Chapitre 22 (partie 1)
La maison devint curieusement vide après leur départ. James et Lulu avaient raccompagné le Doyen après avoir éteint la télévision, et Natacha avait été appelée par ses parents.
Tous, donc, avaient quitté les lieux, chacun de leur côté, laissant Christel, Lilian et Misa seuls dans la maison.
La jeune fille eut un instant de flottement, cherchant dans sa tête ses devoirs d'hôtesse. Elle se dit alors qu'il serait peut-être mieux pour son invitée d'être installée, et fit mentalement le tour des chambres d'amis.
– Vous..., hésita-t-elle. Vous voulez peut-être vous installer ? Enfin, je veux dire, je vais vous donner une chambre, ce sera mieux pour vous, si vous devez rester.
Misa la remercia d'un hochement de tête, avant de rassembler ses objets rituels et de la suivre à l'étage. Lilian lui ouvrit la chambre d'ami la plus sobre qu'elle avait, son invitée ne semblait de toute évidence pas friande d'opulence.
Misa installée, Lilian redescendit rejoindre Christel au salon. Après tant de mouvements et de bruits, le brusque silence était presque désagréable.
– Ça va mieux, maintenant ? s'enquit Christel.
La jeune fille regarda autour d'elle, évaluant la nouvelle situation.
– Oui, ça va mieux. Maintenant que je sais que Smith ne pourra plus venir ici, ça va mieux.
Elle marcha vers la table de la salle à manger et ramassa les restes du repas. Christel la regarda faire en souriant.
– Vous aviez faim, dites-moi, remarqua-t-il en voyant les boîtes vides.
– C'est vrai. Et ça m'a fait beaucoup de bien.
Elle rapporta le tout dans la cuisine.
– Tu sais ce que je pense ? décida-t-elle soudain. Je crois qu'à partir de tout de suite, je vais arrêter de faire les courses. J'en ai assez de dépenser de l'argent pour de la nourriture que je ne mangerai jamais. Alors maintenant, je ne me ferai plus livrer que des plats tout prêts, comme ça, si mon oncle revient quand même, il ne trouvera plus rien à servir à ses invités.
– C'est une idée.
Elle se lécha un pouce.
– Je vais prévenir la société que je résilie le contrat de livraison. Ils ne devront plus rien amener ici.
Et de tout mettre à la poubelle, laquelle se mit en marche pour détruire les déchets avec un grésillement.
– Bien, je vais me doucher. Désolée, je vais t'abandonner un moment, mais quitte à purifier mon intérieur et mon esprit, autant purifier le corps aussi.
Christel n'émit aucun commentaire, se contenant de l'inviter d'un geste à faire comme elle l'entendait. Il s'assit néanmoins contre la porte de la salle de bain, montant la garde.
À l'intérieur, Lilian se glissait dans le carré de douche. Elle mit en route le programme, et des jets puissants d'eau savonnée jaillirent du mur et massèrent sa peau qui en avait bien besoin. Elle se frictionna de la tête aux pieds avec un soupir de béatitude.
Dans le couloir, Christel feuilletait distraitement le livre qu'il gardait à la ceinture.
– Qu'est-ce que tu as l'intention de faire, maintenant ? demanda-t-il.
Avec les bruits d'eau, elle ne l'entendit pas. Elle rejeta ses cheveux en arrière et se tourna vers la porte.
– Quoi ? cria-t-elle.
– Qu'est-ce que tu as l'intention de faire, maintenant ? répéta-t-il un ton plus haut. Tu veux retourner à l'université ?
– Je ne sais pas trop, avoua-t-elle. Qu'est-ce que tu crois que Smith va faire, à ton avis ?
– Avec les accusations de Natacha contre lui, il a plutôt intérêt à se planquer. Il a déjà dû quitter son appartement, et il y a de plus fortes chances qu'il ne revienne jamais donner ses cours. Le dirlo va devoir prévoir un remplaçant.
– C'est déjà ça.
La jeune fille changea de programme et se rinça.
– J'irai certainement demain, pour voir comment ça se passe, déclara-t-elle. Je sais bien que je n'ai pas cours de maths, mais je suppose que certains élèves seront déjà au courant de certaines choses.
