OS II - Eternal sunshine of the spotless mind
Les effluves qui viennent de la cuisine ajoutent à ma bonne humeur. Le chocolat aux épices de ma mère m'appelle. Je ne m'en lasse jamais, mais à cette période de l'année, ma mère ne se contente pas de simplement verser les épices en poudre dans le chocolat, dès qu'arrive décembre la badiane, la cannelle, les clous de girofle et la muscade infusent ensemble pendant plusieurs minutes et leur parfum n'en est plus que multiplié.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- J'aime voir que mon grand bonhomme de 17 ans à toujours le sourire de mon bébé quand il boit son chocolat du matin.
- Cette période te rend toujours beaucoup trop sentimentale, je ris en lui embrassant le front.
Elle me donne un petit coup de coude sur le flan en me demandant amusée, de ne pas me moquer d'elle. Je ne lui dis pas, mais je lui suis toujours reconnaissant de me rappeler le petit garçon que j'ai été, parce que sans me vanter, je l'aimais plutôt bien ce gamin et j'espère être un jour à la hauteur de ses rêves.
Ma boisson chaude finit, j'attends que ma mère ait le dos tourné pour déposer discrètement ma tasse dans l'évier et piquer un cookie tout juste sorti du four.
- Ils sont au beurre de cacahuète, rigole ma mère.
Je grogne et le remet aussitôt dans l'assiette comme s'il m'avait brulé les mains. Je déteste le beurre de cacahuète ! Pas besoin de lui demander pourquoi un tel coup de vice de sa part. Je sais pourquoi elle a fait ça. Les cookies sont pour la projection organisée par mon grand-père et chaque année, elle se retrouve amputée d'une partie de ceux-ci, parce que son fils est aussi fan de ses cookies que de son chocolat chaud ! Il semblerait qu'elle ait trouvé la solution à son problème...
- Est-ce que tu pourras aider ton grand-père à installer le rétroprojecteur cet après-midi ? Ton père craint de ne pas être là à temps.
- Pas de problème. Je comptais y aller, faut juste que... merde ! j'suis en retard !
- Où vas-tu ?
Je lève simplement les sourcils pour réponse, étonné qu'elle me pose la question.
- Question idiote ! Par contre, attention il...
Il neige !
- Merde !
Je peste sur le pas de la porte. Vu la couche, il a bien dû neiger une bonne partie de la nuit ! Il y a peu de choses que je déteste dans la vie, mais tout comme le beurre de cacahuète, la neige en fait partie. La première chose à laquelle je pense est de refermer la porte et de m'enfoncer dans le canapé devant un bon vieux film. Mais elle m'attend, alors je prends sur moi. Je vais chercher mon sac à dos de secours, ne prête pas attention au gloussement de ma mère et part affronter mon pire cauchemar.
Dix minutes séparent nos deux maisons et cela fait bien une demi-heure que je suis parti de chez moi. Je suis extrêmement concentré. Un pas à la fois, surtout ne pas se précipiter. Je suis plutôt fière de moi. C'est laborieux mais je suis toujours debout. Quand je vois la maison de ma meilleure amie apparaitre devant moi, je me vois faire un triple axel dans ma tête, tellement je suis heureux ! Je suis arrivé sans encombre, cette journée va être magnifique, tout va se passer comme sur des roulettes !
Seulement...
Tellement euphorique, ma perte d'attention m'est fatale et je m'étale de tout mon long devant la boite aux lettres.
Bordel ! Je haïs vraiment cette foutue poudreuse !
Comme elle me l'avait demandé, je rentre sans attendre que l'on vienne m'ouvrir. Je quitte, agacé, mes baskets dans l'entrée, puis vais la rejoindre à l'étage. Lorsque j'ouvre la porte de sa chambre, Elsa est dos à moi et me montre du doigt son lit. Je lève les yeux au ciel, en voyant qu'elle y a déposé des vêtements propres, surement ceux de son frère.
