Chapitre 5
La princesse Mai se présenta aux Capitaines. Sa Grâce leur tendait délicatement la main, et les saluait toujours avec son plus beau sourire. Sincère, communicatif et chaleureux. Les Officiers ne furent pas insensibles à la beauté de Mai, surtout lorsqu'elle appela par leur prénom. Son Altesse connaissait leur affectation, et s'était ainsi même permis de parler de leur Division.
Ils étaient en rang les Capitaines, et dans cet ordre : Shunsui Kyôraku, Soi Fon, Rōjūrō Ōtoribashi, Shinji Hirako, Byakuya Kuchiki, Sajin Komamura, Kensei Muguruma, Tôshirô Hitsugaya, Kenpachi Zaraki, Mayuri Kurotsuchi et Jûshirô Ukitake.
Sa Majesté pensa même aux Vice-Capitaine cachés derrière les Officiers.
En l'absence de Byakuya, Renji se tenait exceptionnellement à deux pas derrière Mai. Il devait lui révéler les noms des Capitaines, mais décida finalement de rester en retrait. Le Lieutenant préférait être discret, car il ne se sentait pas serein et détendu face à tant de mondanités. Cependant, il regarda la princesse avec jalousie et envie, elle dont les bienséances ne semblaient pas l'impacter.
Mai éclata de rire quand Tôshirô Hitsugaya lui glissa discrètement des paroles que Renji ne put (ou ne voulut) entendre. Son rire envoûta la salle au haut plafond et Shunsui, Shinji, Byakuya, Kenpachi et Jûshirô ne purent s'empêcher d'esquisser un sourire du coin des lèvres.
La visite et la présence de sa Grâce rassurait mystérieusement les Officiers, parce que son Altesse était l'extrême opposé de la guerre, de ses malheurs et de ses blessures. Lorsque sa Majesté apparaissait, tous les regards se tournaient vers elle. En son absence, Mai était le sujet de toutes les conversations.
- « Nous serons ravis de vous retrouver ce soir au banquet organisé en votre honneur, votre Grâce. », conclut Shunsui tout en rompant les rangs. Shinji, Byakuya, Kenpachi et Jûshirô rejoignirent de suite leur commandant, notamment pour se permettre d'interroger la princesse : se sentait-elle bien et acceptée à la Soul Society ? Mai était-elle bien installée ? Son Altesse répondit successivement et calmement à chacune des questions, toujours en cherchant Renji de ses yeux.
Le Vice-Capitaine pestait intérieurement contre toutes les conventions royales. Pourquoi le protocole imposait de préparer un banquet en l'honneur de sa Majesté ? Se préparer, enfiler de beaux vêtements, se coiffer et surtout attendre vingt-et-une heures pour passer à table.
Renji détestait traîner le soir, il préférait considérablement se reposer dans ses appartements. En effet, les journées étaient assez longues pour encore se réunir le soir. Rester debout pendant le vin d'honneur, ne pas trop boire de champagne et de ne pas abuser des amuse-bouche, trouver sa place, s'installer sur l'une des nombreuses tables, engager une conversation intéressante avec ses voisins, déguster l'entrée mais attendre le plat. Se forcer pour le fromage et s'assoupir devant le dessert.
- « J'ouvrirai les festivités à 19h30. », assura Mai en se tournant vers Renji. Le regard profond et expressif de la princesse traversa celui du Lieutenant, qui resta impassible. D'apparence. En réalité, il la remercia intimement. Il appréciait que son rythme de vie ressemble et se calque sur le sien. La soirée se terminerait alors certainement vers vingt-deux heures.
***
Renji raccompagna Mai. Ils marchèrent en silence dans le couloir, mais cette sérénité et ce calme adoucissaient les pensées incessantes du Vice-Capitaine. La princesse découvrait les tableaux avec intérêt, en dessinant même parfois à main levée des visages ou la forme des corps dans son calepin. Les mains. Son Altesse semblait posséder un talent rare pour dessiner délicatement les ongles, les doigts et les poignets. Renji admirait ce savoir-faire, et se permit d'observer les esquisses de Mai au-dessus de son épaule. Le Lieutenant se souvint aussi soudainement qu'il pouvait adresser la parole à Mai en privé.
- « Vous êtes douée. Vous dessinez très bien. ». Renji sentait une bouffée de chaleur inexplicable apparaître et se déverser dans son corps. Rukia. Il ne pouvait pas encore de s'empêcher de penser à elle, et notamment de comparer Mai à la dernière des Kuchiki. Pourtant, Rukia avait préféré rompre avec Renji, pour vivre une histoire d'amour avec ce Kurosaki.
- « Je vous remercie Renji pour ces compliments. Permettez-moi de vous demander : quel est le menu du repas que nous partagerons dans quelques instants ? ». Mai ferma doucement son petit carnet, le rangea dans une poche cachée de sa tenue et surtout se frotta les mains pour retirer les derniers résidus de crayon à papier.
Le premier tête-à-tête : Renji le redoutait par-dessus tout. Parce que ce moment était le premier, et que le Lieutenant devait faire bonne impression. Il devait donc attendre que la bouchée plaise à Mai pour que le plat soit dégusté. Renji ne devait également pas engloutir la nourriture (fidèlement à ses habitudes), et notamment poser ses couverts quand la princesse se sentait rassasiée. Il redoutait ainsi cette sensation de faim, jusqu'à ce que sa Majesté s'esclaffe :
- « Le repas sent tellement bon ! Je suis impatiente de tout goûter ! », révéla-t-elle en précédant Renji dans les parties communes. Le Vice-Capitaine ne s'attendait pas à un tel changement dans la salle à manger et dans le salon.
