Chapitre 11 (partie 2)


L'expression de Scarlet quand elle vit arriver Christel avec cette demoiselle dans les bras valait tous les cartoons du monde.

Elle était en train de remettre sur pied un vieil écran 16K quand la porte de sa boutique s'était ouverte. Elle avait salué par habitude, avant de se rendre compte de qui il s'agissait. Puis ses yeux s'étaient écarquillés, et sa mâchoire inférieure était devenue très intéressée par ce qui se passait à ses pieds. Elle avait ironisé sur le fait qu'elle ne faisait pas hôtel de passe, mais devant la mine hâve de Christel et l'état pitoyable de Lilian, elle avait vite compris que quelque chose n'allait pas.

– Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta-t-elle.

– J'ai besoin que tu m'ouvres, la pressa Christel. Il y a de grandes chances qu'elle soit en danger, et il n'y a que là qu'elle sera en sécurité.

Scarlet baissa les yeux sur la jeune fille inanimée.

– C'est pas elle, avec qui tu étais sorti, il y a trois mois ?

– Scarlet, on s'en fout. Elle vient de retrouver ses parents morts dans leur maison, James et Lulu l'ont sauvée de justesse d'un lycanthrope, et il est possible que le meurtrier soit toujours après elle.

Mais Scarlet secoua la tête, navrée.

– Je ne peux pas ouvrir pour elle, tu le sais. C'est le règlement.

Désespéré, Christel lui fourra le corps de Lilian sous le nez.

– Je t'en prie, Scarlet, fais ça pour moi ! Tu diras que je t'y ai obligée, que je t'ai frappée, n'importe quoi. Mais je t'en prie, ouvre-lui.

– Le Doyen va m'arracher les yeux.

– Je l'emmerde ! Putain, Scarlet, tu vois pas que c'est grave ? S'il te plaît, ouvre. Juste la Porte. S'il le faut, elle restera dans le hall, mais je t'en conjure, ouvre cette putain de Porte !

La pauvre Scarlet se tordit les mains, incapable de prendre une décision.

– Scarlet, je promets de coucher avec toi autant de fois que tu veux si tu m'ouvres.

– Comme si c'était le moment ! pesta-t-elle. Bon, allez, rentre. Mais s'il arrive quoi que ce soit, c'est sur ta tête que ça tombera, tu m'as comprise ?

– Promis. Merci infiniment.

Elle s'écarta et lui permit l'accès à l'arrière-boutique. Christel marcha droit sur la grande armoire dont il ouvrit les deux battants. À l'intérieur, le fond s'avérait être une seconde porte qui donnait sur un large hall aux colonnes de marbre emperador. Il posa Lilian par terre et referma précipitamment les entrées. Enfin, il s'adossa au mur et se laissa glisser jusqu'au sol, à la fois soulagé et dépassé.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Une femme qui allait pour sortir les vit tous deux ainsi, Lilian inconsciente et Christel à bout de nerfs, et il ne lui fallut pas longtemps pour voir que quelque chose clochait.

– Christel ? Qu'est-ce qui se passe ? C'est qui, cette fille ?

– Salut, Shania.

Celle-ci s'accroupit devant lui, le regardant avec inquiétude.

– Qu'est-ce qui se passe ? répéta-t-elle. C'est qui, cette fille ?

– Une demoiselle en détresse. Désolé, j'avais pas le choix.

La femme ouvrit de grands yeux.

– Tu n'es pas sérieux ?

– Il semblerait que non.

Puis quelqu'un d'autre surgit dans le couloir. Un homme, cette fois.

– Qu'est-ce qui se passe, ici ? grommela-t-il dans sa barbe touffue.

– Cet imbécile a ramené une étrangère ici, répondit la dénommée Shania.

– Quoi ? L'imbécile !

Christel mit ses mains sur ses oreilles en grimaçant.

– S'il vous plaît, tous les deux, demanda-t-il d'une voix lasse, pouvez-vous crier moins fort ?

Les deux autres lui jetèrent des regards interloqués, brusquement inquiets pour sa santé mentale.

– Le Doyen va lui faire sa fête..., marmonna l'homme.