- Il neige dehors, alors je me suis dit que ...
Elle se retourne et sa moue faussement désolée est absolument adorable, mais je ne dis rien, je me laisse encore le droit d'être vexé quelques minutes supplémentaires.
- J'ai bien fait on dirait...
Elle se mord la lèvre inférieure, je tente vraiment de résister, mais soyons honnêtes, mon allure doit être pitoyable, j'ai de la neige jusque dans les narines et j'en sens encore son goût dans la bouche. Je lâche les armes - je n'ai jamais eu un égo très prononcé - et lui montre mon sac à dos et ce qu'il contient : mes vêtements de rechanges. Ni l'un ni l'autre avons foi en mon équilibre.
- J'y étais presque, cette fois... je soupire mi-désabusé, mi-amusé par la situation.
- Tu as été jusqu'où ?
- La boite aux lettres !
- Bravo, champion ! Tu as pensé à prendre le courrier j'espère ? ajoute-t-elle hilare.
Elle ne me laisse pas le temps de répliquer, elle plaque ses lèvres sur ma joue, sort de la chambre et me lance à la volée « je vais préparer des cafés, il y a une serviette propre pour toi dans la salle de bain. »
C'est con un baiser sur la joue, ce n'est rien. Mais son baiser sur ma joue, ce sont mes lèvres qui s'étirent et c'est pour ça que l'une des choses que je déteste le plus ne m'a jamais fait manquer l'une des choses que je préfère au monde : Elle.
***
- Veux-tu bien te concentrer 5 minutes !
- Mais je le suis !
- Ah oui ? Et donc je disais ?
- Tu disais que ...
Elle disait quoi déjà ?
- Aghh , tu m'agaces ! Luc, il faut qu'on avance !
Je vous assure que je l'étais, seulement nous n'étions pas focalisés sur la même chose. Quand elle essaie tant bien que mal d'organiser le programme des prochaines projections de mon grand-père, moi je tente d'élucider le mystère de mon univers.
Mon univers,
Concentré,
Dans ses pupilles...
C'est incroyable ce qu'il peut se passer dans ses yeux noisette. Je suis hypnotisé par la moindre poussière dorée qui y danse. J'avais tenté de trouver dans d'autres yeux, un moyen de m'en détourner, mais qu'importe la couleur, qu'importe l'éclat, aucun ne pouvait se mesurer à ceux-là.
- Je peux savoir ce qui te fait sourire comme ça ?
Nous. Nous sommes de sacrés imbéciles. Je suis complètement sidéré par notre débilité. Cette capacité à défier l'évidence. Au moins je me félicite de ne pas me voiler la face et ça serait insulter son intelligence que de penser qu'elle n'en a pas conscience.
J'ai longtemps pensé que notre promesse d'enfant était l'une de celle qui était sacrée et que bien qu'à peine plus haut que trois pommes, nous n'avions jamais été aussi lucides de notre vie.
« Les amoureux c'est nul, l'amitié c'est trop cool ! »
Complètement ridicule ! Être amoureux d'elle c'est carrément la chose la plus intelligente et naturelle qui soit.
Je la vois, encore gamin, à la cantine, ses lèvres boudeuses son regard assassin, les bras croisés sur la poitrine. Elle aurait pu me faire peur, mais elle m'avait déjà captivé. Elle fixait si durement la table à côté d'elle, qu'en grand fan de super héros, j'avais pensé qu'à force de volonté, elle réussirait à tous les désintégrer. Je n'avais pas vraiment eu tort au final, un seul de ses regards aujourd'hui pourrait me mettre KO.
- Pourquoi tu fais cette tête ? lui avais-je demandé en m'installant en face d'elle.
- Il lui a donné ma fourchette ! m'avait-elle répondu sévère.
- Qui ?
- Eric, il me l'a prise et l'a donné à Melissa...