De fait, le couvert avait été dressé sur une table avec une magnifique nappe, l'argenterie était en métal argenté (qui était si impeccable que les fourchettes, les cuillères et les couteaux pouvaient refléter les visages de celles et ceux qui les utilisaient), la porcelaine du service à thé brillait et un immense de fleurs apportait cette dernière touche raffinée, que Mai remarqua et apprécia immédiatement.
Des chrysanthèmes, des fleurs de pasque, des marigold, des campanules, du muguet, des camélias, des iris, des oiseaux de paradis, des coquelicots blancs, des jonquilles, des achillées millefeuille, des chardons et des perce-neiges formaient un ensemble unique : celui des insignes des 13 Divisions.
- « Quelles beautés ! Quelle jolie intention... », dit-elle, émue. Or, Mai ne s'avança pas tout de suite vers le bouquet. La princesse se déchaussa, elle se dirigea vers le lavabo pour se laver les mains, et se tourna vers l'offrande.
Son Altesse sentit toutes les fleurs, et cette vision déclencha chez Renji de curieuses émotions. Notamment parce que Rukia n'avait pas accordé autant d'importance à un tel cadeau. Une nouvelle fois, le Lieutenant sentit une douleur inexplicable au cœur. La jeune Kuchiki et Mai ne jouaient pas dans la même cour. La sœur de Byakuya était une guerrière, alors que Mai était une femme raffinée, mais dotée d'un caractère attachant, d'une personnalité spontanée et d'un tempérament unique.
- « Des brioches fourrées, des Umeboshi Omusubi, des Inarizushi, des trios d'Onigiri, des Takoyaki, du canard rôti, du Chahan, des Yakisoba à l'encre de seiche, du Donburi de Tempura, des maquereaux grillés, du Kitsune Udon, des ramens, des Hanami Dango, des sablés du désert, des bubble teas, des mochis, du Nerikiri... Croyez-moi ou pas, mais je ne mangerai jamais aussi bien qu'avec vous. ». Renji ne put s'empêcher de révéler une telle vérité, surtout parce que tous les membres des Divisions (qu'importe leurs grades) étaient soumis à des restrictions depuis la fin de la guerre.
- « Si vous me le permettez, je me ferai un plaisir de goûter un petit peu de chaque plat. », indiqua Mai en ajustant sa robe pour s'asseoir en tailleur, et en saisissant des baguettes. « Je vous souhaite un bon appétit Renji, régalez-vous. ». À ses paroles et à la plus grande surprise du Vice-Capitaine Mai croqua à pleines dents dans un Umeboshi Omusubi, et se délecta du goût de ce petit triangle formé de riz rond japonais décoré d'une feuille d'algue nori. L'envie de la princesse la guida aussi vers un bubble tea rafraîchissant et désaltérant aux fruits de la passion. Renji préféra un ramen au poulet, classique mais pas moins incontournable. Comme le thé vert bio Sencha, son favori. « Quel délice... », attesta-t-elle en se rinçant les mains avec l'oshibori, la petite serviette douce, chaude et agréable tendue en fin de repas.
- « Où voulez-vous aller pendant vos quartiers libres cet après-midi ? », lui demanda-t-il en rêvant qu'elle lui réponde que...
- « Dans votre jardin. Et lorsque la pluie tombera, je me réfugierai dans la bibliothèque. Vous pouvez vous reposer Renji, vous semblez être fatigué. ». Oui, Mai était une personne introvertie et casanière, comme le Lieutenant avait toujours rêvé d'une femme sauvage et solitaire.
Renji était également épuisé. Mentalement exténué. Tout ce qu'il souhaitait pour les heure prochaines était juste de se reposer sur son lit, tout en essayant de ne surtout pas penser à Rukia. Subitement, Mai s'approcha du Vice-Capitaine, qui s'était permis de s'asseoir sur le canapé tandis que la princesse s'était rendue dans sa chambre pour récupérer son papier à lettre décoré de ses initiales.
Le Lieutenant fut d'autant plus surpris quand Mai s'assit près de lui, pour écrire un mot de remerciement et de félicitations au chef et à sa brigade. La princesse se releva de suite, mais Renji n'aurait pu prédire le geste inattendu de sa Majesté.
Mai se plaça devant Renji, et avança prudemment la paume chaude de ses mains vers le visage du Lieutenant, qui n'esquiva étrangement pas la caresse de la princesse. Lorsque la peau douce de son Altesse toucha celle du Vice-Capitaine, ces êtres furent parcourus par des frissons puissants et intenses.
Renji admirait le pouvoir de Mai à ne pas détourner son regard un seul instant du sien. Cette audace permit à la princesse de retirer gracieusement le bandeau sur le front du Lieutenant. Ce tissu retenait ses longs cheveux rouges, et sa Majesté aimait cette singularité, cette individualité, cette différence. Les doigts qui caressent les cheveux. Cette sensation, cette ivresse...
- « Mes tatouages vous dérangent-ils, vous choquent-ils ? », la questionna-t-il. Alors que ces traces tribales indélébiles en dessous de la peau étaient déjà sensationnelles à la Soul Society, que pouvait penser un membre de la famille royale ?
- « Non Renji. Je les trouve extraordinaires. », déclara-t-elle avec toute la sincérité que Renji cherchait désespérément chez une femme.
Le Vice-Capitaine ferma les yeux. Parce que Renji se sentait en confiance, et notamment car il savait inexplicablement que Mai toucherait les dessins. Sur le visage. Néanmoins, la princesse (audacieuse) décida de s'aventurer jusqu'aux épaules du Lieutenant. Renji désirait Mai. Ardemment, passionnément, irrépressiblement.
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