Concours de @5fillesunroman - Phase 4
Cette fois-ci, il fallait écrire les évènements qui précédaient un extrait donné (souligné à la fin). Alors le voici ! Il fait 3536 mots. Bonne lecture.
Short, Tall, Grande, Venti... J'énumérai dans ma tête les différents choix de café, tandis que je faisais circuler mon fauteuil roulant dans la file d'attente du Starbucks toulousain. Tous les jours, c'était la même chose. Je m'engageais en fauteuil dans la queue sous les regards inquisiteurs des gens, puis j'hésitais une demi-heure sur la taille de mon café. Et puis finalement, je me décidais pour un Short pour économiser mon argent.
« Un café Short, s'il vous plaît, demandai-je au vendeur en esquissant un sourire de politesse.
— Pour quel nom ?
— Sophia Camara. »
C'était tous les jours la même chose, avec ce vendeur. Il ne se souvenait jamais de mon nom. Pourtant, je me disais qu'une petite étudiante de couleur en fauteuil roulant, avec une masse de cheveux tressés et teints en blanc, âgée de dix-neuf ans, ça ne doit pas courir les rues. Mais que voulez-vous, cet employé semblait avoir autant de mémoire qu'une limace de six semaines.
Je récupérai mon café, bouillant, et quittai le Starbucks rapidement. Les autres clients me fixèrent, comme toujours. Je sentais leur regard se poser sur moi et ne plus me lâcher. C'était comme ça depuis mes six ans, quand j'avais eu les jambes brisées après avoir chuté du troisième étage. Je m'en étais miraculeusement sortie, mais tétraplégique à vie. Ma mère avait beaucoup pleuré. C'était aussi ce jour-là que mon père a fichu le camp. Il n'avait pas voulu d'une enfant handicapée, alors il est parti. Depuis, ma mère est inconsolable.
Je menai mon fauteuil jusqu'à la fac d'astrophysique où je faisais mes études. C'était la rentrée pour tout le monde, aujourd'hui. Personnellement, je rentrais en deuxième année. J'avais eu vent que des nouveaux étudiants allaient arriver, en provenance d'une université de campagne fermée pour manque d'effectif.
J'arrivai dans l'amphithéâtre et m'installai à ma place réservée, sans chaise. Quelques autres élèves étaient déjà là, ainsi que le professeur qui tournait fébrilement les pages de son agenda. Le frottement des feuilles était le seul bruit qu'on entendait.
Un garçon blond aux cheveux ébouriffés d'environ vingt ans arriva dans la salle. Contrairement à tous les autres, lui, je ne le connaissais pas. Il portait des vêtements plutôt basiques : un sweat à capuche gris, un pantalon en jean et des sneakers blanches. Il chercha une place du regard, et opta finalement pour celle à côté de moi.
« Bonjour », souffla-t-il à mon intention. Sa voix était un peu hachée, et son accent hésitant. Un étranger, sûrement.
Je remarquai alors qu'il avait une sorte d'écouteur dans l'oreille. Je lui fis remarquer. « Salut. Tu feras attention, tu as laissé ton Air Pod dans ton oreille. Je te conseillerais de l'enlever, le Professeur Collins n'aime pas qu'on écoute de la musique pendant ses cours.
— Ah euh, fit-il, hésitant, en se passant une main dans les cheveux. Ce n'est pas un écouteur, c'est, euh... » Il semble chercher une excuse, et me paraît de plus en plus suspect. Je fronce les sourcils.
« C'est parce que je suis malentendant, conclut-il. Mais... Je n'aime... pas l'avouer parce que j'ai peur que les gens se moquent de moi.
— Mais ne t'inquiète pas, je ne te juge pas, le rassurai-je en lâchant un sourire. Moi aussi, je suis handicapée. Je te comprends.
— Ah bon ? Je n'avais pas remarqué. Eh bien, enchanté. Je m'appelle Elix.
— Et moi Sophia », fis-je en lui serrant la main d'un air faussement solennel. Je remarquai alors que ses yeux étaient vraiment particuliers. L'un était bleu, pailleté d'or, et l'autre marron, pailleté d'améthyste. Je n'avais jamais vu de pupilles pareilles.
« Tes yeux sont très beaux », lui dis-je. Je n'eus pas le temps de voir sa réaction, car le Professeur Collins réclama le silence et l'attention.
Je n'écoutai le cours que d'une oreille. Mon esprit était entièrement fixé sur Elix, son accent bizarre et ses yeux vraiment étranges. De plus, il n'avait pas vraiment l'air honnête lorsqu'il m'a avoué son handicap. Ce n'était peut-être qu'une excuse...
