Prologue 1, Partie 2, Ou le début des problèmes

NdA : Grosse partie pardooon (5500 mots)....



Kiara Palazzolo, Jour 2


J'ai beaucoup de choses à rattraper.

Donc hier, je m'étais arrêté au moment ou Keith et moi avons décidé de faire connaissance avec les autres et visiter l'endroit.

L'endroit qui était vraiment immense.

Notre centre s'organisait ainsi : Il s'étalait sur 3 étages, plus un parking au sous-sol, complètement vide et franchement flippant. Le centre avait une forme de 8, ou de signe infini comme Keith le répétait en boucle.

Dans l'une des deux boucles du huit se trouvait un grand jardin type tropical, avec des petits ponts et des plateformes pour le premier et le deuxième étage.

La seconde boucle était fermée au niveau du plafond et un immense lustre nous dominant éclairait tous les alentours. Le trou du centre permettait de voir les autres étages en contrebas (heureusement il était protégé par un garde-fou pour empêcher les chutes), et au rez-de-chaussée s'étalait une sorte de salle de bal avec un beau sol de marbre brillant.

Sinon, des magasins s'étalaient tout autour des boucles.

Peut-être comparer l'endroit avec un 8 n'était pas tout à fait correct. Les boucles était allongées en forme d'ovale, et le croisement au milieu des boucles était plus un long couloir qu'un carrefour.

Keith vient de me donner une plutôt bonne comparaison : notre centre est un mixte entre un signe infini et un coton-tige.

Nos chambres sont d'ailleurs dans le couloir central, au 2ème étage.

Ah oui je devrais reprendre le moment des présentations.

Les souvenirs s'emmêlent un peu dans ma tête, il me semble que les premiers que l'on ait rencontré après Keith et Flamand rose soient Sophie et Terpsichore. Ça s'est passé comme ça :

Nous sommes sortis du supermarché avec Keith, et nous nous sommes retrouvé face au cercle du lustre. Nous étions au 2ème étage.

L'immense cercle de magasins était terriblement immobile et vide. C'est très peu naturel pour un centre commercial. On a l'habitude de les voir constamment plein de gens et de mouvements et il y a toujours une musique de fond.

Le seul bruit qui nous parvint était un vague bruit de voix et d'étranges cris qui ne semblaient pas humain émanant du magasin voisins au nôtre.

J'ai demandé à Keith :

- Tu as... déjà rencontré quelqu'un d'autre ici ?

- J'ai vu l'autre sale type, et de loin j'ai vu un mec chelou avec un long manteau brun rapiécé, et un type qui ricanait tout seul. Enfin aucun des deux ne m'inspirait confiance donc je suis resté dans le supermarché.

J'ai demandé timidement :

- On suit le bruit ?

Il hocha la tête en signe d'accord, l'air de ne pas en mener large pour autant.

C'est comme ça qu'on s'est retrouvé face à une nonne et 3 cigognes.

Enfin il y avait une petite jeune femme avec les cigognes. Elle nous regardait comme si elle voulait nous assassiner, les bras croisés sur la poitrine. Avec des yeux couleur noisettes en amande, encadrés par des boucles d'un noir bleuté et des petites breloques en or. Elle avait l'air dure et sauvage, et se tenait campée sur ses jambes comme si ses pieds prenaient racine dans le sol.

La nonne, dont la peau, les yeux, les quelques mèches de cheveux pâles sortant de sa tenue contrastaient violemment avec ses vêtements noirs, se tourna vers nous. Je me suis fait la réflexion qu'elle avait un très beau visage, mais elle avait un air froid et distant. Ses mains disparaissaient dans ses manches, et elle n'avait pas l'air intimidée par son interlocutrice.

La petite jeune femme avec le regard noir nous interpella :

- Qui sont-ils encore ceux-là ?

Elle avait un léger accent qui rendait ses mots presque tranchants. L'autre rétorqua, mais pour nous :

- Veuillez décliner vos identités et vos ultimes.

Je ne me suis pas fait prier (je ne tenais pas à me mettre qui que ce soit à dos).

- Kiara Palazzolo, ultime pizzaïolo.

Keith s'est tourné vers moi en ouvrant grand les yeux :

- OOH mais TROP bien, tu me l'avais pas dit !

Flattée, j'ai fait une petite mou faussement humble. Je n'avais pas l'habitude des réactions aussi positive, et cela gonfla mon égo.

- Je saaais.

Keith se re-présenta lui aussi. La nonne se détendit très légèrement en voyant que nous étions pacifiques, et se présenta à son tour.

