Chapitre 37 (partie 2)
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.
Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dispersés ! Et que fuient devant sa Face ceux qui le haïssent !
Comme s'évanouit la fumée, qu'ils disparaissent !
Comme fond la cire en face du feu, ainsi périssent les méchants devant la Face de Dieu !
Juge, Seigneur, ceux qui me nuisent ; combats ceux qui me combattent !
Qu'ils aient honte et soient confus, ceux qui en veulent à ma vie ! Qu'ils reculent et soient confondus, ceux qui méditent mon malheur !
Qu'ils soient comme la poussière face au vent ! Et que l'Ange du Seigneur les pourchasse !
Que leur chemin soit ténèbres et glissade ! Et que l'Ange du Seigneur les poursuive !
Car sans raison ils ont caché contre moi leur filet de mort ; ils ont fait à mon âme des reproches inconsistants.
Que la perte les surprenne ; que le filet qu'ils ont caché les prenne ; et qu'ils tombent dans leur propre piège !
Et mon âme exultera dans le Seigneur, jubilera en son salut.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit !
Comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Amen !
Très glorieux Prince de l'armée céleste, Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat et la lutte qui est la nôtre contre les Principautés et les Puissances, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans les airs. Venez en aide aux hommes, que Dieu a créés incorruptibles, et faits à Son image et ressemblance, et rachetés à si haut prix de la tyrannie du démon. Combattez aujourd'hui, avec l'armée des Anges bienheureux, les combats du Seigneur, comme vous avez combattu jadis contre le chef de l'orgueil Lucifer et ses anges rebelles ; et ils n'eurent pas le dessus, et on ne trouva plus leur place dans le ciel. Mais il fut jeté, ce grand dragon, l'antique serpent, celui qu'on appelle diable et Satan, celui qui égare le monde entier ; et il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui. Voilà que cet antique ennemi et homicide s'est dressé avec véhémence. Déguisé en ange de lumière, avec toute la horde des mauvais esprits, il parcourt et envahit la terre profondément, afin d'y effacer le nom de Dieu et de Son Christ, et de voler, tuer et perdre de la mort éternelle les âmes destinées à la couronne de la gloire éternelle. Le poison de sa malice, comme un fleuve répugnant, le dragon malfaisant le fait couler dans des hommes à l'esprit dépravé et au cœur corrompu ; esprit de mensonge, d'impiété et de blasphème ; et souffle mortel de la luxure et de tous les vices et iniquités. L'Église, épouse de l'Agneau immaculé, des ennemis très rusés l'ont saturée d'amertume et abreuvée d'absinthe ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'elle a de plus précieux. Là où a été établi le Siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la Vérité pour la lumière des nations, là ils ont posé le trône de l'abomination de leur impiété ; de sorte qu'en frappant le Pasteur, ils puissent aussi disperser le troupeau.
Soyez donc là, Chef invincible, auprès du peuple de Dieu, contre les assauts des forces spirituelles du mal, et donnez-lui la victoire ! C'est vous que la Sainte Église vénère comme son gardien et son patron. Vous qu'elle se fait gloire d'avoir comme défenseur contre les puissances criminelles de la terre et de l'enfer. C'est à vous que le Seigneur a confié les âmes rachetées pour les introduire dans la céleste félicité.
Conjurez le Dieu de paix d'écraser Satan sous nos pieds, afin qu'il ne puisse plus retenir les hommes dans ses chaînes, et nuire à l'Église. Présentez au Très-Haut nos prières, afin que, bien vite, nous préviennent les miséricordes du Seigneur, et que vous saisissiez le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et Satan, et que vous le jetiez enchaîné dans l'abîme, en sorte qu'il ne puisse plus jamais séduire les nations.
C'est pourquoi, comptant sur votre main forte et votre protection, de par l'autorité sacrée de notre sainte Mère l'Église, nous entreprenons avec confiance et sûreté, au nom de Jésus-Christ, notre Dieu et Seigneur, de repousser les attaques et les ruses du démon.
Voici la Croix du Seigneur, fuyez, Puissances ennemies !
Il a vaincu, le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David !
Que votre miséricorde, Seigneur s'exerce sur nous !
Dans la mesure de notre espérance en vous.
Seigneur, exaucez ma prière !
Et que mon cri parvienne jusqu'à vous.
Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous invoquons votre Saint Nom, et nous lançons un appel suppliant à votre bonté : afin que par l'intercession de Marie Immaculée, Mère de Dieu et toujours Vierge, de Saint Michel Archange, de Saint Joseph, Époux de la même Vierge Sainte, des Saints Apôtres Pierre et Paul et de tous les Saints, vous daigniez nous accorder votre secours contre Satan et tous les autres esprits impurs qui rôdent dans le monde pour nuire au genre humain et perdre les âmes. Par le même Christ Notre Seigneur. Amen !
