track sixteen

-Donc, le taxi va faire un tour et comme ça on va arriver à nouveau par l'endroit où il est venu nous récupérer, et elle monte comme si de rien n'était.

Pierre hoche la tête et retranscrit rapidement sur son téléphone les informations données par Esteban à Alma-Lïa. Il vérifie que la fenêtre à côté de celui-ci est bien ouverte, et soupire discrètement de soulagement.

-Et à l'hôtel, continue Théa, on va d'abord la déposer devant la porte de derrière, puis nous descendrons tous les trois par la porte habituelle. On la retrouve là-haut. On est chambre...410 et 411.

Il tape ce qu'il entend avant de verrouiller son téléphone et de regarder ses deux amis.

-Merci beaucoup. Vous êtes des génies. Si vous vous étiez pas plu de vous mêmes, j'espère que quelqu'un sur le paddock aurait eu l'intelligence d'esprit de vous présenter l'un à l'autre.

-Il me plaît pas, rétorque Théa, et Pierre rit.

-Dis pas ça, il va dire qu'Alma-Lïa lui plaît pas non plus, lance Esteban, et il reçoit un doigt d'honneur comme seule réponse de son coéquipier.

Quand ils arrivent à nouveau devant la salle de la cérémonie, la porte s'ouvre immédiatement, et Alma-Lïa se glisse dans la voiture. Ils se retrouvent à quatre à l'arrière, et même si le taxi est un peu plus large qu'un taxi normal, ils se retrouvent tous un peu les uns sur les autres. Pierre ne sait pas pourquoi il est aussi secoué d'avoir la jambe d'Alma-Lïa qui frôle la sienne, mais ça ne semble pas être le cas de la chanteuse, puisqu'elle arbore un grand sourire et lance :

-Bonsoir ! Merci de m'avoir récupéré. Leti n'a pas encore compris que je n'allais pas rentrer du tout...je vais lui programmer un message pour qu'elle ne s'inquiète pas demain matin.

Comme si la gêne physique ne suffisait pas, Pierre se trouve aussi gêné qu'elle admette aussi simplement devant Esteban et Théa qu'elle compte bien dormir dans sa chambre. Ce qui est stupide, car l'inverse l'aurait vraiment fait passer pour un blaireau.

-Vous avez aimé la cérémonie ?

Heureusement, Théa ne tarit pas d'éloges envers sa célébrité préférée : les deux femmes se mettent à échanger sur chaque événement de la soirée, en passant évidemment la moitié de la conversation sur le moment où Alma-Lïa a reçu un trophée. Pierre est sauvé par l'arrivée à l'hôtel, où tout le monde se concentre sur l'exécution du plan. Quand Esteban propose une course pour rejoindre le quatrième étage, Pierre se prend au jeu et trace sa route le plus rapidement possible. Les deux hommes se retrouvent en haut en premier, morts de rire, essoufflés, allongés par terre.

-Mais qu'est-ce qu'ils ont ? demande Alma-Lïa en entrant dans le couloir, où elle croise Théa.

-Ils s'entendent bien pour faire des trucs débiles. Il est trois heures du matin, je vous rappelle, souffle-t-elle aux deux hommes, qui sont toujours rouges et hilares au sol.

Théa soupire.

-On peut aller dormir, Bonnie & Clyde ?

Esteban sourit tandis que Pierre lève les yeux au ciel.

-Tu les as appelé comment ? s'étonne Alma-Lïa, et Théa sourit.

-Bonnie & Clyde. C'est leur surnom. Faut croire que tout était écrit.

Alma-Lïa lui sourit en retour.

-Faut croire.

Pierre fronce les sourcils, confus, mais il n'a pas le temps de poser de question que Théa souhaite une bonne nuit à tout le monde, imité par Esteban, qui lui, semble avoir compris ce qui se tramait.

-C'est quoi, le truc qui vient de se passer que j'ai pas capté ? demande-t-il en lui ouvrant la porte de la chambre, et Alma-Lïa sourit.

-Rien. C'est drôle qu'elle vous surnomme Bonnie & Clyde.

-Bah, tu sais bien que je suis un criminel comme eux, on en a déjà parlé.

Alma-Lïa secoue la tête.

-Ma chanson Getaway Car.

Pierre fronce les sourcils avant de comprendre.

-Oh. C'est dans les paroles. "We were jet set Bonnie and Clyde".

-Vous aussi, vous êtes dans votre Réputation era, déclare-t-elle en s'asseyant au bord du lit.

-Tout le monde est dans sa Réputation era, Alma-Lïa.

-Pas tous pour les mêmes raisons.

Il ferme les yeux et regrette son choix de mots.

-Je voulais dire...

-Je sais, t'inquiète pas. C'est moi, je suis désolée. Ma mère me manque, ce soir.

Le visage de Pierre se décompose, et il s'approche d'elle pour la serrer dans ses bras.

-Elle venait jamais aux cérémonies de ce genre mais elle regardait et on s'appelait après pour commenter tout ce qui s'était passé. On regroupait nos infos parce que forcément, elle avait vu des choses que j'avais raté et j'avais entendu des choses confidentielles.

Pierre sourit.

-Ça devait être vachement chouette.

Il hausse les épaules.

-Je peux pas prendre la place de ta maman mais si tu veux, tu peux me raconter tous tes potins.

Alma-Lïa plonge ses yeux dans ceux du pilote, un grand sourire aux lèvres.

-Et toi ? Tu vas me raconter tes potins en échange ?

Il sourit à son tour.

-J'ai pas de potins.

Elle hausse les épaules.

-Alors, tu me raconteras des trucs que je sais déjà.

Il hoche la tête. Quand elle disparaît dans la chambre d'à côté pour emprunter du démaquillant à Théa, Pierre sait que celle-ci ne dira rien de tout ce qu'elle a appris ce soir. À son retour, la fatigue est visible sur le visage de la chanteuse, et elle fronce les sourcils quand elle remarque que Pierre s'est changé en son absence et a déposé sa chemise sur le côté libre du lit.

-Tu me laisses dormir avec ? demande-t-elle, et Pierre hoche la tête.

-Je te la donne. Tu me dois deux tee-shirts.

Elle sourit avant de s'asseoir sur le lit.

-Je suis contente que tu sois venue ce soir.

Pierre la dévisage, surpris. Ce n'est pas son genre de dire ça, mais il a bien remarqué que depuis qu'elle s'est réfugiée chez après l'épisode du cimetière, les barrières semblent disparaître petit à petit.

-Moi aussi, je suis content d'être venu.

Elle enfile son pyjama et quand elle s'allonge à côté du pilote, elle déclare :

-Alors ? Qu'est-ce que tu vas me raconter ?

Il sourit.

-Peu importe, je crois. Dans trente secondes, tu seras endormie.

-C'est même pas vrai.

-Très bien. Alors, pour commencer, je suis ravie de notre échange de vêtements. Je ne trouve pas cette chemise très belle.

-Elle est immonde.

Pierre ouvre la bouche de choc, même si dans le noir, Alma-Lïa ne peut pas voir.

-Et t'es prête à échanger deux tee-shirts contre une chemise immonde... heureusement que t'es pas née à l'époque du troc, toi.

Un silence s'ensuit, et Pierre s'apprête à fanfaronner qu'il avait raison, qu'il suffisait d'aligner dix mots pour qu'elle s'endorme, quand elle dit d'une voix endormie :

-Les tee-shirt servent plus à rien, il n'y a plus ton odeur dessus.

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Théa a commencé à les surnommer Bonnie & Clyde à la 3e ligne de la fic, il était temps qu'Alma-Lïa l'apprenne 😌

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