Immense.

C'était le premier à me venir à l'esprit lorsque je vis le hall du Conservatoire. Le second qui me vint était sublime. Des marches de marbre sur lesquelles les talons de mes bottes à coques résonnaient, un plafond divinement agrémenté de dorures, et de peintures. Mon style punk ne semblait pas du tout à sa place, dans ce lieu à la fois baroque et élégant.

Je ne me sentais pas chez moi ici, et un étrange sentiment de malaise me saisit alors. Quitter ma famille m'avait fait un bien fou, quitter cette espèce de groupe où l'on me faisait sentir telle une extraterrestre aussi, mais une idée me frappa de plein fouet : allais-je vraiment trouver ma place ici ?

« Ah, mademoiselle Grant ! Je vous attendais impatiemment ! »

Une jeune femme venait de s'approcher de moi. Elle était brune, plutôt grande et fine, et assez jolie. Son sourire était véritablement divin. Ses traits angéliques était parfaitement encadrés par de belles ondulations. Elle me tendit une main, souriante.

« Je serai votre professeure de violon, ainsi que de théâtre cette année. Mon nom est Céleste Robin. En espérant que vous vous plairez ici ! »

Malgré mon anxiété, je devais avouer être particulièrement impressionnée. Cette femme m'avait toujours frappée par son talent, son élégance extraordinaire lorsqu'elle maniait le violon.

« Madame... Je...

— Mademoiselle. », sourit-elle.

Mes joues devinrent cramoisies. Quelle imbécile j'étais !

« Mes excuses, mademoiselle... Je voulais simplement vous dire que... que je vous admire. Si j'avais dû choisir un professeur parmi les grands virtuoses, vous auriez été un de mes premiers choix. »

Céleste sourit.

« C'est adorable de votre part. Votre premier cours sera demain matin. J'ai hâte de vous connaître un peu mieux. Vous m'avez tout l'air d'une personne intéressante, malgré votre style... »

Elle jeta un instant un regard à ma tenue, avant de lâcher en riant :

« Quelque peu particulier. Mais comme vous dites chez vous, nevermind ! Tous les jeunes comme vous essaient de se démarquer, de sortir du lot. Certains n'ont que le style vestimentaire. D'autres ont du talent, beaucoup de talent. Comme vous, mademoiselle Grant. Vous êtes unique, j'espère que vous le savez. Votre prodigieuse composition a reçu des louanges de la part des juges, louanges qui sont arrivées à mes oreilles. »

Je me contentai d'arborer un sourire à la fois béat et niais, incapable de prononcer quoi que ce soit.

« Vous me rappelez un peu moi, quand j'étais plus jeune, finit-elle par dire. J'étais comme vous. À chercher ma place, à m'inquiéter de savoir si ce que je faisais était bien, ou non. Mais moi, je n'ai pas reçu tant d'aide. »

Céleste posa une main sur mon épaule, avant de conclure :

« Mais vous, vous en aurez. Je vous fournirai mon aide. Je vous aiderai à trouver votre place ici. Je vous aiderai à faire fleurir votre talent. »