– Eh bien, la Porte est bloquée, ou quoi ?

Une troisième personne venait de faire son apparition.

– Salut, Christel, salua distraitement la femme. Bah, c'est qui cette fille ? On la connaît pas.

– C'est une étrangère, lui apprit Shania.

– Et qu'est-ce qu'elle fait là ?

– C'est Christel qui l'a amenée ici.

– Et pourquoi ?

– Ah, merde ! explosa alors Christel, les faisant tous sursauter. Vous allez la fermer, oui ?

Les trois autres se turent, interloqués. Shania allait pour protester quand un bruit l'interrompit.

Lilian, reprenant lentement ses esprits, gémit en se tenant la nuque. Elle battit des paupières, dodelinant mollement de la tête.

Christel se pencha sur elle et lui mit la main sur le front.

– Comment ça va ? s'enquit-il.

La jeune fille leva les yeux. Sa vue s'ajusta enfin et elle le vit devant lui. Puis, regardant autour d'elle, elle remarqua les trois autres personnes qui l'observaient avec curiosité. Alors sa mémoire se remit en route, les événements de la soirée la giflèrent à toute volée et, ne reconnaissant pas l'endroit où elle se trouvait, elle étouffa un cri effrayé et recula d'une détente, surprenant les autres.

– Qui êtes-vous ? hoqueta-t-elle.

Christel tendit doucement la main dans sa direction.

– N'aie pas peur Lilian, tu es en sécurité, ici.

– N'approche pas ! cria-t-elle.

– Et ça recommence, gémit-il.

– Qu'est-ce qui lui prend ? demanda Shania avec curiosité.

Christel tourna la tête vers elle.

– Elle me croit responsable de la mort de ses parents, expliqua-t-il.

– C'est pas très sympa, ça, jugea la seconde femme.

– Vous êtes qui ? paniqua Lilian. Qu'est-ce que vous me voulez ?

Christel tenta une nouvelle approche qui s'avéra aussi infructueuse que la première.

– Arrête ! siffla-t-elle.

Il fut bien obligé de se forcer à garder son calme.

– Bon, écoute, maintenant ça suffit, les bêtises. Je sais que tu es sous le choc, tes parents sont morts et tu viens d'échapper à l'attaque d'un lycanthrope. Mais Lilian, une fois pour toutes, je n'ai pas tué tes parents. Je ne sais pas ce que Smith t'a raconté, et honnêtement, je m'en fous, quoi qu'il ait pu dire sur moi, on a déjà dit pire que lui. Je n'ai peut-être pas été foutu de mettre les formes qu'il fallait pour te convaincre d'éviter Smith, j'ai été virulent, j'ai été menaçant, mais je n'ai pas approché ta maison ni de près, ni de loin. Tu peux vérifier toutes les vidéosurveillances de la ville si ça te chante, je n'ai pas – tué – tes – parents.

– Smith a été lui raconter que tu avais tué ses parents ? grogna sombrement l'homme.

– Il n'en a pas eu besoin. Il lui a tellement bourré le mou qu'elle en a tiré cette conclusion elle-même.

Shania pinça les lèvres.

– Attends, intervint-elle alors, ce serait pas elle, alors, qu'on voit en ce moment aux infos ? C'est apparu il y a même pas un quart d'heure, un couple de la Cité a été tué chez eux.

Mais avant que Christel eût pu réagir à l'information, il reçut un appel et ajusta son oreillette.

C'était James.

– James, salut. Alors ?

James lui répondit quelque chose qu'il ne comprit pas tout de suite.

– Quoi ? J'entends rien.

James semblait à l'extérieur, à en juger par les bruits autour de lui. Christel distingua un brouhaha de circulation, et un peu plus loin, une sirène. Mais le son était haché, comme si la réception était mauvaise.

Pas v... Pol... Sur les l...

– Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?

... ichu truc !

Christel perçut la voix de Lulu à ses côtés, et de la friture indiqua qu'ils se déplaçaient.

Et là, tu m'entends ? demanda James.

– C'est mieux, oui. Tu disais quoi ?

Je disais qu'on n'a pas vu la maison. On n'a pas pu, la police étaient déjà sur les lieux.