- Je suis Sophie Espérandieu, ultime nonne.

- AH ! Je le savais !

S'écria Keith d'un air vainqueur. Je l'ai regardé en haussant les sourcils, comme s'il était un peu stupide :

- Ben moi aussi je le savais, c'était facile à deviner.

Keith me bouscula un peu en me rabrouant :

- Mais non je le savais pas que c'était une nonne, enfin si mais c'est pas ce que je voulais dire, je le savais que c'était Sophie Espérandieu, ma maman est très croyante et l'admire beaucoup.

Sophie le remercia et continua :

- Elle c'est Terpsichore Xanthopoulos. Elle est ultime dresseuse de cigognes. Dont ces trois là. Ne les approchez pas elles sont méchantes.

J'ai sentis très très fort dans sa voix « comme leur maîtresse » mais elle ne le dit pas à voix haute. L'intéressée ne sembla pas vexée, ni très intéressée par les trivialités sociales. Elle retint à grand mal un soupir, et lâcha laconique, comme un effort suprême de convivialité :

- Enchantée.

Elle avait l'air tout sauf enchantée, mais Sophie fit un petit sourire, satisfaite de cet effort, et s'approcha un peu de nous pour mieux entamer la conversation :

- Avez-vous rencontré d'autres participant.es ?

Keith et moi nous sommes jeté un regard en repensant à l'homme flamant rose. J'ai finis par répondre :

- On en a vu un mais bon, on a pas vraiment fait connaissance.

Terpsichore demanda abruptement, sur un ton plus adapté à la menace qu'à la demande, avec son accent dur et tranchant découpant ses syllabes :

- Le jeu commence quand on s'est tous trouvés non ? Et si on se trouvait pas ? Et si on restait chacun dans notre coin sans se croiser ?

On s'est tourné vers elle tous les trois abasourdis par sa proposition. Devant notre silence elle s'énerva :

- Quoi ?!

Sophie fut la première a réagit et lui lança dans une question rhétorique :

- On serait toujours autant bloqué ?

- Mais on ne s'entretuerait pas, puisque le jeu ne commencerait pas. Chacun ses problèmes.

Keith s'exclama :

- Comment tu veux éviter 15 personnes en étant enfermée avec eux !

Elle haussa les épaules en gardant ses bras croisés.

- Ça à l'air grand ici. Et puis je suis forte pour repousser les gens. Je n'aurais qu'à mettre des pièges.

- Des pièges ?!

S'étouffa Sophie.

Pour calmer le jeu j'ai précisé (sans savoir de quoi je parlais mais j'ai pris mon ton d'experte) :

- De toute façon si nous on t'as rencontré, même si toi tu ne vois pas tous les autres, je crois que ça compterait et le jeu commencerait. Il faut que tout le monde ai été vu par au moins une personne mais pas que chaque participants à aient vu tous les autres.

Les deux autres ne dirent rien donc j'imagine que je devais avoir juste, ou que personne n'en savait rien. La troisième grogna et souffla par le nez d'un air agacé.

- Alors ne cherchons personne. Comme ça il en restera peut-être un que personne n'aura vu.

Sophie balaya la possibilité en tranchant :

- Inutile. Les Monokumas le ferait sortir de sa cachette, ou bien juste commencerait le jeu quand ils veulent, c'est eux qui choisissent les règles tu sais. Autant voir tout le monde pour se faire une idée de nos...camarades.

Terpsichore leva les yeux au ciel, et à contre-coeur elle céda :

- Très bien, je vous suis.

On est sortis du petit magasin d'électronique, passant devant l'immense supermarché silencieux et vide. J'ai regardé mi-émerveillée, mi-perturbée, le plafond si haut que ça en était vertigineux, le lustre étincelant qui en pendait, plus grand que tous ceux que j'avais pu voir avant dans ma vie. J'avais du mal à en détacher les yeux, même si je l'avais déjà vu avec Keith avant notre rencontre avec Terpsichore et Sophie.

Terpsichore s'est approchée de la barrière de sécurité qui empêchait de tomber dans le trou s'ouvrant au milieu du cercle de magasin s'étalant devant nous.

Elle commenta :

- Il y a 3 étages. On va devoir se balader pour trouver les autres...

- Surtout que vu le plan que j'ai trouvé, l'endroit est vraiment immense.

Au moment où il finit sa phrase, des cris de protestation s'élevèrent de l'endroit où le cercle se brisait en une ouverture vers le long couloir – si on pouvait encore parler de couloir quand ça faisait cette taille – dont m'avait parlé Keith.

