11

Il garda Drago contre lui, serré dans ses bras. Le blond aurait aimé avoir la force de se dégager, de le repousser. Même si Harry avait nié vouloir le chasser de sa vie, il craignait par dessus tout un rejet. Malgré lui, il s'était attaché au Sauveur. À son sauveur. Cependant il était faible et il était incapable d'écarter Harry de lui, de se priver de sa chaleur.


Après un long moment, Harry finit par murmurer.
- Je ne veux pas te perdre.

Surpris, Drago haleta, et s'écarta de Harry pour le dévisager.
- Quoi ?
Avec fascination, il vit les joues du brun se colorer. En détournant les yeux, Harry répéta ce qu'il venait de dire, presque dans un souffle. Le blond secoua la tête, perdu.
- Je ne comprends pas. Pourquoi tu... Pourquoi tu penses que tu vas me perdre ?

Harry déglutit nerveusement et se passa la main dans les cheveux. Puis, il passa la langue sur ses lèvres sèches, et soupira.
- Je... J'ai apprécié te retrouver, tu sais ? Quoi que tu puisses en penser, ça n'a jamais été une corvée de t'accompagner. Je sais que tu... tu m'as dit que tu n'avais pas besoin de moi pour te protéger, mais... moi j'ai besoin de toi. Il y a toujours eu une place pour toi, depuis qu'on se connaît.


Drago se laissa tomber dans le fauteuil derrière lui, abasourdi. Mais il resta silencieux, les yeux fixés sur Harry, l'écoutant attentivement, incapable de l'arrêter.
Harry eut un sourire désabusé et il haussa les épaules.
- Comme tu le sais, je suis un peu lent à comprendre. Je crois que c'est te voir avec la petite Rosie dans les bras qui m'a fait ouvrir les yeux. Ou au moins... comprendre.

Harry s'interrompit, la respiration légèrement hachée, et il se passa de nouveau la langue sur les lèvres, avant de déglutir nerveusement. Il laissa échapper un ricanement bref, et leurs yeux s'accrochèrent.
- Je n'ai pas écouté ce que Ginny pouvait bien raconter, j'étais fasciné.

Harry se tut quelques instants, puis il haussa les épaules.
- Hermione m'a demandé jusqu'où je pourrais aller pour toi. Pour te garder près de moi, pour te protéger. La réponse est simple, tu sais. J'y avais déjà pensé, et dès qu'il s'agit de toi je n'ai aucune limite.

Drago fronça les sourcils, perdu.
- Je ne comprends pas.

Harry eut un sourire résigné.
- Laisse tomber. C'est... je suis juste fatigué je crois. Tu peux rester dormir ici, nous pourrons... parler demain.

*

Drago savait qu'il aurait dû objecter, l'empêcher de se défiler ainsi et l'obliger à se montrer plus clair dans ce qu'il essayait de dire. Mais il était si surpris par cette conversation étrange qu'il le laissa fuir.

Ce ne fut qu'au milieu de la nuit que Drago se redressa subitement dans son lit, les yeux écarquillés, le coeur battant. Il n'avait pas cessé de ressasser les mots de Harry, et il venait d'en arriver à une conclusion bien trop extraordinaire pour être possible.

Assis dans l'obscurité, il secoua la tête lentement, se traitant d'idiot, et ne comprenant pas pourquoi son coeur s'était emballé ainsi. Il grogna en se rendant compte qu'il ne pourrait pas se rendormir, surtout avec toutes ces pensées... Aussi, il se leva en grognant dans l'idée d'aller se servir un verre d'eau.

Cependant, en passant devant la porte fermée de la chambre de Harry, il s'arrêta, indécis. Puis il secoua la tête, et abaissa la poignée, entrant en silence.


Harry dormait, d'un sommeil agité. Les rayons de la lune l'éclairaient, et Drago ne put s'empêcher de sourire en le voyant. Il hésita mais il avait besoin de réponses alors il s'assit sur le lit et secoua l'épaule de Harry.
Ce dernier sursauta et la seconde suivante, Drago était plaqué sur le lit, la baguette de Harry lui pressant douloureusement la gorge.

Il aurait dû être effrayé de la lueur meurtrière dans le regard de Harry, mais il resta calme, le détaillant presque avidement. Il fallut quelques secondes à Harry pour se reprendre et voir qui s'était introduit dans sa chambre, et il lâcha brusquement le jeune homme, l'air horrifié.
- Je suis désolé ! Je...
Drago ricana, plutôt amusé.
- Tu n'as rien perdu de tes réflexes Potter.

Harry le lâcha brusquement, les joues rouges.
- Je...
Drago se redressa, l'interrompant.
- Je ne voulais pas te réveiller.
Le brun se passa une main nerveuse dans les cheveux, et haussa les épaules.
- T'en fais pas.