– Vous les avez vus ?

Pas eu besoin. L'affichage public diffusait les infos et c'était à la une.

Christel ne put réprimer un regard rapide vers Shania.

– Ils disaient quoi ?

Ils n'ont pas montré les images, ils ne les ont pas encore. Mais d'après les premières déclarations, ils ont été massacrés à coup de hache.

Christel ne put réprimer une grimace de dégoût. Massacrés à coups de hache ?

D'après la police, la fille était au téléphone avec une amie quand elle s'est mise à hurler comme une folle. Cette amie a appelé le poste de police qui a dépêché une équipe et ils ont fait la découverte. Ils ont adjoint un avis de recherche pour retrouver la fille.

– On a des détails, sur ce qui s'est passé ?

Tout ce que je sais, c'est par les infos que je l'ai appris. Le père était dans la chambre, la mère dans la douche. Apparemment, d'après les blessures, ils n'ont même pas eu le temps de se défendre.

Christel jeta un œil sur le sang maculant Lilian. Il commençait à deviner ce qui avait pu se passer. Lilian découvrait son père dans la chambre, paniquait, et allait trouver sa mère. Et en ouvrant la douche, le cadavre de sa mère lui tombait dans les bras. Il ne pouvait qu'imaginer la monstrueuse épouvante qu'elle avait ressentie à ce moment-là.

– ... En revanche, ils sont apparemment dans un tel état qu'ils n'ont pas pu les identifier visuellement, poursuivait James. Ils attendent la confirmation génétique.

– Tu crois qu'il y ait une chance que ce ne soit pas eux ?

Dans leur maison, dans leur chambre et dans leur salle de bain ? Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Personnellement, je crois que... Oh !... Attends, ils ont des images !

Christel entendit la musique du flash spécial, puis la voix de la speakerine : « Les images sont insoutenables et à déconseiller aux personnes sensibles... » Tu parles ! Ils s'en foutaient bien, que ce fût insoutenable. Du moment que les gens se précipitaient pour se rincer l'œil, ils pouvaient tout aussi bien montrer le massacre d'une maternité, ils s'en foutaient du moment qu'ils faisaient de l'audimat.

Oh, mince..., faisait James dans le téléphone.

– Ils ont montré quelque chose ?

Tu m'étonnes qu'ils n'aient pas pu les identifier de visu, ironisa-t-il. Une vraie boucherie.

– C'est si horrible que ça ?

De la charpie, affirma-t-il. Ils n'ont même plus figure humaine. On comprend mieux pourquoi la fille était dans cet état.

– Ça ressemble à quelque chose qu'on connaît ?

Comment dire ? Pas vraiment, en fait.

– Comment ça, pas vraiment ?

Il faudrait le voir pour comprendre. C'est comme si la personne qui avait fait ça avait cherché à maquiller ses traces.

– Je vois.

À ce niveau-là, ce n'est pas l'œuvre d'un maniaque. Ou alors ils avaient des ennemis extrêmement retors. Tu veux mon avis ? C'est un camouflage. La personne – ou la chose – a fait ça justement pour ne pas être identifiée par sa méthode.

– Merde ! pesta Christel.

Je ne te le fais pas dire. Laisse tomber, je crois qu'on n'aura rien comme ça. Et puis, avec les agents en vadrouille, je nous vois mal nous introduire sur place.

Christel hésita et se mordit la lèvre. Son regard partit dans le vague, cherchant une inspiration. Mais il ne trouva rien et dut se résoudre à la solution la plus simple.

– Revenez ici, décida-t-il. Si vraiment la zone est inaccessible, c'est pas la peine de s'y attarder. Rentrez, je vais aviser. Merci du coup de main.

Pas de quoi.

Ils se saluèrent, et Christel coupa la communication. Il jeta un coup d'œil à Lilian qui le regardait avec attention.

« Pauvre gosse », songea-t-il. Devenir la maîtresse de ce saligaud de Smith et perdre ses parents comme ça, il y avait des jours où l'on ferait bien de rester au lit.

– Alors ? susurra-t-elle. Tu n'as trouvé personne sur qui rejeter la faute ?

Il la considéra, catastrophé.