– Si tant est qu'il se passe quelque chose. Imagine que la déposition de Natacha ne soit pas retenue...
– Elle s'est confiée à un ami de sa famille. Si ce type veut vraiment faire de vieux os, il a plutôt intérêt à faire suivre. Ce serait venu de moi, ça ne m'aurait pas surprise qu'ils ne fassent rien. Mais Natacha, bien qu'elle soit mon amie, fait toujours autorité, contrairement à moi. Le capitaine qui a recueilli son témoignage a donc tout à gagner à faire remonter le dossier.
Elle coupa l'eau, activa le séchage, et un air chaud lui balaya la peau et les cheveux, accompagné de fines projections de lait hydratant et d'huiles essentielles. Elle sortit de la douche et s'enveloppa dans son peignoir.
– Ouf ! Ça fait du bien, apprécia-t-elle en ressortant de la salle de bain.
– Ça y est, tu as fini ?
Il se releva de la moquette.
– Personne n'a sonné, ou a voulu entrer, entre-temps ? demanda Lilian.
– T'inquiète, la rassura Christel, j'ai dit que je surveillais. Tiens, au fait, n'oublie pas ça.
Il lui tendit quelque chose, et elle reconnut le chapelet acajou.
– Ah oui, merci.
– Garde-le constamment sur toi, lui recommanda Christel. On ne sait jamais, si tu dois sortir à l'improviste et que tu n'y penses pas.
Elle le remit prestement autour de son cou. Le jeune homme lui sourit.
– N'empêche, avoua-t-il, je ne l'aurais jamais cru capable de faire ça.
– Ah bon ?
– Oui. Je l'ai déjà vu donner sa bénédiction une chiée de fois, l'absolution, l'extrême-onction, une fois. Mais son propre chapelet, jamais.
Il la regarda avec un sérieux qu'elle ne lui avait jamais vu.
– C'est un don absolument inestimable, qu'il t'a fait. Je veux que tu sois consciente de ça.
Elle serra la petite croix contre son cœur.
– Je comprends.
Ils retournèrent dans le salon, où Lilian se coula avec volupté dans le canapé. Puis, pour donner un semblant d'ambiance, elle alluma la cheminée électrique. Les bûches s'enflammèrent en une fraction de seconde, ce qui eut le mérite d'épater Christel.
– Waouh, c'est moderne, s'extasia-t-il, parodiant James.
– Pas tant que ça. Ce genre de cheminées existait déjà bien avant la Singularité.
– Oui, je sais. À cette époque, on avait encore les vraies cheminées au feu de bois. Tu n'as pas connu, tu ne peux pas comprendre, mais je te jure que si un jour tu as l'occasion, tu benneras bien assez vite ton gadget.
– C'est si extraordinaire que ça ?
– Un vrai feu de cheminée ? C'est pas comparable. Pourtant, c'est une plaie à allumer. Il faut le bon bois, qu'il soit sec, qu'il prenne, il faut souffler dedans, l'entretenir... Un vrai casse-tête. Dans certaines régions du monde, à une époque, il y avait même des concours de villages d'allumage de feux de bois. C'était à celui qui ferait un beau feu le plus vite.
Elle sourit.
– Ça doit être amusant.
– C'est surtout magnifique. Tu verrais ces gigantesques cheminées, avec un feu énorme. Tu pourrais y faire tenir un bœuf entier.
Lilian rejeta une mèche derrière son oreille, le regardant illustrer ses propos avec de grands gestes des mains.
– Comment tu as connu ça ? demanda-t-elle.
– L'avantage de vivre dans la Ceinture. Il existe encore de très vieilles bâtisses qui n'ont pas été remises aux normes, du coup, elles fonctionnent encore à l'ancienne. Dès que tu entres, c'est une autre époque et un autre univers.
– J'aimerais bien voir ça, un jour.
– Ça, c'est facile. Déjà, rien que le repaire, tu en as une bonne idée. Les banques ne ressemblent plus à ça, de nos jours, ce que je trouve assez dommage. J'ai toujours aimé ce côté « vieilles pierres ». Aujourd'hui, c'est plus que du verre et de l'acier.