Ce dernier sursauta et sous le coup de la surprise je me suis agrippée à son bras. Sophie nous rassura immédiatement :

- Tout va bien se passer, on va juste faire connaissance. Allons-y.

Et sur ces mots elle se dirigea calmement vers la direction du bruit. Terpsichore lui emboîta le pas, mais en passant à côté de nous, elle nous chuchota dans une langue inconnue :

- Μάτσο δειλοί-

Keith lui tira la langue en fronçant le nez, et elle nous gratifia d'un petit rire un peu méprisant et surtout satisfait d'elle-même. Je l'ai regardé s'éloigner, sa longue jupe dont le bas était décoré de motifs rouge lumineux émettant un doux froissement de tissus au passage de ses jambes.

J'ai demandé à Keith :

- Ça voulait dire quoi ?

Il haussa les épaules :

- Je sais pas mais son ton suffisait pour que je sache que c'était pas sympa.

Il n'avait pas tort, j'avais senti sa moquerie moi aussi. Moi et mon camarade de mauvaise fortune toujours son bras glissé au mien, nous nous sommes empressés de les rattraper avant qu'ils ne s'éloignent trop.

Dans le couloir, assez peu loin, se trouvaient 3 personnes, visiblement en désaccord. À vue de nez, 2 d'entre eux avaient l'air féminin, et 1, masculin.

Sophie à la tête de notre petit groupe, elle fut celle qui amorça la conversation.

- Bonjour à vous. J'imagine que vous êtes dans la même situation que nous.

La femme qui répondit était grande, et encore agrandit par des bottes à talons rouge brillant. Elle portait un costume parfaitement ajusté, avec une chemise savamment déboutonnée. Sa peau dorée par le soleil était accordée à la masse de boucle brillante retenues en queue de cheveux dans sa nuque. Elle se tenait bien droite, rayonnante de confiance, presque arrogante, mais sans animosité. Ses yeux noirs d'encre scannèrent un court moment Sophie et son expression changea pour afficher un grand sourire, je dois le dire, un brin séducteur.

- Il semblerait bien oui, et comment se prénomme la charmante personne à qui j'ai l'honneur de parler ?

Sophie prit une seconde à répondre, comme légèrement décontenancée par l'attitude de l'inconnue.

- Sophie Espanrandieu. Ultime nonne.

La femme siffla, comme impressionnée.

- Et bien, une nonne, et une ultime en plus de ça ! Je n'en vois pas très souvent, comme c'est... exotique. Comment devient-on ultime nonne ? Il est possible de mesurer la foi ?

Elle répliqua un peu froidement, une pointe de méfiance au fond de ses yeux pâles :

- Je suis une religieuse dites apostoliques, je m'occupe d'un orphelinat, d'une école, et d'un centre d'accueil pour les migrants. C'est mon service de charité et ma dévotion pour Dieu qui me vaut mon ultime.

L'inconnue se rapprocha un peu, pour tendre la main, attendant que son interlocutrice la serre. Sophie la regarda sans la prendre, je la sentais sur la défensive face au comportement charmeur de la femme en costume. Elle demanda :

- Est-ce bien nécessaire ?

L'autre sourit encore, découvrant ses dents bien droites et blanches :

- Je veux simplement vérifier que vous n'êtes pas une hallucination tirée droit de mes rêves.

Encore une fois, la nonne se tendit et répliqua sèchement :

- Je ne suis pas une hallucination.

Et elle mit un point d'honneur à ne surtout pas serrer sa main, avant de se tourner vers la seconde femme derrière elle.

Elle était petite (presque autant que moi), mais perchée sur des talons encore plus hauts et plus pointues que ceux de la première femme – qui ne s'était toujours pas présentée – elle portait une longue jupe fendue jusqu'en haut sa jambe, abordait une longue chevelure lisse d'un violet profond lâché dans son dos, et un haut mettant ostensiblement en valeur un décolleté impressionnant par sa...forme, mais aussi par le grand tatouge qui le recouvrait, elle fixa sur nous ses yeux félins et dorés qui ne m'inspirait pas tellement confiance. Malgré tout, il était absolument indéniable qu'elle était magnifique. Magnifique dans le même sens qu'un animal venimeux. On ne s'en approche pas, on regarde de loin, mais difficile d'en détacher les yeux.

Elle afficha un petit sourire sur ses lèvres rouge sang et s'approcha un peu pour se positionner à côté de la première inconnue. Elle aussi rayonnait la confiance en elle, mais d'une façon plus silencieuse, plus... sournoise, si ça fait sens ce que je dis.

- Moses Ortega.

