi ? J'ai tout à coup peur de l'entendre me dire qu'il veut arrêter de me voir. J’admets que nos sorties sont loin d'être intéressantes, mais c'est ce qui constitue pour moi ma bouffée d'oxygène de la semaine. Je pourrais sans doute le regarder donner à grailler à ces stupides canards pendant des heures. J'adore marcher près de lui, l'écouter rire, l'entendre me parler de ses cours de danses, se plaindre de TaeHyung ou de ses partiels. Chaque semaine, j'attends que ça, son SMS avec l'heure du rendez-vous au parc.

Nom de Dieu, si je lui disais tout ça, est-ce qu'il accepterait de rester encore un peu avec moi ?

_ Désolée, Hyung, mais ça me brûle à l'intérieur, un vrai bûché, souffle t-il, plus sérieux. J'essaye d'être patient, mais sérieux, j'ai le cerveau parasité. Comment dire ça ?

Il prend un moment de réflexion et claque des doigts.

_ Tu vois, c'est comme si j'avais des dizaines de mini Yoongi dans la tête et sérieusement, ils sont hyper bruyants, j'arrive pas à m'en débarrasser.

Je met un petit moment à comprendre où il veut en venir et quand l'image de mini moi s'impose dans mon esprit, je ne peux m'empêcher de rire.

_ Hyung, je ne trouve pas ça drôle.

Il fait adorablement la moue. 

_ Des minis Yoongi...Je veux bien essayer de les récupérer, mais je doute qu'ils coopèrent, ils ont l’air rebelles. 

Dans l'instant, je suis tellement soulagé d'entendre qu'il ne compte pas arrêter de me voir que j'en oublie d'être raisonnable et d'un pas, je m'approche de lui.

_ J'aime passer du temps avec toi, moi aussi, Jiminie.

Il fait de plus en plus sombre, dans ce hall qui nous tient à l’abri des trombes d'eau qui s’abattent dehors, pourtant, je discerne parfaitement la nouvelle lueur dans son regard.

_ Ce surnom...Ça devient dangereux pour toi de l'utiliser, Hyung, surtout si tu ne comptes pas m'embrasser.

Je colle mon corps au sien et, malgré nos vêtements glacés par la pluie, je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Je glisse une main dans sa nuque et, du bout des doigts, je joue avec les mèches de ses cheveux qui continuent de goutter.

Et quand, impatient, il tend légèrement les lèvres vers moi, je n'ai définitivement plus la force de résister.

___________


_ Putain, mec, c'est quoi ton problème ?

Je claque ma langue sur mon palais, agacé par les mots de NamJoon. Il ne va donc pas me ficher la paix ?

_ Et donc, ce soir, vous y allez ensemble ou pas ? Non parce que c'était ce qui était prévu, pas vrai ? Avant que tu ne le snobes !

Je lui lance un regard contrarié, serrant le pan du jeans que je venais de trouver dans les rayons entre mes doigts.

_ Tu ne comptes pas la fermer ?

_ Yoon, sérieusement...Jimin est quelqu'un de bien.

Je fais semblant de chercher un t-shirt dans la masse informe de vêtements qui s'amoncelle sur le rayon devant moi, les lèvres pincées.

_ Eh bien, puisque tu le portes en si haute estime, pourquoi ne pas tenter ta chance ? Je fini par cracher, les dents serrées.

_ T'es vraiment qu'un sombre connard, en fait. Rappel-moi pourquoi on est potes, au juste ?

_ Je me pose la question tous les jours que Dieu fait, figure-toi.

Je m'avance dans les rayons, de plus en plus irrité par la conversation. Pourquoi ce grand con se sent-il toujours obligé de remuer le couteau dans la plaie ? Pour ça, je me débrouille très bien tout seul, merci bien.

_ C'est par rapport au retour de Hoseok ?

Mon cœur pratique un bond extrêmement gênant dans ma poitrine et je tente de cacher l'expression de mon visage en le tournant à l'opposer de mon ami qui m'a finalement rattrapé en quelques enjambées.

_ Rien n'à voir.

_ Wah, tu ferais un superbe acteur, Yoon.

Il applaudit, ironique et à bout de nerfs, je laisse le jeans sur une étale au hasard, enfonce les mains dans mon blouson et rejoins la sortie du magasin.

_ Tu te barres juste, alors ?

_ J'ai besoin que tu me lâches les basques, Nam.

_ Pourquoi ? Parce que j'appuie là où ça fait mal depuis...quoi ? Quatre ans ?