– Il t'a quand même bien bourré le crâne, constata-t-il avec dégoût.

– Non, le contra-t-elle. Il a été gentil avec moi, il a été tendre et aimant. Lui, au moins, il ne m'a pas fait de mystères avec des cicatrices et des délires psychotiques !

Il dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas la gifler.

– Tu vois, c'est pour ça que je déteste les humains, cingla-t-il. Ils sont tellement prévisibles et tellement influençables. Regarde-toi, pauvre gourde. Tu lui es tombée dans les bras justement parce qu'il t'a sorti les sérénades que tu voulais. Il t'a raconté tout ça parce que c'était ça que tu voulais entendre, c'était pas compliqué à comprendre.

Shania lui prit alors le bras.

– Arrête, ça suffit.

Il se dégagea, mais la jeune femme insista.

– J'ai dit que ça suffisait, maintenant.

– Dégage !

– Christel, bon Dieu !

Il la regarda, incendiaire. Mais un mouvement d'yeux de sa collègue lui fit comprendre qu'il y avait du neuf.

Il n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir de quoi il s'agissait.

– Eh bien, Christel, demanda une voix grave dans son dos, que signifie donc ce remue-ménage ?

Christel serra les dents.

– Doyen..., s'arracha-t-il de force.

Et il se retourna.

Devant lui se dressait une haute silhouette en robe de bure, sanglée à la taille par une longue corde qui lui battait les jambes. Le capuchon était rabattu sur sa tête, dissimulant ses yeux, ne dévoilant que des joues creusées par les décennies. Bien que non confirmée, la rumeur courait que le Doyen était aveugle.

D'autres personnes l'accompagnaient, armées, parées à toute éventualité.

– Qu'y a-t-il de si pressant pour oser ainsi hausser le ton sur une âme perdue ? poursuivit-il d'une voix doucereuse.

Christel semblait étrangement fuir son regard.

– J'expliquais simplement à cette... âme perdue... avec quelle stupidité elle était allée au-devant des problèmes, grinça-t-il.

Le Doyen le regarda sans réagir, calmement. Puis se détourna de lui et marcha vers Lilian qui, en le voyant, fit la grimace.

– C'est qui ce schnoque ? se moqua-t-elle. C'est le grand gourou ?

– Paix soit sur votre esprit et vos sentiments à mon endroit, chère demoiselle, salua-t-il sans prêter attention à son ironie. Puis-je connaître la raison de la présence d'une étrangère entre ces murs ?

La jeune fille eut un geste dédaigneux de la main.

– Demandez-le à lui, c'est de sa faute.

Et elle désigna Christel.

Le Doyen, toujours silencieux, lui jeta un de ces regards pénétrants dont il avait le secret.

– Ses parents sont morts dans la nuit, expliqua le jeune homme. James et Lulu l'ont sauvée d'un lycanthrope alors qu'elle fuyait. Comme j'avais supposé qu'elle pouvait être en danger de mort, je l'ai mise en sûreté ici.

– Vous avez supposé ?

Christel se releva d'un bond, furieux :

– Cette conne se laisse draguer par Smith alors que je l'avais mise en garde ! Alors, oui, j'ai supposé qu'elle était en danger ! Pourquoi, c'est un crime, maintenant, de vouloir protéger son prochain ?

Le Doyen joignit ses mains gantées de mitaines dans ses manches.

– Protéger son prochain est notre mission première, énonça-t-il, mais nous ne pouvons malheureusement pas les protéger contre leur gré. Et il semble absolument certain que cette jeune demoiselle n'a en aucun cas le désir de rester ici.

Le jeune homme comprit aussitôt.

– Non..., articula-t-il d'une voix blanche. Vous n'allez pas me dire que...

– Christel !

Tous tournèrent la tête vers la porte. C'était Scarlet, et elle semblait fort ennuyée.

– On a un problème, annonça-t-elle.

– Parce que tu crois qu'ici, il n'y en a pas, des problèmes ? Je me crève le cul à sauver la vie d'une connasse qui me traite d'assassin, et ce putain de Doyen de m'apprendre la miséricorde en me disant que j'ai pas le droit de protéger les gens contre leur gré ! Alors merci, j'ai eu mon lot de problèmes, d'accord ?