Lilian leva alors le doigt :
– Tiens, au fait, tu me parles de votre repaire, il y a une question que je voulais te poser : la boutique devant l'entrée, c'est quoi, exactement ?
– La boutique de Scarlet ? Il y a longtemps que c'est là. C'est Scarlet, d'ailleurs, qui avait eu l'idée. Après, c'est vrai que ça jure un peu avec le reste du bâtiment. Mais bon, c'est un mal nécessaire.
– Mais qu'est-ce que c'est ? Je veux dire, pourquoi c'est là ?
– Dans la pratique, je crois que « sas » serait le terme le plus approprié. L'entrée principale est le seul accès qui reste, tu penses bien qu'on va pas la laisser à l'air libre, à la curiosité du premier venu. Du coup, on a mis ça, pour filtrer les entrées. C'est une boutique de dépannage parce que Scarlet était technicienne, avant.
– Ça, je peux le comprendre, mais quitte à sasser l'entrée, il n'y avait pas moyen de créer un truc plus intelligent ? demanda Lilian avec bon sens. Vous auriez pu faire un pub, par exemple, ç'aurait été plus pratique.
– Un pub ?
– Bah, oui. Le Doyen en avait parlé, ces revenants qui ne sont ni dans un camp, ni dans l'autre. Apparemment, ils ont de bons tuyaux. Un pub, c'est un endroit rêvé, pour discuter. Ils viennent boire un coup, et en échange de, par exemple, bénéficier un peu de votre protection, ils vous disent ce qu'ils savent. Ç'aurait été beaucoup plus simple comme ça, non ?
Christel l'écouta avec une moue appréciative.
– C'est sûr, admit-il, faut reconnaître que ton idée n'est pas bête du tout. Mais l'autre camp saurait alors tout de suite qui sont les vendus.
Lilian dut admettre.
– C'est vrai.
Christel sourit en se remémorant.
– Ça me rappelle une communauté, à Paris. Ils occupent les catacombes. Superbe endroit, d'ailleurs. Je me rappelle de ça parce qu'à une époque, justement, ça servait beaucoup de cadre pour des raves clandestines.
– Il y en a d'autres, comme vous ? s'étonna la jeune fille.
– Bien sûr, on n'est pas les seuls. Je ne les connais pas toutes, mais il y a plein d'autres communautés, dans le monde. Il y en a une qui occupe le Machu Picchu, une autre dans les ruines de Tchernobyl, il y en a une énorme dans les sous-sols du Vatican, encore une dans la Masjid al-Haram, à la Mecque, je crois même que ce sont les plus importantes. Je connais bien le leader de Tchernobyl, c'est une tête brûlée comme je les aime. C'est dommage qu'il soit tombé dans le bain aussi bêtement. Il s'est fait faucher par un maudit en voiture alors qu'il dévalait Filbert Street, à San Francisco, dans un caddie de supermarché.
Lilian, qui souriait devant son enthousiasme manifeste vis-à-vis de son collègue, sentit son visage se décomposer brusquement.
– Il a quoi ?
La jeune fille tenta désespérément de ne pas imaginer à quoi pouvait ressembler un caddie lancé à pleine vitesse sur Filbert Street. N'y parvint pas.
– Qu'est-ce qu'il faisait dans un caddie ?
– Le mariole. Et le pire, c'est que c'était un accident, poursuivit Christel. Le pauvre maudit ne l'a même pas vu arriver. Mais ça a suffi pour le lancer dans la course.
– C'est quand même bête, regretta Lilian. Comment il... ?
Mais Christel leva brusquement le doigt, l'interrompant.
– Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
– Chut, écoute.
Elle se tut, tendant l'oreille, mais n'entendit rien. Christel se leva.
– On approche d'ici, annonça-t-il.
Lilian sentit son sang ne faire qu'un tour, et l'atmosphère naguère légère s'appesantit brusquement. Elle savait déjà de qui il s'agissait.
– Je suppose que ce doit être lui.
– Ton oncle ?
