Pour le concours des 200 abos de darinouloveteam
One-shot/nouvelle

Grand, les cheveux noirs en broussailles, un peu sale, un peu emmêlés aussi. Grand, les yeux marrons mi-clos, les paupières fatiguées. Grand, le visage défait, terne, le dos avachi.
Grand, quinze ans et cinquante kilos.

Max. Pas Maxime, pas Maxence. Max était son prénom.
Pas de problème. Ni scolaire, ni familial, ni amical, ni amoureux.
Tout se passait bien pour lui on aurait dit.

Sept heure du matin, il se lève et s'habille, pas très réveillé. Il sait qu'il a du temps, il commence à neuf heure. Son casque sur la tête, Je vais bien dans les oreilles, il descend l'escalier aux marches craquantes. Il salue sa sœur qui déjà part pour les cours tandis qu'il ouvre son paquet de céréales.

Ces céréales lui font du bien. Certainement parce qu'elles sont trop sucrées et trop grasses, mais il s'en moque. Sans elles, il ne sait pas s'il serait là.
Alors il se sert généreusement, puis verse un fond de lait avec ses doigts agiles de pianiste. Il mange en jouant avec le fil de son casque qui lui transmet tour à tour des musiques tristes ou haineuses.
Il aime bien.

Quand les cours sont finis il rentre. En bus ou à pied, il profite du beau temps. Son moral est à la pluie. Chez lui, il est seul. Alors il sort d'un tiroir un papier, le long papier qui sent le neuf et qu'on réserve pour les grandes occasions. Il prend une plume qu'il réserve à l'écriture précieuse. Il saisit son encrier qu'il trouve très utile pour faire de belles lettres.

Sur ce long papier, de sa douce plume et de son encre nuit, il fait sa plus belle écriture et écrit.

Il remercie d'abord, pour toutes les chances qu'on lui a donné, toutes les amitiés qui lui ont été proposées, tout l'amour dont il a profité.

Une larme se forme.

Il s'excuse ensuite, pour toutes les opportunités qu'il n'a pas saisi, pour toutes les injures qu'il a dit, pour toutes les peines qu'il a produit.

Une larme quitte l'œil.

Il explique se qu'il pense, se qu'il veut, ses croyances ou se qu'il peut.

Une larme roule le long d'une joue.

Il écrit sa vie, ses amours et ses amis. Il met sur papier ses émotions et ses envies. Il hésite.

Une larme arrive au menton.

Il hésite, il est tenté. Tenté de se terrer dans ses couvertures, de regarder la télé, écouter de la musique, de pleurer ou de manger ses céréales. Mais il continue.

Une larme tombe.

Il a finit. Il relis, se mord la lèvre. Il disparaît. On ne sait pas comment, on ne sait pas où. Il a disparu, c'est tout. Certains pensent qu'il reviendra, d'autres ne le savent pas. Ils ne savent pas sa charge mentale, d'émotions, de colère et de frustration. De nostalgie. De tristesse.

Une larme s'écrase sur une feuille de papier.
Une plume tombe.
Une goutte d'encre s'étale sur une table.