track forty
Pierre marche avec l’impression d’être dans un film.
Il entre sur le paddock, un sweat à capuche noir avec “reputation” inscrit en gros à l’avant. À côté de lui, Alma-Lïa porte son tee-shirt Alpine, un grand sourire sur le visage.
-T’as fait faire un pass paddock à mon nom !
Pierre rit en voyant que depuis qu’il lui a tendu l’objet devant les portiques, elle n’arrête pas de le regarder.
-Tu voulais rentrer comment, sinon ? J'allais pas te prêter le mien.
-Je pourrais le garder ? Le mettre dans ma chambre ?
-Oui, tu t’en serviras pour rentrer les prochaines fois, steup… chez Alpine, on n’a pas le budget pour en faire à répétitions.
Alma-Lia hoche la tête, qui porte toujours son sourire.
-T’es plus heureuse du pass paddock que d’être ici avec moi, je rêve, marmonne-t-il pour rigoler, parce qu’il sait très bien que c’est faux, et la chanteuse fait la moue.
-Pass paddock en premier, en deuxième, ce vêtement, et après, toi.
Pierre rit avant de passer un bras autour de ses épaules.
-P3, ça me va. On n'a pas le temps pour que tu réfléchisses à dix-neuf trucs à mettre devant moi, princesse, mais ça aurait été avec plaisir.
Alma-Lïa hausse les épaules.
-Je me serais pas permise.
Pierre rit.
-Tu vas m'accompagner là où je peux rester ?
-Je sais pas, t'es timide ?
Elle secoue la tête.
-Non. Tu veux que j’y aille toute seule ?
-Non, non. J'ai le temps de t’escorter là-bas.
Pierre ne peut pas lui dire que chez Alpine, le sujet est un peu tendu. Il a préféré ne rien dire avant sa venue, de peur qu'elle annule tout et donne raison à l’attachée de presse.
Alma-Lïa a sa place sur le paddock, que ça plaise ou non.
Heureusement, dans le garage, elle est accueillie normalement, et Pierre n'est pas inquiet de la laisser. Elle sait briller sans lui, et il n'a aucun doute sur le fait qu'elle va faire sensation toute la journée.
De toute façon, il n'a pas le temps de s'inquiéter pour ça. Le dimanche, tout est chronométré, il se retrouve rapidement embarqué dans les protocoles.
Il termine P12, ce qui est pour lui ni un exploit, ni un échec.
Ni une ni deux, déchargé de ses obligations, Pierre part à la recherche d'Alma-Lïa. Elle n'est plus plantée devant les écrans avec un casque sur la tête, et il sourit en la voyant quelques mètres plus loin, en grande discussion avec Théa. Il hésite à les laisser tranquille quelques instants, mais cette dernière le voit et lui fait signe d’approcher.
-Je me disais bien que j’entendais plus de bruit que d’habitude, déclare-t-il en voyant qu’effectivement, même s’il y a régulièrement des caméras et appareils photos devant les lieux, le nombre a augmenté par rapport à l’accoutumé.
-La rumeur dit qu’ils sont pas là pour moi, mais parce que Théa est entrée chez Alpine, déclare Alma-Lïa.
-Mais c’est vrai, ça, qu'est-ce que tu fais là ? Tu sais qu’Esteban va s'inquiéter et courir te chercher ton médoc pour tes règles sans même t'avoir parlé ?
Elle lève les yeux au ciel.
-T'inquiète, il saura déjà que je suis là quand il me verra, j'ai laissé un signe dans sa pièce.
-Tu sais que tout le monde peut rentrer et va voir ta culotte ?
Théa plisse les yeux.
-Ça tombe bien, c'est pas ça que j'ai laissé.
Pierre hausse les épaules avant de tendre un bras pour attraper Alma-Lïa par le cou et la rapprocher de lui.
-Alors, ce Grand Prix en vrai ?
Et là, ça y est, il reconnaît Alma-Lïa qui ne sait pas se contenir : elle va débiter, il le sait, il le voit dans ses yeux.
-Mais c'était incroyable ! L'ambiance est impossible à cerner depuis la télé, vraiment, on s'imagine pas. C'est unique. Et juste, on vit le truc ? Les arrêts, les dépassements, c'est un truc de fou, tu sais tout le monde autour de moi semblait vivre un truc tellement basique, une routine alors je me suis faite toute petite alors que j'avais envie d'exploser, il faut ja-mais que je devienne comme ça, il faut que tu me surveilles pour que je ne me comporte jamais comme si c'était une habitude tout à fait simple de venir ici.
Il ne trouve pas les mots justes pour lui dire qu'il espère que ça ne lui arrivera jamais. Que lui aussi pense à ça à chaque fois qu'il va à un de ses concerts. Que c'est toujours aussi magique à chaque fois. Qu'il espère qu'elle reviendra le voir conduire plein de fois.
-Salut !
Il quitte le visage d'Alma-Lïa des yeux pour saluer son coéquipier, qui fait la bise à la chanteuse avant d'embrasser sa femme.
-Content de te voir ici, lance-t-il à Alma-Lïa, qui sourit.
-Contente d'être ici.
-Moi, je vais devoir aller bosser, annonce Théa, et Esteban fait la moue avant de regarder Pierre.
-Nous aussi. J’ai tenté de décaler, mais…
Il n'ajoute rien, et il n'a pas besoin : Pierre a compris. Quelqu’un au-dessus a refusé.
-Tu veux aller dans ma pièce en attendant ? propose-t-il à Alma-Lïa, qui hoche la tête. Bon, je te rejoins, Esteban.
-Pas de souci.
Puis il regarde Alma-Lïa avec un sourire avant de lancer :
-À plus, la princesse de Pierre !
Celui-ci se fige, choqué, pendant que la chanteuse rigole.
-C'est par où ?
Il attrape sa main avant de commencer à marcher. C'est seulement une fois dans la pièce qu'il demande :
-C'est toi qui l'a dit à Théa ? Sinon, c'est Daniel qui a balancé.
Il voit dans son regard qu'elle panique, et il rit.
-Je savais pas que tu voulais pas qu'ils sachent.
-Mais, j'ai jamais dit ça, la chanteuse de chansons. Je le fais chier depuis longtemps avec le surnom de Théa, c'est mon revers de médaille. Je sais que tu discutes avec elle, c'est cool.
Alma-Lïa plisse les yeux.
-Tu trouves qu'elle est agaçante.
-Ça n'empêche que t'as le droit de pas être d'accord et de t'entendre avec elle. J’suis désolé, je dois filer et je sais pas pour combien de temps j’en ai.
-T'inquiète le conducteur de voitures, je vais m'occuper comme une grande.
-D'accord. Normalement, personne va entrer mais peut-être mon physio…
-Je vais te pousser dehors parce que là, tu te mets en retard.
Pierre rit.
-Oui, mais princesse, je peux pas partir parce qu'il me manque un truc.
Alma-Lïa fronce les sourcils avant de regarder autour d’elle, confuse. C'est quand il attrape son menton qu’elle sourit, comprenant. Leurs lèvres se rencontrent, et quand il s'éloigne, il déclare :
-C'est bon, j'y vais.
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