Dès qu’elle entre dans sa chambre, Alma-Lïa libère Crêpe et se laisse tomber sur le lit, fermant les yeux. Pierre rit.

-C’est ça d’être une chanteuse de chansons.

Il s’allonge à côté d’elle sur le lit, posant ses mains sous sa tête. Ils restent silencieux plusieurs minutes, quand Alma-Lïa brise le silence :

-Pierre.

-Princesse ?

-Euh, si jamais c’était pas clair… parce que je crois que non… moi aussi, je suis au sol pour toi.

Le pilote sourit et la regarde longuement. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle dise ça et il veut profiter de l’instant. Il n’aurait même pas espéré qu’elle l’écrive tellement ça ne semble pas être du Alma-Lïa. Il n’a pas le temps de réagir qu’elle ajoute :

-C’est ça qui manquait à être dit pour que tu m’embrasses ?

Pierre éclate de rire en voyant sa mine mi-interrogative, mi-boudeuse.

-Non, Alma-Lïa, ce qui manque, c’est ton énergie et ta lucidité.

Elle fronce les sourcils.

-Je suis lucide ! Je voudrais toujours t’embrasser demain !

-Oui, mais tu te souviendras pas.

Elle plisse les yeux, et Pierre sait qu’ils sont partis pour une conversation qui va beaucoup le faire rire.

-Arrête d’agir comme si ma fatigue post-concert était comme avoir bu de l’alcool.

-C’est littéralement ce que c’est.

-Non, je suis vraiment lucide et pleine de… conscience. Et ce que je voudrais, c’est qu’on s’embrasse, Pierre Gasly.

-Tu vois, Alma-Lïa sobre ne me supplierait jamais de l’embrasser, elle sera même affreusement gênée demain si je lui en parle.

-Arrête de lui raconter mes faits et gestes, elle n’a pas besoin de savoir ce que je fais en son absence ! On s’est déjà embrassés, genre, deux-mille-six-cent fois.

-Ben, la deux-mille-six-cent-unième fois, c’est pas ce soir.

Alma-Lïa hoche la tête.

-Mmh. Peut-être demain.

-Peut-être demain.

Cette réponse semble la satisfaire, puisqu’elle hoche à nouveau la tête et ferme les yeux pour s’endormir.

✶

Pierre fronce les sourcils en voyant Alma-Lïa bouger à côté de lui. Il est plus de onze heures et la chanteuse dort toujours, mais elle l’avait prévenu. Il a eu le temps de travailler un peu, de jouer à un nouveau jeu sur son téléphone et de dénicher une brosse à dents neuve quelque part. Le chat est à leur pied depuis son réveil, endormi comme sa maîtresse.

Il caresse sa joue en voyant ses yeux s’ouvrir.

-Bonjour, la chanteuse de chansons.

-Bonjour, répond-elle en attrapant la main de Pierre entre les siennes. J’ai pas fini de dormir.

Il rit.

-D’accord, mais est-ce que tu penses que tu peux faire une pause pour prendre un petit-dej ?

Alma-Lïa cligne plusieurs fois des yeux, perdue, avant de s’asseoir et de hausser les sourcils en voyant une assiette de gaufres et plusieurs bols de fruits.

-Tu vas en manger avec moi ?

-Bien évidemment.

Elle sourit et vient s'installer dans les bras de Pierre, son dos contre lui, à rigoler à chaque fois qu'il pose ses lèvres sur sa joue ou sur son cou.

-Il est quand même super calme, Crêpe, lance Pierre, et Alma-Lïa rit.

-Oui. C'est l'opposé total de Gaufre.

-Et Beignet ? Il est comment ?

-Plutôt comme Crêpe. Mais il est du genre à faire des conneries quand il est éveillé.

-Sacrée équipe.

-C'est mignon que tu t'intéresses à eux.

-Je me suis toujours intéressé à huile, vinaigre et sel.

Il ne l'entend pas rire, mais il sent les spasmes et ça le fait sourire. Il avale le dernier morceau de fruit de son bol quand Alma-Lïa lance :

-Pierre, tu sais, pour le date…

-Non, c'est pas à toi de remettre ce sujet sur le tapis, secoue-t-il la tête, et elle hausse les épaules, se tournant vers lui pour lui faire face, étalant ses jambes vers Pierre. Je suis désolé d’avoir réagi comme ça, tu me confiais un truc important pour toi et j’ai pas été foutu de l’entendre. Mais je maintiens ce que j’ai dit. Personne ne te déteste. Ils parlent mal de toi dans les médias, ils peuvent parler mal de moi aussi s’ils veulent, je les lis pas.

Alma-Lïa esquisse un sourire discret, et Pierre hausse les épaules.

-Mais si tu préfères qu'on fasse un dîner en privé…

-Non, rétorque Alma-Lïa, les sourcils froncés, on fait déjà ça tout le temps.

Il sourit et pose ses mains sur les chevilles de la chanteuse.

-Si tu te sens pas en sécurité à dîner dehors, on ne va pas le faire.

-Je me sens en sécurité. Tu es mon garde du corps, rétorque-t-elle en haussant un sourcil, et il rit. Par contre, il y aura de vrais gardes du corps.

Pierre hoche la tête.

-J’espère bien, la chanteuse de chansons. Depuis le temps que je te dis qu’il t’en faut.

-J’en ai. Mais c’est pas forcément pratique à transporter.

Elle hausse les épaules.

-Tu… je sais pas s’il y aura des caméras, des photographes et tout ça… je sais que tu connais tout ça mais c’est très important de mon côté de ne jamais leur répondre. Pas parce que c’est la Réputation era, pas d’explication juste la réputation, mais parce qu’ils prennent la moindre miette qu’on leur donne et brodent autour. Et ils sont très forts pour poser des questions ou déclarer des trucs qui nous donnent fort envie de rétorquer. Il faut résister.

Pierre hoche la tête et lâche une cheville d’Alma-Lïa pour passer son index sur sa joue.

-Je serai muet. Tu peux compter sur moi.

-Enfin s'ils posent des questions sur toi, tu peux répondre si tu veux, dit-elle, comme si elle trouvait sa décision radicale, et il secoue la tête.

-Je suis pas en interview quand je suis dans la rue. Encore moins si je suis avec toi.

Elle sourit, et il lui rend immédiatement son sourire.

-Tu trouves pas que c'est l'heure de faire une sieste ? propose-t-il, et Alma-Lïa hoche la tête.

-Si. Carrément.

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