- Pourquoi ?
- Parce qu'il a dit qu'il était plus amoureux de moi et qu'il préférait être amoureux d'elle !
- Oh, c'est pour ça que tu es triste ?
- Lui je m'en fiche, mais c'était ma fourchette, avait-elle soupiré triste.
- C'est juste une fourchette... Tu veux que j'aille t'en chercher une ?
- C'est pas juste une fourchette ! C'est celle d'Ariel !
- Ah bah c'est pas la tienne alors...
- Ariel ? Tu connais pas Ariel ?
- Bah, non je suis nouveau ici, je haussais les épaules. Elle va être fâchée si tu lui rends pas ?
J'avais déclenché son hilarité, j'aurais pu m'en offusquer, mais franchement même si c'était pour se moquer de moi et du fait que je ne connaissais pas la fameuse petite sirène, j'avais juste souri parce que j'avais adoré l'entendre rire. Le soir même, je m'étais empressé d'aller fouiller dans l'argenterie de ma grand-mère restée au grenier. J'y avais chipé une fourchette et l'avais recouverte de gommettes. Je n'avais aucune idée de quoi avait l'air la fourchette d'Ariel, mais j'avais essayé de la rendre la plus spéciale possible.
Le lendemain, lorsque je lui avais apporté, je n'avais pas été peu fière de voir la joie que j'avais fait naitre sur son visage. Seulement la seconde d'après, son regard avait croisé celui d'Eric et hésitante et elle m'avait dit :
- C'est parce que tu veux être mon amoureux ? Parce que les amoureux sont nuls et moi je veux pas être ton amoureuse.
- T'as raison les amoureux sont nuls, mais on peut être des amis trop cool !
Depuis on ne s'est plus quitté et ma mère n'a jamais su que la fourchette qu'elle cherche depuis plusieurs années, sert encore parfois aujourd'hui de brosse à cheveux à ma meilleure amie.
- J'ai un truc sur le visage ?
Elle m'arrache à mes pensées et je souris plus fort, ce qui dans un premier temps la fait sourire à son tour, puis il y a ce moment où le sérieux de la situation me rattrape, mon sourire disparaît parce que je sens que je m'apprête à sauter dans le vide. Elle le sent et alors elle perd aussi le sien. Elle s'accroche à mon regard. Je ressens toute sa nervosité et si je suis décidé à partager ce que je ressens pour elle, j'ignore comment m'y prendre, car je sais qu'elle va flipper. Je vais perturber son équilibre dans lequel nous sommes bien nichés, dans la case amitié où nous avons promis de ne jamais bouger.
Notre échange silencieux est stoppé par l'arrivée d'un message sur le portable de ma meilleure amie.
Si la nervosité avait fait place sur son visage, cette fois c'est clairement de l'agacement que j'y décèle.
- Tu pourrais dire à ta copine de cesser de me harceler ?
- Ma copine ?
- Sophie, pourquoi tu en as d'autre ?
Son ton s'est certainement voulu léger, mais elle n'a pas réussi à cacher la pointe d'amertume.
Je ne démens même pas, bien trop occupé à tenter de comprendre pourquoi ma soi-disant copine lui envoie des messages.
- Elle te veut quoi ?
- Moi ? Rien. Enfin si, que je te persuade de la rappeler.
Je lève les yeux au ciel. Sophie n'a jamais été ma copine, mais apriori elle n'a jamais voulu le comprendre. Nous étions bien sortis quelques soirs ensemble, avions échangé un baiser. C'est après celui-ci que j'avais coupé court à ses envies d'en vouloir plus. Je voulais être sincère avec elle. Il n'avait pas été désagréable, mais il avait eu surtout un goût de frustration, de pas assez... Trop de Sophie et rien d'Elsa. J'ai eu plusieurs rendez-vous avec des filles, embrasser quelques-unes. Seulement j'en avais assez de faire semblant de trouver que les moments que je passais avec elles, étaient aussi satisfaisants que ceux que je passais avec ma meilleure amie.