Et elle aussi tendit la main pour qu'on la serre. Mais elle exsudait un quelque chose entre le défi, la provocation et la curiosité, comme on analyse le comportement d'une expérience particulièrement amusante face à un stimulus. Un quelque chose qui poussa Sophie a accepter la poignée de main.

Le visage de l'autre inconnu, très expressif, se chiffonna de contrariété et elle déclara :

- Laisse-moi reprendre les présentations, j'ai été un peu maladroite je crois : Je suis Fyona Camillera, ultime sexologue.

Sophie lui jeta un petit regard méfiant et se présenta à son tour sans rien ajouter – mais je sentais un léger jugement porté sur son ultime.

Fyona nous fit un grand sourire avant de faire avancer vers nous le dernier inconnu, un homme, très grand, encore plus que le flamant rose je crois, vu que ce dernier avait des talons alors que celui-ci était en claquettes. Il avait la peau très sombre, il était visiblement très musclé, et avait des cicatrices rosées un peu partout et des dreadlocks décorées avec des breloques en or. Il avait l'air très amical, et soyons honnête, il n'était pas désagréable à regarder.

En fait, me suis-je dit soudainement, ces trois inconnus étaient beaucoup trop beaux. À vrai dire, Sophie, Keith et même Terpsichore étaient aussi sublimes à leur manière.

Je me suis soudain sentie un peu complexée, et intimidée aussi.

L'homme se présenta lui aussi :


- Je m'appelle Cameron King, et hum, je suis ultime MMA fighter.

Il prit ma main et la secoua - la serrant trop fort, et je ne pu retenir une grimace – avant de vouloir en faire de même avec Keith qui évita le piège d'une esquive de maître. Cameron remarqua seulement à ce moment là qu'il m'avait fait mal à son visage se décomposa en une expression désolée :- Oh non je t'ai fait mal, je suis désolé !

- C'est- c'est pas grave.

Il sourit de nouveau et soudain son attention fut occupée par Sophie qui demanda son ultime à Moses.

Tu ne nous as pas encore donné ton ultime ?

Celle-ci répondit :

- Je suis une créatrice et propriétaire de plusieurs maisons hantées assez... renommées, pour leur intensité et leur innovation.

Je déteste les maisons hantées. Je ne comprends simplement pas pourquoi les gens aiment se faire peur volontairement. Enfin, si, mais pas avec du sang et des fantômes. Sauter de très haut ou être dans un cage au milieu des requins, il y a une beauté là dedans, c'est réel, c'est fort et incroyable, mais rentrer dans une pièce toute noire pleine d'acteurs déguisés prêt à te sauter dessus ? Ça non je n'y comprends rien.

Keith me tape parce que lui est un débile qui adore les maisons hantées alors qu'il est même pas courageux. Voilà bien fait pour toi maintenant c'est écrit noir sur blanc et dles genfù$^'ù

Ici Keith Kiara est une disgoustina pasta de la m

De nouveau Kiara au contrôle, je me suis isolée sur un coussin et Fyona me protège de ses attaques. Peut-être lui s'ennuie-t-il, mais moi je mets un point d'honneur à bien faire mes devoirs. (Monokuma me fait trop peur).

Donc je disais.

Les conversations fleurirent un peu, et je me suis mise légèrement à l'écart. Je me sentais toute petite, et au fur et mesure la réalité de la situation s'ancrait peu à peu en moi.

Voir tous ces inconnus qui potentiellement voudrait me tuer pour sortir d'ici...

Les paroles du flamant rose me revinrent "Toi tu n'as aucune chance ici". Je comprends mieux pourquoi il avait dit ça. Comment allais-je survivre entourée par ces génies avec des vrais talents ?

Et si ce combattant MMA décidait de m'assassiner ? Quelle résistance pourrais-je lui opposer ?

Soudain un bruissement de tissu me fit tourner la tête. Sophie venait de me rejoindre. Elle regardait aussi les autres tout en demandant d'une voix toute douce.

- Tu as l'air un peu patraque. Est-ce que tout va bien ?

J'ai senti ma gorge se serrer. Je sais que c'est stupide mais les actes de gentillesse me font monter les larmes aux yeux encore plus vite que la méchanceté, comme si mon cerveaux se disait : "Elle, tu peux être faible devant elle, tu peux devenir toute petite et pleurer et trembler comme un enfant".

Je me suis retenue de justesse et d'une voix un peu tremblante je lui ai confié :

- C'est juste... le stress. De cette situation. Je me dis que... je vais peut-être mourir ici, et c'est-c'est bien flippant.