*

Drago Malefoy n'avait rien d'un courageux Gryffondor. Il était plutôt du genre à fuir les problèmes, à se terrer dans un coin en attendant que l'orage ne passe. Pourtant, cette fois, il se sentait terriblement calme et prêt à faire face.
Il n'avait pas l'habitude de voir Harry Potter aussi démuni, c'était peut être ce qui lui donnait l'assurance que tout irait bien.

- Potter.
Le brun ne réagit pas, perdu dans ses pensées, visiblement perturbé.
- Harry.

Cette fois, le Gryffondor sursauta, et le dévisagea intensément.
- Qu'est ce que tu voulais me dire ?
- Je...

- Toujours aussi éloquent...
La réflexion moqueuse n'avait aucune trace de méchanceté, juste de l'amusement... Les yeux de Drago, couleur mercure brillaient presque de façon surnaturelle sous le regard fasciné de Harry.
- Je suis bien avec toi.

Ils se dévisagèrent un long moment, les mots de Harry, à peine chuchotés, flottant entre eux. Drago eut un léger sourire.
- Moi aussi.


En un fragment de seconde, le regard de Harry s'était empli d'espoir, et Drago avait hoqueté avant d'avancer la main avec hésitation. Il ne savait pas trop ce qu'il avait eu en tête mais il se retrouva à caresser avec douceur la peau de la joue de Harry. En réaction, le brun s'était précipité contre lui dans ses bras.

Harry prit la parole, en chuchotant, et sa voix était si craintive que Drago maudit tout ceux qui l'avaient empli d'insécurités.
- Tu ne vas pas me laisser hein ?
- Non. Je ne pourrais pas. Tu es partout dans ma vie, Harry.

Rassuré, le brun soupira et se lova un peu plus dans ses bras.


L'ancien Serpentard eut un mouvement de recul pour voir le visage de l'homme qu'il tenait contre lui, voulant voir ses yeux briller encore. Sans qu'ils ne sachent comment, ils se retrouvèrent à s'embrasser.
Ce n'était pas un baiser de cinéma, parfait et irréel. C'était un baiser étrange, un peu maladroit, alors qu'ils s'apprivoisaient maladroitement. C'était plein d'hésitations, avec quelques soupirs satisfaits.
Pourtant, ils s'agrippaient l'un à l'autre comme si leurs vies en dépendaient, et rien n'aurait pu les séparer à cet instant.

Il s'écartèrent, haletants, pour reprendre leur souffle, les joues rouges, les pupilles dilatées. Ils gloussèrent brièvement, mais lorsqu'une vague lueur d'incertitude traversa le regard vert, Drago se pencha pour déposer un bref baiser à la commissure de ses lèvres, puis il l'enlaça fermement.

En sentant le Gryffondor bailler soudain contre lui, Drago le repoussa avec douceur, jusqu'à ce qu'il se laisser aller en arrière sur le lit. En le voyant allongé, les cheveux en bataille étalés autour de lui, Drago eut un sourire tendre, et il le rejoignit, se laissant tomber près de lui, le collant de près.

Harry laissa échapper un gémissement de contentement avant de se redresser à demi.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Je compte dormir un peu. Installe toi, et profite.

Le Gryffondor le dévisagea longuement, puis avec hésitation il se recoucha, laissant un écart entre leurs corps. Avec un grognement agacé devant la timidité soudaine du brun, Drago l'attira contre lui, et l'enlaça fermement, l'empêchant de bouger. Quand il trouva la position idéale, il laissa échapper un soupir satisfait.
Sentant Harry mal à l'aise, il soupira.
- Comment peux-tu te jeter au milieu d'une rixe, seul contre une dizaine, et être terrifié par un simple câlin ?

Malgré lui, Harry gloussa et se détendit, enfouissant son visage dans le cou du blond, puis chuchota.
- Eux je me moque de ce qu'ils pensent.

*

L'idée même que son avis soit important aux yeux de Harry bouleversa Drago. Personne ne s'était jamais préoccupé de ce qu'il pouvait penser ou ressentir, en commençant par ses parents lorsqu'il avait dû prendre la marque...
Le jeune homme pensait qu'il ne pourrait pas dormir, pas avec Harry contre lui de cette façon, pas avec la certitude qu'il était à lui. Tout comme lui, Drago, était à Harry...
Mais, blotti dans la chaleur de leur étreinte, il glissa rapidement dans le sommeil tout comme Harry.

*

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Harry tomba sur le visage endormi et paisible de Drago. Le coeur battant, il l'observa longuement, surpris de se rendre compte qu'il se sentait complet en cet instant. Comme si sa fuite en avant, tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent, devait conduire à cet instant.

