XXXIX. Qui suis-je ?

S'il vous plaît faites que ce moment ne s'arrête jamais. 

Je me répétais cette phrase encore et encore au fur et à mesure que les lèvres de Kalie caressaient délicatement mes lèvres. Où plutôt sauvagement. Au moment où elle s'était retournée, son regard trahissait son envie pour moi. Elle n'avait pas hésité une seule seconde, comme si pour une fois, elle baissait les bras et décidait d'enfin laisser parler son cœur. 

Des filles, j'en avais embrassé pas mal, mais là, c'était plus que ça. Plus qu'un simple contact physique. Même si mes mains adoraient se balader partout sur son corps et ma bouche se délectait du goût de sa langue, mon corps tout entier lui ressentait de profondes décharges de la tête aux pieds. Comme si nous étions liés par une force invisible. 

Jamais une fille ne me faisait autant d'effet. Le pire c'était que je ne savais même pas pourquoi. Elle m'attirait, m'intriguait et surtout je savais ce qu'elle ressentait pour moi. Tellement de questions que je devais lui poser, mais finalement, parler avec elle était la dernière chose que je voulais faire. 

Ma bouche passait sur son cou, sa mâchoire, ses joues, la naissance de sa poitrine. Je ne voulais rien rater et tout connaître. Elle m'avait échappé beaucoup trop de fois. Ses mains m'attiraient encore plus près d'elle ce qui m'excita encore plus, mon sexe me le faisait clairement comprendre. 

A ce moment-là, je me rendis compte que venir à ce gala était la meilleure idée de ma vie, il nous faudrait juste une chambre, mais pour ça il faudrait que je me décroche de sa bouche ce qui m'était impossible. Cette fille m'hypnotisai sur place, j'en redemandais encore et encore. 

On essayait de contrôler nos gémissements, mais plus je sentais sa poitrine contre ma torse, plus je perdais le contrôle. Elle m'arracha un grognement quand elle titillait mon oreille de ses dents. Bordel... elle me rendait dingue. 

Mais alors que tout était parfait, je sentis le début d'une migraine. Pas le genre de migraine qui allait passer, non je ressentais la même chose que la dernière fois dans le bureau du conseil quand je m'étais évanoui. Ne voulant rien gâcher, je continuais à embrasser Kalie de toute mon âme, mais plus je le faisais, plus la douleur empirait jusqu'à ce que soit complètement insupportable.

Je m'écartais d'elle, essayant de reprendre mon souffle. Ses lèvres étaient gonflées, sa robe mal arrangée à cause du passage de mes mains et de ma bouche, ses cheveux légèrement en bataille, mais ce qui m'attira le plus c'était son regard. Ses yeux... ils m'appelaient tels un aimant. Une torture, voilà ce que c'était. Le jour où quelqu'un vous regardera comme ça, vous saurez à quel point résister est dur.

Alors que je m'apprêtai à attaquer ses lèvres à nouveau, mon mal de crâne reprit de plus belle, mais pire cette fois-ci. Ma tête semblait être sur le point d'exploser tandis que j'avais du mal à contrôler ma respiration. Instinctivement, je pris ma tête entre les mains sous le regard inquiet, même horrifié, de Kalie qui essayait de me parler.

Impossible d'entendre quoique ce soit, un son strident résonnait dans ma tête interminablement. Mes jambes se dérobaient sous mon poids, je tombais à genoux sur le sol, ayant totalement perdu le contrôle. Des cris, c'était tout ce que je pouvais entendre. Est-ce que c'était la voix de Kalie ? 

— ... Jonathan ! 

Oui c'était Kalie ça... 

C'était forcément...

— Bien joué, Jonathan ! Grâce à toi, je vais mourir jeune. Non mais tu te rends compte qu'il est hors de question que je fasse cette course de voiture ! T'aurais pu me prévenir, je rêve. 

Kalie... ? Mais qu'est-ce qu'il se passait bordel, j'étais où ? 

— Arrête de paniquer, Kalie ! Tout se passera bien... laisse-moi réfléchir. 

Pourquoi est-ce que Kalie m'appelait par son prénom ? Je ne comprenais plus rien. C'était comme si je n'étais pas réellement là, je me sentais spectateur de la scène qui se déroulait devant mes yeux, où plutôt des voix que j'entendais. 

— Je sais que vous allez pas nous croire, mais...

La fin de la phrase était inaudible, comme si elle était brouillée. Il fallait que je remette les pièces du puzzle ensemble. Comme la fois à l'hôtel

— Je suis Kalie, c'est lui Jonathan. A cause de votre frère, on a eu pas mal de soucis. 