Elle me fit un sourire rassurant :

- C'est normal, on ressent tous ça. Mais faut s'accrocher d'accord ? Il y a un moyen de sortir ici. On va y arriver.

Je l'ai remercié quand soudain Cameron s'est rapproché de nous.

Pendant ce temps Terpsichore se disputait visiblement avec Moses et Fyona.

Il nous annonça.

- Bon visiblement ils veulent rester ici et attendre que les autres nous rejoignent. Terpsichore n'est pas trop d'accord mais bon, il semblerait qu'on soit dans une zone centrale. Les portes de chaque côté dans ce couloir ont nos noms et prénoms dessus.

Je me suis mordu les lèvres. Je n'avais pas du tout envie de rester là, j'aurais préféré aller explorer et trouver les autres, mais j'avais peur de partir toute seule. Sophie s'est relevée et à répondu :

- Je suis d'accord. On devrait attendre ici. Ça sera moins compliqué pour l'exposition des règles vu que ça sera probablement par ici.

Mais Cameron protesta :

- Vraiment ? Mais on ne sait même pas combien de temps vont prendre les autres, si ça se trouve ils attendent comme nous. Je suis d'avis d'aller explorer.

Personne ne semblait le rejoindre alors il soupiré et a déclaré :

- Bon j'y vais seul. Libre à vous de me joindre.

Puis il se dirigea vers le fond du couloir, vers l'autre boucle que je ne connaissais pas. Les autres le regardèrent partir sans bouger d'un orteil. J'ai jeté un coup d'oeil à Keith. Il était assis par terre et se massait ses tempes.

J'oubliais qu'il s'était réveillé bien avant moi, et déjà que moi je saturais un peu... Je comprenais qu'il se sente un peu dépassé par les évènements.

Cameron était déjà à une vingtaine de mètres. Sur une impulsion je lui ai couru après et je l'ai rejoint. Il m'a jeté un regard étonné de toute sa hauteur puis il m'a fait un grand sourire.

- J'ai l'habitude que les filles me courent après mais j'avoue que je ne pensais pas qu'on le ferait quelques minutes après m'avoir rencontré.

Un peu essoufflée je lui ai rétorqué au tac au tac :

- Je t'accompagne pour être sûr qu'il ne t'arrive rien, tu pourrais te faire écraser les pieds par un flamant rose géant et mourir d'une infection par exemple. Comme Lully.

Lully mort en se tapant le pied avec son bâton qui servait à battre la mesure des musiciens. Anecdote random hérité de dada n°1.

Il n'a bien sûr pas compris à quoi je faisais référence (ni pour le flamant rose ni pour Lully) mais éclata de rire quand même. Je devais faire deux pas pour rattraper une seule de ses enjambées, et j'avais un peu de mal à garder son rythme sans me mettre à courir, mais mon égo refusait de lui demander de ralentir.

- Okay j'avoue c'était pas très intelligent de ma part-

- Tu peux faire preuve d'intelligence ? J'aurais pas cru.

Il éclata de rire encore une fois :

- Eh oh ça va hein !

- Il faut bien que tu comprennes à qui tu as affaire.

J'ai accompagné ma déclaration avec un sourire en coin, j'étais bien moins sûre de moi qu'il n'y paraît mais ma philosophie de vie a toujours été "fake it until you make it" et je compte me tenir à mes principes. Il haussa un sourcil appréciateur (ou peut-être pas avec un peu de recul) :

- Je vois, je vois.

- Qu'est-ce que tu vois ? Une reine, une impératrice, une déesse j'espère ?

Un sourire plissa le coin de ses yeux, sa grande main toute abîmée s'abaissa des cieux avant de se poser sur le haut de mon crâne et il ébouriffa mes cheveux en tout disant d'un ton dégoulinant d'ironie :

- Oh oui, une terreur, sans nul doute. J'ai intérêt à biiien me tenir.

Je lui ai mis un coup de pied dans le tibia.

Oui bon je sais que c'est pas bien ! Sophie me fait de gros yeux, en face en moi en ce moment même. J'avais oublié de lui raconter. Elle vient de le lire au dessus de mon épaule, elle a déjà fini son récit du soir et je lui ai donné l'autorisation. Si on avait le droit de faire du bruit dans cette salle elle m'aurait déjà remonté les bretelles.

Mais bon que voulez-vous, c'est parti tout seul. Oups.

(Ça aurait pu être pire, j'aurais pu viser plus haut.)

