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Sept ans plus tard

En posant les pieds sur le sol londonien, pour la première fois depuis sept longues années, l'homme eut un instant de vertige. Il prit le temps de regarder autour de lui, essayant de trouver ce qui avait changé durant son absence.

Tout semblait identique, comme si rien avait changé, et il réprima une vague d'angoisse, en se répétant qu'il n'était plus le petit garçon effrayé qui avait fui.

Finalement, Harry Potter soupira et avança lentement en direction du chaudron baveur, la seule entrée qu'il connaissait pour le chemin de Traverse.

En sept ans, l'adolescent était devenu un homme méconnaissable. S'il n'avait pas vraiment grandi en taille, il s'était étoffé et musclé. Suffisamment pour modifier durablement sa silhouette et faire oublier l'enfant trop maigre qu'il avait été autrefois.
Il avait laissé ses cheveux pousser un peu, juste ce qu'il fallait pour masquer sa cicatrice et pour pouvoir les dompter un peu - même si c'était un combat perdu d'avance. Dorénavant, il avait les cheveux mi-longs et il les nouait en un chignon grossier pour ne pas être gêné.

Il avait changé ses lunettes rondes d'enfant, si reconnaissables. C'était devenu un symbole au même titre que l'étrange cicatrice que lui avait laissé Voldemort. À une époque, il avait hésité à porter des lentilles, mais il s'était vite rendu compte que ses yeux verts étaient alors bien trop visibles et lui rappelaient trop sa mère disparue. Le jeune homme avait donc choisi une nouvelle monture, évitant avec soin les formes rondes, et il s'était rendu compte avec surprise que ça changeait totalement son apparence.


Harry avait également brûlé les vêtements qu'il avait hérité de son cousin tout de suite après son départ. Il avait eu du mal à trouver son style, mais il avait opté pour quelque chose de classique et passe-partout. Jean et tee-shirt en été, sweat à capuche en hiver. Des couleurs neutres toujours, du noir, du gris, du bleu foncé. Rien qui ne soit voyant, rien qui ne puisse attirer le regard sur lui. Il avait définitivement refermé la porte sur son passé tourmenté, et il s'en sentait mieux.

Après une adolescence sous les projecteurs, le jeune homme qu'il était devenu avait besoin d'anonymat. Il voulait se fondre dans la masse, pouvoir vaquer à ses occupations sans avoir à se justifier ou sans trouver le compte-rendu de ses actes dans la gazette le lendemain...


Il s'était reconstruit et découvert pendant sa longue absence. Mais il n'était pas resté inactif non plus. Ses parents lui avaient laissé une fortune suffisante pour vivre oisivement, comme le riche lors qu'il aurait dû devenir. Ce n'était pas ce à quoi il aspirait. Devenir réellement lord reviendrait à se placer de lui-même sur le devant de la scène, et à s'exposer à la célébrité qu'il fuyait depuis ses onze ans.

Il avait appris, autant qu'il le pouvait.
Il n'avait jamais été un élève studieux ou attentif. Au début, c'était parce qu'il ne devait surtout pas avoir de meilleures notes que son cousin. À Poudlard, sa motivation avait vite été broyée par tout ce qui se produisait autour de lui. Risquer sa vie chaque année rendait la notion de bonne note légèrement triviale.
Et puis, il pouvait se justifier également par le fait qu'il n'avait jamais eu de figure parentale. Personne ne s'était jamais intéressé à lui ou à son travail scolaire. Sans Hermione, il était convaincu qu'il s'en serait sorti bien plus mal...

Devenu adulte, libéré de ses obligations, il avait découvert qu'apprendre pouvait être important. Peu à peu, il s'était intéressé à divers domaines, qu'ils soient magiques ou moldus. Il était loin d'être un petit génie comme l'avait été Hermione à Poudlard, mais il se défendait plutôt pas mal et il avait acquis quelques compétences utiles.

Et puis, enfin en paix avec lui-même, il s'était décidé à retourner où tout avait commencé. Retrouver ses origines, retrouver ses amis - à condition qu'ils lui pardonnent. Il mentirait s'il prétendait que la décision avait été facile ou qu'il n'avait pas eu peur. Il avait repoussé l'échéance, jusqu'à essayer de retrouver un peu de son courage de Gryffondor.


Malgré toutes les années passées, Harry se sentait comme un enfant effrayé en cet instant. Il ne put s'empêcher de toucher sa baguette glissée dans sa manche - la guerre était peut être terminée depuis longtemps, mais il avait parfaitement assimilé une leçon durement acquise : ne jamais se séparer de sa baguette, quelle qu'en soit la raison.

Avec un soupir presque résigné, il entra dans la taverne et salua le barman d'un léger signe de tête. Ce n'était plus Tom visiblement, et Harry se demanda ce que l'homme sympathique d'autrefois était devenu.
Personne ne prêta attention à lui.

Pas le moindre regard appuyé. Rien du tout. Un total inconnu.

Il sortit dans la cour et se posta devant le mur. Malgré le temps passé, il n'avait pas oublié comment ouvrir le passage.
Un peu nerveux, il soupira, puis entra sur le chemin de Traverse.


Comme tant d'années auparavant, il s'immobilisa, émerveillé. Il ne put s'empêcher de sourire, en retrouvant son âme d'enfant. Ici tout était plus brillant, plus bruyant.
Il avança, lentement, cherchant ce qui avait changé depuis sa dernière visite.

La guerre n'avait presque pas laissé de traces. Tout avait été reconstruit, et les sorciers se pressaient dans les boutiques.
Après avoir passé Gringotts, il s'immobilisa, et secoua la tête avec un sourire amusé. Devant lui, la boutiques des Weasley s'étendait, visiblement prospère. Une foule de sorciers entraient et sortaient, riant et s'amusant, insouciants.
C'était le rêve des jumeaux, changer le monde en y amenant de la joie. Et visiblement, George avait su atteindre leur objectif.

Comme hypnotisé, il avança jusqu'à la devanture, et retrouva les anciens produits qu'il connaissait déjà étant enfant. Il y avait des nouveautés, forcément. Visiblement, George n'avait pas chômé...

L'endroit était bondé, et il laissa son regard se promener sur les clients jusqu'à ce qu'il s'arrête en voyant une chevelure rousse.

La signature des Weasley.

Le coeur battant, il resta immobile, attendant que les gens ne s'écartent pour identifier qui était présent. D'un coup, le rouquin se retourna, et Harry eut l'impression de vaciller.
Il n'avait pas changé.

En sept longues années, Ronald Weasley, son meilleur ami, son frère, n'avait pas du tout changé. La même dégaine, les mêmes cheveux un peu trop longs, les mêmes yeux d'un bleu brillant.
Il reconnut également la jeune femme brune à ses côtés. Hermione avait coupé ses cheveux en un carré long, et elle était radieuse. Radieuse et très enceinte...


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