Prologue, Partie 0 : Ou comment commencer un journal
Très cher journal.
Hm non, non.
Hey, toi qui lis ça.
Hm. non plus.
J'ai toujours été nulle en journal intime. C'est dur d'écrire un journal. Je ne sais pas vraiment à qui je devrais adresser ces mots. Je n'ai jamais tenu de journal avant dans ma vie. Enfin j'ai bien essayé (Papa me disait toujours que ça m'aiderait à canaliser mon énergie et mes pensées, et que ça aurait un effet thérapeutique) mais soit je le perdais au bout de deux semaines, soit j'avais la flemme de noter au bout de quelques jours.
Et pourtant je m'appliquais, je choisissais un beau carnet, avec une couverture différente selon mes goûts du moment : un petit rose pailleté avec des fleurs en strass fuchsia quand j'avais 7 ans, un avec une belle couverture luisante en plastique représentant mes super-héros préférés à mes 10 ans, un en faux cuir à l'odeur industriel avec une fausse opale en toc imitant un vieux grimoire à mes 14 ans, et finalement un grand carnet souple représentant mon tableau de Van Gogh préféré aux pages recyclés un peu jaune à mes 16 ans.
Et puis j'écrivais mon nom en m'appliquant sur la première page « Ce carnet appartient à : Kiara Palazzolo » puis je commençais toujours de façon un peu maladroite :
« Cher journal », « chère moi du futur », « cher alien », « cher archéologue du futur »
Et puis je notais bien la date en haut, et je commençais à noter ce que j'avais fait de ma journée. Souvent des bêtises d'ailleurs :
« Ojourd'ui Léna ma volé mon stilo préféré alors je lé mordu et la maitresse ma fai écrire 50 fois « je ne mord pas mes camarades » mais comme jé oublié le « s » elle ma doné encore 3 exercice à faire a la maison !!! Elle et tro méchante, je la déteste. Léna avait qua pas prendre mon stilo, la justisse et morte. »
« Aujourd'ui j'ai encore oublié mon devoir maison sur mon bureau du cou le prof a encore mis un mos dans mon carnet. Papa s'est énervé et m'as priver de glace en dessert mais Dada m'a donné du chorizo en apéritiffe alors ça va ».
« Aujourd'hui, j'ai cassé la lampe de la salle avec mon ballon. Je sais que faut pas jouer avec son ballon dans la salle de cours mais je m'ennuyais trop j'aurais jamais mon brevet de toute façon c'est nul l'école. Papa dit que je suis en « dékrochaje skolère »,, je suis pas sure de ce que sa veux dire mais c'est forsément moins pire que s'ennuyer en cours. »
Vous voyez le genre. Mais quand on relis ça en famille, en vrai, ça fait rire. Et puis on a la poitrine qui picote et qui se réchauffe en même temps.
Enfin bref, je m'égare.
Mais ce journal là, je serais bien obligée de le tenir. Pour le meilleur ou pour le pire. Et peut-être, je l'espère en tout cas, il durera un peu plus que quelques semaines.
Alors il faut bien que je me décide. À qui vais-je adresser ces mots ? À mon journal, à moi-même, où à un public ?
Puisqu'on me force à écrire, c'est probablement pour le lire dans le cas où je mourrais. Car tout d'un coup, cette probabilité à laquelle je ne pensais même pas du haut de ma jeunesse et de ma santé, devient bien plus proche et réelle que je n'aurais pu le croire.
Je crois que je vais adresser ce témoignage à un public imaginé. Public qui ne viendra peut-être jamais. Au moment où j'écris ces mots, je ne sais pas ce que le futur me réserve et si ce journal serait jamais lu par quelqu'un d'autre que moi.
Mais comme je le disais, mes chances de survie, d'un coup, se sont grandement amenuisée. Je n'aurais certainement jamais la qualité d'écriture de Wen Xiang Mogonatari, et mon histoire vaut ce qu'elle vaut, mais elle aura le mérite d'être racontée, du mieux que je le pourrais.
Alors après tout, quitte à peut-être mourir bientôt, autant faire de ce modeste journal, écrit de ma pauvre écriture maladroite, et probablement truffé de fautes, mon héritage.
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