Elle hocha la tête, un peu pâle. Christel marcha vers l'entrée.
– T'en fais pas, je m'en occupe.
Il jeta un coup d'œil par le judas, et aperçut une brochette d'hommes en costumes et tout autant de femmes en robes, babillant et riant avec des sourires aussi mielleux et indigestes qu'un kilo de sucre. L'homme qui tenait la tête avait la peau blanchie au possible et les traces évidentes de retouches esthétiques. On aurait dit Michael Jackson.
C'était l'oncle et sa cour, à n'en pas douter.
– Vous allez voir le jardin, mesdames, une véritable merveille ! paradait-il. Je songe à y creuser une piscine avec un jacuzzi. Et je pense faire également un grand jardin d'hiver, pour les mauvais jours.
Christel l'écouta palabrer en montant les marches du perron, un sourire aux lèvres. Il fit craquer ses jointures, prêt à faire quelques bulles dans les projets du tonton.
La serrure magnétique bipa et l'oncle poussa la porte. Il ne vit pas Christel tout de suite, trop occupé à vanter ses désirs devant ses invités, mais alors que le groom apparaissait pour s'enquérir de ses souhaits, il tourna la tête et aperçut le jeune homme qui l'attendait de pied ferme, debout dans l'entrée.
Il eut un hoquet de surprise, une seconde désarçonné, puis trouva la force de resquiller.
– Qui êtes-vous, jeune homme ? Que faites-vous ici ? Veuillez sortir de ma maison !
Christel ricana.
– Ah, 'scusez. Je n'étais pas au courant que c'était chez vous.
– Ce n'est certainement pas chez vous, en tout cas, grinça l'oncle. Sortez, ou j'appelle la police !
Christel lui sourit.
– Vous avez raison, on va appeler la police. Miss Hamilton, je vous prie, appela-t-il.
Lilian apparut.
– Qu'est-ce qui se passe ?
L'oncle ouvrit de grands yeux en la voyant arriver.
– Mais qu'est-ce qu'elle fait là, elle ? s'offusqua-t-il.
Le jeune homme tourna la tête vers la jeune fille.
– Monsieur votre oncle souhaite appeler la police, lui informa-t-il. Apparemment, ma présence ici lui déplaît fortement.
Elle croisa les bras.
– Ah ? Moi, elle ne me déplaît pas, pourtant.
Et elle retourna dans le salon sans plus de cérémonie.
Christel salua d'un ironique hochement de tête l'oncle qui semblait au bord de l'apoplexie.
– Je suis ici car Miss Hamilton m'y a invité, déclara-t-il. Vous êtes donc prié de cesser vos jérémiades et de vous calmer.
L'oncle devint d'un beau rouge brique.
– Me calmer ? Qui êtes-vous donc pour me donner des ordres ?
– Je n'avais pourtant pas l'impression de vous en donner.
– Je suis chez moi, ici, sortez de ma maison ! Tous les deux !
– Mr Hamilton, répondit Christel avec une désarmante sérénité, je vais vous laisser une dernière chance. La porte est derrière vous, je vous souhaite une bonne fin de journée.
Et il disait ça en indiquant tranquillement la porte d'entrée.
L'oncle, refusant de se laisser démonter, sortit son oreillette.
– J'appelle la police, menaça-t-il.
Mais Christel, d'un geste vif, lui arracha l'appareil des mains. Son visage s'était soudainement durci.
– Il me semblait pourtant avoir été extrêmement poli.
Et brusquement, il referma le poing, écrasant dans sa paume l'oreillette qui retomba au sol en morceaux. Un silence mortel était tombé dans l'entrée. L'oncle rajusta nerveusement son nœud de cravate, soudain mal à l'aise, et ses invités ne bougeaient pas, pétrifiés.
Des lavettes, tous autant qu'ils étaient. Christel avait horreur de ces gens qui se donnaient des airs supérieurs, mais qui réclamaient leur maman dès qu'on les houspillait un tant soit peu.
Il attrapa l'oncle par le col de sa veste.
– Mr Hamilton, vous allez m'écouter attentivement...
– Que voulez-vous ? bredouilla celui-ci. De l'argent ?
