.2. oppdagelse [1]
- Monsieur Lecteur, pardonnez-nous d'ainsi perturber votre esprit cogitant, mais nous aimerions savoir si l'optique d'aller quérir quelque nourriture attiserait votre intérêt ?
- Mon Dieu, Raph, ta gueule, rétorqua Eden en levant les yeux de son livre, ne pouvait retenir un sourire. Cette phrase était beaucoup trop complexe pour sortir d'une bouche comme la tienne.
- J'avoue que je me suis moi-même fait mal au cerveau, là, fit Raphaël en faisant mine de se masser les tempes.
- Honnêtement, Ed, on va manger ou pas ? s'enquit Tom en secouant la tête pour écarter sa frange blonde de ses yeux. Si on attend encore, il va y avoir la blinde de monde à la cantine.
Eden soupira et referma son ouvrage pour lever la tête vers ses deux amis, assis sur le muret en béton où ils passaient leurs récrés.
Leurs sacs de cours étaient rassemblés en un tas sur lequel Eden s'était réfugié pour lire, comme à son habitude.
- Allez-y si vous voulez, j'ai pas vraiment envie de manger, là...
- T'es sûr ? demanda Raphaël en haussant un sourcil, descendant de son perchoir. T'as l'air plutôt crevé, peut-être que ça te ferait du bien de manger un peu.
- T'en fais pas maman, se moqua-t-il gentiment, j'ai ma pom'pot et mes sablés pour 16h.
Raphaël lui assena un léger coup de poing sur le bras en pouffant et Tom sauta du muret à son tour.
- Bon bah, on fait comme ça si tu veux, dit-il. T'es sûr que ça va ? Ça t'embête pas d'être seul ?
- T'inquiète, j'irais réviser le français dans les escaliers, il y aura personne, répondit-il en se levant.
Tom leva les pouces en lui souriant, puis ils échangèrent un « salut » et se séparèrent.
✨
C'est pas si simple de s'exprimer
Même pour soi-même
C'est pas si simple de comprendre
De se comprendre
De savoir ce qu'il se passe et de l'expliquer
Parce qu'une fois que tu es parti,
Tu sais pas si tu vas t'arrêter
Si tu peux ou si tu veux,
Parce que ça te fait du bien de lâcher, de jeter, de soulever et laisser tomber.
Tu prends tes neurones à pleines mains et tu les essores où tu peux.
Et ça coule.
Il avait oublié qu'il avait griffonné ces quelques mots dans la marge de son cahier pendant un cous visiblement assez ennuyeux pour qu'il se mette à penser de trop.
Il les relisait pour la neuvième fois, sans trop savoir pourquoi. Son subconscient ne devait pas avoir envie de réviser et lui trouvait sûrement une distraction puérile.
Comme toujours, en fait.
- Excuse moi, c'est toi Eden ?
Il leva des yeux écarquillés de surprise vers le nouvel arrivant.
Il était grand, plus grand que lui, c'était sûr. Il était à la fois d'une minceur folle et d'un physique à l'apparence particulièrement forte.
Il fut instantanément foudroyé par ses deux yeux bruns qui ressortaient de son être, comme directement reliés à son âme.
Brillants. Chauds.
Il le reconnaissait. Il était à l'atelier théâtre aussi. Première S4, s'il se souvenait bien.
Merde alors, il est vachement beau, songea Eden.
- Eden ? C'est comme ça que tu t'appelles ?
- Oh je... Pardon, oui, bégaya-t-il, oui c'est ça que je... m'appelle. Oui.
Le garçon sourit. Eden rougit.
Quel débile il était à être incapable de formuler trois simples mots.
- Du coup, c'est à toi ça ? demanda le garçon en désignant ce qu'il tenait entre ses mains.
Eden sentit sa gorge l'étrangler et son ventre se chiffonner : c'était son carnet.
Eden avait ce carnet à spirales dans lequel il écrivait les quelques piètres poèmes qui germaient dans son esprit, généralement quand il devait travailler ou dormir.
Il n'en avait pas honte, mais ça restait trop intime pour accepter que quelqu'un d'autre que lui ne mette la main dessus.
Il se leva, laissant tomber son cahier, les yeux passant du carnet à l'iris brûlant de l'adolescent.
- Comment tu l'as eu ? demanda-t-il d'une petite voix sèche qu'il s'efforça à ne pas laisser trembler.
- Il était dans la salle de théâtre, je crois que tu l'as laissé tomber ce matin. Ton nom était sur la première page.
- Tu l'as ouvert ? demanda Eden, trop brusquement.
- J'ai rien lu. Eh, ajouta-t-il d'une voix plus douce en lui tendant le carnet. Je te promets, j'ai rien lu. T'inquiète.
- Ok, souffla-t-il en prenant le carnet. Merci...?
- Adam. Je m'appelle Adam.
- C'est gentil de ta part, Adam.
L'autre haussa les épaules avec un sourire.
Ça faisait ressortir sa mâchoire déjà assez visible.
Un court silence un peu gênant s'ensuivit et Eden se demanda s'il allait partir. Il se surprit à souhaiter que non.
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