track forty six

Quand Pierre ouvre les yeux le lendemain matin, il fronce les sourcils en voyant qu'à la place d'Alma-Lïa, il ne reste que Gaufre étalé de tout son long. En tendant l'oreille, il entend bien l'eau de la douche couler, et il soupire en voyant qu'il n'est que neuf heures.

Elle ne rigolait pas quand elle disait qu'elle n'allait pas traîner au lit, la veille.

Il s'assoit en marmonnant qu'il est trop tôt pile quand la porte de la salle de bains s'ouvre, et Alma-Lïa s'approche du lit.

-Bonjour toi, t'as vu, j'ai pas fait comme si c'était moi qui payait l'eau cette fois, je suis restée longtemps sous la douche !

Il ne l'écoute qu'à moitié, trop occupé à remarquer qu'elle porte un de ses sweats à capuche.

-Le chanteur de chansons, tu m'écoutes ?

-Non. T'es trop belle, rétorque-il en attrapant une de ses mains pour la tirer vers lui.

Il rigole en voyant qu'elle prétend se débattre avant de simplement se laisser tomber, posant sa tête sur son épaule.

-Alma-Lïa.

-Mmh.

-On part en vacances, début décembre. Deux semaines.

Elle redresse la tête, un air confus au visage.

-Comment ça ? Où ? T'as déjà réservé ? Je veux payer, moi aussi.

Il rit.

-On joue pas au jeu de l'argent, toi et moi.

-Mais Pierre, je...

-Trop tard. T'avais qu'à organiser avant.

Elle croise ses bras sur sa poitrine, et le pilote soupire.

-Laisse-moi juste t'offrir ça. Je sais que tu vas être triste avec la fin de la tournée.

Elle fait la moue.

-Qu'est-ce que je vais faire de ma vie maintenant ?

Il sourit.

-Te reposer. Passer du temps avec tes chats. Continuer de préparer l'album suivant. Tu feras d'autres tournées, je suis sûr qu'elles seront encore mieux que celle-là même si c'est dur à imaginer parce que t'as déjà mis la barre très haute.

Alma-Lïa pose ses mains de chaque côté de ton visage pour l'embrasser.

-On part où, en vacances ?

-Je te dis pas.

-J'ai déjà fait un concert là-bas ?

-Tu as fait des concerts partout, la chanteuse de chansons.

Elle soupire.

-Bon, j'aurai pas une miette, j'ai bien compris. On va au petit déj ?

Trois heures plus tard, Pierre s'installe à côté d'Alma-Lïa et face à sa mère, qui reprend la carte du restaurant en main après s'être levée pour les saluer.

-Pierre, tu sais que tu avais pris une chambre en trop à notre hôtel ? lance-t-elle, et celui-ci lève les yeux au ciel.

-C'était pour moi. Mais comme vous êtes partis comme des voleurs, j'ai dû me faire héberger par Alma-Lïa et prendre la place du chat dans le lit.

-Aucun chat n'a été maltraité, intervient la chanteuse, et les parents de Pierre rient.

-Merci de tout avoir organisé, Alma-Lïa... merci de tout organiser à chaque fois.

Pierre sourit en voyant qu'elle semble être gênée des remerciements de sa mère auxquels elle ne s'attendait pas.

-C'est normal.

-Non, pas exactement. Mais tu le fais toujours avec plaisir et avec sérieux, c'est pourquoi nous te remercions.

-C'est souvent Leti, en vérité.

-Tu la remercieras, alors.

Alma-Lïa hoche la tête, et tout le monde se replonge dans la carte. Comme la première fois, le repas se passe normalement, avec des discussions sur tout et rien. La fin de la tournée n'est pas mentionnée, mais la fin de la saison de Formule 1 est abordée en long, en large et en travers. Les desserts sont commandés, et en attendant leur arrivée, Alma-Lïa et Pascale disparaissent aux toilettes.

-Les femmes, toujours à aller aux toilettes en même temps.

Pierre rit à cette remarque de son père.

-C'est une excuse pour Alma-Lïa, elle voulait aller payer sans qu'on s'en rende compte. Je sais pas comment elle va se débrouiller avec maman dans les pattes.

-C'est un sacré petit bout de femme.

-C'est positif ou négatif, ça ?

Son père rit.

-Mon avis t'intéresse ?

-Oui, enfin, il n'influencera pas le mien, mais si tu veux le partager, je veux bien l'entendre.

-C'est positif. Vous avez l'air d'être ce dont vous avez besoin l'un et l'autre.

Pierre sourit. Il trouve ça joliment dit.

Quand les deux femmes reviennent à la table, Pierre remarque immédiatement le regard troublé d'Alma-Lïa. Elle tire sa chaise pour s'asseoir sans croiser son regard, et il fronce les sourcils avant de poser sa main sur la sienne.

-Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ?

-Oui, oui, ça va, dit-elle, mais Pierre secoue la tête avant de regarder sa mère. Celle-ci sourit.

-J'ai proposé à Alma-Lïa de se joindre à nous pour le réveillon du 24 décembre.

Pierre est surpris, il regarde à nouveau le visage de la chanteuse, cherchant une quelconque émotion.

-On en parlera plus tard, déclare-t-elle, et comme sa mère ne rétorque rien, Pierre comprend qu'elle a dû lui dire d'y réfléchir. Il hoche la tête, et comme pour clôturer la conversation, les desserts arrivent.

Sauf que Pierre ne peut plus se concentrer sur les conversations qui se déroulent autour de la table, trop occupé à se poser mille questions sur cette invitation dont ses parents n'ont pas parlé avec lui auparavant.

-J'ai déjà réglé la note, déclare soudain Alma-Lïa, et Pierre hausse les épaules en regardant son père, qui sourit.

Sa mère, elle, semble exaspérée.

-C'est nous qui t'invitions, Alma-Lïa !

Elle sourit.

-Non. Vous m'avez déjà invité chez vous la première fois, c'était théoriquement mon tour.

Pascale sourit.

-Eh bien, ce sera nous la troisième fois, alors. Que ce soit pour Noël ou pas.

Alma-Lïa sourit avant de hocher la tête. Une fois dehors, elle propose à nouveau de leur payer un taxi, mais les parents de Pierre refusent, annonçant qu'ils veulent faire un peu de shopping avant leur vol dans la soirée. Les aurevoirs se font rapidement pour leur permettre d'avoir le temps, et très vite, Alma-Lia et Pierre se retrouvent à nouveau seuls.

-Il n'y en a qu'un, aujourd'hui ?

Alma-Lïa fronce les sourcils avant de sourire en comprenant que Pierre fait référence au garde du corps qui est là depuis le début du déjeuner.

-Tu commences à avoir de bons yeux, le conducteur de voitures.

Il sourit, fier de lui, avant d'attraper sa main.

-Pierre... tu veux que je vienne, toi, pour le réveillon de Noël ?

Il fronce les sourcils, surpris par cette question.

-Elle me l'a dit, ta maman, que tu ne savais pas qu'elle allait me proposer ça, et je l'ai vu quand elle l'a dit quand on est revenus à table. Mais pourquoi elle m'a demandé quand tu étais pas là ?

Pierre hausse les épaules.

-Elle sait ? Pour maman, pour ma soeur ?

-Non. Je lui ai juste demandé avant le déjeuner chez eux de ne pas mentionner ta famille. Ils ne savent pas pourquoi.

Alma-Lïa hoche la tête, cette réponse semble lui convenir.

-Je sais pas pourquoi elle t'a proposé quand vous n'étiez que toutes les deux. Peut-être parce qu'elle trouvait ça mieux si jamais tu refusais.

Elle sourit.

-Mais, je te l'aurais pas caché...

-Comment tu veux qu'elle le sache. Elle ne sait pas qu'on se dit la vérité mais jamais au revoir, ici (référence aux paroles de Daylight). Et pour répondre à ta question, bien sûr que je veux que tu viennes. Ça me rendrait terriblement heureux. Si tu ne viens pas, tu es seule, n'est-ce pas ?

Alma-Lïa soupire.

-Je vais chez ma tante les autres années. Elle n'a pas fait son deuil donc la soirée est un peu...

Elle fronce le nez, et Pierre acquiesce.

-J'aimerais bien venir chez toi. Ça a l'air mieux.

-Forcément, puisque j'y suis.

Elle sourit.

-Mais j'aimerais te demander quelque chose en contrepartie.

Pierre la regarde, ne sachant pas du tout ce qu'elle va dire.

-Ma sœur a une permission de sortie le midi du 24. Et j'aimerai bien te la présenter.

Il est tellement surpris qu'il ne répond pas tout de suite, occupé à écouter les battements de son propre cœur qui se sont accélérés.

-Ce sera pas très amusant, elle ne parle toujours pas et ça n'aura probablement pas changé d'ici là. En fait, c'est juste moi qui parle. Mais elle écoute, parfois elle sourit. C'est jamais triste, parce que je ne veux pas que voir ma soeur soit triste. On est la seule famille de l'autre. Même si elle ne reparle jamais, je continuerai de la voir. Et je... je lui ai jamais présenté qui que ce soit, juste pour que tu saches, ce sera la première fois, mais ça fait longtemps que j'y pense et je crois que ce serait le bon moment.

Pierre hoche la tête.

-Évidemment que je veux rencontrer ta soeur.

Alma-Lïa sourit, l'air soulagé. Et quand ils s'installent dans la voiture qui les mène au stade pour le concert du soir, elle dépose sa tête sur son épaule en soufflant "merci".

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