L'Illusion de L'Enfance

Où suis-je ? Je ne vois que du blanc autour de moi. J'ai l'impression que le monde qui m'entoure semble sans limite. Étrangement je ne ressens aucune peur ou angoisse face à cette vision. A première vue tout ceci pourrait être la triste réalité du paradis. Pourtant mon instinct me dit que je me trompe lourdement. Je n'ai plus de sensation. La parole me paraît si lointaine tout à coup. Il m'est impossible de dire un mot. Le toucher n'a plus de sens dans ce monde sans le moindre objet. Mon nez ne distingue absolument rien. C'est une bien étrange impression à vrai dire.  Mon pragmatisme me révèle alors une conclusion plausible. J'apprends l'existence et la forme du néant.

Soudain, une question m'obsède. Quel est mon nom ? J'ai beau avoir une bonne connaissance et mes facultés de raisonnement je ne parviens pas à me souvenir de ce petit détail. C'est sans doute une caractéristique de cet univers ? Après tout, je ne suis plus rien. N'est-ce pas la particularité si singulière du néant ? Je n'ai guère les réponses et ne peut le obtenir. Hélas, mon esprit continue à chercher. Pourquoi mon existence humaine tient-elle autant d'importance si subitement ? Parce que je suis un homme et que sans identité je ne puis totalement l'être ? Cette philosophie commence à me consumer à petit feu. Le pire est sans aucun doute d'imaginer me voir en panique alors que je reste de marbre face à cette situation. Ses fantômes de sentiments me hantent et m'obsèdent.

Le temps n'existe plus. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à me torturer l'esprit. Des heures ? Des jours ? Peut être plus ? Le néant n'est qu'une solitude infini. Néanmoins j'ai fini par accepter mon sort. Ma capacité de raisonnement semble s'être décuplé. Je ne pense pas que j'aurais été capable un tel niveau auparamavant. Pourtant malgré cela mon déni m'ensorcelle encore et encore. Mon identité paraît me tenir réellement à cœur. C'est comme si je ne pouvais pas me détourner de ce chemin. C'est tout de même maintenant la dernière preuve que j'ai un jour existé sur Terre. J'ai vite compris que j'avais également tout souvenir de ma vie. Je crois en la présence d'une peur viscérale. La peur d'oublier. La peur de m'engloutir dans ce néant. Je sombre peu à peu.  Cette force me dépasse. L'abandon est la meilleure des décisions. Ou peut être la réaction normal de l'être faible que je suis ? Je ne peux résister à cette pression. Je m'apprête à faire le choix de facilité.

Je m'abandonne dans ce néant. Tout à coup, un halo de lumière se dessine devant moi. Elle prend aussitôt la forme d'un homme. Je crois le reconnaître. Malheureusement, je n'arrive pas à m'en souvenir. Il me laisse une impression de déjà vu. Quelqu'un de très familier même. Je suis surpris de découvrir que sa présence a fait disparaître mes tourments. Il y a quelque chose dans cette forme qui me donne envie de lui faire confiance. En réalité à y réfléchir je n'ai pas vraiment le choix. Cet être est le seul qui peut m' aider. Il a sûrement les réponses que je cherche. Qui suis-je ? Voici dorénavant ma seule résolution.

Soudain la lumière divine vient totalement à moi. Je suis très vite aveuglé. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Un cri de nourrisson emglobe brusquement le silence auquel j'étais habitué. L'éclat vif se dissipe petit à petit. Je ne tarde pas à remarquer une chambre d'hôpital. Bizarrement et sans savoir pourquoi, j'aperçois une famille. Je peux voir une mère radieuse portant dans ses bras son fils. Le père est à leur chevet. On peut facilement deviner leur bonheur en visionnant cette scène.

J'observe cette famille tranquillement lorsque d'un coup tout devient flou autour de moi. La chambre d'hôpital finit par s'estomper totalement et je retourne à mon point de départ. Le néant m'encercle une nouvelle fois. La seul différence avec ma première arrivée se tient devant moi. L'homme de lumière est là. Cet être dont je connais rien m'accompagne dans ce monde échappant à la logique. Ma solitude semble s'éloigner. Il devient à cet instant le dernier espoir qui me sauver de mon déni. Mais est-il  vraiment ce prophète que j'ai tant besoin ? Ou est-ce le boureau qui mettra fin à ce qui reste de mon existence ?

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