De nerfs, ou peut-être parce que oui, ça fait foutrement mal, les larmes me montent finalement aux yeux. J'ai un besoin extrêmement pressant de me barrer de là. Loin de la cohue du centre commercial, et loin de l'abruti qui me sert de meilleur pote. Mais NamJoon ne me laisse évidemment pas faire et abat une main sur mon épaule. Je le rejette d'un revers de la mienne, bien obligé de me retrouver face à lui. Et là, en plein milieu du grand hall, au cœur d'une foule de gens avides de dépenser leur fric, on se dévisage. Je me rends compte que j'ai deux envies bien distinctes qui se déchaînent en moi. D'un côté l'envie de lui foutre mon poing dans la gueule. De l'autre, le besoin irrémédiable de le prendre dans mes bras et de l'entendre me dire que je suis stupide mais que tout ira bien. J'ignore cependant laquelle de ces deux envies me ferait le plus de bien.

Vidé de toute énergie et fatigué de me battre avec lui, je soupire, rendant finalement les armes. 

_ Pourquoi tu me pousses toujours à bout, Nam ? C'est épuisant…

_ Ça fait partie de mon taf de meilleur pote, j'imagine, souffle t-il et il replace une main sur mon épaule que je ne rejette pas, cette fois. Même si c'est désagréable pour moi aussi, je t'assure. 

_ Ça, permet moi d'en douter, je grogne, de mauvaise humeur. 

Il hausse une épaule, une moue étrange sur le visage. Je dois sérieusement faire pitié pour lui arracher une expression pareille. 

_ T'as envie d'un café ? Avec pleins de sucres ? 

_ Hn…

Il sourit. 

_ Mais c'est pas avec ça que tu me feras oublier à quel point t'es une tête de con.

Cette fois, un léger rire lui échappe et il me relâche, prenant la route du petit café où on à l'habitude d'aller quand on ose s'aventurer dans les magasins du centre commercial. Le pas lourd, je le suis, les yeux rivés sur le bout de mes chaussures. Quelle horrible journée...Et dire que l'anniversaire de TaeHyung se déroule ce soir. 

On finit par s'installer à une table avec nos boissons respectives. Si j'ai opté pour un café bien dosé en sucre, NamJoon lui s'est contenté de prendre un thé vert. Le silence qui s'étire me permet de réfléchir à ce soir et alors que je suis en train de me demander si je suis réellement obligé de me rendre à l'anniversaire de notre ami, NamJoon coupe le fil de mes pensées :

_ Tu devrais vraiment contacter Jimin avant ce soir, tu sais.

Légèrement agacé qu'il remette le sujet sur le tapis, je lève les yeux au ciel.

_ Je ne saurais même pas quoi lui dire, Nam.

_ Eh bien, innove, s'agace t-il à son tour. Mais merde, Yoon, prends tes foutus responsabilités.

J'avale une bonne gorgée de café en détournant les yeux. Je n'ai rien à répondre à ça. Je sais qu'il a raison et c'est sans doute ce qui m'irrite le plus, dans cette histoire. Ça fait des jours que je me torture l'esprit avec Jimin. Avec Hoseok, aussi. Des jours que je me dis « ça attendra demain ». Mais là, il semblerait qu'on soit le dernier « demain » et que si je ne fais rien avant ce soir, la fête de Tae risque d'être réellement désagréable. Mais putain, qu'est-ce que je suis censé faire ? Qu'est-ce que je suis censé dire ?

_ Je suis obligé de venir, ce soir ?

Le regard que NamJoon me lance se passe de commentaire. Je fronce le nez, triture mes sachets de sucres vides et la seule chose qui me vient alors à l'esprit c'est que je n'ai même pas trouvé de cadeau pour cet abruti de TaeHyung.

   

                    _____________

_  Regarde ça, Hyung...TaeHyung et JungKook n'arrête pas de se battre, ils sont affamés.

L'espace d'une seconde, je me demande de qui il parle, avant de comprendre que c'est bien des canards dont il s'agit.

_ TaeHyung et JungKook... ?

Jimin se met à rire.

_ Fallait bien leur trouver des noms.

J'observe les canards et suspecte Jimin de ne même pas les reconnaître. Ou alors c'est moi qui ne suis pas assez observateur, mais à mes yeux, ils se ressemblent tous.

_ Alors qui est qui ?

_ Mh...

Il pose un doigt sur son menton et plisse les yeux.

_ Là, regarde, avec la trace blanche sur le dos, c'est NamJoon-Hyung, il se mêle pas trop aux autres, il se contente de les observer, même si parfois il est du genre à foncer dans le tas pour séparer les fauteurs de trouble.

Du NamJoon tout craché, effectivement.

_ Là, celui avec la tête plus foncé, c'est TaeHyung, qui est souvent collé à NamJoon et celui avec la tête plus claire, c'est JungKook, qui n'arrête pas d'embêter Tae.

Okay, je reconnais qu'il ne les a pas renommés au hasard, les bestioles.