A la pause, il ne m'adressa pas la parole et sortit directement de l'amphithéâtre. Frémissante de suspicion, je décidai de le prendre en filature. A ma grande surprise, il ne se dirigeait que vers la cafétéria pour prendre son déjeuner. Je le rattrapai en poussant un peu plus fort les roues de mon fauteuil.
« Je peux manger en ta compagnie, m'enquis-je en arrivant à sa gauche.
— Bien sûr », sourit-il. Ses mains étaient agitées de tremblements nerveux, je le vis immédiatement. « Tu vas pouvoir rencontrer ma sœur jumelle. Elle s'appelle Io.
— Vous avez vraiment de drôles de prénoms, fis-je remarquer en haussant un sourcil.
— C'est parce que nous sommes... étrangers, balbutia-t-il. Nous venons de l'Arkansas, aux Etats-Unis. Mais les études sont trop chères. »
Je hochai la tête et nous continuâmes notre trajet jusqu'au réfectoire. Nous nous servîmes en plat, puis Elix m'indiqua une table où une étudiante était accoudée. Elle était en train de trafiquer je ne sais quoi dans un vieil ordinateur portable éventré.
« Le Macbook a encore crashé », se plaignit-elle en voyant Elix arriver. Elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à son frère. Même cheveux blonds, même teint pâle, et surtout, les mêmes yeux vairons et pailletées de couleur pierre précieuse. Elle portait aussi une sorte d'Air Pod dans l'oreille droite. Mes suspicions sur la surdité d'Elix n'en furent que renforcées. « Tiens, nous avons de la visite ! Tu me présente ta petite amie ?
— Ce n'est pas ma petite amie ! protesta Elix. Elle s'appelle Sophia, et elle est très gentille.
— Eh ben, moi, c'est Io, répliqua-t-elle. Je suis la sœur de ce grand benêt. » Elle adressa alors la parole à Elix, dans une langue bizarre qui n'était sûrement pas de l'anglais. Ils semblaient se disputer, car le ton monta rapidement. Puis ils se calmèrent et Elix écarta une chaise pour que je puisse m'attabler avec mon fauteuil.
« C'était quoi, la langue que vous parliez ? les questionnai-je. J'en connais beaucoup, des langues, et je sais très bien que celle-ci ne se parle pas sur Terre. » Les pièces s'emboîtent doucement dans ma tête. Je crois que je suis en train de comprendre à quoi leur sert l'espèce d'écouteur qu'ils portent.
J'ai toujours été récompensée pour mon esprit de logique. J'ai remporté quelques championnats de mathématiques junior, puis au collège et au lycée j'ai toujours excellé dans les sciences, jusqu'à décrocher mon bac S haut la main avec mention. Je récupérais les informations, les assemblais et construisais une déduction en quelques minutes. En l'occurrence, ma synthèse était la suivante :
« Vous n'êtes pas Terriens. Et pas non plus sourds non plus. Cet objet vous sert de traducteur. » Le frère et la soeur me regardèrent avec des yeux de chouette frite. Elix ravala brusquement sa salive, et Io laissa tomber le tournevis avec lequel elle démontait son ordinateur. Puis elle fusilla Elix du regard.
« Tu lui as tout dit ou quoi ? s'exclama-t-elle. Je t'avais dit de garder le secret, tu n'es pas capable de fermer ta bouche ? Je savais que c'était une mauvaise idée de t'emmener.
— Vous pouvez me dire ce qu'il se passe ? intervins-je, passablement agacée. Je peux vous promettre de garder le secret, si vous voulez. Je n'ai pas d'amis, de toute façon. Je n'ai que ma mère, et elle est à moitié démente et complètement alcoolique. » Ce n'était pas très sympathique pour elle, mais c'était la vérité. Depuis mon accident, elle s'était mise à boire et n'avait jamais arrêté. C'était ma grand-mère qui s'occupait de tout. Puis, quand elle est décédée, j'ai pris le relais.
Io lâcha un immense soupir. « Pff... De toute façon, on ne peut pas être plus compromis que ça, maintenant. Bon, d'accord. Nous sommes des extraterrestres, effectivement. Nous venons de la planète Astral, et nous avions une mission à accomplir. Sauf qu'au moment de repartir, on a découvert notre vaisseau complètement bousillé par une petite bande de délinquants. Donc nous sommes coincés ici, et nous essayons de nous intégrer parmi les humains pour avoir une vie à peu près normale. Cela fait presque deux ans maintenant. De toute façon, cela ne te servira à rien de savoir tout ça, puisque nous n'avons aucun moyen de repartir. »
Sur ces paroles, elle rangea les débris de son ordinateur dans un tote bag et se leva. Elle saisit son frère par la capuche et ils allèrent débarrasser, en silence.