Nous t'exorcisons, Esprit immonde, qui que tu sois : Puissance satanique, invasion de l'ennemi infernal, légion, réunion ou secte diabolique, au nom et par la puissance de Notre Seigneur Jésus-Christ. Sois arraché et chassé de l'Église de Dieu, des âmes créées à l'image de Dieu et rachetées par le précieux sang du divin Agneau Rédempteur. N'ose plus désormais, perfide serpent, tromper le genre humain, persécuter l'Église de Dieu, ni secouer et cribler comme le froment les élus de Dieu. Il te commande, le Dieu Très-Haut auquel, dans ton fol orgueil, tu prétends encore qu'on t'égale, Lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la Vérité. Il te commande, Dieu le Père ; Il te commande, Dieu le Fils ; Il te commande, Dieu le Saint-Esprit. Elle te commande, la majesté du Christ, Verbe éternel de Dieu fait chair, Lui qui, pour le salut de notre race, perdue par ta jalousie, s'est abaissé et rendu obéissant jusqu'à la mort ; Lui qui a bâti son Église sur la pierre solide, et proclamé que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle, voulant demeurer lui-même avec elle tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. Ils te commandent, le Signe de la Croix et la vertu de tous les mystères de la foi chrétienne. Elle te commande, la Très-Haute Mère de Dieu, la Vierge Marie, elle qui, dès le premier instant de son Immaculée Conception, a écrasé, par son humilité, ta tête folle d'orgueil. Elle te commande, la foi des saints Apôtres Pierre et Paul, et des autres Apôtres. Ils te commandent, le sang des martyrs et l'affectueuse intercession de tous les saints et saintes.
Or donc, dragon maudit et toute légion diabolique, nous t'adjurons par le Dieu Vivant, par le Dieu Vrai, par le Dieu Saint, par ce Dieu qui a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la Vie éternelle : cesse de tromper les créatures humaines et de leur verser le poison de la damnation éternelle ; cesse de nuire à l'Église et de mettre des entraves à sa liberté. Va-t'en, Satan, inventeur et maître de toute tromperie, ennemi du salut des hommes ! Cède la place au Christ, en qui tu n'as rien trouvé de tes œuvres. Cède la place à l'Église, une, sainte, catholique et apostolique, que le Christ lui-même a acquise au prix de son Sang. Humilie-toi sous la puissante main de Dieu. Tremble et fuis, à l'invocation faite par nous du saint et terrible Nom de Jésus, qui fait trembler les enfers ; à qui les Vertus des Cieux, les Puissances et les dominations sont soumises ; que les Chérubins et les Séraphins louent dans un concert inlassable, disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des Armées.
Seigneur, exaucez ma prière.
Et que mon cri parvienne jusqu'à Vous.
Dieu du Ciel, Dieu de la terre, Dieu des Anges, Dieu des Archanges, Dieu des Patriarches, Dieu des Prophètes, Dieu des Apôtres, Dieu des Martyrs, Dieu des Confesseurs, Dieu des Vierges, Dieu qui avez le pouvoir de donner la vie après la mort, le repos après le travail ; parce qu'il n'y a pas d'autre Dieu que Vous, et qu'il ne peut y en avoir si ce n'est Vous, le Créateur de toutes les choses visibles et invisibles, Vous dont le règne n'aura pas de fin ; avec humilité nous supplions votre glorieuse majesté de daigner nous délivrer puissamment et nous garder sains et saufs de tout pouvoir, piège, mensonge et méchanceté des Esprits infernaux. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Amen !
Des embûches du démon, délivrez-nous, Seigneur !
Accordez à votre Église la sécurité et la liberté pour Vous servir : Nous Vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez humilier les ennemis de la Sainte Église : Nous vous en supplions, écoutez-nous.
La voix de Christel se tut alors. Il prit le flacon d'eau bénite, le retourna dans sa main, et en aspergea Lilian et le lit.
La jeune fille ruait, rugissait de rage, vomissant un flot de paroles glossolaliques qui moururent sur ses lèvres. Elle se débattit, mais ses forces commencèrent à l'abandonner. Christel ne cessait de l'asperger d'eau bénite, psalmodiant. Il se tenait debout sur le lit, crispé, les dents serrées.
Allez, sors de là !
SORS DE LÀ !
Il jeta des gouttes d'eau bénite, toujours plus, récitant maintenant le Notre Père, la main toujours crispée sur le crucifix. Il l'appliqua alors sur le visage de Lilian, la faisant hurler comme une damnée. Elle se cambra de douleur, son cri résonna jusque dans ses entrailles, et finit enfin par faiblir.