Il grimaça, poussa un cri de douleur, et se baissa pour tenir à deux mains sa jambe. Sur le coup je me suis sentie désolée, mais je ne voulais pas non plus perdre la face, alors je me suis baissée un peu pour me mettre à sa hauteur, en me mettant en squat les mains sur mes genoux pliés, et je lui ai demandé du ton le plus désolée possible :

- Ça va, je t'ai pas fait trop mal ?

...

Oups, j'ai vraiment posé la question comme une grosse connasse. J'avais voulu être (sincèrement) désolée mais là c'était ratée, ma voix avait sonné ironique. Heureusement, visiblement, ça le fit rire. Il me regarda dans le fond des yeux et me promis :

- Je note ça, crois-moi, je n'oublierais pas.

J'ai senti mon sang geler dans mes veines. Est-ce que je venais de signer mon arrêt de mort ?

C'est l'ultime MMA fighter que j'ai devant moi, aka le sport méga violent dans une cage où ils se pètent les arcades sourcilières à gros coup de poing testostéronés. Qu'est-ce que j'allais faire avec mes bras-spaghettis ?

Il se redressa, me dominant soudain de toute sa taille, et on a repris la marche. Moi, assez inquiète, lui, l'air plutôt léger.

Après un temps qui me parut interminable, nous avons atteint la seconde boucle, d'où se déversait un flot de lumière. Il n'y avait pas de plafond et le haut de grands arbres dépassait du trou central.

J'ai plissé des yeux un peu aveuglée par la lumière soudaine, pendant que Cameron s'avançait pour s'appuyer contre la rambarde et toucher les feuilles de arbres.

- On dirait vraiment l'Australie...

J'ai haussé les sourcils de surprise :

- Mais on est en Australie non ?

Il se tourna vers moi :

- Comment tu le sais ?

- Dans le supermarché, vu les prix, c'est des dollars australiens je pense... enfin je ne suis pas une experte mais bon, quand même... En plus il fait chaud ici.

- Il ne fait pas chaud que en Au-

- HEY !!

Une voix, aiguë et féminine, résonna tout autour de nous sans que je puisse identifier son origine à cause de l'écho. C'était une sensation très étrange et désagréable.

- Y A QUELQU'UN ???

j'ai regardé Cameron en silence. Il me rendit mon regard. On s'est regardé. Puis j'ai chuchoté :

- Tu entends aussi ça, ou Dieu vient de me parler ?

Il hocha la tête et me fit signe de me taire. Puis on s'est accroupi sous la barrière pour se cacher et on a commencé à avancer en cherchant l'origine de la voix. Je ne sais pas pourquoi on prenait autant de précautions mais visiblement aucun de nous deux n'avait envie d'affronter la situation.

- PUTAIN DE MERDE SA MÈRE LA PUTE !

Cette fois j'avais eu l'impression d'entendre la voix venant... de la canopée des arbres dépassant de notre étage. J'ai fais signe à Cameron qui s'est baissé vers moi et je lui ai chuchoté :

- Je crois qu'il y a quelqu'un dans les arbres...

- AU SECOURS JE VAIS TOMBER LÀ EN FAIT !

La voix dérailla sur cette phrase, et semblait légèrement paniquée. Légèrement. Cameron m'a répondu :

- Il faut l'aider.

No shit Sherlock. Mais avant que je dise quoi que ce soit, il s'est levé d'un coup, et avant qu'il ne puisse bouger un orteil, une nouvelle voix, beaucoup plus grave cette fois, s'écria :

- J'arrive !

Une géant déboula d'un des magasins avec une échelle qui faisait deux fois sa taille (et c'est dire) sous le bras. Il ne nous remarqua même pas, et fit la moitié du tour de la boucle, disparaissant derrière les feuilles des arbres.

Je me suis élancée à sa suite sans même vérifier que Cameron me suive. De l'autre côté du cercle, le géant (décidément beaucoup de géants ici) était en train de poser les barreaux les plus éloignés de l'échelle sur une grosse branche tout en en gardant l'autre extrémité à bout de bras, bras épais et recouverts de tatouages.

J'ai vaguement aperçu une tâche colorée entre les feuilles, accrochée à une branche bien trop fine pour un être humain, pliant un peu sous son poids.

- Mais t'es un malade, tu vas pas tenir, tu vas me lâcher, tu veux me tuer en fait !!!

- Ne vous en faites pas madame j'ai beaucoup de force.

Un petit silence suivie et une filet de voix misérable sortis de la branche :

- ...J'ai le vertige...

c'est à ce moment que je suis intervenue.

- J-je peux faire quelque chose ?