Le lendemain, ils firent comme s'ils étaient des humains normaux, et mes amis. Nous allâmes à la fac ensemble nous fîmes des activités, et au fil des mois devinrent des amis de plus en plus proches. Pendant ce temps, mon gros cerveau tournait en boucle sur leur problème. Je ne pouvais m'empêcher de chercher frénétiquement une solution. Pendant mes pauses, je feuilletai tous les magazines qui contenaient des preuves que des extraterrestres avaient fréquenté la terre.
Alors que je lisais un Science et Vie Magazine de l'année dernière, datant du premier avril, je remarquai un article sur un vaisseau longue-distance conçu par la Nasa. Je ne savais pas s'il s'agissait d'une farce ou pas, donc je le lus entièrement.
La Nasa a annoncé avoir construit le premier vaisseau longue-distance de l'humanité. Selon la société, ce vaisseau aurait la capacité de faire un trajet jusqu'à la planète la plus proche où des signes de vie ont été repérés : Astral. Il s'agirait d'un trajet de plus de six mois, sans possibilité de retour. Envoyer ce vaisseau avec une présence humaine serait un pari fou, car nous ne sommes pas sûrs qu'il y ait de quoi se ravitailler sur Astral. Le projet a pour l'instant été mis en suspens, mais pourrait être repris d'ici la fin de l'année après le retour du télescope Copernic V, parti pour recueillir plus de données sur la mystérieuse exoterre. Affaire à suivre, donc. La suite dans notre numéro de décembre.
Après avoir lu cet article, mes mains tremblaient comme celles d'Elix. Je me précipitai vers un ordinateur et lançai la recherche "Vaisseau longue distance Astral" et cliquai sur "Actualités". Aussitôt, un gros titre apparut devant mes yeux. Le Vaisseau To-Astral a été acheminé vers le centre spatial de Toulouse pour des révisions. Il décollera peut-être depuis la ville occitane. Je saisis fébrilement mon téléphone et composai le numéro de Io.
« Allô ? fis-je la voix vacillante.
— Allô Sophia ? répondit la voix de Io. Qu'y a-t-il ? Je te sens nerveuse.
— J'ai peut-être trouvé le moyen de... » Je n'osai pas finir ma phrase, de peur que d'autres personnes m'entendent. « Attends, je t'envoie les articles. »
Je pris des photos de tous les extraits que j'avais lus, et les envoyai sur WhatsApp. Au téléphone, Io s'impatienta.
« Bon, ça arrive ? J'étais en train de bosser mon examen d'astrophysique de dem... » Elle s'interrompit brusquement. Les photos devaient s'être envoyées. Soudainement, elle coupa l'appel et me laissa dans le plus grand silence, entourée de mes piles de magazines et des mes photocopies qui me faisaient ressembler à une tueuse en série en quête de victimes. Je lâchai un petit rire nerveux avant d'aller dans la cuisine me faire un café. Ma mère était là, en train de se balancer sur sa chaise, une bouteille à la main. Elle ne remarqua même pas quand je lui retira la boisson des mains.
Je me dirigeai vers l'évier, où ma mère avait empilé toute la vaisselle sale de la semaine, et entrepris de tout nettoyer. Dès que je n'y prêtais pas attention, l'appartement redevenait complètement bordélique. Je regardai par la fenêtre les voitures passer. Nous habitions au rez-de-chaussée, car l'immeuble n'avait pas d'ascenseur pour faciliter mes déplacements. Je vis un véhicule se garer devant le bâtiment. Je tiquai : il me paraissait vaguement familier. Je reconnus alors la vieille Citroën Visa qu'Elix et Io ont acheté pour leur rentrée à la fac d'astrophysique de Toulouse.
Je me précipitai dehors du plus vite que je pouvais avec mon fauteuil et alla voir ce qui se passait. Io courut me rejoindre. « C'est vrai que tu as trouvé un moyen de nous faire retourner sur Astral ? cria-t-elle. Ce n'était pas un poisson d'avril ?
— Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, rétorquai-je avec un sourire. Allons au centre spatial de l'ESA. »
Io sourit à son tour. « Monte dans la voiture, Soso. »
Le centre spatial n'était pas très loin de mon immeuble. En voiture, nous mîmes une dizaine de minutes. Pour y rentrer, nous eûmes plus de problèmes.
« Il vous faut un badge, monsieur, répéta le gardien. Sans quoi, vous ne pourrez pas rentrer.
— Mais puisque je vous dis que je l'ai oublié ! s'exclama Elix. Écoutez, d'habitude, je ne travaille pas ici, mais au centre spatial de Cayenne, en Guyane. J'ai reçu une autorisation spéciale pour assister au décollage du vaisseau To-Astral en compagnie de ma sœur Io et de ma cousine Sophia. Nous avons un pass car cette dernière est handicapée. »
Le gardien fronça les sourcils, et un instant dans ses yeux pétillèrent des paillettes émeraude. Il acquiesça brutalement et ouvrit la barrière. J'aperçus Elix ranger un petit boîtier lui aussi vert dans sa poche. Il appuya sur l'accélérateur de la Citroën et nous pénétrâmes dans le centre spatial de Toulouse, avec l'autorisation d'assister au décollage de la fusée. Elix gara la voiture, ouvrit le coffre et déplia mon fauteuil roulant.
« Je peux te pousser, si tu veux, proposa-t-il.
— D'accord. » Je hochai la tête et m'installai sur mon siège, aidée par Io.
Nous suivîmes les panneaux jusqu'à la salle où les visiteurs pouvaient admirer la fusée avant le décollage, qui surviendrait dans deux ou trois heures. Mais en arrivant dans le hangar, Io et Elix s'arrêtèrent brusquement.
« Qu'y a-t-il ? » m'enquis-je, alarmée. Je déglutis bruyamment car ils ne me répondaient toujours pas. J'observai le vaisseau. Il semblait très futuriste pour une invention de la Nasa. Et surtout, il portait les mêmes couleurs vives que les yeux de mes amis extraterrestres. Mon cerveau parvint à une analyse qui semblait... Terrifiante.
« C'est votre vaisseau ? chuchotai-je en saisissant la main de Io. Ils vous l'ont volé et ont fait croire que c'était leur invention ? »
Io ne dit rien, mais je savais que c'était vrai. Soudainement, elle déclara : « Introduisons-nous dans le vaisseau, Elix. Et rentrons chez nous. Sans ces stupides humains.
— Attendez ! m'écriai-je. Vous ne pouvez pas faire ça ! C'est interdit par la loi de voler ! Vous pouvez dire au personnel de la NASA que vous souhaitez rentrer ! Ils accepteront, j'en suis sûre !
— Bien sûr que non, rétorqua Io. Ils nous captureront et nous utiliseront comme cobayes. Comme notre propre vaisseau. »
Elle se dirigea droit vers la porte du vaisseau, sous l'œil ébahi des touristes. Elle la déverrouilla simplement en posant son doigt sur un carré noir à gauche de l'ouverture. Aussitôt les visiteurs donnèrent l'alarme et des vigiles armés coururent vers nous. Elix se précipita vers sa soeur, et les gardes firent mine de m'attraper.
Mince ! pensai-je, angoissée. Je suis considérée comme complice !
Elix me tendit la main. Je la pris, et il me souleva de mon fauteuil pour m'introduire dans le vaisseau. Io ferma la porte à double tour, et nous tombâmes tous les trois par terre, portés par la vitesse à laquelle nous étions rentrés.
« Il faut démarrer, maintenant, annonça Io. Nous ne pouvons pas rester là.
— Mais on va défoncer le plafond du hangar ! protesta Elix.
— Tu vois une autre solution ? Au lieu de râler, apporte moi une tenue et un casque », répliqua Io. Elle partit vers le cockpit, ses Nike vertes grinçant sur le sol métallique du vaisseau.
« Euh... Par contre, je n'ai plus de fauteuil, fis-je remarquer, toujours assise par terre, mes jambes inertes regroupées sous moi.
— Ah oui ! Désolé, s'excusa Elix. Je crois que j'ai ce qu'il te faut. De toute façon, c'est toujours mieux de porter une tenue spéciale pour dans le vaisseau. Et un casque. Tiens, grimpe sur mon dos. »
Je me hissai tant bien que mal sur le dos du jeune homme extraterrestre. Il tituba dans quelques couloirs du vaisseau, avant d'arriver devant une porte qui paraissait scellée. « Apparemment, ils n'ont pas réussi à l'ouvrir, dit Elix, amusé. Tant mieux, parce que cette salle contenait nos plus gros trésors. »
Il déverrouilla la porte et pénétra dans la salle. Au même moment, une grosse secousse nous indiqua qu'on avait décollé, défonçant le plafond du gros hangar comme du beurre.