Ils avaient été tous les deux brisés par la guerre, placés en première ligne à cause de leurs parents. Si ses parents n'avaient pas suivi aveuglément Dumbledore, s'ils n'avaient pas défié Voldemort... Harry n'aurait jamais été l'Élu, et il aurait probablement eu une enfance normale.
De la même manière, Drago n'avait pas eu le choix de son camp.

Le jeune homme chassa rapidement ces pensées moroses et serra un peu plus son compagnon contre lui, avec un soupir satisfait. Il y avait toujours au fond de lui la crainte de voir Drago l'abandonner, mais l'ancien Serpentard l'avait rassuré avant qu'ils ne s'endorment, et Harry avait confiance en lui.


Finalement, les yeux gris s'ouvrirent, encore embrumés de sommeil et Harry dégagea une mèche blonde de son front.
- Bonjour...
Drago cligna lentement des yeux, sans répondre immédiatement, et Harry eut l'impression que ses entrailles se tordaient. Il se raidit légèrement, imaginant qu'il allait être rejeté.
Mais le blond bailla et se colla contre lui, visiblement décidé à profiter un peu plus de la chaleur du lit.

Le coeur battant, Harry lui caressa lentement le dos, une caresse légère, tout juste esquissée. Il sentit un soupir dans son cou, puis Drago murmura, d'une voix éraillée.
- Je n'ai toujours pas l'intention de m'enfuir...

Bien malgré lui, Harry gloussa doucement. Puis il soupira.
- Et maintenant ?

Drago soupira, et s'étira avec un grognement satisfait. Puis il roula sur le côté et immobilisa Harry sous lui, s'asseyant sur ses hanches, pour le fixer d'un air grave. Harry rougit, mais ne fit pas le moindre geste pour se dégager.
- Déjà cesse de paniquer.
- Je ne panique pas...
- Alors arrête de penser que je vais m'en aller ou te faire du mal.

Harry eut un sourire triste, et posa une main hésitante sur le genou de Drago.
- Je pensais avoir laissé tout ça derrière moi, mais visiblement..

Le Serpentard hocha la tête.
- Tu me diras un jour ce que tu as fait toutes ces années ?

Harry hocha la tête en gloussant doucement, ses yeux verts brillants de malice.
- Si tu penses entendre le récit d'aventures épiques, tu risques d'être déçu ! J'ai juste voyagé, sans but. J'ai laissé le courant me porter, tout simplement. J'ai rencontré des gens, sorciers ou moldus, et j'ai appris de nouvelles choses.
- Je ne te voyais pas agir en loup solitaire comme ça. Je t'ai toujours vu comme quelqu'un de sociable qui avait besoin de la compagnie des autres.


Le Gryffondor se tendit légèrement, puis soupira.
- La guerre a changé beaucoup de choses... Je crois que je serais devenu fou si j'étais resté. Je... Chaque nuit je me réveillais en hurlant, revoyant sans cesse la dernière bataille. Tous ces morts. La culpabilité me rongeait, et... J'étais incapable de dire non. Quand Ron a parlé du mariage grandiose que j'allais avoir avec sa soeur, ça a été un électrochoc. J'ai compris que je ne serais jamais heureux, que je ne pourrais pas, et j'ai lâchement fui.

Drago fronça les sourcils.
- Je te préviens de suite Potter. Si tu approches de trop près la belette femelle, je lui arrache la tête.
Harry éclata de rire, tous ses doutes se diluant doucement, et attrapa le tee-shirt de Drago pour le tirer contre lui.

Ce fut lui qui initia le baiser et lorsqu'ils s'écartèrent, joues rouges et yeux dilatés par le désir, à bout de souffle, le même bonheur brillait dans leurs yeux.


Le Gryffondor eut un sourire malicieux.
- Méfies toi. Moi aussi je suis jaloux.

*

Comme Harry l'avait dit à Hermione, il était prêt à tout pour Drago.
Il ne se cachait jamais de leur relation, et n'avait jamais la moindre hésitation. S'il avait peur que Drago ne l'abandonne - point sur lequel le blond se faisait un plaisir de le rassurer - il ne doutait pas sur ses sentiments, ni sur ce qu'il voulait.

C'est pourquoi, lorsque le Ministère se rappela à leur bon souvenir, essayant d'impliquer Drago dans des affaires louches, Harry n'hésita pas le moindre instant à sacrifier son anonymat pour l'aider.
Il fit face aux côtés de celui qu'il aimait, avec une assurance tranquille et la conviction qu'il était enfin à sa place.


Celui dont l'enfance et l'adolescence avaient été volées avait enfin réussi à défier le destin et il avait trouvé le bonheur. L'avenir leur tendait les bras.

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