- Je vais la rappeler.
- Bien.
- Elsa ?
- Hum
- Sophie n'est pas copine.
- Hum... ouais peu importe. Ça ne me regarde pas. Juste qu'elle oublie mon numéro. Bref, il faut qu'on avance, ton grand-père nous attend, S'active-t-elle, en évitant soigneusement de croiser mon regard.
J'ai envie de me moquer de sa jalousie, puis je me souviens à quel point je mettais sentis mal quand ce mec du club photo l'avait un peu trop collé. Si elle ressent un centième de ce que j'ai ressenti, je préfère ne pas m'en moquer.
Après cette discussion, il lui faut bien une bonne heure pour qu'elle se détente enfin. Mais comme il s'agit du moment où nous quittons sa chambre, lieu où l'espace lui était devenu apriori trop restreint, je ne suis pas certain de devoir m'en réjouir.
Je suis toujours surpris de voir à quel point le froid et la neige ne dissuadent pas les gens à participer aux projections en plein air organisées par mon grand-père. Il faut dire que c'est devenu une institution ici. Chaque année, en décembre, depuis vingt ans, une fois par semaine, tout le village et ceux des alentours se retrouvent sur cette place. Des stands sont installés pour distribuer, gourmandises et boissons. Des plaides sont mis à la disposition des gens. Il y a bien eu quelques années où, le temps bien trop peu clément, nous n'avions pas eu d'autres choix que de les jouer dans la salle communale, mais cela avait toujours été décevant. La magie n'était pas la même. Cette année, malgré la présence de quelques flocons, le temps est plutôt doux, une fois armés de la panoplie bonnet, écharpe, gants, boisson chaude nous sommes prêts. Ce soir c'est l'un de mes films préférés qui est projeté et j'ai hâte de savoir si ma meilleure amie sera du même avis que moi. Les commentaires, les expressions et les yeux humides sur son visage, me font comprendre que oui.
Sur le chemin du retour, j'écoute les retours enthousiastes d'Elsa sur Eternal Sunshine of the spotless mind, tout en m'essayant de ne pas me casser la gueule.
- Michel Gondry est un génie ! Jim Carrey et Kate Winslet sont incroyables ! Il y a tant de poésie dans ce film !
- Trop d'évidences sortent de ta bouche.
- Rhooo ça va ! Pas la peine de faire ton fier. Mais pourquoi ?
- Pourquoi, quoi ?
- Pourquoi je ne le vois que maintenant !
- Parce que tu ne m'écoutes jamais.
- C'est faux, puisque je l'aie ajouté à la programmation !
- Parce que je t'ai presque supplié de le faire, je lève les yeux au ciel.
- Oui, c'est vrai que j'aime bien te voir me supplier.
- Tu es si cruelle Clémentine* !
- Elle n'est pas cruelle, elle souffre.
- Elle fuit !
- C'est ce que Joël a choisi lui aussi de faire au début.
- Il venait d'apprendre que la femme qu'il aimait, avait décidé de le rayer de sa vie, d'ignorer tout ce qu'ils avaient vécu. Tu le ferais, toi ?
- Je ne sais pas, peut-être... je veux dire parfois la douleur peut-être si épouvantable, qui sait comment je réagirais dans une telle situation. Ça se discute je trouve.
- Tu voudrais m'effacer de ta mémoire ?
Je me retourne, trop rapidement et manque de glisser, encore une fois. Ce qui ne manque pas de la faire sourire.
- Bah, tu n'es même pas capable de tenir début ou de m'apporter mon courrier, alors bon, comme je dis ça se discute.