Mais qu'est-ce qu'il se passait bordel, pourquoi j'entendais ces phrases qui n'avaient aucun sens. Et pourquoi, quand Kalie parlait, elle disait qu'elle s'appelait Jonathan ? 

J'ai la réponse sur le bout de la langue. Kalie n'a jamais été une étrangère, c'était ma voisine, pourtant je n'avais jamais vécu tous ces moments avec elle. 

Souviens-toi, Jonathan. 

— Je m'appelle Kalie Cole...

Souviens-toi. 

— Et moi Jonathan Byler...

Souviens-toi. 

— Et nous avons échangés nos corps. 

D'un seul coup, un jeu de lumière, de sons et d'images se jouaient dans mon cerveau. Moi, Kalie, Sydney, Victoria, Justin, Jason, ils étaient tous là. Je voyais toutes ces scènes qui m'étaient familières mais que je n'avais jamais vécus. Mais maintenant je savais pourquoi Kalie ne me laissait pas indifférente. 

Je me souvenais de tout.

— Jonathan ! S'il te plaît, réponds-moi ! 

Mes poumons pouvaient désormais fonctionner comme avant. L'air y pénétrait et mon mal de crâne s'était évaporé. Cependant, en voyant le visage de Kalie, le souvenir le plus horrible me revint en mémoire. Je me souvenais de tout, du secret qu'elle m'avait caché, de la trahison de mon père qui ne s'était jamais produite... 

Je me souvenais d'une vie qui n'était pas la mienne. 

— Kalie... 

— Enfin ! Qu'est-ce qu'il se passe ? 

Pendant un long moment, je restais ahuri. Elle était là en face de moi. Depuis le début... elle savait ? Son comportement avait tout de suite beaucoup plus de sens à mes yeux. Elle me repoussait mais pourquoi ? J'avais désormais ma réponse, c'était clair. 

Ma mère... je savais qu'elle n'avait jamais quitté le cocon familiale, mais dans cette vie, dans ces souvenirs, elle... 

— Jo... ? Tu me fais peur, qu'est-ce qu'il y a ?

Après dix bonnes secondes, je la regardais droit dans les yeux, complètement perdu. 

— Bon sang Kalie... qu'est-ce que tu m'as fait ? 

Elle semblait surprise, prise de court par ma question. Puis soudain, elle comprit. Elle lu dans mon regard ce qu'elle redoutait le plus. 

— Tu... 

Sa voix n'était plus qu'un murmure, la surprise lui ayant glacé le sang. Elle se mit à frissonner puis ses yeux s'embuaient. Ses larmes tombaient sur ses joues, mais ses yeux restaient grands ouverts, comme pétrifiée à l'idée que je me souvienne de tout. 

— Jonathan... je peux t'expliquer... 

Elle posa sa main sur mon visage que j'enlevais directement avant de me relever. Il y a quelque seconde j'aurais jamais pu m'éloigner d'elle, mais maintenant, ce n'était pas envisageable de respirer le même air. Mes souvenirs étaient flous, mon cœur battait trop rapidement et mon corps se mit à frissonner. 

Qu'est-ce qu'il se passait bordel ? 

— Je dois y aller... 

Je me précipitais vers la sortie, encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer. Kalie ne pouvait plus rien nier et même si elle me courait après dans l'escalier, je n'allais pas m'arrêter, il me fallait beaucoup plus qu'une séance torride pour oublier. 

Enfin dehors, l'air frais me fit du bien, mais la voix de Kalie parvenait toujours à mes oreilles. Elle m'avait suivi jusqu'à ma voiture, le visage rouge par les larmes qui coulaient à flots. 

— Jonathan ! Je t'en supplie parle moi ! 

— Pas maintenant Kalie ! m'énervai-je, la son de ma voix retentissant dans tout le voisinage. 

Elle sursauta, les yeux grands ouverts et s'arrêta net. Elle tremblait comme une fois, le froid lui mordant sa peau dorée. 

— J'ai besoin d'être seul, lançai-je avant de démarrer la voiture. 

Voilà pourquoi Kalie cherchait à me protéger, elle avait fait quelque chose. Quelque chose d'horrible du moins ça devait l'être pour que je ne me souvienne de rien. Les souvenirs étaient là, l'échange de corps, Leiw, Xio Yi, mais je ne me souvenais pas de l'avoir vécu. 

Et ça me tuait de l'intérieur. 



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