Mais Scarlet attendit patiemment qu'il se tût pour prendre la parole :

– Christel, il est là.

À la colère, succéda la stupéfaction. Même les lèvres du Doyen se pincèrent de contrariété.

– Pardon ?

– Il est là, répéta Scarlet. Il est devant la boutique, et il attend qu'on la relâche.

Christel n'arrivait pas à y croire.

– Mais il se fout de nous, ou quoi ? Il a le culot de se pointer ici ? C'est de la provocation !

Le Doyen le fit taire d'un geste.

– Quelle que soit la raison de sa venue, Christel, nous devons avant tout donner satisfaction à cette brebis égarée en lui rendant sa liberté. Car il est devenu évident que c'est pour ce motif qu'il a fait le déplacement jusqu'ici.

Lilian comprit.

– Mr Smith est venu me chercher ?

– Oui, mon enfant. Et il vous attend.

– Attendez ! protesta Christel. Vous allez quand même pas la laisser repartir avec lui ?

– Si tel est son souhait, je ne peux aller à son encontre.

Il s'effaça alors, laissant le passage à la jeune fille qui se précipita au-dehors, bousculant Scarlet du chemin. Christel s'élança à sa poursuite.

– Arrête, Lilian, ne va pas avec lui !

– Laisse-moi !

Elle quitta la boutique en courant et, apercevant Mr Smith, se jeta dans ses bras en pleurant. Celui-ci leva sur Christel des yeux étincelants.

– Vous pouvez vous vanter d'avoir fait un travail remarquable, accusa-t-il sans même le saluer. Oser s'en prendre ainsi à sa famille, je ne vous en aurais jamais cru capable. Je savais que vous étiez malade, mais j'ignorais à quel point.

– Tu prétends me donner des leçons ? Et toi, alors ?

Il se précipita vers lui, furieux.

– Combien de gens tu as accroché à ton palmarès ? ragea-t-il. Et moi ? Ça t'a fait rire, ce que tu m'as fait ?

Il fondit sur son ennemi dans le but de lui porter le plus de coups possibles. Mais contre toute attente, Lilian s'interposa entre eux, interrompant la rixe.

– Arrête ! cria-t-elle à Christel.

Il arrêta aussitôt son geste, interdit par la réaction de la jeune fille. Ses bras retombèrent, inutiles.

– Tu es décidément tombée bien bas, mâcha-t-il avec tristesse. Tant pis pour toi. Si tu tiens tant à partir avec lui, vas-y. Peu m'importe ce qui peut t'arriver par la suite. Mais tu ne viendras pas dire que je ne t'ai pas prévenue. La seule chose que je veux que tu saches, c'est que je n'y suis absolument pour rien dans la mort de tes parents.

– Je me fiche de ce que...

– C'est tout ce que j'avais à dire, coupa-t-il.

Il lui tourna le dos, fit un vague salut de la main et disparut dans la boutique.

Le Doyen, qui n'avait pas bougé, soutint Mr Smith d'un visage calme, mais ferme.

– Votre pupille est très enragée, fit remarquer Mr Smith.

– C'est à moi seul qu'il appartient de juger du comportement de mes ouailles, le contra le Doyen. Je crois savoir que vous étiez venu récupérer cette jeune fille. Voilà qui est fait, aussi je vous conseille fortement de ne pas rester ici, que vous soyez accompagné ou non.

Mr Smith défia le Doyen du regard, mais aucun muscle de ce dernier ne broncha. Les autres personnes présentes avaient des armes et semblaient décidées à en faire usage si nécessaire. Il passa un bras protecteur autour des épaules de Lilian.

– Venez, lui dit-il, je vais vous ramener chez moi.

Il jeta un dernier regard noir à tout le monde et se détourna, emmenant la jeune fille avec lui.

Le Doyen les regarda partir, serein. Ce fut le moment que choisirent James et Lulu pour revenir de leur expédition.

– Salut, tout le monde ! lança James. Tiens, qu'est-ce que vous faites tous dehors ?

Il aperçut les armes, les regarda avec surprise.

– On a raté quelque chose ?

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