Elle rit et c'est beau et même si je ne me lasse jamais du sentiment qui m'anime à ce son, elle rit et moi cette fois je suis sérieux. Quel que soit l'évolution de notre relation, pour moi ça ne se discute pas. Balayer tout ce que nous sommes, ce que nous avons vécu n'est pas envisageable, j'ai toujours tout accepté de nous, j'en accepterais même la douleur.
- Ça ne te va pas de te vexer pour si peu Luc.
- Moi pour rien au monde, je ne voudrais t'effacer de ma mémoire.
Son nez se retrousse, elle tique encore plus devant le sérieux de mes propos.
- C'est un film, je te promets que demain matin tu te réveilleras je serais là. Tu es vraiment bizarre ce soir.
Elle souffle dans son chocolat chaud, elle se moque de ma réaction, ses lèvres s'étirent, il y a tant de tendresse face à ce qu'elle doit qualifier de peur inutile. Sans le savoir, elle appuie exactement où ça coince.
Mais c'est vrai, cette peur est inutile.
C'est à mon tour d'étirer mes lèvres, je m'avance vers elle et capture un flocon tombé sur le bout de son nez. C'est peut-être le seul moment où j'apprécie cette foutue poudreuse. Elle rend la scène plus fascinante ou c'est Elsa qui rend tout ce qui l'entourent fascinant, je suis sûr que si je lui disais, elle me répondrait que c'est surement pour ça que je me trouve si fascinant.
Les premières notes de Thirteen résonnent à travers les enceintes dans la rue. Cette chanson m'a toujours fait penser à elle. C'est un de ces instants. Je m'approche davantage et commence à lui souffler les paroles de la chanson à son oreille. Mes bras viennent entourer sa taille. Ses yeux sont pleins d'interrogations, mais au lieu de me repousser, elle s'approche davantage. Nos regards ne se quittent plus.
- Tu t'inquiétais vraiment de savoir si j'étais capable de t'effacer de ma mémoire ?
Ça semble ridicule dis comme ça, je sais bien que c'est impossible. Seulement, mes yeux ne font que de se poser sur ses lèvres, j'ai terriblement envie de l'embrasser, mais je n'arrête pas de me demander si en franchissant le pas, si les choses changeaient et qu'elles n'étaient pas ce qu'elle attendait, elle, est-ce qu'elle déciderait de nous oublier ?
Alors, je ne l'embrasse pas.
Mais...
Quand elle parlera de ce moment, elle dira que je l'ai embrassée. Je ne l'ai pas fait. Moi, je me suis dégonflé. Bien que j'étais celui qui était persuadé que nous étions une évidence, c'est elle qui m'aura offert ce premier baiser.
Ironique quand on sait qu'elle pense que je suis le plus courageux des deux. Seulement, c'est Elsa qui l'a toujours été et qu'elle le sera toujours, toujours plus que moi et surtout bien plus après ce premier baiser.
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* Clémentine est l'un des personnages principaux du film Eternal of the spotless mind. En début de film on apprend qu'elle a effacé de sa mémoire Joel sont ex.
[Il devrait y avoir un GIF/vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application pour le voir.]
~_~
Il y a 2 ans, grâce au recueil de Noël de -literharry naissaient Luc et Elsa. Je n'ai jamais été aussi connectée rapidement à des personnages. A la fin de mon OS, j'avais envie d'en découvrir un peu plus sur eux, c'est comme ça qu'est né ce deuxième OS. Nouvelle que vous pourrez donc retrouver dans le nouveau recueil de noël "La bibliothèque de noël" encore une fois sur le compte de -literharry .
Pour cet OS, pour me challenger, j'ai demandé à deux de mes amies, Lou et Leane de m'imposer chacune un mot.
Les deux mots imposés étaient « fourchette » (Lou) et « rétroprojecteur » (Léane) .
Merci les filles, car j'aime beaucoup ce qui en est ressorti.
Merci aussi encore à toi Lou pour ce nouveau recueil et pour ton petit plus <3.
J'espère que vous aurez passé un bon moment avec Luc et Elsa.
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