_ Le plus grand là, c'est Jin, il ne mange jamais le pain que je ramène ou alors que celui qui n'est pas trop vieux, il a le goût des bonnes choses.

Il hoche le menton pour lui-même.

_ Et toi ?

_ Moi ? J'y suis pas, je trouvais ça bizarre de donner mon nom à un canard...

Ça m'arrache un sourire.

_ Et moi ?

_ Ah, toi...

Ses yeux se tournent vers la mare, où TaeHyung et JungKook continuent de se chamailler, sous le regard de NamJoon qui s'éloigne finalement.

_ T'es là-bas, regarde.

Il pointe un coin sombre du doigt.

_ Alors tu me vois comme un asocial ?

Ça le fait rire et, devenu idiot par sa faute, j'admire les traits de son visage, pas le moins du monde vexé.

_ T'es quand même difficile à approcher, Hyung.

Incapable de le contredire, je reste là à regarder son profil pendant qu'il continue de lancer du pain dans l'eau. Quand il finit par tourner le regard vers moi, j'ai l'impression qu'il est blessé et je me rends compte que c'est forcément de ma faute.

_ Tu n'as répondu à aucun de mes messages, cette semaine, murmure-t-il tout bas.

_ Je sais, je m'excuse.

Je pensais que j'aurai autre chose à lui servir que de minables excuses sans saveur au moment où cette conversation aurait finalement lieu, mais je me retrouve à court de mots. On passe quelques longues secondes à se dévisager, sans que l'un d'entre nous ne trouve autre chose à ajouter. Puis Jimin soupire, le regard voilé :

_ Tu regrettes ?

_ Regretter quoi ?

_ De m'avoir embrasser.

Est-ce que je regrette ? Je prends un temps pour y réfléchir sérieusement, même si la réponse m'apparaît assez évidente.

_ C'est pour ça que tu n'as pas donné de nouvelles ?

Je secoue le menton, mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il enchaîne :

_ Et là, puisqu'on était amené à se voir ce soir à la fête de Tae, tu m'as fait venir pour adoucir les choses, pour pas que ce soit trop gênant.

Je fronce les sourcils et murmure un « non » pratiquement inaudible.

_ Hyung, sérieusement...

Je me sens immédiatement coupable. Parce qu'il est évident qu'il ne s'est pas imaginé ce scénario là en quelques secondes. Ç’a dû lui prendre la semaine. Il a sans doute dû retourner cette histoire dans tous les sens pour en arriver à cette triste conclusion. Sans réfléchir, je m'approche de lui, un coude sur le grillage qui nous sépare de la mare. De son côté, il ne bouge pas, le regard planté dans le mien.

_ Je regrette rien, Jiminie, je t'assure.

Ces mots sont sincères, pourtant, au fond de moi, quelque chose remue et ravage doucement mon esprit.

Quelque chose qui porte un nom.

Hoseok.

Complètement perdu, je pratique un pas en arrière, sous le regard empli d'incompréhension du petit blond qui pince les lèvres.

_ J'ai vraiment du mal à te suivre, Hyung.

Et dans l'instant, je ne peux lui en vouloir. Je fuis son regard et observe les canards qui, avides, se pavanent en espérant que Jimin ne les ais pas totalement oublié. Du coin de l’œil, j'aperçois celui a qui il a donné mon nom, toujours planqué dans un coin, comme terrorisé à l'idée de se mélanger aux autres.

_ Il se fait tard, je dois me préparer pour ce soir.

J'ouvre la bouche, pour lui demander si on y va toujours ensemble, mais il ne me laisse pas le temps d'articuler ces mots qu'il me fourre déjà le bout de pain restant entre les doigts.

_ On sera pas obligé de se parler, tu sais, assène t-il, enfonçant les mains dans ses poches. Alors ne t'inquiètes pas trop, Hyung.

Puis il tourne les talons et pendant un long moment, je l'observe s'éloigner de moi, puis je baisse les yeux sur le quignon de pain qu'il m'a laissé, l'esprit anéanti par ce qui semble être de la culpabilité. Quelque chose m'a échappé, sans doute. Je me demande s'il est possible pour moi de faire mieux que ça et s'il est encore concevable que je puisse arranger les choses ce soir.

Contrarié, je prends de l'élan et lance le pain aussi loin que possible, espérant atteindre le canard dépressif au bout de la mare.

Et dans l'instant, j'espère vraiment  que lui aussi puisse faire de son mieux. 

__________
   

Outch. Ça fait tellement longtemps que j'ai pas posté un truc un peu près sérieux et plus long que 500 pauvres mots sur mon compte que je me sens méga stressée de vous partager ça.
Je ferai de mon mieux pour la suite. >∆<
Des câlins \'3'/

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