Elle se laissa retomber sur l'oreiller, pantelante, comme vidée de ses forces. La lueur cruelle qui brillait naguère dans ses yeux s'était éteinte.
Christel ne bougea plus.
Le silence qui suivit ce déferlement de violence et de puissance fut presque assourdissant. Christel se redressa alors, lâchant le crucifix et le missel qui glissèrent des draps, avant de tomber au sol avec un bruit mat. Son dos était tendu, ses épaules crispées. Il attendait.
Charles entra alors dans la pièce et s'avança.
– Laisse-moi regarder, fit-il d'une voix douce.
Christel ne discuta pas et descendit du lit, le laissant poser ses deux doigts sur le front de la jeune fille. Les yeux clos, il médita.
Dans la pièce d'à-côté, tous se tenaient aux aguets, silencieux. Chacun avait la sensation que dire un seul mot pouvait tout faire rater.
Enfin, Charles rouvrit les yeux. Il retira ses doigts du front de Lilian, puis posa sa main sur l'épaule de Christel et secoua brièvement la tête.
Tous comprirent et marquèrent une pause horrifiée. Ils virent Christel hocher la tête en retour, puis retourner vers le lit, s'agenouiller devant et prendre la main de Lilian dans la sienne. Il pencha ensuite la tête, et tous pouvaient voir ses joues crispées par la douleur.
Lilian était morte. Elle n'avait pas survécu.
Les chasseurs décidèrent alors de se retirer respectueusement, laissant Christel seul avec elle. Ils redescendirent religieusement l'escalier, leurs pas mourant dans les étages.
James, resté sur place, resta immobile quelques instants, puis s'approcha de Christel.
– Tu as fait ce qu'il fallait faire, le rassura-t-il. Je ne dis pas que ce sont les meilleures paroles de réconfort du monde, mais c'était la meilleure chose à faire.
Christel ne put réprimer une exclamation amusée. Il serra davantage la main de la jeune fille. Le visage de Lilian était maintenant tranquille, son teint un peu plus pâle que d'habitude, et sa plaie à la gorge avait cessé de saigner. Son corps était maintenant complètement détendu, et très vite, monta une forte odeur d'urine et d'excréments. Ses muscles avaient lâché, et ses boyaux se vidaient.
Christel la regarda avec affliction. Elle n'avait pas mérité ça. Il repensa à la mort de ses parents, aux mensonges de Smith, à la malveillance de son monde. Il repensa à la jeune fille lobotomisée, égoïste et superficielle, qui avait peu à peu commencé à se réapproprier son humanité. Elle pouvait devenir tellement de choses, des choses extraordinaires. Et aujourd'hui, elle était morte, avant même d'avoir vécu. Elle n'avait pas mérité ça.
Lulu s'avança alors.
– Qu'est-ce que tu crois qu'elle va devenir ? voulut-elle savoir. Où tu crois qu'elle va aller ?
Ils ne purent ignorer l'ombre qui passa brusquement sur le visage de Christel.
– Tu crois qu'elle va aller aux Enfers ? s'inquiéta Lulu.
– Oh, je leur déconseille, grinça Christel. Elle n'est peut-être pas destinée à aller au Paradis, mais si elle met ne serait-ce qu'un orteil en Enfer, je peux leur promettre que c'est moi qui vais descendre, et que ça va chier des bulles carrées.
La menace était péremptoire et sans appel, et James et Lulu échangèrent un regard.
– Et si elle revient ? supposa James.
– Alors, je serai là quand elle se réveillera, affirma Christel.
Il lâcha la main de Lilian pour ramasser son missel et son crucifix qu'il remboîta dans la couverture, puis rangea l'ouvrage dans son étui. Il se pencha ensuite sur la jeune fille et, ignorant les souillures sur ses jambes, la cala soigneusement contre son épaule, puis la souleva hors du lit. Son corps inanimé pendait misérablement dans ses bras.
– Allez, on se tire.
James ouvrit la marche.
– Je vais dire aux autres qu'on y va, annonça-t-il, une première patrouille va partir en éclaireur.
Il se précipita dans l'escalier, Christel descendant à sa suite. Il ne jeta même pas un regard sur les corps des possédés oubliés sur le sol. Il ignora complètement leurs yeux, où brillait la lueur affolée des démons pris au piège dans leurs carcasses. Il veilla à ce que Lilian restât confortablement calée dans ses bras, et passa outre leurs cris silencieux.
Ils quittèrent le bâtiment, l'abandonnant derrière eux.
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