Le nouveau géant se tourna vers moi d'un coup. Et son visage s'illumina en me remarquant. Cameron venait d'arriver derrière moi mais il l'ignora pour me demander directement :

- S'il vous plait, est-ce que vous voulez bien l'aider à nous rejoindre ? Elle a trop peur pour traverser ! Et moi je suis trop lourd et il faut que je tienne l'échelle.

Cameron protesta :

- Et si elle tombe ? Elle mourrait d'une chute de cette hauteur !

- Pas besoin de me le rappeler !!!

S'écria d'une voix rendue suraiguë par la peur l'inconnue colorée. Cameron s'exclama en retour :

- Alors viens, tu as l'échelle !!

J'ai fait quelques pas de côtés qui me permirent de mieux voir la demoiselle en détresse. Une chevelure rose barbapapa, des yeux verts, et le pire mélange de couleur que j'avais vu de ma vie vestimentairement parlant. Ou pas que vestimentairement en fait. Elle loucha sur le bord de l'échelle, posé sur la branche où elle se tenait, l'air en plein dilemme. Elle ferma les yeux d'un coup et dans un petit couinement elle avoua encore :

- J'ai trop peur...

j'ai posé les mains sur la barrière pour passer les jambes sur l'échelle. Cameron posa une main sur mon épaule.

- Non attend, je vais m'en charger, tu n'as pas à faire ça.

L'autre inconnu fit remarquer.

- Je suis désolé mais tu es probablement trop lourd, je dois te rappeler que l'échelle étant trop courte je suis obligé de la tenir à bout de bras.

Le combattant se mordit la joue et hésita. J'ai mis à profit cette seconde d'hésitation pour me tracter sur la rambarde, m'asseoir les jambes dans le vide, puis tendit les jambes pour essayer de les glisser dans le premier barreau. J'étais trop petite, j'avais du mal à l'atteindre, je n'y arriverais pas comme ça.

Le géant anonyme fit quelques pas en avant jusqu'à ce que son torse s'appuie dans mon dos. Il rapprocha l'échelle, dont l'extrémité éloignée quitta la branche et resta suspendue dans le vide à l'horizontale.

J'ai déglutis, inquiète. Cameron n'osait plus rien dire mais je le sentais tendu.

- Tu es sûre que tu vas tenir ? Même comme ça ?

- Assez pour reposer le bout de l'échelle sur la branche. Et une fois que ça sera le cas ce sera simple de la tenir avec vous deux.

Cameron intervient :

- De toute façon je vais tenir aussi. Moi aussi j'ai de la force.

Je ne sais pas ce qui me pris de faire autant confiance en la force de ces parfaits inconnus. Peut-être étais-ce la douceur et la confiance dans les yeux de l'inconnu ou son odeur propre de savon noir et de pluie. Ou bien c'était les mains abîmées de Cameron, fermement refermées sur les barreaux de l'échelle et l'intensité de son attention sur moi, comme s'il était prêt à tout lâcher pour m'attraper au moindre signe de chute.

Dans tous les cas, j'ai passé mes jambes dans les barreaux, et j'ai poussé sur mes bras pour poser les fesses sur le métal. L'échelle se courba un peu verticalement, sous mon poids allié au manque d'appui de l'autre côté, et j'ai dû m'accrocher aux barreaux pour ne pas tomber. Puis ils poussèrent l'échelle à bout de bras pour la reposer sur la branche de l'autre côté, et je me suis retournée à 4 pattes pour commencer à avancer. L'inconnue aux cheveux roses, maintenant que je la voyais de près, était livide, et tremblante, une sueur froide brillant sur son front.

Je lui ai tendu la main. La branche avait déjà l'air prête à lâcher, je ne pouvais pas prendre le risque d'y ajouter mon propre poids. Elle se força à respirer longuement avant de lâcher une main et attraper la mienne.

- Ferme-les yeux, je vais te guider, ça va bien se passer. C'est promis.

Elle hocha un peu fébrilement de la tête et se rapprocha doucement.

Quand elle me rejoignit sur l'échelle, les yeux fermés pour ne pas voir en bas, elle s'accrocha tellement à moi que j'eus du mal à avancer. Nos deux porteurs d'échelle ne nous pressèrent pas. À mon soulagement, ils avaient l'air de bien tenir le coup.

On a fini par atteindre le bout de l'échelle, soutenues par les 4 mains de sécurité nous reliant à la vie. Mais il restait un demi-mètre de vide à franchir avant de pouvoir passer sur la terre ferme. Deux possibilités s'ouvraient : Que Cameron et son camarade rapprochent l'échelle de la barrière, mais pour cela, prennent encore le risque d'enlever l'autre bout de l'échelle de la branche servant d'appui, ou bien que nous sautions.