Christel aurait pu en rire si sa question ne le mettait pas autant en colère. Il affirma son emprise et l'oncle devint d'un beau vert chlorophylle.
– « Que ton argent périsse, et toi avec lui », gronda Christel. Ta merderie de fric, connard, tu pourras en torcher la chiasse qui doit encombrer ton putain de caleçon. Je me fous totalement de ton pognon. La seule chose que je te demande, c'est de te barrer d'ici le plus vite possible et de ne jamais y revenir. Cette maison est à Lilian et à personne d'autre, que ça te plaise ou non. Alors je te conseille d'aller creuser ta piscine et ton jardin d'hiver ailleurs, et tout de suite. Parce que si je revois ne serait-ce que ton ombre dans les parages, je peux t'assurer que ta piscine, je la creuserai dans ton bide, et qu'il n'y aura jamais assez de l'océan Atlantique pour la remplir. C'est plus clair, dit comme ça ?
L'oncle bredouilla que oui. Satisfait, Christel ouvrit alors la porte d'entrée et le jeta dehors. Il roula-boula misérablement sur les marches.
Les autres invités n'avaient toujours pas bougé. Le jeune homme se tourna vers eux avec un regard sans équivoque.
– Dois-je vous raccompagner ? leur proposa-t-il d'une voix sereine.
Ce ne fut pas la peine. Les dames refusèrent de rester ici plus longtemps, et les hommes furent bien obligés de les suivre. Il y en eut un ou deux pour lui jeter des œillades haineuses, mais Christel se contenta d'y répondre par un sourire imperturbable, ajoutant à leur anéantissement.
Ils fuirent, tous, au comble de la honte.
Christel leur ferma la porte dans le dos.
– « Il n'a d'égard à aucune rançon, Et il est inflexible, quand même tu multiplierais les dons », se satisfit-il.
Le calme qui suivit était le bienvenu, et le jeune homme le savoura quelques secondes avant de retourner dans le salon.
– Ça y est, Lilian, je pense qu'il a compris.
Elle eut un pauvre sourire.
– Tu l'as jeté dehors en le menaçant de lui ouvrir le ventre, je pense qu'il n'a pas pu faire autrement que comprendre.
Mais elle n'avait pas l'air aussi heureuse qu'elle aurait dû.
– Eh bien, ça ne va pas ? s'inquiéta le jeune homme. Tu devrais être contente, plutôt. Au moins, il y réfléchira à deux fois avant de te faire chier.
Elle hocha la tête avec indifférence, puis se pelotonna dans le fauteuil, le regard fixé sur la cheminée. Christel s'assit devant elle sur le canapé.
– Ce sont ses réactions qui t'ont foutu les boules ? devina-t-il.
Elle ne savait plus si elle devait en rire ou pleurer. Il s'approcha d'elle, lui dégagea une mèche du visage, et elle fit la grimace.
– Comment tu veux que j'aille, avec tout ce qui m'arrive ? Mes parents sont morts, Smith me manipulait, maintenant mon propre oncle veut me voir disparaître. Tu l'as entendu ? « C'est ma maison ! » singea-t-elle amèrement. Non, ce n'est pas sa maison ! C'est celle de mon père, c'est la mienne ! Mais il s'en fout, de ça. Tu l'as entendu comme moi, parler de sa piscine et de son jardin d'hiver. La passation d'héritage n'a même pas encore eu lieu, et il se croit déjà le propriétaire. Ça fait pitié.
Elle croisa ses bras sur ses genoux fléchis, y enfouit son visage.
– Je me souviens de l'époque où il venait à mes anniversaires, il avait toujours une attention de plus que les autres. Bon, il était tout aussi superficiel, mais c'était mon oncle, il m'aimait beaucoup, et je l'aimais beaucoup. Maintenant, regarde‑le : il veut me mettre à la rue en oubliant totalement que je suis sa nièce. Tu crois réellement que mon père aurait accepté ça ? Non, bien sûr, mais il n'en a rien à faire. Tout ce qui l'intéresse, c'est obtenir la maison et parader devant sa cour de crétins.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top