C'était un vrai labyrinthe de placards métalliques et futuristes. Il en ouvrit un, qui contenait une armure qui semblait ultra-légère.
« C'est un exosquelette de combat qu'on appelle "Ultra-Light". Mais ils l'ont pourvu d'articulations mécaniques pour permettre aux personnes handicapées, comme toi, de marcher. Il suffit que tu enfiles ce casque, et il analysera toutes tes données nerveuses pour décrypter quels mouvements tu veux accomplir.
— Mais c'est incroyable ! m'écriai-je. Comment on l'enfile ?
— Alors... C'est là que je vais devoir t'aider, admit Elix. Je vais te porter pour te fourrer dedans », plaisanta-t-il.
Je m'esclaffai, puis il me fit doucement passer de son dos à devant, puis me souleva très délicatement pour me faire atterrir dans la combinaison. Je me sentis glisser, puis mes pieds inertes touchèrent les semelles des bottes. Aussitôt, des barrettes en métal s'adaptèrent à ma morphologie, et l'exosquelette m'allait comme un gant. Elix me posa le casque sur la tête. Une voix robotique sonna dans mes oreilles :
« Individu en bonne santé. Données vitales positives. Connexion aux terminaisons nerveuses : en cours. Mise en route du logiciel de traduction. »
Pendant ce temps, Elix avait enfilé lui aussi une combinaison de pilote et un casque. Il en tenait une deuxième pour Io.
« Tu comprends ce que je dis, maintenant ? me dit-il avec un sourire. Je parle Astralien, la langue de notre planète. »
Je lui renvoyai son sourire, et répliquai : « Ton logiciel de traduction fait des merveilles. Et votre langue est très agréable à parler. » Je me mis alors à marcher. Les mouvements étaient saccadés et un peu robotiques, mais en me déplaçant, j'avais l'impression de retrouver mon autonomie. Je suivis Elix qui remontait pour donner la combinaison à Io. En quelques secondes nous étions dans l'espace, volant tranquillement, loin des tracas humains.
« Nous avons quitté le système solaire, indiqua la jeune fille, en français. Maintenant, nous avons trois heures de trajet.
— Trois heures ? je m'étonnai. Dans le magazine, ils disaient six mois.
— Ca, c'est parce qu'ils ne connaissent pas les Light-Accelerators, qui permettent d'aller à la vitesse de la lum... »
Io fut interrompue par une violente secousse, et l'allumage des alarmes de sécurité, qui nous vrilla les oreilles.
« Qu'est ce qui se passe ? criai-je pour couvrir le bruit des alarmes.
— Je ne sais pas ! répondit Io. Mais je crois qu'il y a un problème ! »
Sans blague !
Une voix robotique se déclencha alors dans tout le vaisseau. « ALERTE. IMPURETÉ DÉTECTÉE DANS LA CARROSSERIE. ATTERRISSAGE D'URGENCE ENCLENCHÉ. PLANÈTE IDENTIFIÉE : TRAVESO.
— Merde ! pesta Io. On va se crasher sur une planète inconnue ! »
Les évènements qui suivirent demeurent flous dans ma mémoire. J'entendis les nombreuses sirènes, puis des chocs sur le vaisseau. Un flash de lumière m'aveugla, puis le sol se déroba sous mes pieds et je fis une violente chute, perdant connaissance. Quelques minutes plus tard, je me réveillai, totalement amorphe et le corps extrêmement douloureux.
Comment suis-je arrivée ici ?
Voici l'unique question qui occupait mon esprit en cet instant. J'étais là, gisante au sol, mon exosquelette brisé, une voix robotique me hurlant à l'oreille :
« Données vitales engagées !! Données vitales engagées !! »
Et surtout, j'étais entourée d'étranges créatures. Dans chacune d'entre elles je sentais... La terreur. Ils s'agitaient et criaient dans un langage incompréhensible. Mon traducteur intégré au logiciel de mon casque devait être endommagé. D'ailleurs, où était mon casque?
Je sentis ma vue se brouiller et les cris devenir distants... Allais-je vraiment finir mon existence ici ? Soit alors. Mais avant ça j'ai une dernière chose à dire : Elix, Io... Je vous demande pardon...Pardon de ne pas vous avoir ramenés sur Astral...
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