J'ai regardé Cameron, cherchant une indication dans son regard sur la démarche à suivre.

Son voisin, l'inconnu blond, demanda alors :

- Crois-tu que tu puisses soutenir l'échelle seul pendant que je les porte ?

Porter ? Nous deux ? Quasiment à bout de bras ?! La même inquiétude traversa le visage de Cameron, il glissa un regard vers les bras tatoués épais comme des troncs d'arbre de l'homme et demanda d'une voix tendue :

- Moi je peux tenir oui, mais... tu es sûre que tu peux le faire ?

L'autre affirma avec confiance :

- Oui j'en suis certain.

La jeune femme aux cheveux roses qui se cramponnait toujours à moi enfonça son visage dans mon cou et se mis à murmurer dans une litanie :

- Calme, calme, calme, calme, calme...

J'ai déglutit et j'ai orienté la femme vers le bout de l'échelle, sans la lâcher. J'ai dit au géant.

- Une par une c'est moins risqué, prend-la d'abord.

J'ai cru que Cameron allait protester, mais il ne dit rien, et le géant se pressa contre la barrière, les bras tendus. Heureusement qu'il était si grand, suffisamment pour qu'il nous atteigne et qu'il passe ses mains immenses sous les aisselles de cheveux-roses. Elle avait les yeux fermés, le visage contracté de peur, et continuait de répéter en boucle "calme, calme, calme".

Soudain le géant la hissa comme si de rien était, et lui fit franchir l'espace de vide, la pressa contre lui, comme on ramasse un petit chat coincé dans un arbre, recula d'un pas et la posa doucement sur le sol carrelé.

Cameron le pressa :

- Aller au tour de Kiara maintenant...

L'inconnu se retourna vers la barrière, et refit le même processus. Il passa les mains sous mes bras, et me tira hors de l'échelle, avant de me presser contre son torse pour mieux me faire passer la barrière. J'ai n'ai même pas eu le temps d'avoir peur que j'étais de nouveau en sécurité.

Cameron tira soudain l'échelle pour la récupérer.

Le sauvetage s'était bien passé. La jeune femme toujours tremblante en sol, retenant des larmes de soulagement.

Une fois nos esprits repris, on put enfin passer aux présentations.

L'homme, terriblement grand, était vêtu d'un pantalon noir, et d'un débardeur découvrant des bras très musculeux et complètement tatoués dans plusieurs styles différents. Le haut de sa tête était couverte de courtes boucles blonde et dorés, une moustache de la même couleur recouvrait sa lèvre supérieure lui donnant un peu l'air de sourire en permanence. Ses yeux bruns chauds étaient calmes, assurés et dénués de jugement, et aux cils assez longs. Il avait des pommettes hautes et un nez un peu tordu comme s'il avait été cassé une fois de trop.

- Je m'appelle Otto Klein. Je suis l'ultime Catcheur.

(NDA : pas de commentaire sur la coupure bizarre au niveau du cou j'ai eu un gros problème de calque et j'ai du faire une manip chelou xD)

Encore un combattant, mais d'un sport qui me faisait nettement moins peur que celui de Cameron.

La jeune femme quant à elle, s'était redressée, et époussetée. Sa tenue complètement discordante avait très curieusement une forme d'harmonie maintenant qu'elle avait repris ses moyens et qu'elle remplissait son kaléidoscope vestimentaire avec une énergie pétillante. C'est comme si ce patchwork coloré faisait sens avec une personnalité exubérante.

- Jedi Mäkinen. Merci encore pour le sauvetage. Je suis ultime Taxiwomen d'ailleurs.

Elle parlait anglais avec un drôle d'accent américain cliché, comme si elle avait appris l'anglais en regardant exclusivement des séries de qualité douteuse (apparemment c'est vraiment le cas ais-je appris tout à l'heure).

On a discuté encore quelques minutes sur notre situation pas ouf, partagé des infos sur ceux qu'on avaient déjà pu voir, et puis ils décidèrent de retrouver les autres, le temps que Jedi arrêtent d'avoir les genoux qui claquent, bien que déjà elle affichait un sourire confiant et espiègle. Je sentais une Keith 2.0, peut-être même en pire.

Je vais vous quitter de façon un peu abrupte sur ces dernières parole car Monokuma récupère les cahiers et qu'il est bientôt l'heure d'aller se coucher. Demain sera le troisième jour ici et je n'ai pas finis de raconter notre première journée ! Il faut que je me dépêche !

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